Monsieur Félix Antoine Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo,

Monsieur le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba,

Monsieur le Ministre de la santé, Eteni Longondo,

Monsieur Roger Kamba, Conseiller spécial du Président pour la couverture sanitaire universelle

Madame la Ministre des Affaires sociales, Nene Ilunga Nkulu

Madame Leila Zerrougui, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies;

Monsieur David McLachlan-Karr, Coordonnateur résident des Nations Unies,

Excellences, Mesdames et Messieurs les invités, chers collègues, chers amis,

Bonjour !

C’est un honneur pour moi de me joindre à tous ceux qui sont réunis aujourd’hui à Kinshasa pour cet événement très important.

Je suis heureux d’être de retour ici. J’ai souvent été à vos côtés, en particulier pendant la riposte à la flambée de maladie à virus Ebola. Au cours de l’un de mes 13 séjours en RDC depuis mai 2018, j’ai été surnommé « Paluku ». Je suis donc le Dr Paluku de Butembo, en RDC.

Je suis très honoré de porter ce surnom.

Je suis en particulier très fier de parcourir aux côtés de mon frère, le Président Tshisekedi, le chemin qui mène à la couverture sanitaire universelle en RDC.

L’engagement de Kinshasa pour la couverture sanitaire universelle et la présentation de la stratégie nationale pour la CSU sont des étapes essentielles et pratiques dans la quête de la santé pour tous.

Le Président Tshisekedi, l’OMS et la famille des Nations Unies ont beaucoup œuvré ensemble à la promotion et à la protection de la santé.

Beaucoup d’entre vous ignorent peut-être que le chemin que nous empruntons aujourd’hui a pour origine une réunion organisée à Addis‑Abeba en février 2019, en marge de l’Assemblée de l’Union africaine, et une réunion organisée par la Fondation Elumelu à Abuja (Nigéria) en juillet 2019. Lors de ces deux réunions, le Président a été très clair. Il m’a fait part de sa détermination à garantir la couverture sanitaire universelle en RDC.

Nous avons poursuivi notre route, à New York en septembre dernier, au cours de l’Assemblée générale des Nations Unies, au cours de laquelle les dirigeants mondiaux ont adopté la première déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.

Ce fut un honneur pour moi que le Président Tshisekedi exprime, avec d’autres chefs d’État, son soutien et son engagement sans faille en faveur de la CSU.

C’est grâce à sa vision et à son enthousiasme que nous sommes ici aujourd’hui.

Les citoyens de la RDC sont confrontés à de nombreux problèmes sanitaires: paludisme, rougeole – avec l’une des plus terribles flambées depuis 50 ans –, malnutrition et maladie à virus Ebola.

Depuis le début de la flambée en août 2018, plus de 3400 personnes ont contracté la maladie et plus de 2200 en sont mortes.

De nombreuses communautés ont été en proie à des craintes et à de l’angoisse alors que les gens ont essayé de se protéger du virus et souvent de l’insécurité qui a entravé les opérations de riposte.

Le Gouvernement – sous la conduite du Président – a fait front à cette situation. Le Président s’est rendu en personne dans les communautés touchées pour diriger une riposte qui a pris d’immenses proportions.

L’Organisation des Nations Unies, l’OMS et la communauté internationale dans son ensemble ont été aux côtés de la RDC. Nous avons participé avec vous à une campagne visant à combattre le virus à sa source et à endiguer sa propagation.

Nous avons des raisons d’espérer. La flambée de maladie à virus Ebola touche à sa fin.

Quatre cas à peine ont été notifiés la semaine dernière, contre 120 au cours d’une semaine d’avril 2019, au plus fort de la flambée.

Mais tant qu’il y aura ne serait-ce qu’un seul cas en circulation, la flambée ne peut pas être considérée comme terminée.

Cette semaine, le Comité d’urgence sur la maladie à virus Ebola a été d’avis que la flambée constituait toujours une urgence de santé publique de portée internationale. J’ai accepté cet avis.

Mais je suis sûr que si les progrès se poursuivent au rythme actuel, nous déclarerons bientôt la fin de cette flambée. Bien entendu, les membres du Comité d’urgence ont fermement soutenu le Gouvernement et ses avancées, grâce auxquelles la flambée de maladie à virus Ebola est sur le point d’être vaincue.

C’est pourquoi le Président Tshisekedi et son Gouvernement prennent les mesures nécessaires pour planifier « l’après-Ebola » en RDC. Nous sommes sûrs que si les progrès se poursuivent au rythme actuel, la flambée sera bientôt terminée.

Mais alors même que nous continuons à agir pour mettre un terme à cette flambée, nous devons prendre des mesures dès maintenant pour qu’une telle flambée ne se reproduise jamais.

Et nous devons aussi nous préparer à d’autres crises, comme la flambée actuelle de COVID-19.

Depuis que les autorités chinoises ont notifié cette flambée à l’OMS, nous avons travaillé sans relâche avec la communauté internationale pour riposter et préparer les pays à une extension de la propagation internationale.

Comme pour la maladie à virus Ebola dans l’est de la RDC, notre stratégie consiste à attaquer le virus à son épicentre en Chine, où 99% des cas ont été notifiés. À peine plus de 400 cas ont été signalés dans 24 autres pays, un chiffre particulièrement faible par rapport au nombre de cas en Chine. C’est parce que la Chine fait tout son possible pour endiguer la propagation du virus à sa source. Ainsi, le reste du monde peut se préparer. Nous ne devons pas laisser passer cette occasion. Nous devons remercier la Chine de ces efforts et de faire tout ce qu’elle peut pour limiter la propagation du virus dans le reste du monde.

Nous sommes très inquiets pour les communautés et les pays dont les systèmes de santé sont fragiles et qui peuvent être plus vulnérables face à l’importation du virus.

Nous concentrons donc nos efforts sur le renforcement des moyens de diagnostic et sur la livraison de fournitures telles que masques, gants et tabliers pour protéger les agents de santé qui s’occupent de personnes qui ont contracté le virus.

La plus grande partie de nos efforts porte sur le continent africain, où nous renforçons les systèmes de santé pour qu’ils soient en mesure de faire face le cas échéant, tout jetant les bases, si nécessaire, en vue d’une préparation plus solide face aux situations d’urgence.

En fin de compte, la meilleure défense contre une flambée, quelle qu’elle soit, est un système de santé solide.

C’est la raison de notre présence ici.

Nous devons collaborer pour renforcer le système de santé de la RDC afin de défendre et de protéger la population de ce grand pays – car c’est ce qu’elle mérite.

C'est-à-dire, surtout, mettre en place un système de soins de santé primaires solide qui puisse offrir à toutes les communautés des services de promotion de la santé, de prévention des maladies et de traitement.

C'est-à-dire, aussi, garantir l'accès à un personnel de santé qualifié; et à des médicaments sûrs, efficaces et abordables;

Et cela passera par des investissements durables pour construire et équiper des hôpitaux, des dispensaires et des laboratoires.

Mais la réalisation de la couverture sanitaire universelle est d'abord et avant tout un choix politique.

C'est le choix auquel nous assistons ici aujourd'hui.

Monsieur le Président, votre engagement montre que vous faites passer la santé de votre population en premier. Vous avez dit que vous ne voulez pas d'une stratégie qui paraît magnifique sur le papier, mais qui finit par prendre la poussière sur une étagère. Ce que vous voulez, ce n'est pas seulement une stratégie, mais des mesures concrètes.

Ma sœur, la Dre Moeti, Directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, et notre dévoué Bureau de pays, soutiennent le Gouvernement de la RDC dans cette démarche depuis de nombreuses années.

Les trois niveaux de l'OMS sont tous prêts à soutenir la RDC dans la mise en œuvre du Plan stratégique en faveur de la CSU, et la réalisation de ses principaux objectifs:

Améliorer l'efficacité des services sanitaires à tous les niveaux du système de santé;

Offrir une protection financière à toute la population;

Renforcer l'approche d'intégration de « la santé dans toutes les politiques » pour réduire le fardeau des maladies et assurer la pérennité du système de la CSU;

Favoriser la bonne gouvernance et la bonne gestion du système national de la CSU;

Et mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en œuvre la CSU.

Pour soutenir ces objectifs, je voudrais insister sur trois mesures à prendre pour que la République démocratique du Congo réussisse à atteindre la couverture sanitaire universelle.

La première consiste pour la communauté internationale à intensifier et à investir dans l'appui à la RDC pour atteindre son objectif en matière de couverture sanitaire universelle.

L'OMS jouera son rôle, à la présidence de l'organe de coordination des partenaires internationaux, pour orienter le soutien des donateurs dans la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la CSU.

Dans le même temps, conformément à la réforme des Nations Unies, l'OMS continuera d'aider le Coordonnateur résident à rationaliser le travail des institutions des Nations Unies, en particulier pendant la période de transition post-Ebola.

Je me réjouis de voir les représentants du système des Nations Unies et d'autres partenaires mondiaux dans le domaine de la santé réitérer leur soutien à la vision de la RDC.

La deuxième mesure consiste pour le Gouvernement à continuer de donner la priorité à la santé de sa population. Cela réussira grâce à la poursuite de l'engagement politique de haut niveau dont nous sommes témoins aujourd'hui.

Les ingrédients clés de ce succès seront la mobilisation de tous les secteurs de l’État et de la société dans la quête de la santé pour tous.

La bonne gouvernance, la transparence et la responsabilité seront essentielles. Nous avons vu, dans le cadre de la riposte à la maladie à virus Ebola, qu'il est essentiel d'écouter les communautés touchées et d'apprendre d'elles pour réussir.

 

Et la troisième étape consiste à s'assurer que la stratégie nationale pour la CSU s'appuie sur les succès et les structures de la riposte à la maladie à virus Ebola.

Bien que la maladie à virus Ebola ait été une tragédie indescriptible pour des milliers de personnes, elle a également créé une opportunité unique.

L'expérience que vous avez acquise et les capacités qui ont été développées peuvent servir de socle à la construction d'un système de santé plus solide. C'est ce que mon cher ami le Professeur Muyembe a toujours voulu, à savoir utiliser ces ressources pour construire de nouvelles structures.

Les investissements nationaux et internationaux ont permis de mettre en place une solide infrastructure sanitaire dans les zones touchées par le virus Ebola, grâce à de solides systèmes de surveillance, de détection des cas, de prévention des maladies, de diagnostic, de traitement et de soins.

Ce sont là les piliers d'un système de santé performant.

Il nous faut maintenant tirer les enseignements de la flambée de maladie à virus Ebola et mettre à profit les capacités acquises lors de cette flambée, pour orienter cette énergie et cette expertise dans une nouvelle direction pour le système de santé.

Nous avons vu ces efforts à l'œuvre dans d'autres domaines: des moyens issus de multiples domaines de la lutte contre les maladies infectieuses sont maintenant utilisés pour soutenir la riposte à la maladie à virus Ebola, ou des systèmes qui ont servi à lutter contre cette maladie sont maintenant utilisés pour mettre à disposition des vaccins contre le choléra. Nous devons bâtir des systèmes de santé qui fonctionnent pour des maladies différentes si l'on veut couvrir l'ensemble des besoins de chacun en matière de santé.

La transition de la maladie à virus Ebola à la CSU offre une occasion unique de renforcer l'ensemble du système de santé de la RDC, à condition que l'engagement politique se traduise par une mobilisation suffisante et progressive des ressources nationales. C'est une condition préalable pour atteindre les objectifs ambitieux fixés aujourd'hui.

Ce changement positif et puissant pourra accroître la capacité du système de santé à se préparer et à répondre à toute urgence sanitaire, conformément au plan d'action national pour la sécurité sanitaire récemment validé.

Chers amis, je comprends parfaitement la grande souffrance dans laquelle la flambée de maladie à virus Ebola vous a plongés. À l'OMS, et dans les milieux de la santé, nous avons versé des larmes et du sang, et perdu des collègues et des amis chers, alors que nous nous démenions aux côtés de courageux Congolais pour mettre fin à la situation d’urgence.

Bien que profondément douloureuse pour de nombreuses personnes, familles et communautés, l'expérience acquise lors de l'épidémie de maladie à virus Ebola ne doit pas être perdue.

Au contraire, les coûts humains consentis nous poussent à construire ensemble un avenir meilleur.

Nous comprenons les énormes défis que doivent relever le Président et le Gouvernement. C'est pourquoi nous appelons à un soutien et un engagement total de tous les partenaires et parties prenantes pour qu'ils se réunissent, dans un esprit de collaboration et de solidarité, afin de mettre en œuvre le Plan stratégique national de la RDC pour la couverture sanitaire universelle

Je voudrais également saisir cette occasion pour saluer le soutien de longue date apporté par les partenaires à la RDC dans le secteur de la santé, et le travail incroyable que la société civile, les organisations religieuses et le secteur privé ont accompli pour fournir des services de qualité dans toute la RDC.

Leur convergence et leur coordination à l'avenir, sur la voie de la couverture sanitaire universelle, seront fondamentales. J'espère que ces institutions continueront à soutenir cet objectif commun sur la voie de la CSU.

Si nous continuons à franchir ces étapes ensemble, nous ferons un grand pas en avant vers la consolidation du système de santé nécessaire pour assurer la santé de tous.

Je voudrais féliciter à nouveau le Président Tshisekedi et son Gouvernement d’avoir non seulement pris des mesures, mais aussi accompli d'immenses progrès, pour promouvoir et protéger la santé de tous les Congolais.

Soyez assurés que les Nations Unies, l'OMS et tous nos partenaires de la communauté internationale seront aux côtés du Président à chaque étape du processus pour s'efforcer de promouvoir la santé, assurer la sécurité dans le monde et servir les personnes vulnérables.

Merci beaucoup.