Merci Mark, et je vous remercie pour votre rôle en tant que leader et partenaire. Je tiens à vous exprimer mon respect et mon estime.
Votre excellence Oly Ilunga,
Monsieur Rory Stewart,
Excellences, collègues et amis,
Hier, l’OMS a été informée de deux évènements tragiques survenus dans le cadre de la flambée de maladie à virus Ebola en RDC.
Le premier est un cas d’Ebola dans la ville de Goma, chez un pasteur qui revenait de Butembo.
Bien qu’il s’agisse d’un évènement très préoccupant, c’est un évènement auquel nous comme le gouvernement nous attendions et nous étions préparés.
Près de 3000 personnes ont été vaccinées et le pasteur reçoit actuellement des soins dans un centre de traitement de la maladie à virus Ebola géré par le Ministère de la santé et Médecins sans Frontières.
Le deuxième évènement est le meurtre de deux intervenants de la riposte à Ebola à leur domicile à Beni, comme l’a dit Mark.
Ces deux évènements résument les défis auxquels nous continuons à être confrontés chaque jour en RDC.
À peine réussissons-nous à maîtriser le virus dans une zone qu’il surgit dans une autre.
Et la violence et l’insécurité continuent à saper le travail de riposte.
Nous combattons l’un des virus les plus dangereux au monde dans l’une des zones les plus dangereuses au monde.
Depuis janvier, l’OMS a comptabilisé 198 attaques contre des centres de santé et des agents de santé, au cours desquelles 7 personnes ont perdu la vie, dont les deux intervenants tués hier et, en avril, un épidémiologiste de l’OMS, le Dr Richard Mouzoko, comme vous le savez.
Chaque attaque nous fait faire un pas en arrière. Chaque attaque rend plus difficiles la recherche des contacts, la vaccination et les inhumations sans risque. Chaque attaque offre à la maladie une possibilité de se propager. Pour chaque attaque, c’est de nouveaux points marqués par Ebola.
Qui plus est, la défiance des communautés, l’instabilité politique et la propagation des fausses croyances et des informations erronées ont été des obstacles majeurs.
Près de 2500 personnes ont été infectées, parmi lesquelles 1665 sont décédées.
Toutes ces difficultés font de cette flambée l’une des situations d’urgence humanitaire les plus complexes à laquelle chacun d’entre nous a pu être confrontée, et Mark a déjà souligné combien cette flambée diffère de celle d’Afrique de l’Ouest, et est encore plus complexe.
Et cependant, malgré ces difficultés, et malgré l’ampleur de la flambée, nous avons jusqu’ici réussi à limiter Ebola à la RDC.
Bien que le risque de propagation au sein de la RDC et dans la région reste très élevé, nous ne devons pas sous-estimer l’importance de ce qui a été réalisé jusqu’à présent.
Les efforts inlassables de centaines d’intervenants du Ministère de la santé, de l’OMS et de nombreux partenaires ont été héroïques ni plus ni moins.
Plus de 161 000 personnes ont été vaccinées, 140 000 contacts ont été suivis et 71 millions de voyageurs ont été dépistés.
Soyons clairs: ces efforts ont permis de sauver des vies et d’empêcher que la situation d’urgence ne s’aggrave.
Une grande partie du mérite revient à mon frère Ministre Oly Ilunga, Ministre de la santé, et au gouvernement, qui ont fait preuve de transparence et transmis quotidiennement les informations, de manière remarquable.
Récemment, nous avons aussi constaté des progrès encourageants concernant l’approche de la flambée par les deux parties en présence, qui donnent des résultats.
Le gouvernement comme les principaux leaders de l’opposition sont convenus de transmettre le même message aux communautés touchées sur la nécessité de la vaccination.
Nous intervenons aussi auprès des écoles, des chefs religieux, et des entrepreneurs pour mobiliser au maximum la communauté et obtenir son adhésion.
En collaboration avec OCHA, nous continuons à travailler intensément avec les voisins de la RDC pour investir dans la préparation.
Plus de 10 000 personnes ont été vaccinées en Ouganda, au Soudan du Sud et au Rwanda.
L’un des enseignements clés de cette flambée est que nous devons réparer le toit avant que la pluie n’arrive ! Comme l’Ouganda nous l’a montré, les pays qui investissent dans la préparation sauveront des vies – et économiseront de l’argent.
Près de US $18 millions ont été dépensés pour la préparation en Ouganda, par comparaison avec plus de US $250 millions – et ce n’est pas fini – pour la riposte en RDC.
Et cependant, même si nos avancées sont nombreuses, nous n’avons pas encore réussi à mettre fin à la flambée.
Le risque de propagation en RDC et dans la région reste très élevé.
Mais il ne s’agit pas d’une simple situation d’urgence sanitaire, et y mettre fin demandera bien plus qu’une simple riposte sanitaire.
Les efforts combinés du système des Nations Unies et de la communauté internationale seront nécessaires, comme l’a indiqué Mark.
Et c’est pourquoi nous saluons la décision prise par le Secrétaire général en mai de mettre en œuvre une coordination renforcée et un mécanisme de soutien, sous la direction de David Gressly.
Nous apprécions que d’autres nous rejoignent désormais pour apporter leur expérience et leurs compétences pour aborder les aspects liés à la sécurité, et les aspects politiques et humanitaires au sens large de la flambée.
Il est temps désormais pour la communauté internationale de redoubler d’efforts, par solidarité avec la population de RDC. Il est temps désormais de faire preuve du leadership politique nécessaire pour mettre fin à cette flambée.
Mais alors même que nous nous focalisons sur la fin de la flambée, nous devons regarder plus loin.
En RDC, une flambée de rougeole a tué près de 2000 enfants en janvier – plus qu’Ebola en moins de temps – et pourtant elle a peu retenu l’attention de la communauté internationale. Le paludisme, la principale cause de décès en RDC, tue plus de 50 000 personnes chaque année.
Je me suis déplacé au Nord-Kivu à six reprises au cours de cette flambée. Franchement, il m’est difficile de parler uniquement d’Ebola.
Ensemble, nous viendrons à bout de cette flambée. Mais si nous ne nous attaquons pas à ses racines profondes – la faiblesse du système de santé, l’insécurité et l’instabilité politique – il y aura d’autres flambées.
Nous parlons souvent de la nécessité de tenir compte des liens indissociables entre action humanitaire et développement. C’est le moment de mettre en pratique ce que nous prêchons.
L’OMS est déterminée non seulement à mettre fin à cette flambée, mais aussi à renforcer le système de santé de la RDC afin qu’une telle flambée ne se reproduise pas.
C’est aussi ce que demandent les communautés au Nord-Kivu. Pour instaurer la confiance, nous devons démontrer que nous n’atterrissons pas simplement pour nous occuper d’Ebola et plions ensuite bagage une fois l’épidémie terminée.
Finalement, le cas identifié à Goma pourrait peut-être permettre de changer la donne dans cette épidémie.
Goma est une ville de 2 millions d’habitants, proche de la frontière avec le Rwanda, et porte d’entrée de la région et du monde.
Nous sommes confiants dans les mesures que nous mettons en place et espérons que nous ne verrons pas d’autre transmission d’Ebola à Goma.
Néanmoins, nous ne saurions être trop prudents. J’ai par conséquent décidé de convoquer à nouveau le Comité d’urgence dès que possible pour qu’il évalue la menace que représente ce nouvel évènement et me conseille en conséquence.
Je vous remercie tous de votre soutien et de votre engagement. Ensemble, nous pouvons débarrasser la RDC d’Ebola, et nous allons le faire, non seulement cette fois-ci mais une fois pour toutes, en reliant soutien humanitaire et développement.
Je vous remercie.