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Les visages de l’OMS – Elena Tsoy, administratrice nationale, bureau de l’OMS en Ouzbékistan

24 octobre 2021

Elena Tsoy a bien failli choisir le droit plutôt que la médecine, mais, en grande partie grâce aux encouragements de sa mère, elle a fini par opter pour une carrière médicale. Aujourd’hui, elle travaille comme administratrice nationale au bureau de l’OMS en Ouzbékistan ; elle aide les autorités de ce pays pour l’ambitieuse réforme de leur système de santé. Lorsqu’elle ne travaille pas, elle aime se promener avec sa famille, en fin de soirée ; elle va à la piscine ou prend des cours de danses traditionnelles ouzbèkes. Dans cette interview, elle parle de son travail, de la nécessité d’être patient, et de l’effet papillon.

Quel a été votre parcours ?

Je suis médecin de profession. À vrai dire, je devrais remercier ma mère. C’est elle qui n’a pas cessé de souligner que la médecine était une profession formidable, et qui convient bien à quelqu’un doté d’un esprit logique et de mon type de caractère. Bien que j’aie rêvé de devenir avocate, j’ai fait des études de médecine et j’ai obtenu un diplôme postuniversitaire en pédiatrie. Cependant, en travaillant dans le département de néonatologie et de pathologies graves pendant ma formation postuniversitaire et en voyant des nouveau-nés atteints de maladies très graves, j’ai réalisé qu’il me serait insupportable de les voir souffrir et mourir. Je devais trouver un moyen d’aider ces enfants autrement, et j’ai repris des cours pour devenir généraliste.

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’OMS ?

Un de mes amis qui travaillait pour l’OMS m’a encouragé à postuler un poste vacant, et je l’ai fait. J’ai été sélectionnée et, en 2009, j’ai rejoint l’OMS comme administratrice nationale pour les maladies non transmissibles. C’était un rêve pour moi que de travailler pour les Nations Unies, pour l’OMS – c’est une occasion exceptionnelle de travailler avec des experts de haut niveau, de traduire leur expérience et leurs recommandations en interventions au niveau national. Si je peux sauver 1 ou 2 vies en travaillant comme médecin, je peux décupler mon action en travaillant pour l’OMS.

En quoi consiste votre travail d’administratrice technique ?

Pour dire les choses simplement, nous travaillons avec les autorités publiques et des spécialistes techniques afin de concevoir et de planifier des améliorations de l’ensemble du système de santé. En tant qu’administratrice technique pour le renforcement des systèmes de santé, j’aide les autorités ouzbèkes à concevoir des stratégies de santé, à introduire les meilleures pratiques, les protocoles et les normes de l’OMS. Avec les pouvoirs publics, je travaille également à la formation médicale et à la planification des effectifs de la santé. Ce n’est pas toujours facile, mais il est extrêmement gratifiant de militer pour la satisfaction des besoins de la population et de revendiquer une meilleure santé pour tous. En fait, j’ai reçu le prix d’excellence en santé du ministère ouzbek de la Santé en 2020 – il s’agissait de récompenser à la fois mon apport personnel et celui de mes collègues de l’OMS en faveur de la santé de la population ouzbèke. Mais on pourrait aussi résumer mon travail en citant mon fils cadet, qui l’a décrit ainsi quand il avait 6 ans : « Ma maman apprend aux autres comment soigner les malades et rester en bonne santé. »

Magnifique ! Pouvez-vous nous donner un exemple de l’effet de votre travail sur autrui ?

Le changement ne survient pas toujours du jour au lendemain ; il faut être patient. Laissez-moi donc vous donner l’exemple d’une formation que je dirigeais, sur les soins hospitaliers pour enfants. Il s’agissait notamment d’organiser un apport en oxygène au service des admissions des hôpitaux dans le cadre des soins d’urgence, pour que les patients puissent recevoir de l’oxygène immédiatement au besoin, afin de gagner de précieuses secondes. Nous avons mesuré à la fois la distance et le temps, pour estimer combien de secondes ou de minutes il faudrait exactement pour fournir des soins et de l’oxygène en situation d’urgence, à partir du moment où un patient arrive. Après cette formation et nos recommandations, nous sommes revenus dans les hôpitaux pour voir les résultats, et avons constaté que rien n’avait changé. Nous devions recommencer à zéro. Je me souviens d’avoir dit à ma mère combien mon équipe et moi-même nous étions investis dans la formation. Je me sentais vraiment mal, mais ma sage mère m’a rétorqué : « Attends. Est-ce que rien n’a changé, ou est-ce qu’il y a eu des changements ? » « Eh bien », ai-je répondu, « ils ont sauvé la vie d’un enfant au service des admissions, après lui avoir donné de l’oxygène. » Ma mère m’a regardée et a dit : « Si ton programme a aidé à sauver la vie d’un unique enfant, c’est déjà un grand progrès. C’est une vie sauvée. Ce n’est pas rien. » La leçon que j’ai apprise est que les progrès ne sont pas toujours aussi rapides qu’on le souhaiterait, mais que même de petits changements peuvent sauver une vie. Et que ce petit changement pouvait avoir un effet papillon. Aujourd’hui, ce programme a été déployé dans tout le pays, ce qui signifie que notre travail a effectivement changé certaines choses.

Comment prenez-vous soin de votre propre santé ?

Pendant la pandémie de COVID-19, nous avons pris une très bonne habitude dans ma famille : nous faisons une promenade chaque soir, avant d’aller au lit. Nous avons souvent exploré de nouveaux quartiers de la ville, certains endroits que je n’avais même jamais remarqués ! Et je suis arrivée à près de 20 000 pas par jour. Ces moments passés ensemble ont été très précieux. Nous avions également coutume d’aller nager régulièrement, et ça a été fantastique de retourner dans l’eau après la fin des confinements, tout en respectant les mesures de santé publique et mesures sociales actuelles, bien sûr. Mon plus jeune fils prend régulièrement des cours de natation et il est très doué ; il a remporté une médaille dès sa première compétition. J’aime aussi danser ; je prends des cours de danses traditionnelles ouzbèkes. La culture des différentes régions d’Ouzbékistan est très diverse : chaque région a sa musique, ses danses et ses costumes traditionnels.

Voilà qui fait parfaitement le lien avec la dernière question ! Dites-nous quelle musique, quel film et quel livre vous recommanderiez.

Je préfère passer le peu de temps libre que j’ai avec ma famille plutôt que de lire. Je lis tellement, de toute façon. En ce qui concerne la musique, j’ai des goûts éclectiques, donc je choisirais n’importe quelle composition de Tchaïkovski, mais j’aime aussi Bryan Adams et les Scorpions (rires). Mon conseil cinéma serait « Les Intouchables », avec Omar Sy et François Cluzet. Ce film fait rire ; il montre la valeur de l’amitié et l’effet inattendu que quelqu’un peut avoir sur votre vie.

Bureau de pays de l’OMS en Ouzbékistan

    • Nombre d’employés : 20
    • En activité depuis (année) : 1993
    • Principaux domaines d’activité : maladies infectieuses ; renforcement des systèmes de santé en vue de la CSU pour soutenir les réformes du secteur de la santé ; prévention et maîtrise des maladies non transmissibles (tabagisme, alcoolisme, nutrition et activité physique, maladies cardiovasculaires, cancer) ; santé mentale, tuberculose/VIH/hépatite ; maladies à prévention vaccinale ; règlement sanitaire international et Programme WHE ; résistance aux antimicrobiens ; prestation de services de santé sexuelle, génésique, de la mère, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent (SSGMNEA).