En route pour la santé : défendre l’Ukraine contre les maladies à prévention vaccinale
Les activités de vaccination ont été renforcées en Ukraine, en particulier dans les régions reculées et difficiles d’accès, grâce aux 59 bus dont a fait don l’OMS au ministère de la Santé dans le cadre d’un effort de collaboration visant à ne laisser personne de côté. Au cours de l’année écoulée, ces bus offerts grâce à un financement de l’Union européenne (UE) ont servi d’unités de soins de santé mobiles, capables de se déplacer dans toutes les régions contrôlées par le gouvernement ukrainien. Dans le contexte de la guerre actuelle, cette initiative de vaccination, soutenue par l’OMS et l’UE, aide à protéger les populations contre les maladies à prévention vaccinale tout en augmentant la résilience des services de santé du pays.
Les bus sont dotés d’équipes mobiles et de proximité qui administrent des vaccins contre diverses maladies infectieuses, notamment la COVID-19, la rougeole, l’hépatite, la poliomyélite, Haemophilus influenzae type b, le tétanos et la diphtérie. L’objectif principal est d’atteindre les personnes à mobilité réduite, ainsi que les groupes vulnérables (comme les seniors et les personnes souffrant de maladies chroniques) dans les régions difficiles d’accès.
La guerre a rendu plus difficile la vaccination en Ukraine. Parmi les obstacles rencontrés, il convient de mentionner le déplacement des populations, la destruction des infrastructures de soins de santé et la perturbation des itinéraires logistiques pour la livraison des produits médicaux. Cet impact profond soulève des inquiétudes quant au risque de flambées de poliomyélite, de rougeole et d’autres maladies, et a rendu nécessaire l’élaboration de solutions innovantes pour maintenir l’accès à la vaccination. Les bus jouent un rôle crucial dans ce contexte car ils ont permis d’atteindre des milliers de personnes dans 323 villages des régions de Lviv et Rivne entre février et octobre 2023. Ainsi a-t-on pu administrer 9 424 doses de vaccins aux personnes âgées de plus de 60 ans et 8 136 doses de vaccins aux enfants âgés de 0 à 16 ans.
Protection contre les flambées de maladie
Grâce aux efforts concertés des partenaires internationaux de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite et du ministère ukrainien de la Santé, une flambée de poliomyélite détectée pour la première fois en 2021 a été déclarée close par l’OMS en septembre 2023, soulignant ainsi la détermination du pays à lutter contre ce risque sanitaire important. Toutefois, des difficultés persistent.
Par exemple, alors que certains pays ont entièrement retrouvé leurs taux de vaccination d’avant la COVID-19, la couverture moyenne par la première dose de vaccin à valence rougeole pour l’ensemble de la Région européenne de l’OMS a considérablement diminué, passant de 96 % en 2019 à 93 % en 2022. De nombreux enfants nés pendant la pandémie n’ont pas bénéficié de la vaccination systématique. Cette cohorte d’enfants est donc particulièrement vulnérable et nécessite une vaccination de rattrapage.
Après une période de faible détection de la rougeole dans la Région européenne en 2021, les cas ont augmenté depuis le début de l’année 2022, avec plus de 30 000 cas notifiés par 40 États membres pour la période allant de janvier à octobre 2023, soit une hausse substantielle par rapport aux 942 cas recensés pour l’ensemble de l’année 2022. Une grande partie des cas concerne des enfants de moins de 5 ans.
Comme l’explique le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine : « malgré la guerre, le programme de vaccination de l’Ukraine se poursuit. Il est impératif de continuer les activités de vaccination systématique. Chaque dose non administrée augmente la vulnérabilité du pays aux maladies : si la guerre a rendu difficile la vaccination dans certains cas, le programme ukrainien de vaccination a remarquablement résisté dans son ensemble. Bien que la fin de la flambée de poliomyélite en septembre de cette année constitue une avancée significative, le risque d’une nouvelle flambée de cette maladie reste élevé. La rougeole est également un réel sujet de préoccupation, notamment en raison de l’augmentation du nombre de cas dans la Région. Nous devons agir rapidement et travailler ensemble. Je ne répéterai jamais assez ce que nous savons être efficace, éprouvé et sûr pour prévenir de telles urgences de santé publique, à savoir la vaccination, la vaccination, et encore la vaccination. »