Les pays de la Région européenne de l’OMS ont accès à un vaste ensemble de connaissances sur la santé, depuis les études jusqu’aux bases de données, en passant par les estimations mathématiques.
Mais il faut parfois des années avant que de bonnes pratiques fondées sur des bases factuelles soient mises à la portée de la population. Pour aider les pays à définir les obstacles majeurs dans ce processus,
l’OMS impulse les travaux relatifs à la recherche sur la mise en œuvre dans toute la Région.
Aujourd'hui, les maladies non transmissibles (MNT), dont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète provoquent près de 80 % des décès prématurés dans le monde.
Mais moins de la moitié des pays du monde ont mis en application les politiques recommandées par l’OMS pour lutter contre les MNT.
Ceci ne signifie pas que les pays ne veulent pas y recourir. Le contexte et les conditions locales peuvent parfois empêcher les pouvoirs publics et les autorités de la santé de mettre en œuvre des pratiques d’un bon rapport
coût-efficacité et fondées sur des bases factuelles. Il peut aussi arriver que les pays manquent des ressources nécessaires pour analyser l’efficacité de leurs politiques de santé et aient besoin d'aide
pour les améliorer face à des défis nouveaux ou non.
La recherche sur la mise en œuvre, ou comment mettre le savoir scientifique plus à la portée de la population
« Par exemple, les professionnels et les décideurs du secteur de la santé sont conscients de l’énorme impact de la nutrition à l’école sur la santé des enfants », déclare le docteur
Nilufar Akhmedova, professeure assistante, Institut médical de l’Etat pour la pédiatrie de Tachkent (Ouzbékistan). « Ou du fait que les travailleurs de la santé peuvent être une précieuse source
de conseils pour leurs patients au sein des communautés locales, afin de prévenir beaucoup de maladies non transmissibles. Mais parfois, il peut être difficile pour les pays de transformer ces changements positifs en réalité.
Les obstacles potentiels sont nombreux, qu'il s'agisse de raisons économiques, sociétales, comportementales ou autres. C’est pourquoi nous avons besoin de la recherche sur la mise en œuvre. Celle-ci peut nous montrer quelles
sont les principales difficultés et comment nous pouvons les surmonter et commencer à adopter de meilleures pratiques dans le domaine de la santé. »
Le docteur Akhmedova participe aux ateliers du Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (Bureau pour les MNT) concernant la recherche sur la mise en œuvre. Ces ateliers
ont été conçus pour les professionnels, les enseignants, les chercheurs et les décideurs du secteur de la santé qui veulent étudier comment faire le lien entre une recherche scientifique de qualité
et la pratique fondée sur l’expérience d’un pays.
« Durant l'atelier, nous avons pu essayer de nouvelles méthodes et des outils recommandés par l’OMS, qui aident à révéler les obstacles cachés dans notre travail et à trouver de nouvelles parties
prenantes potentielles pour une collaboration », dit le docteur Lola Isakova, chercheuse principale, Laboratoire d’hygiène pour enfants et adolescents, Institut de recherche sur l’assainissement, l’hygiène et
les maladies professionnelles (Ouzbékistan), qui conçoit des projets pour une nutrition saine dans le pays.
« L’atelier nous a confortés dans l’idée que si nous voulons obtenir de vrais résultats et progresser dans des domaines stratégiquement importants de la santé, nous devons créer des plates-formes
pour des discussions ouvertes pouvant réunir des experts, des praticiens et d’autres intervenants prêts à affronter ensemble de nouveaux défis et à garantir une bonne nutrition dans les écoles. »
Les pays ont besoin de politiques fondées sur de meilleures informations
L'objectif général de la recherche sur la mise en œuvre est d'améliorer la santé de la population grâce à des politiques fondées sur de meilleures informations, à une meilleure prestation de
services et au soutien des communautés par la collaboration de tous les acteurs concernés. L’OMS a mis sur pied 2 projets pilotes dans le domaine de la recherche sur la mise en œuvre, concernant les politiques de nutrition
à l’école et de courtes interventions pour la prévention des facteurs de risque des MNT dans les soins de santé primaires.
« Ces projets, en Azerbaïdjan, au Kirghizistan et en Ouzbékistan, ont leurs spécificités », explique le docteur Kremlin Wickramasinghe, chef par intérim du Bureau des MNT. « C’est exactement ce
que fait la recherche sur la mise en œuvre : elle détermine les normes et les protocoles tout en permettant aux intervenants concernés d’adapter la méthode appropriée et la question de la recherche à
chaque contexte, promouvant ainsi les bonnes pratiques en santé, conformément aux objectifs de développement durable. »
Pour renforcer encore les capacités dans la Région, le Bureau des MNT organise des ateliers concernant la recherche sur la mise en œuvre dans le domaine de la prévention des MNT. Le dernier cycle d’ateliers a eu lieu en
juin à Bichkek (Kirghizistan), où des représentants de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Turkménistan se sont réunis pour se
familiariser avec les outils de la recherche sur la mise en œuvre, et avec la manière dont ils peuvent être adaptés aux besoins des pays.
Poser les bonnes questions
La clé de la réussite d'un projet de recherche sur la mise en œuvre est de poser les bonnes questions qui permettront de clarifier sa portée et son importance.
- Quel est le degré de pertinence de la recherche ? Le projet doit porter sur un problème important pour les intervenants travaillant dans ce domaine, et les interventions menées dans le cadre de ce projet doivent avoir le potentiel d'amener des changements positifs pour une meilleure santé.
- S’agit-il d’une recherche nouvelle ou innovante ? La recherche doit donner de nouveaux résultats ou étoffer les faits connus, sans répéter les conclusions de travaux antérieurs.
- Le thème abordé requiert-il une réaction urgente ? S’il y a urgence, de nouvelles bases factuelles peuvent induire un changement important dans les pratiques en place, portant le bien-être à un nouveau niveau.
- La recherche est-elle éthique ? Le projet doit être bénéfique aux membres de la communauté étudiée.
« Une unité d’action pour une meilleure santé » est le slogan du Programme de travail européen de l’OMS 2020-2025, et la recherche sur la mise en œuvre est en train de devenir un précieux atout
qui rapproche cette vision de la réalité.