Le confinement des poliovirus
23 octobre 2017 | Questions & réponsesLa Région européenne de l’OMS est exempte de poliomyélite endémique depuis 2002. Le virus sauvage ne circule plus et ne provoque plus de maladies dans la Région, et il n’est actuellement endémique que dans 3 pays du monde. Le passage au vaccin antipoliomyélitique inactivé (ou l’ajout de ce dernier), dans le cadre de l’exercice de « remplacement » du vaccin antipoliomyélitique réalisé à l’échelle mondiale en 2016, a permis de parer au léger risque d’émergence de souches dérivées de vaccins dans les zones caractérisées par une faible couverture vaccinale avec le seul vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). Alors que l’objectif d’éradication mondiale est sur le point d’être atteint, un travail sérieux sur le confinement de la poliomyélite a été entamé – l’étape finale pour débarrasser la Région et le monde d’une maladie invalidante.
Chaque fois qu’un échantillon de poliovirus est conservé (par exemple, dans le laboratoire d’un établissement universitaire ou d’une installation industrielle), l’OMS doit être informée de sa présence, et l’échantillon infectieux doit être sécurisé.
Trois options se présentent.
- Le virus peut être détruit en augmentant la pression de l’air pour le chauffer à température élevée. Cette procédure doit être enregistrée, réalisée en présence de témoins et notifiée à l’OMS avec documents à l’appui. Dans la majorité des cas, c’est l’option recommandée par l’OMS et préférée par le pays où se trouve le laboratoire.
- Le virus peut être transféré dans un laboratoire du même pays ou d’un autre pays qui est (ou sur le point d’être) certifié pour le conserver en toute sécurité. Les laboratoires ou installations certifiés sont appelés « établissements essentiels chargés de conserver les poliovirus » (PEF, pour poliovirus essential facilities).
- Le laboratoire détenant l’échantillon peut demander l’autorisation de devenir un PEF auprès des autorités nationales, et s’engager à se conformer à des critères de certification stricts pour continuer à conserver des échantillons. Aucun PEF n’a encore été certifié dans le monde.
Les poliovirus sont normalement conservés dans des flacons congelés. Les institutions et établissements détenteurs d’échantillons sont étonnamment divers. Les fabricants de vaccins, par exemple, doivent disposer de stocks de poliovirus pour assurer le processus de production. Les établissements universitaires conservent actuellement des échantillons pour l’enseignement de la virologie. Or, ils pourraient recourir à d’autres virus similaires pour réduire au minimum le risque. Les fabricants de détergents et de produits de nettoyage peuvent également utiliser le poliovirus pour tester la qualité de leurs produits. Si ce dernier peut être remplacé dans ce cas précis par un autre virus, la procédure nécessiterait une modification des réglementations nationales. Enfin, de nombreux laboratoires de recherche et de virologie clinique possèdent des stocks de poliovirus, et doivent maintenant prendre une décision les concernant afin de ne pas compromettre la réussite du processus de confinement.
Notre monde sera plus sûr une fois que les 3 types de poliovirus sauvages auront été éradiqués partout. Bien que le risque de propagation du virus ne puisse être totalement éliminé, il peut être réduit au minimum. Le confinement est essentiel à cette fin, et doit s’appuyer sur un engagement total et indéfectible.