Le 26 novembre, le Groupe consultatif technique de l’OMS sur l’évolution du virus SARS-CoV-2 a désigné le variant B.1.1.529 (signalé pour la première fois par l’Afrique du Sud 2 jours auparavant) comme étant préoccupant, sous le nom d’Omicron.
Ce qu’il faut surtout savoir
Plus la COVID-19 circule, plus le virus a de possibilités de se modifier, et plus on peut s’attendre à voir de nouvelles mutations ; Delta et Omicron en constituent des exemples.
Omicron est un variant préoccupant car il comporte des dizaines de mutations qui peuvent affecter son comportement. En raison de ce profil mutationnel, il doit par conséquent faire l’objet d’un examen plus approfondi quant à ses impacts potentiels.
En attendant d’en savoir plus sur Omicron, c’est Delta qui domine la transmission dans la Région européenne de l’OMS, et la lutte contre ce variant doit rester notre priorité à ce stade.
Les vaccins actuels offrent une protection contre les formes de maladie grave et les décès dus aux variants de la COVID-19, y compris Delta. Bien que les éléments de preuve continuent de nous parvenir, nous pensons que les vaccins actuels devraient également protéger contre les formes de maladie grave dues au variant Omicron.
La principale mesure que l’on peut prendre à cet égard, c’est de stopper le virus à sa source en se faisant entièrement vacciner dès que possible, et en continuant à respecter toutes les autres mesures de prévention qui ont fait leurs preuves pour se protéger.
Nous nous sommes entretenus avec le docteur Richard Pebody, qui dirige l’équipe chargée des agents pathogènes à haut risque et le pilier Surveillance et laboratoire de l’équipe de soutien à la gestion des incidents COVID-19 à l’OMS/Europe, pour en savoir plus sur le variant, les raisons pour lesquelles il est préoccupant et les mesures susceptibles d’être prises pour l’endiguer.
Pourquoi Omicron est-il un variant préoccupant ?
Tous les virus évoluent au fil du temps, y compris le virus de la COVID-19, et il s’agit là d’un phénomène naturel. Cependant, certaines mutations ou combinaisons de mutations peuvent modifier le comportement du virus. Omicron est préoccupant car il comporte un grand nombre de mutations, dont certaines sont associées à une augmentation potentielle de la transmissibilité et à une possible évasion immunitaire. En d’autres termes, on peut être infecté par ce variant même si on a développé une certaine immunité naturelle à la suite d’une infection antérieure par la COVID-19 ou après avoir été vacciné contre la COVID-19. En même temps, le variant présente des mutations qui n’ont jamais été documentées auparavant. Il importe par conséquent d’étudier Omicron afin de mieux comprendre ses effets potentiels.
Quand l’OMS désigne-t-elle un variant comme étant préoccupant ?
L’OMS désignera un variant comme étant préoccupant lorsqu’il aura été démontré que le virus en question est associé à 1 ou plusieurs des changements suivants et revêtant une importance pour la santé publique mondiale :
- une augmentation de la transmissibilité ou une modification préjudiciable de l’épidémiologie de la COVID-19 ;
- une augmentation de la virulence ou un changement dans la présentation clinique de la maladie ;
- une diminution de l’efficacité des mesures de santé publique et des mesures sociales ou des diagnostics, vaccins et thérapies disponibles.
Que savons-nous du variant à l’heure actuelle ?
Nous savons que le variant s’est propagé assez rapidement dans une province d’Afrique du Sud, et que des cas ont également été signalés dans d’autres parties du monde, y compris dans la Région européenne. D’autres cas d’Omicron seront probablement signalés par les pays dans les jours et les semaines à venir, alors qu’ils commencent à intensifier leur recherche du variant.
Si nous faisons preuve de prudence en attirant l’attention sur ce nouveau variant préoccupant, nous devons prendre le temps de voir comment il évolue au niveau mondial. L’OMS s’associe à des chercheurs d’Afrique du Sud et du monde entier qui mènent des études pour mieux comprendre de nombreux aspects d’Omicron, et continuera de faire connaître les résultats de ces études dès qu’ils seront disponibles.
En même temps, nous ne devons pas oublier que nous sommes déjà confrontés à un variant hautement transmissible, à savoir le variant Delta, qui représente la quasi-totalité des cas dans notre Région. La prévention de la transmission de Delta doit rester notre priorité à ce stade.
Quel est le message que vous adressez globalement aux populations et aux autorités de notre Région ?
Je le répète, c’est Delta qui domine la transmission dans la Région européenne, et nous devons maintenant accorder la priorité à la lutte contre ce variant. Les mesures de prévention disponibles, y compris la vaccination, se sont avérées efficaces contre tous les variants actuels de la COVID-19.
La Région européenne est actuellement l’épicentre de la pandémie, et concourrait récemment à plus de deux tiers des cas et des décès dans le monde. Les cas et les décès ont doublé dans la Région ces 2 derniers mois, ce qui exerce une pression considérable sur nos systèmes de santé.
Plus la COVID-19 circule, plus le virus a de chances de muter – les variants Delta et Omicron illustrent très bien ce phénomène. Il est donc essentiel que nous arrêtions tous la circulation du virus à sa source.
Que pouvons-nous faire en tant qu’individus pour arrêter la circulation du virus ?
Plusieurs mesures se sont avérées efficaces contre la COVID-19, et nous devons continuer à les appliquer pour nous protéger contre le virus et tous ses variants, à savoir :
- Se faire vacciner pour se protéger contre les formes graves de la maladie et la mortalité – une nouvelle étude estime en effet que 470 000 vies ont été sauvées dans 33 pays de la Région européenne chez les personnes âgées de 60 ans et plus depuis le début du déploiement de la vaccination contre la COVID-19. Les vaccins réduisent également la circulation du virus, ce qui diminue les chances de voir apparaître une nouvelle mutation susceptible de nous toucher plus durement. Davantage de personnes doivent se faire vacciner, et partout.
- Combiner systématiquement la vaccination avec d’autres mesures de protection afin de réduire davantage notre risque d’exposition et nous empêcher de transmettre le virus aux autres – notamment :
porter un masque bien ajusté ;
maintenir une distance physique d’au moins 1 mètre ;
améliorer la ventilation des espaces intérieurs ;
éviter les lieux confinés, fermés et chargés de monde ;
se laver régulièrement les mains ;
tousser ou éternuer dans le pli du coude ou un mouchoir.
À l’approche des fêtes de fin d’année, que recommandez-vous aux habitants de la Région face à ce nouveau variant ?
Les fêtes de fin d’année sont un moment propice à la famille, à la communauté et au renouveau, et c’est la deuxième année où nous sommes appelés à faire preuve d’une grande prudence. Les rassemblements à l’intérieur, même les plus restreints, peuvent donner au virus un terrain propice à sa prolifération. Les rassemblements et les célébrations doivent avoir lieu à l’extérieur si possible, et les participants doivent porter un masque et respecter la distanciation physique. S’ils ont lieu à l’intérieur, il est essentiel de limiter la taille du groupe et d’assurer une bonne ventilation pour réduire le risque d’exposition. Pour ce faire, il suffit d’ouvrir une porte ou une fenêtre si on peut le faire en toute sécurité.
Toutes les mesures de prévention efficaces contre le variant Delta restent efficaces contre le variant Omicron, d’après les données disponibles jusqu’à présent. La vaccination complète et la prise de toutes les autres mesures de prévention permettent de réduire au maximum le risque d’infection.
Que peuvent faire les autorités ?
L’OMS recommande aux pays de la Région d’accélérer la vaccination contre la COVID-19 et d’intensifier les mesures de prévention pour supprimer la transmission de tous les variants. Il s’agit notamment :
- de poursuivre la vaccination, en ciblant les personnes les plus à risque et en administrant des doses de rappel aux groupes éligibles ;
- de renforcer l’adhésion de l’ensemble de la population aux mesures de protection ;
- de prendre des mesures sociales pour empêcher la promiscuité et le rassemblement de personnes dans des espaces confinés ;
- d’initier et de prioriser l’investigation des cas et la recherche des contacts pour tous les cas de COVID-19, y compris Omicron ;
- d’améliorer le dépistage (et le séquençage) et le mettre gratuitement à la disposition des personnes présentant des symptômes ;
- de recenser les capacités de renfort des systèmes de santé.
En outre, les pays doivent signaler en temps utile les cas et les foyers de COVID-19 et de ses variants à l’OMS et au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) afin que nous puissions dresser un tableau actualisé de la situation et mener une riposte efficace.
Les mesures de confinement ne devraient être prises qu’en dernier recours en raison de leurs coûts particulièrement élevés. Si un gouvernement décide d’imposer des restrictions aussi strictes, celles-ci
doivent être aussi ciblées que possible, et le temps doit être utilisé pour renforcer les capacités de santé publique.
Quels conseils donneriez-vous aux voyageurs en relation avec l’émergence d’Omicron ?
Les politiques relatives aux restrictions de voyage relèvent des décisions nationales, et chaque pays doit effectuer une analyse risques/avantages avant de prendre des mesures à cet égard.
Il est conseillé aux personnes qui ne sont pas en bonne santé, qui n’ont pas été complètement vaccinées ou chez qui une infection antérieure ne peut être prouvée, ainsi qu’aux personnes qui présentent un risque accru de contracter une forme grave de la COVID-19, y compris celles âgées de 60 ans ou plus et celles présentant des comorbidités (telles qu’une maladie cardiaque, un cancer ou un diabète), de reporter leur voyage dans les zones de transmission communautaire. Il est rappelé à tous les voyageurs de rester vigilants face aux signes et symptômes de la COVID-19, de se faire vacciner lorsque c’est leur tour, et de respecter continuellement les mesures de prévention, quel que soit leur statut vaccinal.
Les voyages internationaux essentiels, y compris pour les missions d’urgence et humanitaires, le déplacement du personnel de première importance, les rapatriements et le transport par fret des fournitures essentielles doivent rester prioritaires à tout moment pendant la pandémie de COVID-19.
Quelle est la riposte de l’OMS face à Omicron ?
L’OMS collabore avec les pays et ses partenaires pour comprendre l’impact potentiel de ce variant sur nos mesures de prévention existantes, notamment les vaccins. Des études de laboratoire sont en cours afin de déterminer comment les vaccins existants contre la COVID-19 peuvent agir contre le variant. Mais nous étudions également l’épidémiologie et le statut vaccinal des personnes infectées par le variant Omicron.
Ici, dans la Région européenne, nous avons rapidement créé, au sein de l’équipe de soutien à la gestion des incidents COVID-19, une équipe chargée de relever le nouveau défi posé par Omicron. Cette équipe s’acquittera des tâches suivantes :
- identifier les incidences pour la Région européenne ;
- adapter les recommandations aux scénarios potentiels ;
- collecter des données auprès des États membres sur les cas de B.1.1.529 (Omicron) ;
- élaborer des messages clés pour les activités de communication publique.