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Déclaration – Une eau sans risque sanitaire et de bonnes conditions d’assainissement et d’hygiène sont essentielles à la survie, à la dignité et à la prospérité

Observations liminaires du docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, lors de la septième session de la Réunion des Parties au Protocole sur l’eau et la santé

5 novembre 2025
Déclaration
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Budapest (Hongrie), le 5 novembre 2025

Vos excellences, Mesdames et Messieurs les délégués,

C’est un plaisir que de m’adresser à vous ici, en Hongrie, un pays qui occupe une place particulière dans l’histoire de la santé publique en Europe. Ce pays est celui d’Ignaz Semmelweis, le « sauveur des mères ». Sa découverte révolutionnaire, le fait que la propreté des mains et de bonnes conditions d’hygiène sauvent des vies, a posé la pierre angulaire de la prévention des infections et de l’assainissement modernes.

La perspicacité de Semmelweis trouve un écho dans chaque salle d’hôpital et au sein de chaque communauté qui s’efforce d’obtenir de l’eau sans risque sanitaire et d’instaurer de bonnes conditions d’hygiène. En fait, elle trouve un écho dans notre propre travail, soulignant que les véritables progrès en matière de santé commencent par la propreté, la sollicitude et le respect de la vie humaine.

Depuis 20 ans, le Protocole sur l’eau et la santé soutient notre action en faveur d’un accès équitable à de l’eau sans risque sanitaire, à l’assainissement et à l’hygiène pour tous. J’ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette septième session de la Réunion des Parties au protocole et je remercie sincèrement mes amis M. Sándor Pintér, ministre de l’Intérieur, et M. Csaba Lantos, ministre de l’Énergie, de nous accueillir généreusement dans la belle ville de Budapest.

Alors que nous célébrons le 20e anniversaire du Protocole, nous constatons des progrès remarquables, mais aussi des difficultés persistantes. Chaque année, les maladies respiratoires et diarrhéiques aiguës dues à de l’eau insalubre et à des conditions inadéquates en matière d’assainissement et d’hygiène font 33 000 victimes dans la Région européenne de l’OMS. Ces décès sont évitables, et c’est là que le protocole – un puissant outil pour le changement – entre en jeu. Je vais vous donner 3 raisons.

La première consiste à veiller à ce que les établissements de soins disposent d’une eau sans risque sanitaire et de bonnes conditions d’assainissement et d’hygiène. Il convient de noter que la Hongrie inscrit ce point en bonne place à l’ordre du jour. En septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, j’ai eu l’honneur de participer aux discussions organisées de manière conjointe avec la Hongrie et M. Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères et du Commerce. 

Il est hallucinant de constater qu’aujourd’hui, dans la Région, 118 millions de personnes sont desservies par des structures de soins sans assainissement de base. En l’absence d’eau salubre et de mesures d’assainissement et d’hygiène adéquates, les soins de santé provoquent des dommages involontaires. Imaginez qu’une mère accouche mais que la sage-femme soit incapable de nettoyer la mère et l’enfant après la naissance. Imaginez un homme âgé allongé dans un lit d’hôpital, incapable d’aller aux toilettes parce qu’elles sont trop éloignées. 

En définitive, une eau sans risque sanitaire, l’assainissement et l’hygiène doivent faire partie intégrante de tout investissement dans des systèmes de santé modernes. 

Ceci est également important pour les professionnels de santé. Ayant travaillé en première ligne dans la lutte contre les maladies infectieuses, je sais à quel point des services inadéquats et des environnements dangereux font courir des risques aux travailleurs de la santé. 

Le Protocole sur l’eau et la santé a permis des progrès tangibles. En utilisant les outils conçus dans le cadre de ce protocole, nous avons encadré des évaluations approfondies dans plus de 1 500 établissements, dans 10 pays, ce qui a entraîné des améliorations concrètes pour des dizaines de millions de personnes. Nous devons continuer à tirer parti de ce cadre et de ces outils pour maintenir la dynamique.

La deuxième fonction clé du protocole est de renforcer la résilience. Les systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène n’ont jamais autant été mis à l’épreuve, ce qui exige une plus grande résilience face à toute une série de contraintes. Le changement climatique intensifie la pénurie et la pollution de l’eau, poussant à bout des écosystèmes fragiles, comme le bassin de la mer d’Aral.

Investir dans des systèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène résilients, c’est investir dans notre capacité collective à résister aux crises. Ce protocole a facilité l’adoption de plans pour la sécurité de l’eau fondés sur les risques, auxquels recourent désormais plus de 30 pays pour faire face aux risques climatiques. En atténuant les vulnérabilités, ces plans protègent activement la santé et le bien-être. Afin de renforcer encore l’action en faveur du climat, l’OMS/Europe a réuni cette année la Commission paneuropéenne pour le climat et la santé, dont les conclusions et les recommandations sont attendues au début de l’année prochaine.

Le troisième élément important du protocole est son pouvoir de promouvoir des partenariats pour renforcer l’engagement commun. Il y a 2 ans, nous avons signé la Déclaration de Budapest sur l’environnement et la santé. La semaine dernière, lors de la 75e session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe, nous avons adopté le Deuxième Programme de travail européen. Tous deux mettent fortement l’accent sur la résilience climatique, la sécurité sanitaire et la préparation des systèmes de santé pour l’avenir.

Nos activités dans le cadre de ce protocole sont essentielles pour concrétiser ces ambitions, mais notre succès dépend de notre partenariat.

Je remercie la Hongrie et Mme Márta Vargha d’avoir présidé avec succès le protocole ces 3 dernières années. Je remercie également Mme Tatiana Molcean et son équipe de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe de leur excellente collaboration au sein du secrétariat conjoint du protocole. Et enfin, permettez-moi de remercier mon bon ami, le commissaire Olivér Várhelyi, pour notre solide partenariat en vue de la réalisation de ce programme.

Chers amis, une eau sans risque sanitaire et de bonnes conditions d’assainissement et d’hygiène ne sont pas seulement une question de confort ou de commodité ; c’est essentiel à la survie, à la dignité et à la prospérité. Comme l’a dit avec éloquence Kofi Annan, « nous ne vaincrons aucune des maladies infectieuses qui frappent les pays en développement tant que nous n’aurons pas gagné la bataille de l’eau potable, de l’assainissement et des soins de santé de base ».

Tirons le meilleur parti possible du protocole afin de respecter nos engagements pour des générations futures en meilleure santé.

Merci.