Türkiye, il y a 6 ans. Avec son mari, Sevgi* rêve d’avoir un bébé, mais la vie prend un tournant inattendu lorsqu’on lui diagnostique une insuffisance ovarienne.
Mais Sevgi ne perd pas espoir. Tout en sollicitant l’aide de son gynécologue et en se préparant à un traitement de fertilité, Sevgi décide, à l’automne 2017, de se tourner également vers les thérapies de la médecine traditionnelle afin d’augmenter ses chances de devenir mère.
Dans le monde entier, on recourt souvent à la médecine traditionnelle pour favoriser une bonne santé et traiter des affections, en particulier des maladies chroniques. Le terme « médecine traditionnelle » englobe tout un éventail de procédés comme les médicaments à base de plantes, l’acuponcture, la thérapie par ventouses et l’homéopathie.
De manière générale, les preuves scientifiques fiables de l’efficacité de la médecine traditionnelle sont très peu nombreuses. Quoique de nombreuses personnes trouvent certaines thérapies utiles, ces dernières se fondent souvent sur un usage traditionnel plutôt que sur des recherches scientifiques approfondies. Cependant, la combinaison de la médecine traditionnelle et de la médecine moderne fait de plus en plus l’objet de recherches scientifiques sur plusieurs plans.
« En 3 mois environ, j’ai constaté de formidables résultats. J’avais atteint un bon équilibre hormonal, j’étais pleine d’énergie et je commençais à me sentir plus optimiste », confie Sevgi.
Mais le destin lui réservait une nouvelle épreuve quand la pandémie de COVID-19 a frappé et qu’elle a tragiquement perdu sa mère. L’effet cumulé de toutes ces pressions a été la mise en veilleuse de son rêve d’avoir un enfant.
En mai 2023, alors que la pandémie est derrière elle et qu’elle est retraitée depuis peu, elle décide de donner une nouvelle chance à son rêve. Sur la recommandation de ses amis, elle prend rendez-vous avec le docteur Kanat Tayfun à l’hôpital de formation et de recherche de l’Université des sciences de la santé de Bagcilar (Istanbul), dont la pratique vise à combiner la médecine traditionnelle et la médecine moderne.
Ce qu’elle a vécu
« Lorsque je suis entrée, l’atmosphère était très apaisante et tranquille et il y avait de la musique relaxante », se souvient Sevgi.
Elle est d’abord examinée par des infirmières qui vérifient sa tension artérielle, son pouls et d’autres paramètres vitaux. Elle explique que le docteur Tayfun a adopté une approche personnalisée, s’intéressant à ses antécédents médicaux et à ses problèmes de fertilité afin de concevoir un programme thérapeutique sur mesure.
« J’ai eu 5 séances d’acuponcture jusqu’à présent. J’ai immédiatement commencé à voir les résultats. Mon emploi du temps professionnel était trépidant, si bien que je ne m’alimentais pas correctement, ni au moment voulu. Après ces séances, j’ai perdu du poids, je me sens plus dynamique et je perçois plus d’activité dans mes ovaires », dit Sevgi.
Après 2 séances d’acuponcture supplémentaires, Sevgi devrait entamer une thérapie par ventouses, une méthode de succion qui consiste à placer des ventouses sous vide, en forme de cloches ou de cylindres, sur la surface du corps.
Sevgi croit fermement à la synergie entre la médecine traditionnelle et la médecine moderne, et reconnaît la valeur des deux. Elle est déterminée à faciliter la coordination entre son praticien de médecine traditionnelle et son gynécologue, car elle apprécie les bienfaits qu’ils procurent ensemble.
« Je pense que la médecine traditionnelle et la médecine moderne se complètent. Je ne pourrais pas donner la préférence à l’une par rapport à l’autre. Les patients ont la possibilité de profiter de tous les traitements. »
Une démarche globale
De l’espoir plein la voix, Sevgi souligne l’impact positif de cette démarche intégrative, complémentaire sur son bien-être mental. Cette thérapie n’a pas seulement été bénéfique pour son corps ; elle lui a aussi remonté le moral après les épreuves de la pandémie.
« Je pense que mes niveaux de sérotonine ont augmenté après l’acuponcture. Après la pandémie, beaucoup d’entre nous étaient déprimés. De ce point de vue aussi, sur le plan psychologique, la thérapie m’a aidée », ajoute Sevgi.
Elle insiste sur le fait qu’elle a trouvé du réconfort dans la médecine complémentaire.
« Ce que j’aime dans la médecine traditionnelle, complémentaire, c’est que l’esprit, le corps et l’âme sont pris en considération simultanément. C’est une démarche globale. »
Pour Sevgi, la médecine traditionnelle revêt une immense valeur lorsqu’il s’agit de traiter des maladies liées au stress, des affections psychologiques et des maladies chroniques. Elle pense que ces techniques peuvent combler les lacunes éventuelles de la médecine conventionnelle.
« Quand il est question de maladies liées au stress, d’affections psychologiques ou de maladies chroniques, la médecine moderne n’est pas toujours la seule solution. On a besoin d’autres outils, d’autres techniques. Donc c’est bien de disposer de ces techniques et d’en profiter », dit-elle.
Sevgi met l’accent sur le fait qu’en général, ces techniques n’étaient pas très connues de la population il y a 10 ans. Aujourd’hui, avec plus de 70 centres de médecine traditionnelle et complémentaire affiliés au ministère turc de la Santé, ces thérapies sont devenues plus accessibles dans tout le pays, même pour les personnes disposant de moyens financiers limités.
« Le prix est tout à fait raisonnable. Une séance coûte moins de 10 USD, de sorte que même les groupes à faibles revenus peuvent avoir accès à ces thérapies. »
Sevgi, qui poursuit son parcours, espère inciter d’autres personnes à envisager quel impact la médecine traditionnelle, complémentaire et intégrative peut avoir dans leur propre vie. Elle pense que son histoire peut être une lueur d’espoir pour ceux qui cherchent d’autres moyens de guérir et de trouver l’équilibre.
Le Premier Sommet mondial de l’OMS sur la médecine traditionnelle aura lieu les 17 et 18 août 2023 à Gandhinagar (Inde), afin de mobiliser des volontés politiques et des interventions fondées sur des preuves en faveur de ce type de médecine. Organisé conjointement par l’OMS et le gouvernement indien, ce Sommet réunira des acteurs tels que des praticiens, des décideurs, des universitaires et des organisations, afin d’échanger des bonnes pratiques et des données probantes sur le rôle de la médecine traditionnelle en matière de santé et de développement durable, tout en soulignant la nécessité de disposer de preuves scientifiques pour démontrer l’impact réel de ce type de médecine.
* Le nom de la patiente a été modifié à sa demande, pour assurer la confidentialité et le respect de sa vie privée.