Fièvre jaune

20 octobre 2025

L’essentiel

  • La fièvre jaune est une maladie virale transmise par les moustiques, principalement ceux qui piquent le jour.
  • Vingt-sept pays d’Afrique et 13 pays d’Amérique latine sont classés comme pays à haut risque pour les flambées de fièvre jaune. Le risque de propagation internationale dans des Régions non touchées reste préoccupant pour la sécurité sanitaire mondiale.
  • Il existe un vaccin sûr et abordable, dont une seule dose confère une protection à vie contre la maladie.
  • On estime que 67 000 à 173 000 infections graves et 31 000 à 82 000 décès dus à la fièvre jaune surviennent chaque année en Afrique et dans les Amériques, l’Afrique étant la Région la plus touchée (1,2).

Vue d’ensemble

La fièvre jaune est une maladie à tendance épidémique qui peut être prévenue par la vaccination. Elle est causée par un virus qui est transmis à l’être humain par des piqûres de moustiques infectés des genres Aedes s.p., Haemagogus s.p. et Sabethes s.p.. Ces moustiques se reproduisent dans des environnements domestiques, forestiers (sylvatiques) et semi-domestiques.

En raison de ses graves conséquences et du risque de propagation internationale, la fièvre jaune constitue une menace importante pour la sécurité sanitaire mondiale.

Symptômes

La fièvre jaune se manifeste d’abord par de la fièvre, des céphalées, des courbatures généralisées, des nausées, des vomissements et une asthénie. Ces symptômes disparaissent généralement en trois à quatre jours. 

Environ 15 % des personnes atteintes de fièvre jaune présenteront une forme grave. Les formes graves se manifestent par la réapparition d’une forte fièvre, un ictère (jaunissement de la peau et des yeux), des vomissements, des saignements (buccaux, nasaux, oculaires et gastriques), une insuffisance d’organe et un état de choc. Environ 50 % des patients atteints d’une forme grave meurent dans les 7 à 10 jours.

La période d’incubation de la fièvre jaune est de 3 à 6 jours.

Traitement

Il n’existe aucun traitement antiviral spécifique contre la fièvre jaune. La prise en charge clinique consiste essentiellement à prodiguer des soins de soutien. Les lignes directrices de 2025 pour la prise en charge clinique prévoient un protocole. Les deux antiviraux qui peuvent être administrés, le sofosbuvir et l’anticorps monoclonal TY014, sont recommandés exclusivement dans le cadre de travaux de recherche (3).

Les soins de soutien à prodiguer sont : le repos et l’hydratation ; la prise en charge de l’insuffisance hépatique, de l’insuffisance rénale et de la fièvre ; et un traitement antibiotique en cas de surinfection bactérienne. Selon la gravité des symptômes, il faut envisager une prise en charge à domicile, une hospitalisation ou des soins d’urgence. L’ictère signe une forme grave de la maladie grave et justifie une hospitalisation, souvent dans une unité de soins intensifs.

Diagnostic

Le diagnostic est difficile, surtout au début lorsque les manifestations cliniques ne sont pas spécifiques. Dans les cas graves, les symptômes peuvent être similaires à ceux du paludisme, de la leptospirose, de l’hépatite virale, d’autres fièvres hémorragiques, telles que la dengue, et d’une intoxication.

Le diagnostic est posé comme suit :

  • à un stade précoce : à l’aide d’un test de réaction en chaîne par polymérase en temps réel après transcription inverse (RT-PCR) sur un échantillon de sang ; et
  • à un stade ultérieur : à l’aide la détection d’anticorps par test ELISA ou test de séroneutralisation par réduction des plages de lyse (PRNT) dans un échantillon de sang.

Prévention

Vaccination

La vaccination est la mesure de prévention la plus efficace. Une seule dose du vaccin confère une immunité à vie et aucun rappel n’est nécessaire. L’immunité se développe chez 80 % à 100 % des personnes dans les 10 jours, et chez plus de 99 % des personnes dans les 30 jours.

Les effets secondaires sont rares. La vaccination n’est pas recommandée chez :

  • les nourrissons de moins de 9 mois ;
  • les femmes enceintes (sauf en cas de flambée) ;
  • les personnes souffrant d’allergies graves aux œufs ;
  • les personnes atteintes d’immunodéficience sévère ou de maladies du thymus.

Il faut prêter une attention particulière au rapport risque-bénéfice de la vaccination chez les personnes de plus de 60 ans (4).

En vertu du Règlement sanitaire international (RSI), les pays peuvent exiger une preuve de vaccination pour les voyageuses et les voyageurs. Les exemptions médicales doivent être justifiées par un certificat.

Lutte antivectorielle

Les mesures de lutte antivectorielle à prendre sont les suivantes :

  • élimination des gîtes larvaires des moustiques (par exemple, l’eau stagnante) ;
  • utilisation de larvicides dans les récipients d’eau ; et
  • port de vêtements de protection et utilisation de répulsifs.

Les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont moins efficaces car les moustiques qui transmettent la fièvre jaune piquent le jour.

La surveillance des vecteurs, en particulier des moustiques Aedes aegypti, permet d’évaluer le risque de flambée en milieu urbain.

Préparation, surveillance et riposte en cas d’épidémie

La détection rapide et la confirmation en laboratoire, ainsi que la vaccination d’urgence, sont essentielles pour maîtriser les flambées. L’OMS estime qu’en cas de flambée, le nombre réel de cas peut être de 10 à 250 fois plus élevé que celui notifié. Les pays où le risque est élevé devraient disposer d’au moins un laboratoire national pour le dépistage de la fièvre jaune. Tout cas confirmé doit faire l’objet d’une enquête et déclencher l’application de mesures de vaccination d’urgence et à long terme. Pendant les flambées, des cas de fièvre jaune peuvent être exportés vers des pays où le risque de transmission est plus faible. Il est essentiel de renforcer la sensibilisation aux risques, la détection précoce et la riposte pour prévenir la transmission locale.

Action de l’OMS

La Stratégie mondiale pour l’élimination des épidémies de fièvre jaune (EYE) est une stratégie globale et à long terme qui s’appuie sur les enseignements tirés des flambées urbaines survenues en Angola et en République démocratique du Congo. Elle vise à mettre un terme aux épidémies de fièvre jaune d’ici à la fin de 2026. La Stratégie EYE est pilotée par Gavi, l’UNICEF et l’OMS. L’OMS héberge le Secrétariat mondial du partenariat. La Stratégie a été mise au point par une coalition de partenaires en réponse à l’évolution de l’épidémiologie de la maladie, à la résurgence des moustiques et au risque accru de flambées urbaines et de propagation internationale.

Elle comporte trois objectifs stratégiques :

  • l’organisation de campagnes de vaccination de masse dans les pays à haut risque pour prévenir les flambées, en prévoyant la vaccination systématique des enfants et des interventions de rattrapage pour maintenir les progrès ;
  • le renforcement de la préparation en milieu urbain et la protection des travailleuses et des travailleurs à haut risque afin d’améliorer l’application du RSI (2005) pour éviter la propagation internationale ; et
  • la détection et le traitement précoces des cas pour maîtriser rapidement les flambées.

 

Références bibliographiques

  1. Gaythorpe K.A.M. et al. The global burden of yellow fever. ELife. 2021;10:e64670. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33722340/
  2. Garske T. et al. Yellow fever in Africa: Estimating the burden of disease and impact of mass vaccination from outbreak and serological data. PLoS Med. 2014;11(5):e1001638 - https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24800812/
  3. Organisation mondiale de la Santé. (2025). WHO guidelines for clinical management of arboviral diseases: dengue, chikungunya, Zika and yellow fever. Organisation mondiale de la Santé. https://iris.who.int/handle/10665/381804.
  4. Organisation mondiale de la Santé. (2013). Note de synthèse : position de l’OMS sur les vaccins et la vaccination contre la fièvre jaune, juin 2013. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 88 (27), 269 - 83. https://iris.who.int/handle/10665/242089