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Le changement climatique et la santé : façonner un avenir résilient

28 février 2025 10:00 – 13:00 heure : UTC-2

Les temps forts de l’événement

Quatrième audition en vue de la création collective d’un 2e PTE qui sera celui de tous : pour la résilience et la santé de demain face au changement climatique

Le changement climatique a de graves répercussions dans toute la Région européenne de l’OMS, qui est la Région du monde où le réchauffement est le plus rapide. Chaque année, des vagues de chaleur y sont responsables de dizaines de milliers de décès. Au cours des 50 dernières années, les catastrophes liées au climat, en particulier les inondations, y ont coûté la vie à 160 000 personnes et causé près de 500 milliards de dollars de pertes économiques. Au-delà des phénomènes météorologiques extrêmes, le changement climatique accentue encore une crise de la santé mentale, entraîne une augmentation des maladies infectieuses, aggrave la pollution de l’air, affecte la sécurité de l’approvisionnement en eau et en nourriture et pose toujours plus de nouveaux défis à nos systèmes de santé et à notre société.


Plus de 800 personnes, issues des pouvoirs publics, d’organisations non gouvernementales, d’établissements d’enseignement, des Nations Unies et d’autres institutions intergouvernementales, ainsi que du secteur privé, ont participé à la quatrième audition destinée à inspirer l’élaboration du deuxième Programme de travail européen 2026-2030 (2e PTE). 

Prenant la parole en ouverture de l’événement, le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, a réaffirmé son engagement à lutter contre les effets du changement climatique sur la santé et à aider les systèmes de santé à s’adapter et à devenir résilients face au changement climatique, tout en améliorant la durabilité environnementale de leurs activités. Il a souligné que la Déclaration de Budapest sur l’environnement et la santé est une source d’inspiration pour l’élaboration de politiques dans ce domaine, sous l’égide du Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS, situé à Bonn (Allemagne), en partenariat avec les pays. Ensuite, le professeur Ernst Kuipers, ancien ministre de la Santé, de la Protection sociale et des Sports des Pays-Bas (Royaume des), a présenté une perspective mondiale et expliqué comment la menace que le changement climatique fait peser sur les résultats mondiaux en matière de santé a été le moteur de la récente résolution de l’Assemblée mondiale de la santé (WHA77.14) sur le changement climatique et la santé. 

L’élaboration du 2e PTE offre maintenant l’occasion d’intégrer la prise en compte du changement climatique dans toutes les politiques de santé publique de la Région européenne.

S’exprimant lors de l’ouverture de la séance, Katrín Jakobsdóttir, ancienne Première ministre d’Islande, a souligné qu’une approche pangouvernementale – réunissant les secteurs des transports, de l’urbanisme, de l’éducation et de la santé – est bénéfique à la fois pour la santé et pour l’action en faveur du climat. Mme Jakobsdóttir a également évoqué l’objectif de réunir une commission paneuropéenne pour le climat et la santé dans le courant de l’année. En tant que sa future présidente, elle a fait part de l’ambition de cette commission, qui entend susciter un engagement politique pour transformer l’action en faveur de la santé et du climat (notamment avec des mesures visant à atténuer l’impact du changement climatique ou à s’y adapter) et élaborer des propositions et des solutions pragmatiques. 

La docteure Jane Goodall, fondatrice de l’Institut Jane Goodall et messagère de la paix des Nations Unies, nous a rappelé que la nature, la biodiversité et le climat sont étroitement liés et qu’il faut les protéger de toute urgence. La docteure Goodall a lancé un appel à tous pour changer les choses et agir maintenant.

Sir Andrew Haines, professeur de changement environnemental et de santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a présenté une introduction à la science du climat et les liens avec les résultats obtenus sur le plan de la santé. Soulignant la nécessité de politiques d’adaptation et d’atténuation axées sur la santé, il a exposé l’argument en faveur d’une mise en place de systèmes de santé résilients au changement climatique et à faible émission de carbone, d’une amélioration des processus industriels et d’une transition vers les énergies renouvelables et les transports durables.

Après les discours principaux, une série d’orateurs ont brièvement mis en lumière différents aspects de l’action en faveur du climat. Prenant pour point de départ la perspective de son pays, Valentina Prevolnik Rupel, ministre slovène de la Santé, a montré des exemples de recours à une réforme législative pour promouvoir l’action climatique et protéger la santé. La Slovénie a élaboré des principes directeurs pour réduire les émissions de carbone au sein de son système de santé, ainsi qu’une stratégie de grande envergure en matière de changement climatique et de santé, qui peuvent servir de modèle à d’autres petits pays. 

La docteure Gulnara Mukhanova, directrice du département de la coopération internationale et de l’intégration du ministère de la Santé du Kazakhstan, a souligné la nécessité de réunir différents secteurs pour protéger les populations vulnérables et les communautés rurales du changement climatique grâce à des stratégies fondées sur des données probantes.

Au niveau sous-national, Heiko van Muylder, chef de cabinet du ministre flamand du Bien-être et de la Lutte contre la pauvreté, de la Culture et de l’Égalité des chances en Belgique, a souligné l’importance des indicateurs pour que la science puisse être utilisée comme moteur de l’élaboration de politiques fondées sur des éléments probants. 

Au niveau des villes, Dagur Eggertsson, membre du Parlement et ancien maire de Reykjavík (Islande), a relevé que face à l’urbanisation, la solution réside dans l’action locale, renforcée par une démarche participative avec les communautés et les différentes générations. 

Katja Čič, membre du Conseil de la jeunesse de l’OMS, a développé l’argument transgénérationnel, notant que la mobilisation des jeunes est fondamentale comme moteur de l’action en faveur du climat, qu’une actualisation des structures de gouvernance actuelles pourrait être bénéfique pour mieux répondre aux besoins d’aujourd’hui, et que les jeunes peinent toujours à faire entendre leur voix dans les processus d’élaboration des politiques.

Exprimant le point de vue des organisations non gouvernementales, Nina Renshaw, responsable de la santé au Clean Air Fund, a montré à quelle vitesse les mesures de réduction de la consommation de combustibles fossiles ont des effets bénéfiques sur la santé, grâce à l’amélioration de la qualité de l’air. Prendre des mesures pour l’efficacité énergétique et réaliser des investissements à cet effet, et ce de toute urgence, recourir à des énergies plus propres et éliminer progressivement les combustibles fossiles et leur subvention sont autant d’éléments qui permettront d’intervenir de façon musclée en faveur du climat et d’obtenir d’importantes retombées positives sur le plan de la santé, a-t-elle affirmé. 

Le professeur Mark Nieuwenhuijsen, directeur du programme sur la pollution atmosphérique et l’environnement urbain au Barcelona Institute for Global Health (Espagne), a donné des exemples de nouvelles stratégies urbanistiques qui amènent une réduction des émissions de dioxyde de carbone et du bruit, en faisant la part plus belle aux espaces verts. Il a souligné les avantages évidents pour la santé d’une action intersectorielle en faveur d’un avenir équitable dans des villes à énergie zéro. 

Sessions en petits groupes sur différents thèmes

Cinq sessions en petits groupes, consacrées à différents thèmes, ont facilité une participation active et permis des discussions plus approfondies sur des aspects clés du sujet.

Réduire les écarts en matière d’équité. Pour protéger les plus vulnérables de la crise climatique, les participants ont noté que nous devons écouter les communautés les plus vulnérables, dont les réfugiés, les sans-abri, les personnes vivant avec des maladies chroniques et des handicaps, les communautés autochtones, les enfants et les jeunes – sans que cette énumération ne soit exhaustive. Les participants ont noté que personne ne devrait être laissé de côté lorsque l’on aborde les questions de changement climatique et de santé, car les politiques inclusives contribuent à renforcer la confiance de la population envers les efforts des pouvoirs publics, considérés comme équitables et justes. Il a également été souligné que la participation de la population est essentielle pour garantir que les communautés ont leur mot à dire dans l’élaboration des interventions et qu’elles en bénéficient de manière égale, tant au niveau national que local. Les participants ont insisté sur le fait que les stratégies de long terme pour le climat et la santé doivent viser à protéger les plus vulnérables des effets du changement climatique.

Le changement climatique en tant que menace pour la sécurité sanitaire. L’évolution du climat fragilise la sécurité sanitaire en raison des catastrophes naturelles, des maladies infectieuses, de la résistance aux antimicrobiens et des vulnérabilités des systèmes de santé. Elle converge avec d’autres crises, qui l’aggravent, et est ressentie plus profondément par les personnes les plus vulnérables. Les investissements qui favorisent et confortent la sécurité sanitaire peuvent également contribuer à la lutte contre le changement climatique et au renforcement de la résilience climatique, mais doivent être mis en lien les uns avec les autres à l’échelle intersectorielle.

Assurer la santé dans un monde en mutation. Pour préparer nos systèmes et services de santé à résister aux effets futurs du changement climatique, nous devons nous attaquer à la triple crise planétaire (le changement climatique, la pollution et la perte de biodiversité) en tenant compte de la durabilité dans les politiques et en construisant des infrastructures résilientes. Les participants ont constaté qu’il fallait renforcer la collaboration avec les professionnels des disciplines médicales et améliorer leur formation et leurs connaissances sur le climat, en encourageant la coopération intersectorielle, en intégrant les corrélations entre le climat et la santé dans les programmes d’études médicales et en veillant à ce que l’achat de produits médicaux et l’adoption de nouvelles technologies s’effectuent dans le respect des objectifs de durabilité.

Rompre le cycle – maladies non transmissibles et santé mentale. Cette session, dont le thème était l’aggravation des maladies non transmissibles et des problèmes de santé mentale par le changement climatique, a permis de noter que les mesures préventives sont indispensables pour lutter contre la morbidité et la mortalité. L’adoption d’une démarche plus globale du changement climatique et de la santé peut permettre des avancées dans des domaines tels que les espaces verts urbains, la mobilité active en sécurité, l’agriculture durable, les régimes alimentaires à base de plantes et les énergies plus propres. Les avantages pour la santé doivent être traduits en recommandations concrètes et pragmatiques à intégrer dans des politiques et programmes de lutte contre le changement climatique qui, pour être efficaces, doivent prendre en compte les déterminants commerciaux de la santé et faire intervenir les jeunes. Il est également nécessaire de mener des recherches fondées sur des données concernant des questions telles que l’éco-anxiété et l’impact de la diminution de la biodiversité.

Stopper la prochaine épidémie. Cette session a porté sur la détection des maladies infectieuses liées au climat, et la réaction à ces dernières. On y a constaté le lien multidimensionnel entre le changement climatique et la santé. Il a été demandé de tirer parti de la stratégie « Une seule santé » pour promouvoir la collaboration multisectorielle afin de faire face à des risques interconnectés, notamment en investissant dans des systèmes intégrés de suivi et de veille des aspects environnementaux et sanitaires, et en prévenant la résistance aux antimicrobiens, dont le risque est accru par le changement climatique. Les participants ont souligné la nécessité d’intégrer les stratégies relatives au changement climatique dans la préparation et la réaction aux épidémies afin de remédier aux risques et aux vulnérabilités, par exemple à la suite d’inondations, là où un accès rapide à des vaccins peut limiter le risque d’épidémies de maladies d’origine hydrique. Les débats ont également mis en évidence la nécessité d’accorder la priorité à la préparation, en garantissant que des systèmes de soins résilients face au climat sont disponibles pour les maladies infectieuses, en particulier au sein des populations vulnérables telles que les réfugiés.

L’événement

La crise climatique est aussi une crise sanitaire. 

Le changement climatique a de rudes répercussions sur la Région européenne de l’OMS. Il affecte la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes, et est à l’origine de milliers de décès évitables ainsi que de coûts économiques énormes dus aux inondations, aux vagues de chaleur et aux incendies de forêt chaque année.

La crise climatique, qui impacte un large éventail de problèmes sanitaires allant des maladies à transmission vectorielle et autres maladies infectieuses aux troubles mentaux, en passant par la sécurité hydrique et alimentaire, est l’une des menaces de santé publique les plus pressantes de notre époque. 

Consciente de l’ampleur de la crise et de la nécessité d’instaurer des communautés et des systèmes de santé résilients et durables, l’OMS/Europe organise une audition externe afin de réunir les États membres, les partenaires et les représentants de la société civile.

L’audition vise les objectifs suivants :
  • mobiliser un large éventail de parties prenantes pour mener une action en faveur du climat et de la santé ;
  • collecter des idées exploitables afin de contribuer à l’élaboration du deuxième Programme de travail européen 2026-2030 (2e PTE) ;
  • favoriser les partenariats afin d’encourager une action en faveur du climat et de la santé dans la Région.
Principaux orateurs :
  • Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe ;
  • Dr Jane Goodall, fondatrice, Institut Jane Goodall et messagère de la paix des Nations Unies ;
  • Andrew Haines, professeur de changement environnemental et de santé publique, London School of Hygiene and Tropical Medicine ;
  • Katrín Jakobsdóttir, ex-Première ministre, Islande.
Inscrivez-vous dès maintenant et façonnez l’avenir de la santé en Europe et en Asie centrale.

Le travail mené par l’OMS/Europe dans le domaine du changement climatique

L’OMS/Europe aide les États membres à faire face à l’impact sanitaire du changement climatique par la prévention, la préparation et l’intervention. Le 2e PTE placera le changement climatique au cœur de ses efforts afin de promouvoir les politiques bénéfiques pour la santé axées sur la résilience sanitaire, l’adaptation et l’atténuation en préparant les systèmes de santé de la Région à relever les défis actuels et futurs. Les thèmes clés du 2e PTE seront les suivants :
  • les systèmes de santé résilients face au changement climatique ;
  • les services de santé durables et à faible émission de carbone ;
  • les solutions inclusives pour les populations vulnérables.

Une série d’auditions pour éclairer l’élaboration du 2e PTE 

L’OMS/Europe organise une série d’auditions dans le cadre du processus d’élaboration du 2e PTE. Ces auditions permettront aux États membres, aux représentants de la société civile et à d’autres partenaires d’échanger des idées, des priorités et des recommandations en vue de l’élaboration d’un programme d’action sanitaire unifié pour la Région européenne à l’horizon 2030 et au-delà.
 
Les informations recueillies lors de ces séances serviront à éclairer le 2e PTE de sorte à ce qu’il puisse relever les principaux défis sanitaires tout en favorisant l’équité et la résilience. Les auditions se dérouleront en ligne afin de garantir une large participation et favoriser la collaboration entre les différentes parties prenantes.
 
Pour vous inscrire aux auditions, veuillez suivre le lien, et pour davantage d’informations, veuillez contacter epw2@who.int