Diana se souvient : « Je suis née à Zhytomyr et j’ai étudié la médecine à Vinnytsia. C’était une vie paisible d’étudiante – de longues journées d’étude et de nombreuses nuits blanches. Après la quatrième année, nous avons dû terminer nos études en ligne, d’abord à cause de la pandémie, puis à cause de la guerre. »
Avec l’invasion massive de l’Ukraine, la vie de l’étudiante en médecine a changé du jour au lendemain. Deux semaines après avoir obtenu son diplôme, elle a été contrainte de quitter le pays pour la Tchéquie.
En tant que doctoresse fraîchement diplômée, elle était motivée à l’idée d’utiliser ses connaissances pour aider les Tchèques à être en meilleure santé, mais cela n’a pas été facile. Elle a dû suivre une formation professionnelle complémentaire et observer des procédures d’agrément pour pouvoir travailler en tant que médecin dans un nouveau pays. Lorsqu’elle a reçu un courriel concernant un nouvel atelier organisé par l’Institut de formation médicale postuniversitaire (IPVZ) avec le soutien de l’OMS/Europe, elle s’est immédiatement inscrite.
« Je me réjouissais vraiment d’y participer », dit Diana. « C’était une bonne occasion de rencontrer certains des professeurs et des médecins qui président ces examens et de comprendre ce qu’ils veulent. Cette formation m’a aidée à voir que, en tant que médecins ukrainiens, nous pouvons continuer à travailler et à apporter notre aide à des personnes, et qu’il y a des gens qui ont besoin de nous. »
« Il y a quelqu’un, quelque part, qui a besoin de votre aide »
L’atelier, mené à bien par l’OMS/Europe, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’IPVZ, est proposé gratuitement dans le cadre du projet EU4Health financé par l’Union européenne (UE). Il aide les médecins et les professionnels de santé ukrainiens à se préparer aux examens requis pour obtenir l’agrément leur permettant de travailler au sein du système de santé tchèque.
Diana s’est présentée aux examens et les a réussis, ce qui lui a permis d’obtenir sa licence médicale. Elle a commencé à travailler à l’hôpital Znojmo, dans le sud de la Tchéquie, en gynécologie et obstétrique.
« Au début, tout était nouveau : le système, la langue, même la terminologie médicale. Mais on m’a aidée à comprendre comment les choses fonctionnent. Cela a fait toute la différence », explique Diana.
L’hôpital dispose également d’un centre de traitement de l’endométriose, d’une unité d’accouchement et d’une maternité qui accueille des patientes tchèques et ukrainiennes. « C’est là que j’ai découvert ma véritable passion », ajoute-t-elle. « Avant, je pensais faire de la chirurgie comme mon père, mais j’ai réalisé que je voulais travailler avec des femmes et des familles, être là pour elles dans des moments aussi importants. »
« Je pense que la communication avec les patients est très bonne. Je parle couramment le tchèque ; ils me comprennent et je les comprends aussi. J’essaie d’apporter une touche d’humanité dans mon travail, en abordant tout avec amour et compassion. Se faire réveiller à 3 heures du matin peut être désagréable, mais après, vous vous souvenez que quelqu’un, quelque part, a vraiment besoin de votre aide. Cette pensée vous donne la force de vous lever et d’aller aider votre patiente. »
Un développement professionnel et personnel
Diana fait partie des quelque 200 professionnels de santé ukrainiens déplacés qui continuent à pratiquer dans les systèmes de santé nationaux des pays d’accueil participant au projet. En novembre 2025, elle a rejoint l’OMS et l’OIM à la conférence de l’Association européenne de santé publique (EUPHA) à Helsinki (Finlande) et raconté son histoire de vive voix.
Dans le cadre de ce projet commun, des médecins, des membres du personnel infirmier et d’autres professionnels de santé, qui détiennent les connaissances et les compétences nécessaires pour protéger et sauver des vies chaque jour, bénéficient d’une aide pour se préparer aux examens de reconnaissance des qualifications, se renseigner sur leurs droits, et accéder à la formation nécessaire pour exercer officiellement leur profession dans leur pays d’accueil.
En leur permettant d’exercer à nouveau, l’OMS contribue à renforcer les systèmes de santé tout en veillant à ce que leur expertise continue de sauver des vies. Ce projet leur permet de s’épanouir tant sur le plan professionnel que personnel, afin qu’ils puissent un jour mettre leurs compétences et leur expérience au service de l’Ukraine et de sa population.
Le projet « Améliorer l’accès aux services de santé des réfugiés et des personnes déplacées d’Ukraine qui bénéficient d’une protection temporaire dans les États membres » est financé par le programme de travail EU4Health 2023. Il couvre la période de 2023 à 2025, et ce dans 10 pays européens : la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République de Moldova, la Roumanie, la Slovaquie et la Tchéquie.

