Stacie Broek se souvient du choc initial : « je ne pouvais ni marcher, ni parler, ni me nourrir », se souvient-elle. Lorsqu’on lui posait des questions simples, comme ce qu’elle voulait manger, elle ne pouvait répondre que par un seul mot : « Un... Un... Un ».
C’est ainsi qu’a commencé la longue histoire de Stacie, survivante d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Son AVC était dû à une dissection de l’artère carotide, une pathologie dangereuse qui peut survenir à tout âge. Il s’est déclaré soudainement alors que Stacie avait 46 ans, qu’elle vivait au Japon avec son mari, qu’elle élevait ses 3 enfants et qu’elle menait une vie saine et bien remplie. Nous sommes en 2019, juste avant la pandémie de COVID-19.
« Mon corps m’a simplement trahi. Cela m’a ôté tout sentiment de sécurité et a menacé ma vie », se souvient-elle.
Après l’AVC et l’intervention chirurgicale réalisée d’urgence qui lui a sauvé la vie, Stacie et sa famille sont retournées en Suisse, où elles résident encore aujourd’hui. Là, sa passion pour l’écriture ainsi que le soutien et la confiance de ses thérapeutes l’ont aidée à surmonter avec succès sa maladie.
Réapprendre à marcher et à lire
Stacie écrivait avant l’AVC, ce qui a rendu encore plus difficile son agraphie (perte de la capacité antérieure d’écrire) et son trouble du langage réceptif, une situation difficile à surmonter sur le plan physique qui a également eu des répercussions mentales et émotionnelles sur elle et sa famille.
Au bout d’un certain temps, Stacie a trouvé une source d’inspiration qui lui a donné la force et la motivation nécessaires pour aller de l’avant. « Je crois vraiment que ma passion pour l’écriture m’a sauvée. Après l’AVC, je ne pouvais ni parler ni écrire. Cette passion pour l’écriture m’a permis de me concentrer entièrement sur mon besoin de guérison », explique-t-elle.
La guérison de Stacie ne s’est pas seulement traduite par une récupération de ses capacités physiques, mais elle a pu aussi retrouver son identité, sa passion créative et son but dans la vie. Elle s’est donc réinventée en tant qu’auteure, s’enquérant de l’AVC et des techniques susceptibles d’améliorer la santé physique et mentale des personnes qui y ont survécu. Mais avant d’entamer ce voyage, elle a dû réapprendre à manger, à marcher et à parler.
Lors de sa première année de rétablissement, Stacie a passé plus de 1 000 heures à suivre différents types de thérapies, de la kinésithérapie aux séances de santé mentale. Aujourd’hui encore, elle poursuit ses séances d’orthophonie presque tous les jours, et continue à courir sur de longues distances pour garder son corps en forme et son esprit concentré.
Vers la guérison : chaque patient a un rêve
Le chemin de Stacie vers la guérison a été semé d’embûches. En plus de surmonter les effets physiques et mentaux de son AVC, elle a dû s’orienter dans un système de soins de santé mis à rude épreuve par la pandémie de COVID-19, ce qui a eu un impact sur son processus de réadaptation.
Lors d’une de ses consultations post-AVC, par exemple, un médecin lui a dit : « vous pouvez marcher, vous pouvez parler. Pourquoi ne pas vous contenter de cela ? » Cette déclaration l’a abasourdie. Stacie était bien sûr reconnaissante d’avoir récupérer ces capacités, mais, pour elle, ce n’était en fait que le début du processus de réadaptation. Elle avait de plus grandes aspirations et était animée du désir de retrouver pleinement le sens du soi.
« Les patients poursuivent chacun leur propre chemin, modelé par leurs objectifs personnels, leurs passions et leurs rêves », explique-t-elle. Cette conception est au cœur de son appel en faveur de l’instauration d’un système de soins de santé davantage centré sur la personne. Elle estime que si les médecins et les prestataires de soins de santé disposaient de plus de temps pour comprendre les objectifs de chaque patient, les issues sanitaires s’avéreraient plus favorables.
Stacie n’a pas tout de suite trouvé la voie de guérison qui lui convienne. La rééducation orthophonique avec un spécialiste qui avait lui-même subi une lésion cérébrale traumatique fut d’une grande aide à cet égard. « La confiance que mon thérapeute m’accorde a été salvatrice. Il sait ce qui me motive, et a réussi à me motiver pendant toutes ces années. »
Réduire le risque d’AVC
Le témoignage de Stacie nous rappelle avec force que la guérison est possible avec le soutien adéquat, et qu’il ne s’agit pas d’un processus unique et universel.
Aujourd’hui, Stacie consacre sa carrière d’écrivain à la promotion d’une meilleure prévention des AVC et à la mise en avant de la nécessité d’adopter une approche plus globale de la rééducation, axée sur l’épanouissement émotionnel et personnel. Sa véritable guérison a commencé lorsqu’elle a été capable d’écrire à nouveau, de retrouver sa voix et son identité. Pour Stacie, c’était fondamental.
« Nous sommes tous capables de ramasser les morceaux cassés et de tout reconstruire », écrit Stacie dans son livre sur la façon de faire face à un AVC et de retrouver une vie pleine et bien remplie. Pour elle, ces morceaux éparpillés ont pu être rassemblés pour créer un nouveau tableau, offrant à ses lecteurs de l’espoir et de la force même lorsque continuer semble trop difficile.