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Selon un rapport mondial, la Région européenne de l’OMS affiche le taux de tabagisme le plus élevé au monde, avec une augmentation alarmante du nombre de jeunes qui utilisent des cigarettes électroniques

8 octobre 2025
Communiqué de presse
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Un nouveau rapport de l’OMS intitulé « WHO global report on trends in the prevalence of tobacco use 2000–2024 and projections 2025–2030 » [Rapport mondial de l’OMS sur les tendances de la prévalence du tabagisme 2000-2024 et les projections 2025-2030] montre que si le tabagisme continue de reculer dans le monde, la Région européenne de l’OMS affiche la prévalence la plus élevée de la consommation de tabac, et devrait conserver cette position dans les années à venir. Cela se traduit, dans les populations européennes, par des taux plus élevés de risques de maladies non transmissibles comme le cancer et les maladies cardiovasculaires.

Le tabagisme a reculé au niveau mondial, passant de 1,38 milliard de consommateurs en 2000 à 1,20 milliard en 2024, grâce à la prise de mesures antitabac particulièrement efficaces. Or, le rythme de ce recul est inégal, et la Région européenne de l’OMS accuse un retard avec de nombreux défis à relever.

Un recul plus lent chez les femmes

Plus de 1 adulte sur 3 dans la Région consommait du tabac en 2000 (34,9 %). Selon le nouveau rapport, ce chiffre est tombé à 24,1 % en 2024, soit 173 millions de personnes. Or, malgré ce recul, nous sommes loin d’atteindre l’objectif mondial d’une réduction de 30 % d’ici 2025 dans le cadre de la cible 3.a des objectifs de développement durable (ODD). La modélisation montre que la Région ne parviendra qu’à une réduction relative de 19 % des taux de tabagisme actuels.

Le tabagisme a diminué plus fortement chez les hommes, passant de près de 50 % en 2000 à 30,8 % en 2024, et ce recul devrait se poursuivre. Chez les femmes, en revanche, les progrès sont plus lents : la prévalence est passée de 22,3 % en 2000 à 17,4 % aujourd’hui, et devrait rester supérieure à 16 % d’ici à 2030. Plus de 40 % des fumeuses dans le monde se trouvent dans la Région européenne. Ce déséquilibre va à l’encontre de la tendance mondiale qui veut que les femmes soient les premières à arrêter de fumer.

Les cigarettes électroniques menacent la santé des adolescents et les enfants

Pour la première fois, le rapport de l’OMS sur le tabac a évalué les tendances mondiales en matière d’utilisation des cigarettes électroniques. Les résultats sont saisissants : plus de 100 millions de personnes dans le monde font aujourd’hui usage de ce type de cigarettes, les taux les plus élevés étant enregistrés dans la Région européenne de l’OMS. La prévalence de l’usage des cigarettes électroniques chez les adultes de la Région est de 4,6 %, soit plus du double de la moyenne mondiale. 

Chez les adolescents âgés de 13 à 15 ans, la situation est encore plus préoccupante : 14,3 % déclarent recourir à ces dispositifs, soit le taux le plus élevé au monde. Les adolescents sont 3 fois plus susceptibles d’utiliser des cigarettes électroniques que les adultes. Chez les garçons, la consommation de cigarettes électroniques est 2,7 fois plus élevée que chez les hommes adultes. Chez les filles, le taux est 3,6 fois plus élevé que chez les femmes adultes.

« Ces chiffres montrent que les politiques visant à protéger les enfants et les adolescents des nouveaux produits du tabac et de la nicotine doivent devenir une priorité absolue dans tous les pays », a déclaré Kristina Mauer-Stender, conseillère régionale de l’OMS/Europe pour la lutte antitabac. « Les tactiques de marketing de l’industrie, qui utilisent des arômes et des emballages au design accrocheur pour rendre les produits mortels attrayants pour les jeunes et exploitent les zones grises de la législation pour en faire la promotion sur les médias sociaux, sont en train de rendre une nouvelle génération accro à la nicotine. »

Dans l’ensemble, 11,6 % des jeunes âgés de 13 à 15 ans en Europe consomment du tabac sous une forme ou une autre. La Région affiche également la plus forte prévalence de tabagisme chez les adolescents (8,4 %), les filles (8,7 %) devançant légèrement les garçons (8,2 %).

Progrès réalisés dans les pays

Malgré les défis, le rapport met en évidence les pays de la Région qui sont sur la bonne voie pour atteindre la cible 3.a. des ODD. Onze d’entre eux ont déjà réalisé ou sont sur le point de réaliser l’objectif d’une réduction relative de 30 % de la consommation de tabac d’ici à 2025. Huit autres pays sont proches de l’objectif, avec des réductions de 25 % ou plus, et 6 pays n’ont besoin que d’un renforcement modeste de leurs politiques pour parvenir à ce résultat.

Quelles mesures l’Europe peut-elle prendre ?

Les dirigeants de la Région montrent qu’il est possible de progresser rapidement si des mesures solides et globales sont adoptées conformément à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, et si l’application de ces mesures est rigoureuse. Un ensemble de politiques à fort impact et à effet rapide peut produire des résultats mesurables en l’espace d’un cycle politique (1 à 5 ans). Parmi ces mesures, il convient de mentionner les taxes élevées sur le tabac, l’application intégrale des lois sur l’interdiction de fumer, des interdictions complètes de la publicité, de la promotion et du parrainage, ainsi qu’une aide au sevrage largement accessible.

En 2024, 28 des 53 pays de la Région taxaient le tabac au niveau recommandé, 18 pays seulement avaient imposé une interdiction globale de fumer, 13 pays seulement avaient interdit toute forme de publicité, de promotion et de parrainage du tabac et 12 pays offraient un soutien au sevrage tabagique au niveau de bonne pratique. 

« Les conclusions du nouveau rapport de l’OMS montrent que des lacunes importantes subsistent dans les politiques, et qu’elles continuent à exposer les populations de la Région au menaces sanitaires induites par l’industrie du tabac », a ajouté Kristina Mauer-Stender. « Pour garantir un avenir plus sain et plus heureux aux prochaines générations, les pays doivent de toute urgence adopter et mettre en œuvre des politiques fondées sur des données probantes. »