« Cette clinique nous a sauvés, » affirme Ludmyla. « Elle est propre, bien chauffée et le personnel est merveilleux. Je n’ai plus à m’inquiéter. Je peux ici contrôler mon taux de sucre dans le sang, obtenir mes médicaments ou même une perfusion si j’en ai besoin. Ils vaccinent les enfants et prennent soin de nous tous. »
L’Union européenne (UE) et l’OMS déploient des cliniques modulaires entièrement équipées dans les régions fortement touchées par la guerre entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, là où les établissements de soins primaires ont été détruits, ou dans les villages difficilement accessibles en raison d’infrastructures insuffisantes.
Ces installations sont mises en place directement au sein des communautés, comme dans le village de Kov’yahy, et dispensent des services médicaux essentiels dans des régions où l’accès est autrement limité ou inexistant.
En 2025, 4 nouvelles cliniques modulaires de soins de santé primaires ont été installées dans les zones les plus touchées par la guerre en Ukraine. Les cliniques modulaires financées par l’UE sont entièrement intégrées au système national de santé. Ces dernières années, la réforme du système de santé ukrainien a modifié la façon dont les patients interagissent avec les médecins de famille, ceux-ci étant désormais considérés comme des partenaires de santé à long terme.
Grâce aux dossiers médicaux électroniques, les médecins peuvent accéder rapidement aux antécédents des patients, prendre des décisions éclairées et prescrire des médicaments.
Le Programme pour des médicaments abordables constitue d’ailleurs l’une des pierres angulaires de cette réforme, et aide les patients souffrant d’affections chroniques, comme les maladies cardiaques, le diabète et les troubles neurologiques, à accéder aux médicaments essentiels gratuitement ou à un prix réduit. Ce soutien est particulièrement vital aujourd’hui alors que les prix des médicaments augmentent et que l’accès aux soins reste limité dans les régions de la ligne de front fortement touchées par la guerre.
Le Programme pour des médicaments abordables
Pour Ludmyla Yablunytska, une retraitée vivant à Valky, une ville située près de Kov’yahy dans l’oblast de Kharkiv, la clinique financée par l’UE entraîne des changements tangibles. Ludmyla, qui souffre de diabète de type 2, doit surveiller régulièrement sa glycémie et prendre des médicaments. Grâce à l’installation d’une clinique modulaire à Kov’yahy et au Programme pour des médicaments abordables, elle peut désormais obtenir ses médicaments essentiels sans avoir à se soucier des coûts élevés qui grèveraient autrement sa pension de retraite.
« Avec la hausse des prix, c’est une véritable bénédiction, » explique Ludmyla. « Je suis retraitée, donc chaque hryvnia économisée compte. Aujourd’hui, je peux obtenir mes médicaments par l’intermédiaire de la clinique modulaire et du programme, et ça m’aide beaucoup. Je coopère étroitement avec mon médecin dans cette nouvelle clinique. Nous passons en revue la liste des médicaments, nous parlons de régime alimentaire et même de tisanes. J’ai l’impression qu’on s’occupe vraiment de moi. »
L’accès aux soins n’a pas toujours été aussi simple. Avant l’ouverture de la nouvelle clinique début 2025, Ludmyla et d’autres habitants n’avaient pas de centre de soins local à qui s’adresser. L’ancien hôpital de Kov’yahy était délabré et a fini par être fermé. L’option la plus proche était la clinique de Valky, une ville voisine.
« C’était un vrai combat, » se souvient Ludmyla.
« Il y avait un hôpital ici, mais il était glacial en hiver, il tombait en ruine et il a été fermé, alors nous avons dû aller à Valky. Les bus ne circulent pratiquement plus. La plupart des lignes ont été annulées ou ne fonctionnent que tôt dans la matinée. Et quand on arrive enfin à Valky, on fait la queue pendant des heures. Il s’agit d’une clinique de district, donc il y a toujours du monde. Et lorsque la consultation est terminée, il n’y a aucun moyen de rentrer chez soi. Aucun bus ne circule l’après-midi. »
Assurer la continuité des soins
Se déplacer plus loin pour se faire soigner était encore plus compliqué. Kharkiv est proche de la ligne de front, dans l’une des régions les plus touchées par la guerre.
« Pour aller à Kharkiv, je devais appeler un taxi, » explique Ludmyla. « C’est cher pour quelqu’un comme moi, alors j’ai commencé à demander à mes voisins, à mes amis, à tous ceux du village qui devaient aussi se rendre à Kharkiv ce jour-là. Si on pouvait partager le prix de la course, ça rendait les choses un peu plus faciles. »
Aujourd’hui, grâce à la nouvelle clinique primaire modulaire de Kov’yahy, ces déplacements stressants appartiennent au passé.
Bien que Kov’yahy n’ait jamais été occupée pendant la guerre, la ville reste profondément touchée. La communauté a accueilli de nombreuses personnes déplacées à l’intérieur du pays et les fréquentes attaques de drones sont devenues un fait quotidien.
« La nuit dernière, le ciel s’est remis à gronder, » raconte Ludmyla. « Ils ont fait pleuvoir des drones toute la nuit. C’est effrayant, mais au moins maintenant on a un endroit où aller quand on est souffrant, » dit-elle en souriant.
« Sans cette clinique, je ne sais pas ce qu’on ferait. On a l’impression de ne pas avoir été oubliés. »
Depuis le début de l’invasion à grande échelle, le soutien de l’UE a permis l’installation de 24 cliniques de soins primaires modulaires, de 2 stations d’équipes médicales d’urgence et de 2 installations relocalisées à travers l’Ukraine, et 3 cliniques supplémentaires sont prévues en 2025. Ces unités mobiles sont conçues pour assurer la continuité des soins, en particulier dans les régions où l’accès aux services médicaux de routine a été perturbé.