Déchets d’activités de soins

24 octobre 2024

L’essentiel

  • Sur la quantité totale de déchets produits par les activités de soins santé, environ 85 % sont des déchets de type général et ne sont pas dangereux.
  • Les 15 % restants sont considérés comme des matières dangereuses qui peuvent être de type infectieux, toxique, cancérogène, inflammable, corrosif, réactif, explosif ou radioactif.
  • Chaque année, on estime que 16 milliards d’injections sont pratiquées dans le monde, mais toutes les aiguilles et seringues ne sont pas correctement éliminées par la suite.
  • Le brûlage à l’air libre et l’incinération à basse température des déchets d’activités de soins peuvent, dans certaines circonstances, entraîner l’émission de dioxines, de furanes et de matières particulaires.

Vue d’ensemble

Les activités de soins de santé permettent de protéger, de rétablir la santé et sauvent des vies. Mais qu’en est-il des déchets et des sous-produits qui en découlent ?

Sur la quantité totale de déchets produits par les activités de soins de santé, environ 85 % sont des déchets de type général qui ne sont pas dangereux, comparables aux déchets ménagers. Les 15 % restants sont considérés comme des matières dangereuses qui peuvent être de type infectieux, chimique ou radioactif.

Les mesures visant à garantir une gestion sûre et écologiquement rationnelle des déchets d’activités de soins permettent de prévenir les effets néfastes de ces déchets sur la santé et l’environnement, y compris le rejet involontaire de produits dangereux chimiques ou biologiques.

Types de déchets

Les déchets et les sous-produits couvrent un éventail varié de matériaux, notamment les suivants :

  • Déchets infectieux : déchets avérés ou suspectés de contenir des agents pathogènes et présentant un risque de transmission de maladies, par exemple les déchets et les eaux usées contaminés par du sang et d’autres liquides biologiques, y compris les déchets hautement infectieux tels que les cultures de laboratoire et les stocks microbiologiques ; les excreta et autres matériaux qui ont été en contact avec des patients infectés par des maladies hautement infectieuses dans des pavillons d’isolement.
  • Déchets anatomiques : tissus, organes humains ou liquides biologiques, parties du corps, fœtus, produits sanguins non utilisés et carcasses d’animaux contaminées.
  • Déchets piquants/coupants/tranchants : objets piquants, tranchants, coupants usagés ou non utilisés, par exemple les aiguilles hypodermiques, intraveineuses ou autres ; les seringues autobloquantes ; les aiguilles montées sur seringues ; les ensembles de perfusion ; les scalpels ; les pipettes ; les couteaux ; les lames ; les débris de verre.
  • Déchets chimiques : par exemple, les solvants et les réactifs utilisés pour les préparations en laboratoire, les désinfectants, les stérilisants et les métaux lourds que l’on retrouve dans les dispositifs médicaux (par exemple, le mercure dans les thermomètres brisés) et les piles.
  • Déchets pharmaceutiques et cytotoxiques : produits pharmaceutiques périmés ou dont on n’a plus besoin ; articles contaminés par des produits pharmaceutiques ou contenant de tels produits. Déchets cytotoxiques contenant des substances ayant des propriétés génotoxiques, par exemple des déchets contenant des médicaments cytostatiques (souvent utilisés dans le traitement contre le cancer) ; produits chimiques génotoxiques.
  • Déchets radioactifs : produits contaminés par des radionucléides, notamment le matériel de diagnostic radioactif ou les matériaux radiothérapeutiques.
  • Déchets non dangereux ou généraux : déchets ne présentant aucun risque biologique, chimique, radioactif ou physique particulier.

Les principales sources de déchets d’activités de soins sont les suivantes :

  • les hôpitaux et les autres établissements de santé
  • les laboratoires et les centres de recherche
  • les morgues et les centres d’autopsie
  • les établissements de recherche et les laboratoires qui font des tests sur les animaux 
  • les banques de sang et les services de collecte de sang 
  • les établissements pour les personnes âgées dépendantes

Les pays à revenu élevé produisent en moyenne jusqu’à 0,5 kg de déchets dangereux par lit d’hôpital et par jour, tandis que les pays à revenu faible en produisent en moyenne 0,2 kg. Cependant, dans les pays à revenu faible, les déchets d’activités de soins ne sont souvent pas séparés en fonction du danger qu’ils présentent ou non, de ce fait la quantité réelle de déchets dangereux est beaucoup plus élevée.

Risques pour la santé

Les déchets d’activités de soins contiennent des micro-organismes potentiellement nocifs qui peuvent infecter les patients des hôpitaux, les agents de santé et le public. Parmi d’autres dangers potentiels figurent notamment les micro-organismes pharmacorésistants qui se propagent des établissements de santé à l’environnement.

Les effets néfastes sur la santé associés aux déchets d’activités de soins et sous-produits de soins de santé comprennent également :

  • des blessures causées par des objets pointus ou tranchants ;
  • une exposition toxique à des produits pharmaceutiques, en particulier aux antibiotiques et aux médicaments cytotoxiques rejetés dans l’environnement immédiat, ainsi qu’à des substances telles que le mercure ou les dioxines, lors de la manipulation ou de l’incinération des déchets d’activités de soins ;
  • des brûlures dues à des produits chimiques survenant dans le cadre d’activités de désinfection, de stérilisation ou de traitement des déchets ;
  • la pollution de l’air résultant du rejet de particules lors de l’incinération des déchets médicaux ;
  • les lésions thermiques associées au brûlage à l’air libre et à l’utilisation d’incinérateurs de déchets médicaux ;
  • les brûlures par irradiations ; et
  • la propagation de la résistance aux antimicrobiens par le stockage, le traitement et l’élimination non sécurisés des déchets pharmaceutiques.

Risques liés aux objets pointus ou tranchants

On estime que 16 milliards d’injections sont pratiquées chaque année dans le monde. Toutes les aiguilles et les seringues ne sont pas correctement éliminées, ce qui crée un risque de blessure, d’infection et de réutilisation du matériel.

Le nombre d’injections pratiquées avec des aiguilles et des seringues contaminées a considérablement baissé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ces dernières années, en partie grâce aux efforts déployés pour réduire la réutilisation de matériel d’injection. Malgré ces progrès, en 2010, les injections à risque étaient responsables de 33 900 nouvelles infections par le VIH, de 1,7 million d’infections par le virus de l’hépatite B et de 315 000 infections par le virus de l’hépatite C. (1)

Une personne blessée par une piqûre d’une aiguille qui a déjà utilisé sur un patient infecté a 30 %, 1,8 % et 0,3 %, respectivement, de risque d’être infecté par le virus de l’hépatite B, le virus de l’hépatite C et le VIH.

La fouille dans les décharges à ordures et le tri manuel des déchets dangereux dans les établissements de santé entraînent des risques supplémentaires. Ces pratiques sont courantes dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les personnes qui manipulent des déchets risquent de se blesser par piqûre d’aiguille et d’être exposées à des matières toxiques ou infectieuses.

Selon l’OMS/UNICEF, en 2021, seuls 61 % des hôpitaux disposaient de services de base de gestion des déchets d’activités de soins. La situation est bien pire dans les contextes fragiles, où, sur la base des données de 2023, seuls 25 % des établissements de santé disposaient de services de gestion des déchets d’activités de soins (2). 

Impact sur l’environnement et le climat

Le traitement et l’élimination des déchets d’activités de soins peuvent présenter des risques indirects pour la santé en raison du rejet d’agents pathogènes et de polluants toxiques dans l’environnement.

  • L’élimination des déchets d’activités de soins non traités dans les décharges peut entraîner la contamination de l’eau de boisson, des eaux de surface et des eaux souterraines si ces décharges sont mal construites.
  • La minimisation des déchets d’activités de soins devrait être une priorité. Cela permettra de réduire considérablement la quantité de déchets à traiter et à manipuler. Parmi les mesures de réduction de la production de déchets figurent notamment l’achat écologique et la sélection de produits dont l’expédition est réduite au minimum et avec un emballage léger et écologique ; le passage à des produits réutilisables lorsqu’ils sont sûrs et viables, la commande et la réception de produits pharmaceutiques uniquement en fonction des besoins recensés, et le recyclage des articles courants, y compris le plastique, le papier et le carton.
  • Le traitement des déchets d’activités de soins à l’aide de désinfectants chimiques peut entraîner le rejet de substances chimiques dans l’environnement si ceux-ci ne sont pas manipulés, stockés et éliminés d’une manière écologiquement rationnelle.
  • L’incinération des déchets est largement pratiquée, mais une incinération inadéquate ou l’incinération de matériaux inadaptés entraîne le rejet de polluants dans l’air et la production de résidus de cendres. L’incinération de matériaux contenant du chlore ou traités par du chlore peut produire des dioxines et des furanes, cancérogènes pour l’homme et qui ont été associés à divers effets néfastes sur la santé. L’incinération des métaux lourds ou de matériaux contenant une grande quantité de métal (en particulier du plomb, du mercure ou du cadmium) peut entraîner la propagation de métaux toxiques dans l’environnement.
  • Seuls les incinérateurs modernes atteignant une température comprise entre 850 °C et 1100 °C et équipés d’un dispositif d’épuration des gaz d’échappement sont conformes aux normes internationales relatives aux émissions de dioxines et de furanes.
  • Des solutions alternatives à l’incinération, telles que l’autoclavage, le traitement par micro-ondes, le traitement par la vapeur associé au broyage interne, et le traitement chimique, qui permettent de minimiser la formation et le rejet de produits chimiques ou d’émissions dangereuses, devraient être envisagées dans les milieux où il y a suffisamment de ressources pour faire fonctionner et entretenir ces systèmes et éliminer les déchets traités.

Gestion des déchets : les raisons d’un échec

Il existe plusieurs raisons expliquant l’insuffisance des services de gestion des déchets d’activités de soins. Il s’agit notamment de cadres juridiques limités (politiques, réglementations, directives, etc.), d’une méconnaissance des dangers pour la santé liés aux déchets d’activités de soins, d’une formation insuffisante à la gestion appropriée des déchets, de l’absence de systèmes de gestion et d’élimination des déchets, de l’insuffisance des ressources financières et humaines et d’une faible priorité accordée à cette question. De nombreux pays ne disposent pas d’une réglementation appropriée ou s’ils en disposent, ils n’en assurent pas le suivi et ne l’appliquent pas.

Prochaines étapes

La gestion des déchets d’activités de soins nécessite une attention et une diligence accrues afin d’éviter les effets néfastes sur la santé associés à de mauvaises pratiques, y compris l’exposition à des agents infectieux et à des substances toxiques.

Les éléments clés pour améliorer la gestion des déchets d’activités de soins sont les suivants :

  • promouvoir des pratiques permettant de réduire le volume de déchets produits et de garantir le tri convenable des déchets ;
  • élaborer des stratégies et mettre en place des systèmes, ainsi qu’une surveillance et une réglementation rigoureuses, afin d’améliorer les pratiques en matière de tri, de destruction et d’élimination des déchets dans le but ultime de satisfaire aux normes nationales et internationales ;
  • dans la mesure du possible, favoriser le traitement sûr et écologiquement rationnel des déchets dangereux d’activités de soins (par exemple l’autoclavage, le traitement par micro-ondes ou le traitement par la vapeur associé au broyage interne, et le traitement chimique) plutôt que l’incinération des déchets médicaux ;
  • créer un système complet, définissant les responsabilités, et couvrant l’allocation des ressources, le traitement et l’élimination des déchets. Il s’agit d’un processus à long terme, soutenu par des améliorations progressives ;
  • une sensibilisation aux risques liés aux déchets d’activités de soins, et aux pratiques sûres ; et le choix d’options de gestion sûres et respectueuses de l’environnement afin de protéger les personnes contre les dangers lors de la collecte, de la manipulation, du stockage, du transport, du traitement ou de l’élimination des déchets.

L’engagement et le soutien du gouvernement sont nécessaires pour une amélioration universelle et à long terme, toutefois des mesures peuvent être prises immédiatement à l’échelon local.

Action de l’OMS

L’OMS a élaboré le premier document d’orientation mondial et complet sur la gestion des déchets d’activités de soins (Safe management of wastes from health-care activities), qui en est maintenant à sa deuxième édition et plus récemment un guide succinct qui résume les éléments clés ainsi que des orientations sur le choix des technologies.

Le guide couvre le cadre réglementaire, la planification, minimisation des déchets, le recyclage, le traitement, le stockage et le transport, des options de traitement et d’élimination, ainsi que de la formation. Le document s’adresse aux responsables d’établissements de soins, aux décideurs, aux professionnels de la santé publique et aux responsables de la gestion des déchets. En outre, dans le cadre du suivi de l’Objectif de développement durable 6 relatif aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement gérés en toute sécurité, le Programme commun OMS/UNICEF publie régulièrement des données et des rapports sur la gestion sûre des déchets d’activités de soins dans les établissements de santé.

Enfin, l’OMS, l’UNICEF et les partenaires œuvrent au renforcement de pratiques sûres et durables en matière de déchets d’activités de soins moyennant des efforts plus larges axés sur l’approvisionnement en eau, l’assainissement, l’hygiène, le traitement des déchets et l’électricité dans les établissements de santé.

Ces activités sont étroitement liées aux travaux sur les systèmes de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables, pour lesquels les déchets d’activités de soins de santé sont un élément essentiel. En particulier, les orientations de l’OMS sur les établissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables fournissent des recommandations techniques sur la manière d’améliorer la durabilité environnementale des systèmes de gestion des déchets tout en préservant la santé humaine.


(1) Pépin J, Abou Chakra CN, Pépin E, Nault V, Valiquette L. Evolution of the global burden of viral infections from unsafe medical injections, 2000–2010. PLoSOne. 2014 Jun 9; 9(6): e99677. 

(2) WHO/UNICEF, 2024. Data update on WASH in health care facilities for 2023. World Health Organization, Geneva. https://washdata.org/reports