OMS/E. Soteras Jalil
© Photo

Fièvre jaune

31 mai 2023

Principaux faits

  • La fièvre jaune est une maladie infectieuse transmise par des moustiques qui piquent principalement pendant la journée.
  • En 2023, la fièvre jaune est endémique sur tout le territoire ou dans certaines régions de 34 pays d’Afrique et 13 pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud.
  • Il existe un vaccin efficace, sûr et abordable contre la fièvre jaune (le vaccin antiamaril). Une seule dose de vaccin antiamaril suffit à conférer une protection à vie.
  • Une modélisation basée sur des sources de données africaines a permis d’estimer la charge de morbidité imputable à cette maladie en 2013 : il y a eu 84 000 à 170 000 cas graves et 29 000 à 60 000 décès (1).

 

Vue d’ensemble

La fièvre jaune est une maladie à tendance épidémique transmise à l’être humain par la piqûre de moustiques infectés et qui peut être évitée par la vaccination. Elle est due à un arbovirus (un virus transmis par des vecteurs tels que les moustiques, les tiques ou d’autres arthropodes) transmis à l’être humain par les piqûres de moustiques Aedes et Haemagogus infectés.

Ces moustiques, qui piquent pendant la journée, se reproduisent autour des habitations (moustiques domestiques), dans les forêts ou les jungles (moustiques sylvatiques), ou dans les deux habitats (moustiques semi-domestiques). La fièvre jaune est une maladie qui constitue une lourde menace, qui a de graves conséquences et dont le risque de propagation internationale représente une menace potentielle pour la sécurité sanitaire mondiale.

Symptômes

La période d’incubation de la fièvre jaune est de trois à six jours. L’infection reste asymptomatique chez de nombreuses personnes. La maladie se manifeste habituellement par de la fièvre, des myalgies, des céphalées, une perte d’appétit, des nausées ou des vomissements. Dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent au bout de 3 à 4 jours.

Dans une petite proportion des cas, les patients entrent dans une deuxième phase, plus toxique, dans les 24 heures suivant la disparition des premiers symptômes. Une fièvre élevée se réinstalle et plusieurs organes sont touchés, en général le foie et les reins. Au cours de cette phase, un ictère apparaît souvent (jaunissement de la peau et des yeux, d’où le nom de « fièvre jaune »), accompagné d’urines sombres et des douleurs abdominales avec vomissements. On peut observer des saignements au niveau de la bouche, du nez, des yeux ou de l’estomac. La moitié des malades entrant dans cette phase toxique meurent dans les 7 à 10 jours.

Traitement

Il n’existe aucun médicament antiviral spécifique contre la fièvre jaune. Les patients doivent se reposer, s’hydrater et consulter un médecin. En fonction de leur tableau clinique et d’autres facteurs, les patients peuvent être invités à rentrer chez eux, être orientés pour une prise en charge hospitalière ou nécessiter un traitement d’urgence et une orientation vers des services d’urgence. Le traitement de la déshydratation, de l’insuffisance hépatique, de l’insuffisance rénale et de la fièvre améliore l’issue de la maladie. Des antibiotiques permettent de traiter les surinfections bactériennes.

Diagnostic

La fièvre jaune est difficile à diagnostiquer, surtout aux stades précoces. Dans sa forme plus sévère, on peut la confondre avec le paludisme, la leptospirose, l’hépatite virale, d’autres fièvres hémorragiques, d’autres maladies à flavivirus (comme la dengue) ou une intoxication.

Les tests PCR (amplification en chaîne par polymérase) à partir d’un échantillon de sang permettent parfois de détecter le virus aux premiers stades de la maladie. Aux stades plus tardifs, il faut procéder à des tests de recherche des anticorps (ELISA et PRNT).

Prévention

1. Vaccination

La vaccination est le moyen de prévention le plus important pour éviter la fièvre jaune. Le vaccin antiamaril est sûr et peu coûteux ; une seule dose confère une protection à vie contre la maladie. Une dose de rappel du vaccin n’est pas nécessaire.

Le vaccin confère une immunité efficace chez 80 % à 100 % des personnes vaccinées dans les 10 jours, et à plus de 99 % des personnes vaccinées dans les 30 jours.

Le vaccin antiamaril a rarement des effets secondaires. Les personnes généralement exclues de la vaccination sont les suivantes :

  • les nourrissons âgés de moins de 9 mois ;
  • les femmes enceintes, sauf au cours d’une flambée quand le risque d’infection est élevé ;
  • les personnes présentant des allergies sévères aux protéines de l’œuf ; et
  • les personnes présentant une immunodéficience grave due à une infection à VIH/un sida symptomatique ou à d’autres causes, ou des troubles du thymus.

Conformément au Règlement sanitaire international (RSI), les pays ont le droit d’exiger des voyageurs qu’ils présentent un certificat de vaccination antiamarile. S’il existe des motifs médicaux pour qu’ils ne soient pas vaccinés, cela doit également être certifié par les autorités compétentes.

 

2. Lutte antivectorielle

On peut réduire le risque de transmission de la fièvre jaune dans les zones urbaines en éliminant les gîtes larvaires potentiels, notamment en appliquant des produits larvicides dans les conteneurs pour conserver l’eau et dans tous les endroits où l’eau peut s’accumuler.

Il est recommandé d’appliquer des mesures préventives, telles que le port de vêtements pour réduire autant que possible l’exposition de la peau et l’utilisation de répulsifs, pour éviter les piqûres de moustiques. L’utilité des moustiquaires de lit imprégnées d’insecticide est limitée car les moustiques Aedes piquent pendant la journée.

La surveillance des vecteurs et la lutte antivectorielle s’inscrivent dans la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, notamment contre la transmission en cas d’épidémie. Pour ce qui est de la fièvre jaune, la surveillance ciblant les moustiques Aedes aegypti ainsi que d’autres espèces d’Aedes permettra de connaître les zones urbaines susceptibles d’être touchées par une flambée.

3. Préparation et riposte aux épidémies

Pour lutter contre les flambées, il est essentiel de détecter précocement la fièvre jaune et d’y riposter rapidement en organisant campagnes de vaccination d’urgence. Cependant, la sous-déclaration reste un problème. L’OMS estime que le nombre réel de cas est 10 à 250 fois supérieur à ce qui est actuellement signalé.

L’OMS recommande à chaque pays à risque de disposer au moins d’un laboratoire national pouvant pratiquer les analyses de sang de base pour le diagnostic de la fièvre jaune. On considère qu’un cas confirmé au sein d’une population non vaccinée constitue à lui seul une flambée. Un cas confirmé, quel que soit le contexte, doit faire l’objet d’une enquête approfondie. Les équipes d’enquête doivent évaluer la flambée et riposter à la fois en prenant des mesures d’urgence et en établissant des plans de vaccination à plus long terme.

Action de l’OMS

La Stratégie mondiale pour l’élimination des épidémies de fièvre jaune (‎EYE)‎ a été établie à la suite deux flambées urbaines de fièvre jaune liées – à Luanda (Angola) et à Kinshasa (République démocratique du Congo), avec une exportation internationale plus large de la maladie de l’Angola vers d’autres pays, y compris la Chine – montrant que la fièvre jaune représente une grave menace à l’échelle mondiale, qui exige d’entamer une nouvelle réflexion stratégique.

La stratégie EYE est exhaustive et pluripartite, et comporte plusieurs éléments. Certes, elle recommande la vaccination, mais elle préconise également la construction de centres urbains résilients, la planification de la préparation urbaine et le renforcement de l’application du Règlement sanitaire international (2005).

Pour en savoir plus sur la stratégie EYE, cliquez ici : Stratégie d’élimination des épidémies de fièvre jaune (EYE) 2017-2026 (en anglais)

D’ici à la fin de 2026, près de 1 milliard de personnes devraient être protégées contre la fièvre jaune grâce à la vaccination.

 


(1) Garske T. et al. Yellow fever in Africa: Estimating the burden of disease and impact of mass vaccination from outbreak and serological data. PLoS Med. 2014;11(5):e1001638 - https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24800812/ (en anglais)