Alors que les systèmes de santé et les prestataires de soins de santé de la Région européenne de l’OMS sont confrontés à une augmentation des crises, souvent liées à des problèmes socioéconomiques et autres, l’OMS/Europe développe actuellement les partenariats en vue d’encourager les pays à adopter des économies de bien-être centrées sur la santé. Cette coalition croissante regroupe des entités du monde de l’économie et de la finance, notamment des banques et d’autres institutions financières, des ministères concernés et d’autres parties prenantes.
L’OMS/Europe a lancé le 9 juin 2023 à Venise (Italie) une collaboration inédite avec l’Istituto Superiore di Sanità (l’Institut national italien de la santé) et la Banca D’Italia (Banque d’Italie). Des représentants de la Finlande, de l’Islande, de la Lituanie et du Royaume-Uni, dont le Pays de Galles, ainsi que des experts internationaux renommés de Grèce, d’Irlande et du Royaume-Uni ont également participé au dialogue.
« Une économie prospère n’est pas forcément synonyme de bien-être et de prospérité pour tous », a fait remarquer le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « En 2020 et 2021, au plus fort de la pandémie de COVID-19, nous avons constaté une surmortalité de 600 000 personnes liée à de faibles investissements dans les systèmes de santé et à un faible développement humain. En outre, 64 % des jeunes de l’Union européenne ont fait état d’un manque de bien-être en 2021, les plus touchés étant ceux qui luttent pour assurer leur moyen de subsistance. »
Le docteur Kluge a aussi ajouté : « cela démontre clairement l’échec de notre approche actuelle, cloisonnée, du développement sociétal et du bien-être. En d’autres termes, nous devons forger de nouveaux partenariats et trouver un terrain d’entente entre les banques centrales, la finance et la santé publique afin d’investir désormais là où cela l’importe le plus. »
Cette nouvelle initiative, qui vise à stimuler l’instauration de sociétés plus résilientes d’un point de vue fiscal et en meilleure santé, est coordonnée par le Bureau européen de l’OMS de l’investissement pour la santé et le développement (Bureau de Venise).
Le professeur Mario Monti, ancien Premier ministre italien et commissaire européen, et président de la Commission paneuropéenne de la santé et du développement durable instituée par l’OMS/Europe, a ouvert la réunion. Il s’est réjoui de l’opportunité que représente cette initiative pour les secteurs de la santé, de la finance et de l’économie de former des alliances afin de permettre la prise de décisions fiscalement résilientes en faveur d’investissements concrets dans la santé et le bien-être.
Trouver un terrain d’entente pour améliorer la santé
Des experts en santé ont présenté de nouvelles bases factuelles utilisant de nouvelles techniques de modélisation et montrant le lien entre l’anxiété des jeunes, le chômage des jeunes et la faiblesse des recettes fiscales. Les représentants des banques centrales et du Trésor public ont également présenté des modélisations innovantes tenant compte de la qualité de vie ainsi que des instruments utilisés pour relever les défis sociétaux tels que le changement climatique et le manque de bien-être. Avec d’autres participants, ils ont abordé les avancées possibles en matière de méthodologie et de données afin de renforcer davantage les bases factuelles.
Des réunions parallèles ont mis en évidence d’autres domaines d’intérêt commun, notamment l’économie des services à la personne et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes. Il s’agit là de priorités absolues pour de nombreux pays européens, comme cela a été évoqué à la récente réunion de l’OMS/Europe à Bucarest (Roumanie) sur la crise des personnels de santé et d’aide à la personne.
« La pandémie de COVID-19 a montré l’importance d’engager un dialogue étroit entre les secteurs de la santé publique et de l’économie. Nous ne devons pas oublier cet enseignement. En effet, quand il s’agit de s’attaquer à des problématiques majeures comme la santé mentale des jeunes et le vieillissement de la population, il existe un énorme potentiel de collaboration et d’apprentissage mutuel », a expliqué M. Andrea Brandolini, directeur général adjoint de la Banque d’Italie pour l’économie, les statistiques et la recherche, lors de l’événement organisé à Venise.
Pour résumer la journée, le professeur Silvio Brusaferro, président de l’Istituto Superiore di Sanità, a souligné l’importance de cette initiative : « aujourd’hui, nous avons créé une synergie entre l’économie et la santé, et franchi une nouvelle étape pour garantir la santé et la richesse présentes et futures de nos populations ».
Ce sentiment a été partagé par les participants qui ont convenu que 3 domaines d’action clés permettraient de faire avancer cette initiative :
- la création collective d’éléments de preuve et de modèles de pointe sur la relation existant entre la santé et l’économie en vue d’orienter les décisions d’investissement ;
- la mise en place d’un répertoire d’exemples de bonnes pratiques et d’études de cas pour la Région européenne de l’OMS qui modélise les coavantages de l’investissement dans le bien-être des jeunes, le vieillissement en bonne santé et le développement au service des personnes qui vivent et travaillent dans les zones rurales (test rural) ;
- l’instauration de laboratoires politiques nationaux pour appliquer la méthodologie et procéder à un échange des enseignements tirés et des meilleures pratiques.
Le Bureau de Venise a rédigé un projet de document de référence pour soutenir le dialogue. Celui-ci résume les priorités pour trouver un terrain d’entente dans les domaines de la santé mentale des jeunes, du vieillissement de la population, des inégalités régionales et de la crise du coût de la vie. Le document évoque également le dialogue existant, les éléments de preuve et les actions susceptibles d’engager une collaboration future entre ces secteurs.
« Nous sommes vraiment encouragés par les résultats de la réunion de Venise et nous attendons avec impatience que des mesures concrètes soient prises dans les différents pays », a déclaré Mme Christine Brown, cheffe du Bureau de Venise. « L’établissement de coalitions et de partenariats intersectoriels est la seule façon d’aller de l’avant lorsqu’il s’agit de trouver des solutions aux grands défis d’aujourd’hui. »