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Quand les bouteilles des boissons faiblement alcoolisées cachent la vérité : pourquoi il faut des étiquettes claires sur l’alcool

11 novembre 2025
Si vous vous rendez dans n’importe quel supermarché aujourd’hui, vous verrez une gamme de plus en plus large de bouteilles et de canettes étiquetées « sans alcool », « à faible teneur en alcool » ou encore « light ». À première vue, il s’agit d’un progrès, d’un signe que des choix plus sains sont disponibles dans une Région où l’alcool est à l’origine de près de 800 000 décès par an, et où 1 adulte sur 10 souffre d’un trouble lié à la consommation d’alcool.

Le fait que les producteurs réduisent la teneur en alcool est un pas dans la bonne direction, conforme au Plan d’action mondial de l’OMS contre l’alcool. Mais si l’on regarde de plus près les boissons sans alcool ou à faible teneur en alcool, la situation est beaucoup moins claire et des pays comme la Belgique ont soulevé publiquement la question, attirant l’attention sur les risques que les indications vagues ou trompeuses font courir aux consommateurs.

Que signifie réellement cette terminologie ?

La première question qui se pose est de savoir ce que signifie réellement « faible » dans « faible teneur ». Selon le rapport de l’OMS intitulé « A public health perspective on zero and low-alcohol beverages » [Une perspective de santé publique sur les boissons sans alcool et à faible teneur en alcool], dans certains pays, l’expression « sans alcool » signifie 0,0 % d’alcool en volume (ou 0,0 % vol.). Ailleurs, la même étiquette peut légalement figurer sur une boisson contenant jusqu’à 0,5 %, voire 2,8 % vol. Les règles sont encore moins strictes quand il s’agit des « boissons à faible teneur en alcool ». Lorsque des définitions existent, elles peuvent inclure des produits contenant jusqu’à 3,7 % vol. Il en résulte une mosaïque de normes dans la Région européenne qui laisse les consommateurs dans l’ignorance de ce qu’ils achètent et consomment réellement.

Les étiquettes vagues ou trompeuses aggravent le problème

La confusion risque de s’accentuer. Pour répondre à la demande croissante des consommateurs soucieux de leur santé, les producteurs mettent au point de nouvelles versions « allégées » ou « à teneur réduite » des boissons connues du public. Des vins à 6 % vol. ou des gins à 20 % vol. côtoient désormais les vins traditionnels à 11-14 % vol. et les spiritueux à 40 % vol. Or, en l’absence de règles sur la manière dont ces produits peuvent être décrits, des boissons alcoolisées contenant encore des quantités substantielles d’alcool peuvent être étiquetées et commercialisées comme étant « light » ou « à faible teneur en alcool ».

En quoi cela est-il important ?

Les recherches sur l’étiquetage des produits du tabac et des aliments montrent que des termes comme « à faible teneur » et « light » peuvent induire les consommateurs en erreur en leur donnant l’impression qu’ils sont moins dangereux et en les incitant à en consommer davantage. Cela peut aussi créer un « effet halo santé » qui influence la perception globale des produits comme étant plus sains en fonction d’un seul attribut, comme par exemple « faible teneur en matières grasses ». Pour l’alcool, où même de faibles quantités sont associées à un risque accru pour la santé (notamment le risque de cancer du sein), les conséquences d’une mauvaise compréhension sont évidentes.

Un besoin de clarté, de réglementation et de transparence

Les consommateurs méritent de connaître la vérité sur l’étiquette. Pour protéger la santé publique, les mesures à envisager sont les suivantes :
  • définir de manière uniforme dans tous les pays et pour tous les types de boissons alcoolisées des termes tels que « sans alcool », « à faible teneur en alcool » et « à teneur réduite en alcool » ;
  • exiger que les étiquettes des produits indiquent la teneur exacte en alcool, sans utiliser d’indications trompeuses ;
  • fermer les brèches de la réglementation qui permettent d’utiliser les indications « sans alcool » ou « à faible teneur en alcool » comme outil de promotion de la marque ;
  • afficher de manière uniforme les avertissements sanitaires, les informations nutritionnelles et les listes d’ingrédients sur l’étiquette elle-même et non derrière des codes QR.
La réduction de la teneur en alcool des boissons alcoolisées peut être bénéfique pour la santé publique. C’est une mesure expressément proposée dans le Plan d’action mondial contre l’alcool 2022-2030 qui recommande aux fabricants d’alcool de « remplacer, autant que faire se peut, les produits à forte teneur en alcool par des produits sans alcool ou moins alcoolisés dans leur gamme de produits ».

Cependant, le plan d’action précise aussi qu’il faut le faire de manière transparente, sans contourner les réglementations existantes ni cibler de nouveaux groupes de consommateurs afin que les consommateurs sachent ce qu’ils choisissent. Aujourd’hui, un étiquetage vague et incohérent peut créer la confusion et induire en erreur les personnes à la recherche d’options alternatives. La clarté et la cohérence sont essentielles pour que les consommateurs puissent faire des choix éclairés et que les responsables politiques puissent agir sur la base de preuves solides.