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Un nouveau rapport de l’OMS préconise l’adoption de politiques plus strictes en matière de lutte antitabac

4 juillet 2025
Communiqué de presse
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Si le tabagisme reste l’une des causes de décès les plus évitables, ses méfaits persistent à des niveaux alarmants dans le monde entier. Le rapport de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme 2025, qui vient d’être publié, met en évidence des progrès remarquables mais aussi des lacunes inquiétantes dans la lutte antitabac à travers le monde. Par rapport à la moyenne mondiale, la Région européenne de l’OMS obtient de meilleurs résultats en ce qui concerne la surveillance de la consommation de tabac, la taxation des produits tabagiques et l’apposition d’avertissements sanitaires graphiques de grande taille sur les paquets de cigarettes.

Pour aider les pays de la Région à progresser davantage dans l’application des politiques de lutte antitabac, l’OMS/Europe a produit un nouvel argumentaire pour son manuel de la lutte antitabac (Tobacco Control Playbook) mettant l’accent sur l’introduction d’avertissements sanitaires graphiques et d’emballages neutres, alors que de plus en plus de pays dans le monde adoptent ces politiques.

Progrès vers un avenir sans tabac

Si le tabagisme est l’une des principales causes évitables de décès prématuré dans le monde, il fait encore plus de 7 millions de victimes chaque année. Ses coûts économiques sont également énormes, s’élevant à plus de 1,4 billion d’USD par an en frais de santé et en perte de productivité.

Selon le nouveau rapport mondial de l’OMS, nous progressons néanmoins vers un avenir sans tabac. Aujourd’hui, plus de 6,1 milliards de personnes, soit les trois quarts de la population mondiale, sont protégées par au moins une des mesures MPOWER recommandées par l’OMS : 
  • assurer le suivi de la consommation de tabac et des politiques de prévention ;
  • protéger la population contre l’exposition à la fumée du tabac ;
  • offrir une aide au sevrage tabagique ;
  • mettre en garde la population contre les dangers du tabagisme ;
  • appliquer des restrictions concernant la publicité, la promotion et le parrainage en faveur du tabac ;
  • augmenter les taxes sur le tabac.
Quatre pays, à savoir le Brésil, Maurice, les Pays-Bas (Royaume des) et la Türkiye, ont atteint le niveau de bonne pratique pour toutes les mesures MPOWER. Sept autres pays, dont l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie, ne sont plus qu’à une mesure de ce résultat.

Les progrès les plus remarquables ont été réalisés au fil des ans dans le domaine des avertissements sanitaires graphiques : 110 pays les exigent aujourd’hui (contre seulement 9 en 2007), ce qui protège ainsi 62 % de la population mondiale ; et 25 pays (dont 13 de la Région européenne) ont adopté l’emballage neutre.

Pourtant, les progrès sont inégaux. La fiscalité, l’aide au sevrage tabagique et l’interdiction totale de la publicité restent des points faibles à l’échelle mondiale. Par exemple, seul un tiers de la population mondiale a accès à des services d’aide au sevrage tabagique financièrement pris en charge, et seulement 15 % de la population est protégée par des taxes à un niveau de bonne pratique. 

Région européenne : une législation antitabac complète doit être adoptée 

Si la Région européenne s’avère particulièrement performante dans plusieurs domaines, le tableau d’ensemble est quant à lui contrasté. Par rapport à la moyenne mondiale, la Région enregistre de meilleurs résultats en matière de surveillance du tabagisme et de mise en garde contre les dangers du tabac, 79 % des pays ayant adopté ces mesures. 

Cinquante-trois pour cent des pays de la Région appliquent des taxes supérieures au niveau de référence des bonnes pratiques, contre seulement 21 % au niveau mondial. L’accessibilité financière des cigarettes a cependant augmenté dans 19 pays, contre seulement 9 en 2022, ce qui pourrait entraîner une augmentation de la consommation et inciter davantage de personnes à commencer à fumer. Treize pays ont adopté des emballages neutres et la plupart ont mis en place des réglementations sur les cigarettes électroniques.

Pourtant, des lacunes subsistent : seuls 34 % des pays de la Région européenne ont adopté une législation antitabac complète, un taux inférieur à la moyenne mondiale de 41 % ; en outre, seuls 13 pays sur 53 interdisent toute forme de publicité, de promotion et de parrainage en faveur des produits tabagiques.

Nouvel argumentaire pour le Manuel de la lutte antitabac de l’OMS/Europe : focus sur l’emballage 

Dans ce contexte, l’OMS/Europe a publié un nouvel argumentaire pour son Manuel de la lutte antitabac (Tobacco Control Playbook) axé sur l’une des questions les plus controversées de l’industrie : l’utilisation d’avertissements sanitaires graphiques et d’emballages neutres.

L’industrie du tabac a toujours combattu ces mesures, affirmant à tort qu’elles sont inefficaces, qu’elles nuisent aux détaillants ou qu’elles alimentent le commerce illicite. Mais les faits montrent qu’il n’en est rien. D’après les études menées à ce sujet, les avertissements sanitaires graphiques sont nettement plus efficaces que les étiquettes ne comportant que du texte, surtout pour les personnes dont le niveau d’alphabétisation est faible ou pour les enfants. Ces avertissements sensibilisent aux risques pour la santé et contribuent à réduire les taux de tabagisme.

Les emballages neutres renforcent cet effet. En supprimant les marques et en uniformisant les couleurs et les polices de caractères, ils réduisent l’attrait des produits tabagiques, en particulier chez les jeunes, tout en renforçant le message sanitaire. Les évaluations réalisées dans les pays ayant introduit les emballages neutres (notamment la France, l’Irlande et le Royaume-Uni) montrent que ces emballages rendent les produits moins attrayants, renforcent l’intention de sevrage tabagique et ne favorisent pas le commerce illicite. Le taux de conformité des détaillants est élevé, et les retards dans la mise en œuvre, que l’industrie du tabac avait prédits, ne se sont pas produits.

Choisir de meilleures politiques pour garantir un avenir en meilleure santé

Le message de l’OMS est sans équivoque : les pays doivent agir de manière décisive pour protéger la santé en comblant les lacunes qui restent dans leurs politiques, en renforçant l’application de la législation et en investissant dans des outils qui ont fait leurs preuves, comme les mesures MPOWER. Ces mesures permettent de sauver des vies, de réduire les coûts des soins de santé et de protéger les générations futures du tabagisme, conformément à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, aux objectifs de développement durable des Nations Unies et à d’autres engagements pris au niveau mondial à cet égard.

L’industrie du tabac continuera certes de résister, mais les données scientifiques donnent raison à la santé. Avec une volonté politique forte, un plaidoyer stratégique et le soutien de l’opinion publique, les pays peuvent surmonter la pression commerciale et choisir de meilleures politiques pour garantir un avenir en meilleure santé.