Monsieur Volkan Bozhir, Président de l’Assemblée générale des Nations Unies,

Excellences, chers collègues et amis,

En 2020, la COVID-19 a accaparé l’attention de toute la planète, et pour cause.

La résistance aux antimicrobiens ne fait habituellement pas les grandes lignes des journaux de la même manière, même si cela devrait être le cas.

La résistance aux antimicrobiens menace d’annuler un siècle de progrès médicaux et de nous ramener à une ère pré-antibiotiques, lorsqu’une infection banale pouvait entraîner la mort.

Cette menace mondiale est le résultat d’un échec des systèmes, à l’échelle de toute la planète et de différents secteurs.

Aucun secteur ou pays ne peut, à lui seul, contrer cette menace.

C’est ce qui a conduit à la formation d’un partenariat tripartite entre l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en vue de collaborer dans le cadre de l’approche « Un monde, une santé », qui prend en compte la santé des êtres humains, des animaux et de la planète.

La mauvaise utilisation et la surutilisation des agents antimicrobiens parmi les êtres humains ainsi que sur les animaux et les plantes sont les deux principaux facteurs à l’origine de la résistance aux antimicrobiens.

La COVID-19 a montré qu’un microbe pour lequel il n’existe ni traitement ni vaccin peut avoir un effet dévastateur sur notre santé, nos sociétés et nos économies.

Si nous ne prenons pas de manière urgente des mesures contre la résistance aux antimicrobiens, nous nous retrouverons sans défense face à un nombre incalculable de microbes.

Alors que les pays se relèvent et se reconstruisent après la pandémie de COVID-19, nous les invitons très vivement à investir dans des systèmes de santé résilients et dans des soins de santé primaire solides pour lutter au mieux contre diverses situations d’urgence, qu’il s’agisse d’une flambée d’un nouveau virus mortel ou de la progression lente et destructrice de la résistance aux antimicrobiens.

Des mesures de prévention et des traitements efficaces sont des éléments essentiels de systèmes de santé solides, qui constituent le fondement de la couverture sanitaire universelle.

Nous devons également veiller à ce que la lutte contre la résistance aux antimicrobiens reste une priorité politique.

Le mois dernier, nous avons créé le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens intégrant le principe « Un monde, une santé », qui sera appelé à jouer un rôle essentiel pour plaider en faveur d’actions urgentes destinées à lutter contre la menace que constitue la résistance aux antimicrobiens.

La présidence de ce groupe est assumée conjointement par Mia Mottley, Première Ministre de la Barbade, et Sheik Hasina, Premier Ministre du Bangladesh. Nous leur sommes reconnaissants pour leur aide et leur leadership.

Ce groupe comprend des chefs d’État, des ministres, des directeurs d’entreprises et des responsables d’organisations de la société civile, qui se sont engagés à lutter contre la crise mondiale liée à la résistance aux antimicrobiens, au moyen d’une approche plurisectorielle fondée sur le principe « Un monde, une santé ». 

Nous attendons de ce Groupe qu’il lance une dynamique politique qui s’étende à tous les secteurs concernés par l’approche « Un monde une santé », qu’il soutienne l’intégration de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans les plans post-COVID-19 et qu’il constitue des partenariats avec le secteur public et le secteur privé.

Nous appelons également à une reprise des échanges dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies à propos de cette menace urgente pour toute la planète, conformément à la Déclaration politique adoptée l’année dernière à l’issue de la réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.

Il est fondamental que nous puissions accroître l’investissement financier dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans le cadre de l’approche « Un monde, une santé », aussi bien pour la mise en œuvre de plans d’action nationaux que pour la recherche-développement.

La résistance aux antimicrobiens a pour cause principale un échec en matière de coordination. Elle a été engendrée par un affaiblissement des systèmes.

Pour combattre cette menace qui pèse sur les êtres humains, il est nécessaire de pouvoir compter sur un leadership politique déterminé, sur une coopération plurisectorielle et sur la solidarité internationale.

La pandémie de COVID-19 a montré que, face à une crise sans précédent, le monde entier est capable d’inventer de nouvelles manières de se rassembler et de lutter en étant uni.

Ensemble, nous devons réussir à mobiliser le même sentiment d’urgence, la même capacité d’innovation et la même solidarité pour affronter la résistance aux antimicrobiens.

Je vous remercie.