Une évaluation effectuée par l’OMS du 11 au 15 avril 2022 a permis de conclure que le poliovirus n’est plus en circulation au Tadjikistan, et donc de recommander une officialisation de la fin de l’épidémie
qui s’était déclenchée en janvier 2021.
Les maladies infectieuses telles que la poliomyélite font fi des frontières. L’importation, puis la propagation du virus ont entraîné la paralysie de 34 enfants, et 26 autres ont été testés positifs
sans pour autant présenter des symptômes de paralysie. À partir de février 2021, d’intenses efforts ont été déployés en vue de la vaccination, et depuis août 2021, aucun enfant, adulte
ou prélèvement environnemental n’a été testé positif au Tadjikistan.
La flambée épidémique qui a frappé le Tadjikistan constituait la première détection d’un poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc2) dans la Région européenne
de l’OMS. C’est désormais la première flambée épidémique de PVDVc2 au monde à avoir été déclarée officiellement terminée à la suite d’une vaccination
supplémentaire avec le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nVPO2).
La Région était exempte de poliomyélite endémique depuis 2002. La détection d’un seul cas de poliomyélite – que celle-ci soit provoquée par un poliovirus sauvage ou dérivé d’une
souche vaccinale – est considérée comme une flambée épidémique, et requiert une réaction immédiate et de grande ampleur.
« Le fait que le Tadjikistan ait réussi à mettre fin à cette flambée est une réussite éclatante et démontre un engagement politique au plus haut degré de la part des autorités publiques
du Tadjikistan », a déclaré le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« Cette flambée épidémique et la réaction qui l’a suivie sont survenues à un moment où le système de santé était déjà sollicité à l’extrême
par la pandémie de COVID-19 et où le pays mettait en place une campagne de vaccination massive contre cette dernière. Il a fallu réagir à ces 2 flambées épidémiques sans perturber l’approvisionnement
en autres vaccins systématiques d’une importance vitale pour les enfants. Nous saluons les efforts accomplis par le ministère de la Santé ces dernières années ; ils ont débouché sur un système
de vaccination résilient, capable de gérer toutes ces priorités en parallèle. »
Mesures prises pour stopper la flambée épidémique
Après confirmation de la flambée épidémique, le ministère de la Santé et de la Protection sociale de la population a immédiatement pris des mesures, avec le soutien et les recommandations de l’OMS
et d’autres partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite. Ces interventions comprenaient une surveillance renforcée du poliovirus, une recherche intensive des contacts et une analyse
approfondie de la couverture vaccinale au niveau sous-national. Une rigoureuse évaluation des risques a été réalisée pour déterminer l’envergure de la riposte à la flambée et le choix du
vaccin, et le pays a rapidement achevé un processus de vérification approfondie sur la capacité à déployer rapidement le vaccin contre le nVPO2.
En février 2021, une campagne nationale de haute qualité a été menée en faveur du vaccin antipoliomyélitique inactivé pour remédier aux lacunes de la vaccination contre le poliovirus de type 2 chez
plus d’un demi-million d’enfants nés entre 2016 et 2018. Ceux-ci étaient restés vulnérables en raison de problèmes d’approvisionnement en vaccins antipoliomyélitiques inactivés à
l’échelle mondiale, dus à l’arrêt de l’utilisation du vaccin trivalent oral contre la poliomyélite.
De juin à septembre 2021, 2 cycles nationaux et 1 cycle sous-national de vaccination contre le nVPO2 ont été organisés pour tous les enfants de moins de 6 ans, et il a été confirmé (par une évaluation
externe) que la couverture était supérieure à 95 %. D’ambitieuses stratégies de mobilisation sociale et de communication ont été déployées pour atteindre les groupes qui risquaient d’être
oubliés, notamment les migrants internes dans les zones urbaines et les enfants non déclarés.
Évaluation de la réaction à la flambée épidémique
Pour que la fin d’une flambée soit officiellement déclarée, plusieurs critères doivent être remplis, dont l’absence de détection d’un poliovirus pendant au moins 6 mois consécutifs. Les
experts indépendants de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite qui ont procédé à l’évaluation au Tadjikistan ont également examiné les résultats
de la vaccination systématique contre la poliomyélite, la couverture obtenue lors des cycles de vaccination supplémentaires, ainsi que la précision et la capacité du système de surveillance de la poliomyélite
à détecter toute circulation d’un poliovirus.
À la suite de cette évaluation approfondie, dans le cadre de laquelle ont également eu lieu des séances d’information au niveau national et des visites sur le terrain dans des hôpitaux de recours nationaux, des
hôpitaux publics, des polycliniques, des bureaux régionaux et bureaux de district du programme de vaccination et des centres de santé publique, l’équipe a recommandé de proclamer la fin de l’épidémie.
Le nVPO2, une nouvelle étape dans les efforts planétaires pour l’éradication de la poliomyélite
La maîtrise de cette flambée épidémique à l’aide du nVPO2 constitue un jalon important pour le programme mondial contre la poliomyélite. Ce vaccin innovateur est un élément clé de la
nouvelle stratégie visant à arrêter les PVDVc2. Les essais cliniques montrent que le nVPO2 est sûr et efficace, et plus stable sur le plan génétique que le traditionnel vaccin antipoliomyélitique oral
de type 2.
Depuis l’introduction du nVPO2, en mars 2021, plus de 265 millions de doses ont été administrées dans 14 pays. La majorité des pays qui ont recouru à ce vaccin ont également réussi à arrêter
la transmission du PVDVc2 ; mais il s’agit ici de la première proclamation officielle de la fin d’une épidémie depuis le début de l’utilisation du nVPO2.
En plus d’avoir réussi à stopper la transmission et à réduire le risque d’infection pour des millions de personnes, le Tadjikistan a contribué à la recherche mondiale sur le nVPO2 avec le soutien de
l’OMS, par le biais d’une étude sur l’immunogénicité du nVPO2. Le Tadjikistan a également participé à une étude mondiale sur le gaspillage de vaccins.