Aujourd’hui débute la Semaine européenne de la vaccination. C’est l’occasion de célébrer les avancées historiques rendues possibles par les vaccins sur le plan de la protection des vies et des moyens de subsistance, et de reconnaître leur potentiel pour la protection de la santé publique.
Les centaines de milliers de vies sauvées grâce à la vaccination contre la COVID-19 dans la Région européenne de l’OMS sont une autre excellente raison de se réjouir. En même temps, le maintien de ces acquis se heurte à des difficultés qui exigent de la vigilance et un changement de cap.
Des progrès dans la Région européenne
Grâce à une couverture élevée par le vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC), la Région n’a pas connu de grandes épidémies de diphtérie depuis les années 1990.
Elle a été déclarée exempte de poliomyélite endémique en 2002. Plusieurs importations de poliovirus dans la Région ont été détectées dans les années ultérieures, mais à chaque fois, les flambées ont été stoppées et la Région a conservé son statut.
La détection du poliovirus circulant dérivé d’un vaccin (PVDVc) de type 2 au Tadjikistan en 2020 et en Ukraine en 2021, et du PVDVc de type 3 en Israël en 2022, a déclenché une lutte de grande envergure contre les épidémies de poliomyélite. L’OMS travaille en étroite collaboration avec les autorités de santé pour faire en sorte que le vaccin soit accessible à tous ceux qui sont encore vulnérables. En Ukraine, la riposte à l’épidémie a été interrompue par la guerre, et a repris dans la mesure du possible au milieu d’un conflit qui se poursuit.
Les 53 États membres de la Région européenne ont convenu à l’unanimité d’éliminer la rougeole et la rubéole en tant que maladies endémiques. Selon les conclusions de la Commission régionale européenne de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole, lesquelles sont fondées sur les rapports nationaux soumis pour 2019, 29 États membres, à ce jour, ont éliminé la rougeole endémique et 45 la rubéole endémique. Au total, 29 ont fourni les preuves de l’élimination de ces 2 maladies.
Les progrès réalisés en vue de l’élimination du cancer du col de l’utérus sont particulièrement encourageants, puisque 38 des 53 pays de la Région assurent désormais une vaccination systématique contre le papillomavirus humain. Les dernières données en provenance d’Angleterre (Royaume-Uni), l’un des premiers pays à avoir introduit le vaccin contre ce virus, montrent que le programme de vaccination de l’Angleterre contre celui-ci a pratiquement éliminé le cancer du col de l’utérus chez les femmes nées au Royaume-Uni depuis le 1er septembre 1995.
Une aggravation des disparités
Tout en célébrant les progrès accomplis, il est nécessaire de s’attaquer aux menaces potentielles qui pèsent sur ces réalisations. Il s’agit notamment de nouvelles difficultés provoquées par la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine.
Si quelques pays de la Région ont connu des interruptions des services de vaccination systématique à l’échelle nationale au début de la pandémie, en 2020, la plupart d’entre eux ont pu rattraper le temps perdu une fois que les services ont repris, et ont finalement atteint un niveau de couverture élevé. Pour la Région dans son ensemble, la couverture par la troisième dose du vaccin DTC (DTC3) n’a diminué que de 1 % en 2020.
Mais ce chiffre cache une réalité bien plus complexe aux niveaux national et sous-national. Les disparités existantes dans l’utilisation des vaccins, et donc dans les possibilités de bonne santé et de bien-être, se sont accrues pendant la pandémie. Onze pays ont signalé une baisse de plus de 5 % de la couverture nationale soit par le DTC3, soit par la première dose de vaccin contre la rougeole, et environ un cinquième des pays de la Région ont connu une augmentation substantielle des disparités entre les zones de couverture les plus élevées et les plus faibles.
La guerre en Ukraine a forcé des millions de personnes à fuir à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Près de la moitié des 5 millions de personnes qui ont fui le pays sont des enfants. Tous auront un jour besoin d’accéder à la prochaine vaccination programmée, et beaucoup d’entre eux ont, par le passé, manqué des vaccins qu’ils doivent rattraper de toute urgence pour être protégés contre des maladies telles que la rougeole et la poliomyélite.
Trouver la voie à suivre – la Semaine européenne de la vaccination 2030
Dans les mois et les années à venir, les programmes de vaccination de la Région devront maintenir une couverture vaccinale élevée à tous les niveaux administratifs. Cela signifie qu’il faut assurer un taux élevé d’utilisation des services de vaccination systématique, faciliter la vaccination de rattrapage pour les enfants et les adultes qui ont manqué des doses dans un passé proche ou lointain, et intégrer dans ces services tous les nouveaux arrivants, y compris les migrants et les réfugiés.
En septembre 2021, le Programme européen pour la vaccination à l’horizon 2030 a été adopté par tous les États membres de la Région. Il contribuera à fixer un cap pour les programmes nationaux de vaccination afin d’offrir les avantages des vaccins aux populations tout au long de leur vie et de surmonter les difficultés décelées à l’échelle locale en proposant une démarche redynamisée, axée sur des solutions locales adaptées et fondée sur le principe de ne laisser personne de côté.
Les progrès que nous avons réalisés dans notre Région pour protéger les enfants et les adultes contre les maladies potentiellement mortelles méritent d’être célébrés, mais nous ne devons pas les considérer comme acquis. La préservation de ces progrès relève de la responsabilité de tous, et nécessitera un effort collectif au cours de la présente décennie.