De nouvelles statistiques montrent qu’en raison du sous-diagnostic du VIH dans la Région européenne, des centaines de milliers de personnes ne bénéficient pas des soins dont elles ont besoin au moment où elles en ont besoin.
Un nouveau rapport, qui sera présenté lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida et est publié conjointement par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe (OMS/Europe) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), montre qu’au moins depuis 2018 et jusqu’en 2021, le nombre de personnes infectées par le VIH dans la Région européenne était supérieur au nombre de personnes ayant reçu un diagnostic.
Par contraste, dans l’Union européenne/Espace économique européen (UE/EEE), il y a eu un peu plus de diagnostics qu’il n’y a eu d’infections par le VIH ces 10 dernières années, ce qui indique que le nombre de personnes vivant avec un VIH non diagnostiqué diminue probablement dans beaucoup de ces pays. Malgré tout, on estime qu’une personne sur 8 vivant avec le VIH dans l’UE/EEE n’a pas reçu de diagnostic.
« Nous devrions tous être profondément préoccupés par les statistiques relatives au dépistage, au traitement et aux soins contre le VIH en Europe et en Asie centrale. La stigmatisation persistante et généralisée à cause du VIH dissuade certains de subir un test et nous éloigne dangereusement de l’objectif de mettre fin au sida, fixé pour 2030. »
« Pour tenir notre promesse, nous devons veiller à l’équité dans l’accès aux services contre le VIH. Nous devons œuvrer ensemble pour faire en sorte que personne n’ait peur de subir un test, ni ne ressente de honte, de désespoir ou d’isolement en raison de son état. Chacun, partout, devrait pouvoir obtenir les services et les soins respectueux dont il a besoin », déclare le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.
« En l’absence d’un dépistage régulier du VIH chez les personnes les plus à risque, il peut s’écouler une longue période entre l’infection par le VIH et le diagnostic », affirme le docteur Andrea Ammon, directrice de l’ECDC. « Ce n’est pas bon pour la personne, car elle court plus de risques de contracter une forme grave de la maladie, voire de décéder, si le diagnostic est tardif. Ce n’est pas bon non plus pour la santé publique, car les personnes séropositives qui ne sont pas prises en charge peuvent transmettre le VIH à leurs partenaires sexuels sans le savoir. »
« C’est pourquoi nous voulons faire reculer le nombre de personnes vivant avec un VIH non diagnostiqué grâce à un dépistage aux premiers stades et à un accès rapide au traitement du VIH. Malheureusement, nous constatons que les choses évoluent dans le sens inverse, puisqu’un grand nombre de personnes vivent avec un VIH non diagnostiqué. »
Par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, le nombre de diagnostics de VIH a diminué d’un quart en 2021
En 2021, près de 300 nouveaux diagnostics de VIH ont été posés chaque jour dans 46 des 53 pays de la Région, dont 45 par jour dans les pays de l’UE/EEE. Cela représente 106 508 infections par le VIH nouvellement diagnostiquées dans la Région, dont 16 624 dans des pays de l’UE/EEE.
Toutefois, les chiffres déclarés ont fortement diminué en 2020, première année de la pandémie de COVID-19, et le nombre de nouveaux diagnostics de VIH signalés dans la Région européenne de l’OMS en 2021 est resté inférieur de près de 25 % aux niveaux d’avant la pandémie.
Un peu plus de la moitié des personnes nouvellement diagnostiquées en 2021 avaient un nombre de cellules CD4 inférieur à 350 par millimètre cube (mm3) au moment du diagnostic, ce qui indique qu’elles ont très probablement vécu avec un VIH non diagnostiqué pendant 8 ou 10 ans. Parmi ces personnes, un peu plus d’un tiers souffraient d’une infection par le VIH à un stade plus avancé, avec un nombre de cellules CD4 inférieur à 200 par mm3.
L’impact de la COVID-19 sur le dépistage
Il est crucial d’intensifier rapidement le dépistage du VIH, étant donné l’impact négatif de la pandémie de COVID-19 sur les services de dépistage dans la Région. La pandémie a sollicité à l’extrême les ressources de la surveillance clinique et de la surveillance de la santé publique, de sorte que beaucoup de pays ont éprouvé des difficultés à effectuer des dépistages et à signaler les nouvelles infections par le VIH.
Selon le rapport, il faut de nouvelles stratégies pour améliorer le diagnostic aux premiers stades et pour amener plus de personnes à être conscientes de leur infection, en déployant des tactiques diversifiées et simplifiées pour le dépistage du VIH. À cause du sous-diagnostic et de la sous-notification, la détection tardive du VIH reste un problème de taille dans la Région.
La consommation de drogues par injection et les rapports sexuels entre hommes sont des moteurs de la transmission du VIH
Ces 40 dernières années, plus de 2,3 millions de personnes ont été déclarées séropositives et vivant avec le VIH dans la Région européenne de l’OMS, dont près de 590 000 personnes dans l’UE/EEE.
La transmission hétérosexuelle a considérablement reculé dans l’UE/EEE et dans la partie occidentale de la Région ces dernières années, en particulier chez les femmes, tout comme le nombre de cas dus à des rapports sexuels entre hommes dans certains pays de l’UE/EEE et de la partie occidentale de la Région. Quoique la transmission due à un usage de drogues par injection est en recul constant depuis 2012, elle reste fréquente dans la partie orientale de la Région.
L’OMS/Europe et l’ECDC, en collaboration avec les États membres et les partenaires, continueront de surveiller l’impact à long terme de la COVID-19 et celui, plus récent, de la guerre en Ukraine sur la surveillance du VIH et la continuité des services de prise en charge du VIH. Cela aidera à comprendre comment la pandémie a pu affecter l’incidence du VIH et la mortalité, en particulier dans les sous-régions et les groupes les plus à risque, et permettra de maintenir la qualité des statistiques sur le VIH et le sida dans la Région européenne.