Viatcheslav Grankov/WHO
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Les visages de l’OMS – Viatcheslav Grankov, Bureau de pays de l’OMS au Bélarus

6 août 2021

Viatcheslav Grankov, médecin de profession, travaillait depuis plus de 15 ans comme médecin et responsable de services de santé lorsqu’il a décidé d’obtenir un master en santé publique. Cette décision l’a amené à Lund, une pittoresque ville du sud de la Suède. En 2016, après avoir négocié quelques méandres du destin, il a rejoint le bureau de pays de l’OMS à Minsk (Bélarus) en tant qu’administrateur national actif dans le domaine des maladies transmissibles, surtout du VIH, de l’hépatite virale et de la tuberculose. Quand il ne travaille pas, il organise des dîners répondant à toutes les règles du savoir-vivre, ou ajoute encore un livre à son impressionnante bibliothèque.

Qu’est-ce qui vous a amené à l’OMS ?

En 2015, pendant que j’étudiais pour mon master à l’université de Lund, j’ai travaillé comme stagiaire au Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, à Copenhague (Danemark). Le Bureau régional était facilement accessible par un train traversant le pont de l’Øresund, qui relie la Suède au Danemark. J’ai appris beaucoup de choses sur le travail de l’OMS, et j’ai rencontré tellement de professionnels ! Cela m’a vraiment inspiré. Juste avant de décrocher mon diplôme, j’ai posé ma candidature pour un poste à l’OMS, en tant qu’administrateur national au bureau de pays du Bélarus. Je suis passé par le processus de recrutement et j’ai été sélectionné ! Cela fait maintenant 5 ans que je travaille au bureau national et je n’ai jamais regretté mon choix. Sans vouloir le moins du monde me vanter, je suis vraiment fier de faire partie de l’OMS. Je suis passionné par mon travail et par le rôle que nous exerçons, ainsi que par le projet et les valeurs de l’OMS.

Quels ont été les effets de votre travail sur autrui ?

En travaillant dans le domaine médical, vous pouvez évidemment apporter un changement positif dans la vie d’un patient, ce qui est incroyablement gratifiant. Mais arrivé à un certain point, je suis parvenu à la conclusion qu’il y a tellement d’autres facteurs de santé publique qui revêtent une grande importance ! Comment le système de santé est organisé, comment il fonctionne, comment il est financé, comment la prestation de services est organisée, etc. Tous ces facteurs influencent la capacité des médecins à exercer leur tâche, la prise en charge des patients et la vie des familles de patients. En tant que professionnel de la santé publique, je peux avoir une influence pour les populations à un niveau plus large – aux niveaux national, régional et mondial – et être acteur d’un changement positif pour tellement plus de gens.

Donnez-nous donc un exemple.

Il n’y a pas si longtemps, la thérapie antirétrovirale pour patients séropositifs n’était pas généralisée au Bélarus, ce qui signifie que le traitement n’était accessible qu’à certaines personnes. Puis, conformément aux recommandations de l’OMS pour le traitement de tous les patients qui en ont besoin, une nouvelle stratégie a été mise en œuvre au Bélarus – et grâce à ce changement, des milliers de personnes ont pu avoir accès à cette thérapie. C’est cela que je veux dire quand je parle d’avoir un impact plus large. Et le traitement contre le VIH n’est qu’un exemple parmi d’autres. Depuis maintenant plusieurs années, nous dispensons un traitement gratuit, financé par l’État, aux personnes vivant avec l’hépatite C. C’est une affection qui peut gravement endommager le foie, mais qui peut être totalement guérie en 3 mois de thérapie, ce qui permet au patient d’oublier la maladie. Grâce à une stratégie, plus de 10 000 personnes ont été soignées avec succès depuis 2018, ce qui veut dire qu’elles n’auront ni cirrhose, ni cancer du foie, et qu’elles ne transmettront pas cette maladie à d’autres ! Des moments comme ceux-là sont très importants. Et il ne s’agit pas seulement d’un accès au traitement, mais aussi de faire en sorte que les patients aient accès au meilleur traitement qui soit.

Nous avons parlé d’une meilleure santé pour d’autres, mais vous, alors ? Comment vous maintenez-vous en bonne santé ?

Inévitablement, on est attentif aux recommandations que nous émettons, nous l’OMS. Des fruits, des légumes, une alimentation équilibrée, de l’exercice... Et je n’ai jamais fumé, ou même allumé une cigarette. Je n’en ai jamais eu envie. J’essaie d’avoir de bonnes nuits de sommeil, suffisamment d’heures dans une chambre sombre. Ce sont là des conseils très basiques, « banals ». Et aussi, je ne cours pas, mais j’aime marcher. Et j’ai remarqué récemment que je suis un marcheur rapide. Ma famille et mes amis m’interpellent souvent, et me demandent pourquoi je marche si vite, ils me disent de ralentir ! Je ne m’en étais même pas rendu compte. J’ai trouvé des informations très intéressantes sur le sujet. Apparemment, certaines études indiquent que la démarche d’une personne en dit long sur sa personnalité. Les marcheurs rapides sont apparemment considérés comme des extravertis, consciencieux et ouverts à de nouvelles aventures. Je ne sais vraiment pas si c’est vrai, mais je trouve que c’est amusant, et cela vaut sans aucun doute pour moi !

Qu’est-ce qui recharge vos batteries de bon marcheur ?

La vie consiste non seulement à pratiquer les activités qui peuvent donner un sens ou un but à votre existence, mais aussi à faire des choses qui vous apportent du plaisir, et à rester positif et reconnaissant de chaque jour qui passe. Cela peut sembler être de grands mots, mais quand vous vous fortifiez grâce à des pensées optimistes, positives, cela influence vraiment votre état d’esprit. J’essaie activement de faire cela tous les jours. L’expression qui parle de la nécessité de « recharger ses batteries » a une grande valeur symbolique : cela veut dire prendre le temps de faire une pause et de prendre conscience des bonnes choses de votre vie.

J’ai aussi 2 passions importantes : la lecture et l’organisation de dîners. Bien sûr, la deuxième a été terriblement contrecarrée par la pandémie. J’ai une imposante bibliothèque à la maison ; j’ai collectionné des livres toute ma vie – en anglais, en français, en russe et en biélorusse. Les plus anciens datent du XVIIe siècle – et j’espère trouver le temps de commencer à les cataloguer un jour. C’est un peu une obsession, mais à nouveau, ça ne fait pas de tort. Et ma bibliothèque vient bien à point pour ma deuxième passion : l’organisation de dîners. J’ai la passion des tables bien dressées, selon toutes les règles du savoir-vivre : je choisis de la porcelaine fine, des verres et des couverts élégants, j’écris le nom des convives à côté des assiettes, il y a plusieurs services, je fais les choses en grand. Cela demande beaucoup d’efforts, mais c’est tellement de plaisir. Mon plat favori, que je sers très souvent, est un potage aux champignons sauvages. C’est délicieux et cela convient aussi bien aux mangeurs de viande qu’aux végétariens. Pour mes dîners, je choisis généralement un thème dans les ouvrages de ma bibliothèque, j’en dispose quelques-uns en guise d’illustration, et je prépare un quizz amusant qui sert de base à une discussion.

Cela amène 2 questions évidentes. Premièrement, quel est le dernier livre que vous avez lu ?

Cela s’appelle « Dame d’honneur », par Anne Glenconner – c’est le livre qui, contre toute attente, est devenu un bestseller. Elle a été dame d’honneur de la Princesse Margaret. C’est une histoire extraordinaire sur sa vie, sur la famille royale britannique, mais aussi sur ses tragédies personnelles. Elle n’a pas eu une vie ordinaire et il lui est arrivé des choses incroyables. Ça a également été intéressant de découvrir beaucoup de thèmes en rapport avec la santé publique dans cet ouvrage : VIH, hépatite C, toxicomanie, thérapie de substitution par la méthadone, problèmes de santé mentale... Ce livre était absolument captivant, et j’ai été incapable de le lâcher !

Deuxièmement, qui inviteriez-vous à l’un de vos dîners pour une discussion ?

Je dirais Barack Obama. Je suis très impressionné par sa personnalité, et aussi par celle de sa femme, Michelle. Je les inviterais tous les deux. Ils semblent être sans façon et d’abord facile, bien qu’ils soient très célèbres. Je partage leurs opinions et leur travail honnête et transparent concernant des problématiques comme la discrimination, l’inégalité, l’accès de la population à la santé publique... Je pense que nous aurions beaucoup de sujets de conversation.

Quelques faits et chiffres sur le bureau de pays de l’OMS au Bélarus

  • Nombre d’employés : 7
  • En activité depuis : 1994
  • Principaux domaines d’activité : lutte contre la COVID-19 ; maladies non transmissibles (MNT) et leurs facteurs de risque, dont le tabac et le sel ; maladies transmissibles, dont le VIH, l’hépatite virale et la tuberculose ; résistance aux antimicrobiens ; vaccination ; accès aux médicaments, vaccins, produits de diagnostic et dispositifs essentiels ; santé numérique ; dépistage du cancer ; santé mentale ; systèmes de santé ; soins de santé primaires.
  • Deux enquêtes fondées sur l’approche intégrée STEPwise de la surveillance de l’OMS, consacrées à la prévalence des principaux facteurs de risque pour les grandes MNT, ont été réalisées au Bélarus (2016 et 2020).
  • En 2016, le Bélarus a reçu un certificat de l’OMS attestant l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis, et a conservé ce statut depuis.
  • Le premier centre collaborateur de l’OMS du pays – le tout premier centre collaborateur de l’OMS sur les nouveaux médicaments contre la tuberculose – a été inauguré et ouvert officiellement au Bélarus en 2019.