Principaux faits
- L’hépatite C est une inflammation du foie provoquée par le virus de l’hépatite C (VHC).
- L’infection par ce virus peut entraîner une hépatite aiguë ou chronique et se manifester par une affection bénigne aussi bien que par une maladie grave qui s’installe à vie, comme la cirrhose ou le cancer du foie.
- Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang. L’exposition à du sang contaminé constitue le mode d’infection le plus courant, notamment dans le cadre d’injections ou de procédures à risque en milieu médical, de transfusions de sang n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, du partage d’aiguilles ou de seringues entre personnes qui s’injectent des drogues ou de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang.
- À l’échelle mondiale, on estime que 50 millions de personnes sont atteintes d’une infection chronique par le virus de l’hépatite C et qu’environ 1,0 million de nouvelles infections se produisent chaque année.
- L’OMS estime qu’en 2022, l’hépatite C était à l’origine d’environ 242 000 décès, pour la plupart consécutifs à une cirrhose ou un carcinome hépatocellulaire (cancer primitif du foie).
- Des antiviraux à action directe (AAD) permettent la guérison de plus de 95 % des cas d’hépatite C, mais l’accès au diagnostic et au traitement est limité.
- Il n’existe pas de vaccin efficace contre l’hépatite C actuellement.
Vue d’ensemble
L’hépatite C est une infection virale qui affecte le foie. Elle se manifeste sous forme de maladie aiguë (de courte durée) ou chronique (de longue durée) et peut être mortelle.
L’hépatite C se transmet par contact avec du sang contaminé, par exemple lors d’injections ou de procédures à risque en milieu médical, de transfusions de sang n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, du partage d’aiguilles ou de seringues entre personnes qui s’injectent des drogues ou de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang.
Les symptômes sont notamment les suivants : fièvre, fatigue, perte d’appétit, nausées, vomissements, douleurs abdominales, urines foncées et coloration jaune de la peau ou des yeux (ictère).
Il n’existe aucun vaccin contre l’hépatite C, mais la maladie peut être traitée et guérie par des antiviraux.
La détection et le traitement précoces permettent d’éviter une atteinte hépatique grave et d’améliorer la santé à long terme.
Les infections aiguës par le VHC sont le plus souvent asymptomatiques et n’engagent généralement pas le pronostic vital. Chez environ 30 % (15-45 %) des personnes infectées, le virus est spontanément éliminé dans les six mois qui suivent l’infection, sans aucun traitement.
Pour les 70 % restants (55-85 %), l’infection évolue vers une forme chronique. Chez les personnes atteintes d’une hépatite C chronique, le risque de cirrhose est de 15 % à 30 % dans les 20 ans qui suivent l’infection.
Répartition géographique
Des infections par le VHC sont observées dans toutes les Régions de l’OMS. La Région enregistrant la plus forte charge de morbidité est celle de la Méditerranée orientale, où le nombre de personnes atteintes d’une infection chronique est de 12 millions. Viennent ensuite la Région de l’Asie du Sud-Est (9 millions d’infections chroniques), la Région européenne (9 millions), la Région du Pacifique occidental (7 millions), la Région africaine (8 millions) et la Région des Amériques (5 millions).
Parmi les quelque 39 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde, environ 2,3 millions présentent des signes sérologiques d’une infection passée ou actuelle par le VHC. Partout dans le monde, les affections hépatiques chroniques sont une cause majeure de morbidité et de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH.
Transmission
Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang, le plus souvent selon les modes de transmission suivants :
- réutilisation ou stérilisation incomplète du matériel médical, en particulier des seringues et des aiguilles, dans les établissements de santé ;
- transfusion de sang ou de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage ; et
- partage du matériel d’injection entre les personnes qui s’injectent des drogues.
Le VHC peut se transmettre d’une mère infectée à son nourrisson, ainsi que par des pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang (par exemple, chez les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels et chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes), bien que ces modes de transmission soient moins courants.
L’hépatite C ne se transmet pas par le lait maternel, les aliments ou l’eau, ni par un contact ordinaire avec une personne infectée (comme une étreinte, un baiser ou le partage de nourriture ou de boissons).
Symptômes
Les infections aiguës symptomatiques par le VHC sont rares. La plupart des personnes infectées restent asymptomatiques dans les premières semaines, l’apparition des symptômes pouvant prendre entre deux semaines et six mois.
Lorsque des symptômes se manifestent, ils peuvent comprendre :
- de la fièvre
- une sensation de fatigue prononcée
- une perte d’appétit
- des nausées et vomissements
- des douleurs abdominales
- des urines foncées
- des selles claires
- des douleurs articulaires
- un ictère (coloration jaune de la peau ou des yeux).
Dépistage et diagnostic
Les nouvelles infections par le virus de l’hépatite C étant habituellement asymptomatiques, peu de cas sont diagnostiqués lorsque l’infection est encore récente. Lorsqu’elle évolue vers une hépatite C chronique, il arrive souvent que l’infection échappe au diagnostic du fait de l’absence de symptômes pendant des dizaines d’années, jusqu’à ce qu’apparaissent des symptômes liés à une atteinte hépatique grave.
L’infection par le VHC est diagnostiquée en deux étapes :
- Un test sérologique de détection des anticorps dirigés contre le VHC permet d’identifier les personnes qui ont été infectées par le virus.
- Si le test est positif pour les anticorps anti-VHC, la recherche de l’acide ribonucléique (ARN) du VHC est nécessaire pour confirmer l’infection chronique et la nécessité d’un traitement. Ce test est important, car environ 30 % des personnes infectées par le VHC guérissent spontanément grâce à une forte réponse immunitaire, sans avoir besoin de traitement. Bien que ces personnes ne soient plus infectées, leur test de détection des anticorps anti-VHC restera positif. La recherche de l’ARN du VHC peut se faire en laboratoire ou au moyen d’un appareil simple sur le lieu des soins.
Après l’obtention d’un diagnostic d’infection chronique par le VHC, il faut évaluer le degré d’atteinte hépatique (fibrose ou cirrhose). Cette évaluation peut être effectuée au moyen d’une biopsie ou de divers tests sanguins non invasifs. Le degré d’atteinte du foie permet de guider les décisions thérapeutiques et la prise en charge de la maladie.
Un diagnostic précoce permet d’éviter les problèmes de santé pouvant découler de l’infection et de prévenir la transmission du virus. L’OMS recommande que, dans tous les pays, un dépistage soit effectué auprès des personnes susceptibles de présenter un risque accru d’infection, y compris les donneurs et donneuses de sang, les personnes présentant des signes de maladie du foie, les migrants provenant de zones d’endémie, les agents et agentes de santé, les personnes qui s’injectent des drogues, les personnes détenues en prison ou dans d’autres milieux fermés, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les travailleurs et travailleuses du sexe et les personnes infectées par le VIH ou atteintes de tuberculose.
Dans les zones où la séroprévalence des anticorps anti-VHC est moyenne ou élevée (c’est-à-dire ≥ 2 %) dans la population générale, l’OMS recommande également d’assurer un dépistage chez tous les adolescents et tous les adultes.
En 2024, l’OMS a publié un guide opérationnel (en anglais) sur les priorités dans la planification des services de dépistage des hépatites B et C, qui regroupe toutes les orientations relatives au dépistage de l’hépatite virale et aide les pays à élaborer des politiques et des pratiques définissant une stratégie combinée de dépistage des hépatites B et C.
Traitement
En novembre 2013 et en janvier 2014, la Food and Drug Administration des États-Unis et l’Agence européenne des médicaments ont approuvé les tous premiers traitements sans interféron pour l’hépatite C chronique. Cette avancée a marqué un tournant décisif et unique dans l’histoire de la médecine moderne et de la santé publique, car il est ainsi devenu possible de guérir une maladie infectieuse chronique grave et potentiellement mortelle en 8 à 12 semaines de traitement dans la quasi-totalité des cas.
L’OMS recommande un traitement par antiviraux à action directe (AAD) pangénotypiques pour tous les adultes, adolescents et enfants atteints d’hépatite C chronique à partir de l’âge de trois ans. Les traitements curatifs oraux de courte durée par AAD n’ont que peu ou pas d’effets secondaires. Ils permettent de guérir la majorité des personnes présentant une infection à VHC et le traitement est de courte durée, généralement de 12 à 24 semaines, selon la présence ou non d’une cirrhose. En 2022, l’OMS a formulé de nouvelles recommandations pour le traitement des adolescents et des enfants à l’aide des mêmes antiviraux à action directe pangénotypiques que ceux utilisés pour les adultes.
Les AAD pangénotypiques restent onéreux dans beaucoup de pays à revenu élevé ou à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Les prix ont toutefois fortement baissé dans de nombreux pays (principalement dans les pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure) à la suite de la mise sur le marché de produits génériques. Le traitement par ADD pangénotypiques le moins coûteux et le plus fréquemment utilisé associe le sofosbuvir et le daclatasvir. Dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, le traitement curatif standard est disponible pour moins de 50 dollars des États-Unis (USD).
L’accès au traitement contre le VHC s’améliore, mais il reste encore limité. Sur les 50 millions de personnes vivant avec une infection à VHC dans le monde en 2022, on estime que 36 % avaient connaissance de leur diagnostic ; parmi celles ayant reçu un diagnostic d’infection chronique par le VHC, environ 20 % (12,5 millions) avaient été traitées par des AAD fin 2022.
Des changements du mode de vie, tels que la réduction de la consommation d’alcool et le maintien d’un poids sain, peuvent également être bénéfiques pour les personnes atteintes d’hépatite C. Un traitement approprié permet souvent de guérir de l’hépatite C et de vivre en bonne santé.
Prestation de services
Jusqu’à récemment, le dépistage et le traitement de l’hépatite C dans de nombreux pays reposaient sur des modèles de soins dirigés par des spécialistes (généralement des hépatologues ou gastro-entérologues) en milieu hospitalier pour l’administration d’un traitement complexe. Grâce au traitement curatif de courte durée par voie orale par AAD pangénotypiques, qui a peu ou pas d’effets secondaires, des compétences et un suivi de base suffisent désormais. L’OMS recommande que le dépistage, les soins et le traitement des personnes atteintes d’hépatite C chronique puissent être dispensés par des médecins et personnels infirmiers qualifiés, mais non spécialisés, dans le cadre d’une prestation de services simplifiée reposant sur la décentralisation, l’intégration et le transfert de tâches. Cela peut être fait dans le cadre des soins primaires, dans les services de réduction des risques et en milieu carcéral, de façon plus accessible et plus pratique pour les patients et patientes.
Le dépistage, les soins et les traitements peuvent désormais aussi être dispensés en toute sécurité dans le cadre des soins primaires, dans les services de réduction des risques et en milieu carcéral, de façon plus accessible et plus pratique pour les patients et patientes.
Prévention
Il n’existe aucun vaccin efficace contre l’hépatite C. Le meilleur moyen de prévenir la maladie est d’éviter tout contact avec du sang contaminé.
Les personnes les plus exposées au risque d’infection sont les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes vivant avec le VIH et les personnes soumises à des procédures médicales fréquentes.
Les moyens de prévenir l’hépatite C sont notamment les suivants :
- L’adoption de pratiques appropriées et sans risque pour les injections et les procédures en milieu médical ;
- la manipulation et l’élimination sans risque des aiguilles et des déchets médicaux ;
- des services de réduction des risques pour les personnes qui s’injectent des drogues, notamment des programmes d’échange de seringues, des services de conseil et d’accompagnement et l’administration de traitements par agonistes opioïdes ;
- l’analyse des dons de sang pour dépister le VHC ou d’autres virus ; et
- des pratiques sexuelles sans risque avec des méthodes contraceptives de type barrière, comme les préservatifs.
Action de l’OMS
Les stratégies mondiales du secteur de la santé contre, respectivement, le VIH, l’hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030 guident le secteur de la santé dans la mise en œuvre d’actions stratégiques ciblées pour atteindre les objectifs d’élimination du sida, des hépatites virales (en particulier les hépatites B et C chroniques) et des infections sexuellement transmissibles d’ici à 2030.
Ces stratégies préconisent des mesures nationales axées sur l’une ou plusieurs de ces maladies, soutenues par des actions de l’OMS et de ses partenaires. Elles tiennent compte des évolutions épidémiologiques, technologiques et contextuelles des années précédentes, favorisent l’apprentissage sur l’ensemble des maladies concernées et ouvrent des possibilités pour tirer parti des innovations et des nouvelles connaissances en vue de combattre efficacement ces maladies. Elles appellent par ailleurs à intensifier la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite virale en mettant l’accent sur les populations et les communautés les plus touchées et à risque pour chaque maladie, en veillant à combler les lacunes et à combattre les inégalités. Elles encouragent les synergies dans le cadre de la couverture sanitaire universelle et des soins de santé primaires et contribuent à la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’OMS aide les pays à élaborer des stratégies nationales conformes à cette vision.
En outre, l’OMS élabore et met à jour des lignes directrices pour la prévention, le dépistage et le traitement de l’hépatite C et soutient les efforts déployés par les pays pour intégrer les données scientifiques et les recommandations les plus récentes dans leur action de santé publique.
De plus, l’OMS collabore avec UNITAID pour permettre le déploiement, dans 10 pays, d’investissements destinés à combattre le VHC chez les personnes qui consomment des drogues et les personnes incarcérées, dans le but de promouvoir les meilleures pratiques en matière d’intégration de la prévention et du traitement de l’hépatite C dans les services communautaires de réduction des risques et de faciliter l’introduction de produits innovants et sous-utilisés pour la prévention de l’hépatite C (buprénorphine dépôt à action prolongée et seringues à faible volume mort).
L’OMS organise également chaque année des campagnes à l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite afin de sensibiliser le public et de mieux faire connaître l’hépatite virale.