La prévention des risques auxquels sont exposés les patients et les personnels de santé dans les établissements de soins est essentielle pour fournir des services de santé sûrs et de qualité, ainsi que pour réduire le nombre d’infections nosocomiales et lutter contre la menace croissante de la résistance aux antimicrobiens. Cela requiert la mise en application d’efficaces programmes de lutte anti-infectieuse, tant au niveau des établissements de santé qu’au niveau national.
Les normes de l’OMS en matière de lutte anti-infectieuse sont considérées comme un domaine à développer pour les États membres, puisque le Règlement sanitaire international (2005) constate qu’elles sont l’une des principales capacités pour la surveillance et la réaction aux événements pouvant constituer une préoccupation pour la santé publique à l’échelle internationale. L’Ukraine a fait un pas de plus dans cette direction en rendant ces normes obligatoires pour tous les établissements de santé du pays à partir de 2024.
« Il s’agit d’un pas en avant pour garantir la qualité des soins et améliorer la sécurité des patients, ainsi que pour protéger tous ceux qui dispensent des soins au sein du système de santé. Le déploiement de toutes les composantes essentielles de la lutte anti-infectieuse prend du temps ; il est donc essentiel de commencer par les impératifs minimaux et de progresser graduellement vers une mise en application intégrale des normes au niveau national et au niveau des établissements », explique le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine.
L’élaboration du cadre juridique pour la mise en application des normes minimales de l’OMS concernant la lutte anti-infectieuse au niveau national a pris plusieurs années. « En 2017 », relève M. Roman Kolesnyk, directeur de la division Résistance aux antimicrobiens et lutte anti-infectieuse au Centre de santé publique d’Ukraine, « nous avons eu quelques établissements de santé qui ont participé à une étude pour évaluer la situation en matière de lutte anti-infectieuse. Cette étude a révélé que le niveau était soit insatisfaisant, soit minimal. »
Les premières dispositions visant à améliorer cette situation ont été adoptées en 2020. En 2021, une autre étude a été réalisée pour évaluer l’impact de la nouvelle réglementation. Celle-ci a montré que le processus de mise en application avait commencé, mais que d’autres mesures étaient nécessaires.
La mise en application des normes minimales de l’OMS pour la lutte anti-infectieuse
Désormais, grâce à un nouveau décret du Cabinet des ministres, tous les établissements de soins de santé doivent mettre en application les normes minimales pour la lutte anti-infectieuse, telles qu’elles sont définies par l’OMS. Dès 2024, ces normes minimales seront des critères obligatoires pour recevoir des fonds de l’État. Tous les établissements devront adapter leur structure administrative en désignant un personnel spécialisé responsable de la mise en application des exigences minimales pour la lutte anti-infectieuse et de la réalisation d’évaluations régulières conformément aux recommandations de l’OMS, afin de suivre les progrès accomplis au fil du temps.
« C’est l’occasion, pour les établissements de santé, de procéder à une auto-évaluation et de définir ce qui est indispensable, ce qui est acceptable et ce qui peut être remis à plus tard. Sur la base de cette évaluation, ils peuvent formuler un plan d’action avec des indicateurs clairement définis, l’approuver et commencer à l’appliquer pour mieux lutter contre les infections dans l’établissement », explique M. Kolesnyk.
Le plan approuvé sera ensuite soumis au Service national de la santé d’Ukraine, qui supervisera sa mise en œuvre. Si un établissement de santé ne se conforme pas au plan approuvé, les autorités de santé assureront un suivi avec la direction pour optimiser les efforts consentis pour mettre en œuvre ce plan.
« Avant ces changements », ajoute M. Kolesnyk, « nous devions nous rendre dans les établissements de santé pour voir ce qui avait été fait. Maintenant, comme les plans d’action seront transmis au niveau national, nous pouvons les suivre à distance. »
Permettre l’excellence en matière de lutte anti-infectieuse
Afin de doter les professionnels de santé des connaissances et des compétences nécessaires à la mise en œuvre des normes minimales de l’OMS en matière de prévention des infections, le bureau de pays de l’OMS en Ukraine a organisé plusieurs formations à l’intention du personnel soignant. Aujourd’hui, les spécialistes de la lutte anti-infectieuse peuvent aussi accéder à des formations en ligne et se tenir au courant des nouvelles informations.
M. Kolesnyk souligne que des programmes de lutte anti-infectieuse plus stricts sont essentiels pour éviter les infections nosocomiales et une résistance aux antimicrobiens qui, frappant indistinctement les patients et les personnels de santé, peuvent entraîner des handicaps et des décès.
« Établir le cadre juridique nécessaire est un pas en avant important », souligne le docteur Arkadii Vodianyk, responsable de l’OMS en Ukraine pour la lutte anti-infectieuse et la résistance aux antimicrobiens. « La mise en application des normes minimales de l’OMS nous permettra de garantir la fourniture de soins médicaux sûrs et de haute qualité à l’avenir. »
Les travaux visant à renforcer les mesures de lutte contre les infections dans les établissements de santé ukrainiens ont été menés et coordonnés par l’OMS en collaboration avec les autorités nationales et avec le soutien financier de l’initiative de l’Union européenne et de l’OMS pour le développement du système de santé ukrainien.