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Les visages de l’OMS – Pavla Kortusova, Bureau de l’OMS en Tchéquie

19 septembre 2021

Pavla Kortusova, une ancienne enseignante en relations internationales dans plusieurs universités tchèques, a rejoint l'OMS il y a 17 ans en tant qu'assistante administrative au bureau de l'OMS en Tchéquie. Lorsqu'elle n'est pas occupée à effectuer simultanément de multiples tâches au bureau, elle se détend en faisant du paddle-board, de la course à pied, du ski ou en pratiquant des activités de plein air plus extrêmes, comme sauter dans une rivière tumultueuse en tenue de survie. Dans cet entretien, elle parle de son travail au bureau de l'OMS en Tchéquie, des valeurs fondamentales des Nations Unies et de sa passion pour la littérature fantastique et le sport.

Parlez-nous de votre travail.

Le bureau de l’OMS en Tchéquie est un petit bureau qui compte seulement deux collaborateurs. J'assiste le représentant de l'OMS et je suis responsable de la gestion du bureau au quotidien. Comme nous sommes un petit bureau, j’encadre également les projets et je suis en contact avec les médias, les partenaires techniques et la population. Les projets sur lesquels je travaille peuvent être des projets « faciles », de courte durée, comme la réalisation d'une étude ou l'organisation d'une table ronde, ou des projets plus complexes qui nécessitent un soutien plus longtemps. Ces événements de plus grande envergure impliquent d'organiser l’encadrement de groupes de travail, et je m’occupe également de projets concernant la santé mentale, l'environnement et la santé.  Ce que j'aime dans mon travail, c'est l’appui que je peux apporter à différents niveaux et dans différents domaines professionnels. Il est impossible de s’ennuyer. On pourrait dire que mon travail est une fonction de « femme-orchestre », qui assure la coordination et le soutien nécessaires pour que nous puissions fonctionner en tant que bureau de pays de l'OMS.

Qu’est-ce qui vous a amenée à l’OMS ?

Pendant mes études, je me suis spécialisée dans les sujets liés aux Nations unies et j'ai également enseigné dans le domaine du management interculturel, des organisations internationales et des droits humains à l'université d'économie, en Tchéquie. Je voulais vraiment rejoindre les Nations Unies pour amener ma contribution à un monde meilleur, plus pacifique et plus équitable. J'ai toujours eu la très ferme conviction que tous, de n’importe quelle origine, sont égaux – quelles que soient leurs différences. Je voulais soutenir ce principe fondamental dans mon travail quotidien, et j’ai réussi. J’ai rejoint l’OMS alors que je finissais mon doctorat en kinanthropologie, en 2004, et je suis fière de travailler sous la bannière des Nations Unies.

Qu’est-ce que la kinanthropologie ?

La kinanthropologie est une science interdisciplinaire axée sur l’étude de l’activité physique des personnes. J'ai toujours été passionnée par le sport et par l'activité physique régulière en raison de ses bienfaits considérables pour la santé et le bien-être.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

C’est très lié aux valeurs des Nations Unies. En tant qu’OMS, nous fournissons une plateforme multilatérale et indépendante aux intervenants et aux pouvoirs publics, ainsi qu'une expertise technique indépendante sur un large éventail de questions en rapport avec la santé. J’ai le sentiment que cette fonction est essentielle. Nous pouvons convoquer une réunion et faire participer différents secteurs, tels que le parlement, les ONG ou le secteur privé, et les réunir autour d'une table pour des discussions et un échange de points de vue. L'un de nos récents succès est le durcissement de la lutte contre le tabac et une réglementation antitabac plus stricte en droit tchèque. Nous n’avons pas toujours la tâche facile, mais notre fonction est unique et notre travail est fondamental. Je suis heureuse lorsque les valeurs humaines, la santé ou le développement durable sont mis au centre de l'action et que je vois des progrès. C’est extrêmement motivant pour la poursuite de notre travail.

Quels ont été les effets de votre travail sur autrui ?

Permettez-moi de vous donner un exemple dans le domaine de la santé mentale. Il y a environ 17 ans, l’écrivaine britannique J.K.  Rowling s’est rendue en Tchéquie. Elle s’est également rendue dans un établissement de soins de santé mentale et a été déçue par ce qu’elle a vu. C'était à l'époque où j'ai rejoint l'OMS en Tchéquie, et j'ai soudain dû répondre à des questions délicates qui fusaient de toutes parts (le chef du bureau était absent) concernant les hôpitaux psychiatriques équipés de lits-cages entourés de filets, où l’on gardait les enfants. Rowling a également écrit au président et au premier ministre tchèques des lettres ouvertes dans lesquelles elle incitait au changement.  Être un nouveau membre du personnel et avoir à aborder une question sensible ayant un profond impact politique n'a pas été facile ! Mais cela a aussi été très intéressant. À l'OMS, nous avons travaillé d'arrache-pied pour aider le gouvernement à réformer le système tchèque de soins psychiatriques, en adoptant une approche des soins de santé mentale davantage axée sur la proximité, en mettant l'accent sur des aspects essentiels de la qualité des soins, dans l’optique générale des droits humains. Il s'agit d'un exemple très important de changements concrets auxquels on peut parvenir lorsque ce ne sont pas seulement les représentants politiques, mais aussi différents secteurs comme les soins de santé primaires, les travailleurs sociaux et les travailleurs de la santé mentale, qui sont réunis. Les soins aux patients sont passés à l’avant-plan, mais il y a encore du travail. La pandémie de COVID-19 a mis en évidence l'importance de la santé mentale et du bien-être pour tous, et les personnes ayant besoin de soutien ne doivent pas être stigmatisées.

Comment prenez-vous soin de votre propre bien-être ?

Je recharge mes batteries en faisant du sport, et avec mes deux enfants. Je cours, je fais du volleyball de plage et pendant l’hiver, je pratique le ski de fond. Mais j’aime bien aussi me relaxer avec un livre. J’aime la littérature fantastique, de sorte que Rowling fait partie de mes écrivains favoris, aux côtés de Terry Pratchett – dont j’ai lu la plupart des livres. Et ceux de J.R.R. Tolkien, bien sûr. La littérature fantastique m'aide à me déconnecter de la réalité pour entrer dans un monde où tout et n'importe quoi est possible.

Quel est le dernier livre que vous avez lu ?

C’est un genre totalement différent ! J’ai lu un ouvrage de l’auteur tchèque Karel Klostermann, intitulé « Lístky ze Šumavské epopeje » – récits des montagnes de Šumava. Klostermann, qui vivait dans cette région, décrit les traditions, la vie et les difficultés des gens des villages et des zones rurales de Šumava au XIXe siècle. Je possède une petite maison à Šumava, où nous passons souvent des week-ends de détente, proches de la nature. C'est vraiment intéressant, cette lecture sur le mode de vie des gens de l'époque, dans des endroits que je connais si bien. Leur style de vie a changé, même si beaucoup de problèmes de la vie dans des zones rurales restent les mêmes. Les gens doivent toujours être courageux et auto-suffisants.

Une dernière question : Quelle personnalité d’hier ou d'aujourd’hui inviteriez-vous pour un dîner et un entretien ?

Marie Curie – en tant que femme de science, elle m’a beaucoup inspirée. Pendant mes études, à l’université, j’ai lu sur sa vie. Elle est vraiment un exemple, car à la fin du XIXe siècle, il était extrêmement difficile pour les femmes d’obtenir une reconnaissance de leur famille, de la société et surtout de la communauté des professionnels de la science, dominée par les hommes.  Le rôle de la femme dans la société était encore tellement limité et étriqué. Marie Curie n’était pas seulement une combattante en faveur de la science, mais aussi une combattante pour toutes les femmes de science. Elle m’a beaucoup inspirée.

Bureau de pays de l’OMS en Tchéquie

  • Nombre d’employés : 2
  • En activité depuis (année) : 1991
  • Domaines d’intervention prioritaires : santé publique, soins de santé primaires, santé mentale, promotion d’un style de vie sain, VIH
  • La principale mission du bureau de pays de l'OMS en Tchéquie est de coordonner toutes les activités de l'OMS dans ce pays, en veillant à la diffusion des informations sur les initiatives et les événements organisés par l'OMS. Le bureau de pays veille à l’accès à tous les documents d’information, rapports et recommandations de l’OMS, et à leur diffusion. Il facilite la collaboration et la participation d’experts tchèques aux activités de l’OMS. Il défend la santé dans l'élaboration des politiques intersectorielles, et assure un leadership technique en matière de santé, en collaboration avec les pouvoirs publics, d'autres secteurs et de multiples intervenants.