Monsieur le Président de l’Assemblée mondiale de la Santé, Teodoro Herbosa, Madame la Conseillère fédérale de la Confédération suisse, Elisabeth Baume-Schneider, Madame la Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, Tatiana Valovaya, chère Dre Margaret Chan, ancienne Directrice générale de l’OMS, dont je tenais à saluer la présence aujourd’hui, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Cheffes et Chefs de délégation, chères collègues et amies, chers collègues et amis, Mabuhay, et bienvenue à la Soixante-Dix-Huitième Assemblée mondiale de la Santé.

Chaque Assemblée mondiale de la Santé est importante, mais celle de cette année l’est tout particulièrement. À cette occasion, les États Membres examineront et, je l’espère, adopteront l’Accord de l’OMS sur les pandémies. Il s’agit là véritablement d’un moment historique.

Même en pleine crise, et face à une opposition considérable, vous avez oeuvré sans relâche, sans jamais baisser les bras et vous avez atteint votre objectif. Lorsque vous êtes finalement parvenus à un consensus le 16 avril au matin, après une nuit intense de négociations – j’ai eu l’honneur d’être présent dans la salle pour en témoigner – ce fut un mélange d’émotions pour l’ensemble d’entre nous : joie, sentiment de réussite, soulagement, épuisement. Cette nuit-là, témoin de votre engagement, j’ai été profondément ému. Vous avez réussi. J’attends avec impatience que vous adoptiez cet Accord et me réjouis de célébrer cette réalisation avec vous, demain, lors de la réception de haut niveau.

C’est un honneur de vous présenter mon rapport pour 2024 – une année de défis considérables et de réalisations remarquables. Le rapport sur les résultats de 2024 présente un tableau bien plus complet que ce que je pourrais exposer aujourd’hui. Je vous en recommande donc vivement la lecture. Il illustre comment nous mettons vos ressources à profit pour obtenir des résultats tangibles. Lors de cette Assemblée, l’an dernier, les États Membres ont approuvé le quatorzième programme général de travail, 2025-2028 ou quatorzième PGT, dont la triple mission est de promouvoir, de garantir et de protéger la santé. Permettez-moi, comme je le fais toujours, de mettre en lumière quelques faits marquants pour chacune de ces grandes priorités.

Évoquons tout d’abord la mission qui nous incombe de promouvoir la santé et de prévenir les maladies, en agissant sur leurs causes premières – l’air que nous respirons, nos aliments, l’eau que nous buvons, les routes que nous empruntons et les conditions dans lesquelles les personnes vivent et travaillent. Cela fait maintenant 20 ans que la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac est entrée en vigueur. Au cours de cette période, la prévalence du tabagisme a diminué d’un tiers à l’échelle mondiale et on compte aujourd’hui 300 millions de fumeuses et fumeurs de moins qu’il n’y en aurait eu si la prévalence était restée inchangée.

Chaque année, des pays de plus en plus nombreux bénéficient de l’aide de l’OMS pour mettre en oeuvre les mesures de lutte antitabac. L’an dernier, la Côte d’Ivoire, la Géorgie, la République démocratique populaire lao et Oman ont introduit le conditionnement neutre ; le Viet Nam a interdit les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés ; et grâce à notre partenariat dans le cadre de l’initiative pour des fermes sans tabac, nous avons aidé plus de 9000 cultivateurs de tabac au Kenya et en Zambie à passer de la culture du tabac à la culture de haricots à haute teneur en fer.

L’an dernier, toujours, là encore avec le soutien de l’OMS, 15 pays ont augmenté les taxes sur des produits mauvais pour la santé, notamment le tabac, l’alcool et les boissons sucrées. Cinq pays ont également adopté des politiques exemplaires d’élimination des acides gras trans : la Colombie, le Liban, Maurice, le Népal et le Qatar. Quatre autres pays ont, depuis, suivi cette voie : l’Autriche, la Norvège, Oman et Singapour. Vous savez combien l’élimination des acides gras trans contribue à la lutte contre les maladies cardiovasculaires. Félicitations à ces pays. Trente-quatre pays ont également adhéré au plan d’accélération pour mettre fin à l’obésité. Nous avons publié de nouvelles lignes directrices sur l’émaciation, et aidé 15 pays à forte charge à obtenir un financement pluriannuel au profit de plus de neuf millions de personnes, des fonds qui auraient, d’après les estimations, sauvé environ un million de vies.

En février dernier, nous avons coorganisé au Maroc la Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, où les pays ont pris des engagements fermes, et je remercie Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Premier ministre Aziz Akhannouch pour leur leadership et leur soutien déterminants sur cette question. En mars, nous avons également coorganisé la Conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé en Colombie, et je voudrais aussi remercier Son Excellence le Président Gustavo Petro pour son soutien et le leadership dont il a fait preuve dans ce domaine. Si les recommandations sont mises en oeuvre, je suis convaincu que nous réaliserons des progrès notables.

L’OMS continue de soutenir les pays pour qu’ils s’attaquent aux causes de la pollution de l’air, en atténuent les répercussions et bâtissent des systèmes de santé respectueux du climat et résilients face aux changements climatiques. En collaboration avec Gavi, l’Alliance du vaccin, et l’UNICEF, nous soutenons l’électrification de 1000 établissements de santé au moyen de systèmes solaires en Éthiopie, en Ouganda, au Pakistan et en Zambie. Je tiens à vous rappeler que Gavi tiendra sa conférence de reconstitution des ressources en juin à Bruxelles, et je vous exhorte à lui accorder votre soutien total.

En Ukraine, nous avons travaillé avec différents partenaires pour améliorer les services d’eau, d’assainissement, d’hygiène et de gestion des déchets dans plus de 200 établissements de santé ; et nous avons noué un partenariat officiel avec les présidences passées, présentes et futures de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques afin de garantir que la santé reste au coeur des discussions futures sur le climat.

Passons maintenant au deuxième pilier de notre mission, qui consiste à garantir la santé en élargissant l’accès aux services de santé essentiels, de façon équitable et économiquement accessible. L’an dernier, dans le cadre du Partenariat pour la couverture sanitaire universelle, nous avons aidé 36 pays, dont huit pays en crise humanitaire, à élaborer des ensembles de services pour la couverture sanitaire universelle, sur la base de soins de santé primaires solides. Nous avons également aidé 11 pays à analyser leur secteur de la santé et leur marché du travail afin d’éclairer les stratégies et les plans d’investissement nationaux ; par ailleurs, nous avons formé 15 000 agentes et agents de santé dans plus de 160 pays afin qu’ils puissent répondre aux besoins de santé physique et mentale des populations réfugiées et migrantes.

En décembre dernier, j’ai également eu l’honneur de me joindre au Président Emmanuel Macron pour inaugurer l’Académie de l’OMS à Lyon, en France. L’Académie de l’OMS changera la donne pour renforcer les capacités dans les pays en offrant une formation continue, en ligne et en présentiel aux personnels de santé et d’aide à la personne, aux décideuses et décideurs politiques et au personnel de l’OMS.

Tout comme nous oeuvrons à élargir l’accès aux services de santé, nous nous attachons aussi à étendre l’accès aux médicaments et aux produits de santé et à renforcer les autorités réglementaires à travers le monde. L’an dernier, nous avons désigné 33 organismes de réglementation en tant qu’autorités reconnues par l’OMS, ce qui permettra à l’Organisation de préqualifier beaucoup plus rapidement des médicaments qui ont déjà été approuvés par l’un de ces organismes de référence.

Par ailleurs, nous avons pu certifier que l’Égypte, l’Inde, le Rwanda, le Sénégal et le Zimbabwe ont atteint ou maintenu un niveau de maturité 3 pour la surveillance réglementaire des médicaments et des vaccins ; nous avons préqualifié 126 médicaments, vaccins, produits de diagnostic et autres produits ; nous avons accordé une autorisation d’utilisation d’urgence à deux vaccins, l’un contre la mpox et l’autre contre un variant de la maladie à coronavirus (COVID-19) ; nous avons lancé une nouvelle plateforme présentant des informations sur plus de 2500 types de dispositifs médicaux ; et nous avons sélectionné 481 dénominations communes pour des principes actifs pharmaceutiques.

Dans le même temps, nous nous efforçons de protéger de précieux médicaments contre la progression constante de la résistance aux antimicrobiens. L’an dernier, encore, la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la résistance aux antimicrobiens a abouti à un engagement de réduire de 10 % le nombre de décès liés à la résistance aux antimicrobiens d’ici à 2030. Les engagements de Djeddah contribueront à transposer la déclaration politique en mesures concrètes, et je remercie le Ministre et le Royaume d’Arabie saoudite pour cette réunion fructueuse.

Plus de 170 pays disposent désormais de plans d’action nationaux contre la résistance aux antimicrobiens, et d’autres pays adoptent les recommandations de l’OMS. Le Népal, par exemple, a interdit l’utilisation de combinaisons d’antibiotiques que l’OMS classe comme non recommandées. L’année dernière, nous avons également élaboré les premières lignes directrices sur la gestion des eaux usées et des déchets solides pour la fabrication d’antibiotiques et l’Alliance de l’industrie contre la résistance aux antimicrobiens (AMR Industry Alliance) a mis à jour sa norme pour s’aligner sur les orientations de l’OMS.

S’agissant de la mortalité maternelle et infantile, après des améliorations à l’ère des objectifs du Millénaire pour le développement, la situation stagne globalement. Nous continuons de travailler avec les États Membres pour recenser les obstacles et leur donner les outils dont ils ont besoin pour les surmonter.

Plus de 50 pays ont élaboré des plans visant à réduire la mortalité maternelle et néonatale et prévenir les mortinaissances. L’an dernier, la République-Unie de Tanzanie a ouvert 30 nouvelles unités de soins pour les nouveau-nés, tandis que le Ghana, le Malawi, le Pakistan et la Sierra Leone font également des avancées.

Pour améliorer l’adoption des pratiques de planification familiale, nous avons élaboré un protocole permettant d’évaluer rapidement les goulets d’étranglement, que 27 pays mettent en oeuvre aujourd’hui. Nous avons également publié de nouvelles lignes directrices sur le sepsis néonatal, la pneumonie néonatale et la qualité des soins. Et nous continuons d’aider les pays à rattraper leur retard en matière de vaccination systématique.

Lorsque le Programme élargi de vaccination, ou PEV, a été lancé en 1974, moins de 5 % des enfants dans le monde étaient vaccinés. Ils sont désormais 83 % à l’être. Le PEV est l’unique initiative qui a, et de manière considérable, contribué à la survie des nourrissons et des enfants dans le monde, permettant d’éviter 154 millions de décès, soit une moyenne de 8000 par jour depuis 50 ans.

De plus, nous continuons à soutenir les pays dans l’introduction de nouveaux vaccins pour sauver des vies. Depuis le début de l’année 2024, six nouveaux pays ont introduit les vaccins contre le papillomavirus humain ; neuf des pays les plus touchés d’Afrique se préparent à déployer le nouveau vaccin Men5CV contre la méningite ; et nous avons soutenu la distribution de plus de 27 millions de doses de vaccin antipaludique dans 20 pays d’Afrique.

En parallèle, l’élimination des maladies a atteint un niveau exceptionnel. L’année dernière, Cabo Verde et l’Égypte ont été certifiés exempts de paludisme, tout comme la Géorgie cette année. Je félicite ces pays.

Par ailleurs, nous avons confirmé l’élimination de maladies tropicales négligées dans sept pays, à savoir le Brésil, l’Inde, la Jordanie, le Pakistan, le Tchad, le Timor-Leste et le Viet Nam, auxquels sont venues s’ajouter la Guinée, la Mauritanie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée en début d’année.

L’année dernière, seuls 15 cas humains de dracunculose ont été signalés dans huit villages du Tchad et du Soudan du Sud. Je tiens à souligner l’engagement personnel sans faille du défunt président Jimmy Carter en faveur de l’éradication de cette maladie. Bien que Jimmy Carter n’ait malheureusement pas pu voir son rêve se réaliser, son héritage perdurera grâce aux travaux du Carter Center.

Nous avons validé l’élimination du tétanos maternel et néonatal en Guinée, et avons revalidé l’élimination de la rougeole au Brésil. Depuis le début de l’année 2024, nous avons validé l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis au Belize, en Jamaïque et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Félicitations à ces pays.

Nous avons revalidé l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH en Arménie et en Dominique ; la Namibie est en passe d’éliminer la transmission mère-enfant du VIH et de l’hépatite B ; et le Botswana est devenu cette année le premier pays à atteindre le niveau « or » sur la voie de l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH.

En ce qui concerne le VIH, 77 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde ont désormais accès à un traitement, contre 69 % en 2020, et 19 pays ont atteint les objectifs « 95 95 95 » avant l’échéance de 2025. S’agissant de l’hépatite, nous avons atteint 38 pays cibles l’année dernière grâce à de nouvelles lignes directrices simplifiées sur le traitement de l’hépatite B ; nous avons aidé 10 pays africains à introduire la vaccination contre l’hépatite B à la naissance ; et avec le soutien de l’OMS, le Pakistan a lancé le Programme du Premier ministre pour l’élimination de l’hépatite C, qui vise à dépister plus de 80 millions de personnes et à en traiter près de 4 millions, soit un objectif très ambitieux.

En ce qui concerne la tuberculose, les travaux de l’OMS permettent à un plus grand nombre de personnes de se faire traiter avec de meilleurs médicaments, et de se faire tester avec de meilleurs produits de diagnostic. En outre, l’OMS appuie la mise au point de vaccins plus efficaces contre la tuberculose. Le recrutement de participantes et participants à un essai crucial de phase 3 du principal vaccin candidat s’est fait en un temps record, avec plus de 20 000 volontaires recrutés en Afrique du Sud, en Indonésie, au Kenya, au Malawi et en Zambie. Nous attendons les résultats de cet essai, qui pourrait aboutir à la mise au point du premier vaccin efficace contre la tuberculose depuis plus d’un siècle.

Par ailleurs, la couverture du traitement de la tuberculose a, pour la première fois, atteint 75 % à l’échelle mondiale, et nous avons lancé l’an dernier des lignes directrices révolutionnaires préconisant des schémas thérapeutiques plus courts, entièrement oraux et plus efficaces pour les personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante, qui ont maintenant été adoptées dans 109 pays.

Dans le domaine de la santé mentale, nous avons aidé neuf pays à élargir l’accès aux services de santé mentale à 70 millions de personnes et à dispenser des soins à plus d’un million de personnes. Nous avons également fourni des médicaments vitaux à 2,1 millions de personnes atteintes de maladies mentales graves dans des situations de conflit, notamment en Éthiopie, au Soudan et au Tchad. Cependant, les demandes de médicaments pour problèmes de santé mentale ont presque complètement cessé dans certains pays, en raison de fonds limités et de priorités divergentes, ce qui signifie que des personnes atteintes de maladies graves ne reçoivent aucun soutien en situation de crise.

Dans le cadre de notre partenariat sur le cancer de l’enfant avec le St Jude Children’s Research Hospital aux États-Unis d’Amérique, nous avons commencé à distribuer gratuitement des médicaments dans les pays à faible revenu. Cette année, notre objectif est d’atteindre 12 000 enfants atteints de cancer dans 12 pays.

S’agissant du cancer du col de l’utérus, 155 États Membres disposent désormais de lignes directrices nationales sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, fondées sur les lignes directrices de l’OMS. En ce qui concerne l’hypertension, plus de 30 pays ont mis en oeuvre le programme HEARTS de l’OMS, qui touche plus de 12 millions de patientes et patients dans 165 000 établissements de soins primaires. Un an seulement après son lancement, l’initiative SPECS 2030 de l’OMS favorise l’accès à des lunettes abordables dans 16 pays, y compris pour les personnes vivant dans des zones reculées.

J’en arrive au troisième pilier de notre mission, qui consiste à aider les pays à protéger la santé en prévenant les urgences sanitaires et en intervenant rapidement lorsqu’elles surviennent. En 2024, l’OMS a coordonné la riposte à 51 situations d’urgence classées dans 89 pays : flambées, catastrophes naturelles, conflits, etc. Nous avons déployé et livré des fournitures médicales spécialisées d’urgence d’une valeur de 196 millions de dollars des États-Unis (USD) à 80 pays. Nous avons aussi déployé 89 équipes médicales d’urgence et soutenu plus de 67 activités de riposte face à des flambées épidémiques, entre autres. Je vous remercie sincèrement de votre soutien au Fonds de réserve pour les situations d’urgence, qui nous a été d’une grande utilité dans le cadre de ces interventions.

Nous avons contribué à endiguer des épidémies de choléra dans 27 des 33 pays touchés, si bien qu’il ne reste plus que six pays en phase aiguë ; avec l’appui de l’OMS, la République-Unie de Tanzanie et le Rwanda ont mis fin à des flambées épidémiques de maladie à virus Marburg ; et l’Ouganda a stoppé une épidémie de maladie à virus Ebola, notamment grâce à un essai de vaccin qui a commencé dans les quatre jours suivant la flambée.

Comme vous le savez, au mois d’août 2024, j’ai déclaré une urgence de santé publique de portée internationale à la suite des flambées de mpox qui ont touché la République démocratique du Congo et d’autres pays d’Afrique. Dans ce contexte, l’OMS a accordé une autorisation d’utilisation d’urgence aux premiers vaccins et tests de dépistage de la mpox, et aidé à coordonner les dons de six millions de doses de vaccin dans 15 pays.

Cela étant, l’année 2024 a été marquée par des résultats mitigés concernant l’autre urgence de santé publique de portée internationale : la poliomyélite. Nous avons contribué à stopper une épidémie de poliovirus sauvage en Afrique, mais le nombre de cas détectés en Afghanistan et au Pakistan est passé de 12 à 99 en 2024. Depuis le début de l’année, 10 cas ont été signalés.

Face à une résurgence de la poliomyélite dans la bande de Gaza, l’OMS a négocié une pause humanitaire pour mener une campagne de vaccination qui a touché plus de 560 000 enfants. Nous avons endigué la maladie, mais la population de la bande de Gaza continue de faire face à de nombreuses autres menaces. Deux mois après le début du dernier blocus, deux millions de personnes sont privées de nourriture, tandis que 116 000 tonnes de denrées alimentaires sont bloquées à la frontière, à quelques minutes de là.

Le risque de famine s’aggrave dans la bande de Gaza, où l’aide humanitaire – notamment alimentaire – reste délibérément bloquée. Sous l’effet de l’intensification des hostilités, des ordres d’évacuation, du rétrécissement de l’espace humanitaire et du blocus de l’aide, les personnes blessées ne cessent d’affluer vers un système de santé déjà mis à rude épreuve. Des personnes meurent de maladies évitables alors que les médicaments attendent à la frontière, tandis que les attaques contre les hôpitaux privent les gens de soins et les dissuadent d’en demander.

Depuis novembre 2023, l’OMS a appuyé l’évacuation médicale de plus de 7300 patientes et patients, dont 617 atteints de cancer. Nous remercions le St Jude Children’s Research Hospital et l’Union européenne pour leur soutien et leur partenariat qui ont rendu ces évacuations possibles. Cependant, plus de 10 000 patientes et patients ont encore besoin d’être évacués hors de la bande de Gaza pour des raisons médicales.

Nous demandons aux États Membres d’en accepter davantage, et nous demandons à Israël d’autoriser ces évacuations et de permettre l’entrée dans la bande de Gaza de denrées alimentaires et de médicaments vitaux. L’OMS se tient prête, avec ses partenaires des Nations Unies, à agir rapidement pour les livrer, lorsqu’elle sera autorisée à entrer.

Au Soudan, on estime que 32 000 personnes ont été tuées, que 30 % de la population a été déplacée et que 20 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire. Je me suis rendu dans le pays en septembre, où j’ai pu observer les effets de la guerre civile et rencontrer les personnes qui en paient le prix.

La semaine suivante, au Tchad, je me suis rendu dans la ville frontalière d’Adré, où j’ai rencontré quelques-unes des 900 000 personnes réfugiées soudanaises qui ont fui en quête de sécurité et de nourriture. Elles ne représentent qu’une fraction des 122 millions de personnes dans le monde qui ont été forcées de fuir leur foyer.

Dans la bande de Gaza, au Soudan, en Ukraine et ailleurs, nous continuons d’assister à des attaques contre les services de santé, attaques qui deviennent la « nouvelle réalité » des conflits. L’année dernière, nous avons confirmé plus de 1500 attaques contre les services de santé dans 15 pays et territoires, qui ont fait plus de 900 victimes. Dans chaque pays, le meilleur remède est la paix, ainsi qu’une solution politique. J’espère que la paix l’emportera et transcendera les générations. La guerre n’est jamais la solution ; la paix, toujours.

Se fondant sur les enseignements tirés de la COVID-19 et d’autres situations d’urgence sanitaire, l’OMS aide les pays à renforcer leurs capacités par l’intermédiaire du Cadre de préparation et de riposte face aux urgences sanitaires. Nous apportons un appui pour le renforcement des capacités en matière de surveillance génomique et, chaque jour, nous analysons les menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale grâce à une plateforme de veille épidémiologique à partir de sources ouvertes.

L’année dernière, nous avons évalué plus de 15 millions de signaux potentiels provenant de 13 000 sources. Le Fonds de lutte contre les pandémies a fourni 885 millions USD sous forme de subventions, ce qui a permis de mobiliser 6 milliards USD supplémentaires en cofinancement pour soutenir 47 projets dans 75 pays.

Grâce au Centre d’information de l’OMS sur les pandémies et les épidémies à Berlin, le Réseau international de surveillance des agents pathogènes réunit désormais 350 organisations de 100 pays. Le centre de Berlin a été créé sur la base des enseignements tirés de la COVID-19. Le schéma directeur en matière de recherche-développement sur les épidémies et les pandémies régit les consortiums de recherche ouverte collaborative pour 12 familles d’agents pathogènes, auxquels participent plus de 5000 scientifiques afin de stimuler la recherche-développement et de recenser les lacunes dans les contre-mesures.

Je tiens tout particulièrement à saluer la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz) au Brésil, qui dirige l’un de ces consortiums. Je remercie Fiocruz pour son partenariat et lui adresse mes chaleureuses félicitations à l’occasion de son 125e anniversaire. Feliz aniversário, Fiocruz.

Le Centre de transfert de la technologie à ARNm, basé en Afrique du Sud, partage actuellement cette technologie avec un réseau de 15 pays partenaires à l’échelle mondiale. Le Centre mondial de formation de la République de Corée a permis de former plus de 7000 participantes et participants dans le domaine de la biofabrication. Le BioHub facilite le partage d’échantillons. Toutes ces entités reposent également sur les enseignements tirés de la COVID-19. Pas plus tard que le mois dernier, le Corps mondial pour l’action sanitaire d’urgence a organisé une simulation de deux jours, Exercise Polaris, qui a réuni 350 expertes et experts de 15 pays pour tester les capacités de déploiement et de mise en commun de l’expertise en matière de santé lors d’urgences sanitaires. Grâce à la plateforme OpenWHO, plus de neuf millions de personnes ont eu accès à des ressources d’apprentissage, ce qui a favorisé la riposte à 26 flambées épidémiques.

L’an dernier, lors de l’Assemblée, les États Membres ont adopté un ensemble d’amendements au Règlement sanitaire international, et l’OMS aide actuellement les pays à se préparer à leur entrée en vigueur en septembre 2025. Nous appuyons également les examens collégiaux volontaires de l’état de préparation menés au niveau national et mondial dans le cadre de l’examen universel de l’état de santé et de préparation.

L’année dernière, nous avons apporté notre soutien à la réalisation de 19 évaluations externes conjointes, 28 examens a posteriori et 34 exercices de simulation. Pour la première fois, 195 pays rendent compte de leurs capacités au titre du RSI au moyen de l’outil d’autoévaluation pour l’établissement de rapports annuels par les États Parties, le SPAR. Ainsi, les leçons tirées de la COVID ont ouvert la voie à d’importants changements, que nous devons continuer à encourager.

Outre ces activités générales de préparation, nous aidons également les pays à se préparer à des menaces plus précises, comme celle liée au virus Ebola. En collaboration avec Gavi, nous avons vacciné 150 000 agents et agentes de santé dans six pays contre la maladie à virus Ebola afin de prévenir de futures épidémies ; c’est la première fois qu’une telle intervention est menée à des fins autres que la riposte à une épidémie.

Nous avons également soutenu la vaccination de 65 millions de personnes contre la fièvre jaune dans quatre pays. En outre, dans le cadre du Système mondial OMS de surveillance de la grippe et de riposte (GISRS), plus de 12 millions d’échantillons ont été prélevés et analysés et 50 000 échantillons ont été partagés avec les centres collaborateurs de l’OMS pour la grippe. Nous avons recommandé neuf nouveaux virus vaccinaux candidats zoonotiques, qui sont à la disposition des fabricants à l’échelle mondiale pour la production de vaccins en cas de pandémie de grippe. Car comme nous en sommes convenus, la préparation est un travail devant être mené en continu.

Mesdames et Messieurs les Ministres, chères collègues et amies, chers collègues et amis, toutes ces activités visant à promouvoir, à garantir et à protéger la santé sont soutenues par les efforts que nous déployons aux trois niveaux de l’Organisation au titre des quatrième et cinquième priorités du quatorzième programme général de travail : démultiplier les progrès et être efficace au bénéfice de la santé, grâce à la science, aux technologies numériques, aux données et à notre transformation en cours.

L’année dernière, nous avons procédé à un examen de notre transformation, pour voir ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné. Sur la base de cet examen, nous avons redéfini les priorités de la transformation et l’avons alignée sur les priorités du quatorzième programme général de travail. L’une des réussites de la transformation a été l’attention accrue accordée aux domaines de la science, des données et de la santé numérique, qui représentent l’avenir de notre Organisation.

Le travail normatif de l’OMS constitue sa raison d’être, et nous avons rationalisé les processus pour fournir aux États Membres des conseils de la plus haute qualité, fondés sur des données probantes, le plus rapidement possible. L’année dernière, les publications, orientations et autres documents de l’OMS ont été téléchargés 65 millions de fois. Nous avons publié de nouvelles lignes directrices importantes sur la grippe aviaire, l’intelligence artificielle, les essais cliniques, le sevrage tabagique, la mpox et bien d’autres sujets encore.

À partir de cette année, l’élaboration de nos lignes directrices et notre travail normatif seront alignés sur la préqualification, ce qui signifie que lorsque nous préqualifierons un produit, nous publierons en même temps des lignes directrices sur la façon de l’utiliser. Le premier produit concerné par cette nouvelle procédure sera le lénacapavir, un nouveau médicament prometteur pour le traitement et la prévention du VIH.

La mise au point d’un véritable vaccin contre le VIH reste encore une perspective lointaine, mais le lénacapavir est ce qui s’en rapproche le plus dans la mesure où il s’agit d’un antirétroviral injectable administré tous les six mois, dont il a été démontré qu’il prévient la quasi-totalité des infections à VIH chez les personnes à risque. Nous prévoyons de conclure cette année les travaux d’élaboration de lignes directrices et de préqualification, ce qui permettra alors le déploiement de ce produit.

Une autre réussite de la transformation réside dans l’attention croissante que nous portons à la santé numérique. Au cours des cinq dernières années, l’OMS a aidé près de 75 % des États Membres à élaborer des stratégies visant à exploiter les technologies numériques, y compris l’intelligence artificielle, pour renforcer leurs systèmes de santé.

L’OMS héberge le Réseau mondial de certification sanitaire numérique, grâce auquel l’Arabie saoudite, l’Indonésie, la Malaisie et Oman ont pu émettre l’an dernier des résumés internationaux de dossiers médicaux pour 250 000 pèlerines et pèlerins prenant part au Hajj de 2024, à l’appui des soins d’urgence pour 78 % des dossiers numérisés. Cette année, de nombreux autres pays ont décidé d’adhérer à ce réseau, qui compte désormais 82 pays et bénéfice à près de deux milliards de personnes. Je remercie l’Union européenne pour l’appui qu’elle a apporté à cette initiative.

Dans le cadre de notre transformation, nous avons également mis l’accent sur les données. Tous les pays du monde ont à présent accès au Centre mondial de données sanitaires, qui offre un moyen sécurisé et standardisé de promouvoir la transparence, la responsabilisation et les progrès.

Mesdames et Messieurs les Ministres, chères collègues et amies, chers collègues et amis, j’espère que vous conviendrez que nous avons de nombreuses réalisations à célébrer, mais nous savons aussi que de nombreux pays sont confrontés à des défis majeurs. Un grand nombre de ministres m’ont dit que les réductions soudaines et massives de l’aide bilatérale provoquent de graves perturbations dans leurs pays et mettent en péril la santé de millions de personnes. Dans au moins 70 pays, des patientes et patients n’ont pas accès aux traitements, des établissements de santé ont fermé, des agentes et agents de santé ont perdu leur emploi et les individus sont confrontés à une augmentation de leurs dépenses de santé directes.

Malgré les défis posés par cette situation, de nombreux pays y voient également une occasion de sortir de l’ère de la dépendance à l’égard de l’aide et d’accélérer leur transition vers une autonomie durable, fondée sur les ressources nationales. Nous faisons de notre mieux pour aider les pays à opérer cette transition.

Or c’est précisément au moment où les États Membres ont besoin d’une OMS forte que cette dernière est mise à l’épreuve. Notre situation actuelle est difficile, mais elle ne devrait surprendre aucun d’entre nous. Elle se profilait depuis de nombreuses années et nous l’avions anticipée.

Lorsque nous avons entamé la transformation de l’OMS il y a huit ans – dès que j’ai pris mes fonctions de Directeur général – l’un des principaux problèmes auxquels nous nous sommes attaqués était la dépendance excessive de l’OMS à l’égard des financements volontaires à objet désigné provenant d’une poignée de donateurs traditionnels.

Avec votre soutien, nous avons mis en oeuvre plusieurs mesures pour atténuer ce problème au cours des cinq dernières années. Nous avons publié le premier argumentaire d’investissement, créé la Fondation de l’OMS, mené le premier cycle d’investissement et, il y a trois ans, l’Assemblée de la Santé a pris la décision historique d’augmenter progressivement les contributions fixées pour les porter à 50 % du budget de base. Il s’agit de la plus forte augmentation décidée dans l’histoire de notre Organisation. Je vous remercie de votre confiance et de cette décision historique prise en 2022.

Cette semaine, je vous demande d’approuver la prochaine augmentation, afin de faire un pas de plus vers la viabilité financière à long terme et l’indépendance de l’OMS. La première augmentation a déjà eu des effets positifs considérables. Sans elle, notre situation financière actuelle serait bien pire, à hauteur de 300 millions USD. Malgré cela, nous sommes confrontés à un déficit lié aux traitements qui s’élève à plus de 500 millions USD pour le prochain exercice biennal.

Le Secrétariat a pris une série de mesures pour comprimer les coûts liés aux voyages, aux achats, au recrutement, à la retraite anticipée, etc. Ces mesures ont contribué à combler le déficit, mais elles ne suffisent pas et nous n’avons pas d’autre choix que de réduire nos effectifs. Nous procédons à cette réduction avec précaution afin de préserver la qualité de notre travail et de nous donner les moyens de sortir de cette crise plus forts, plus autonomes et plus indépendants.

Comme vous le savez, nous nous sommes engagés dans un processus de réalignement structurel majeur, mené de manière réfléchie et consciencieuse sur la base d’une analyse approfondie des priorités. L’exercice d’établissement des priorités a abouti à une nouvelle structure simplifiée au Siège, où l’équipe de direction est passée de 14 à 7 membres et le nombre de départements de 76 à 34. Certains États Membres ont qualifié cette nouvelle structure de « lean and mean » en anglais, c’est-à-dire à la fois allégée et efficace. Je pense aussi qu’elle est plus ciblée et qu’elle pourrait avoir un impact plus important.

La semaine dernière, j’ai annoncé la composition de notre nouvelle équipe de direction et, dans les semaines à venir, nous désignerons les directrices et directeurs des différents départements. Cette décision a été extrêmement difficile à prendre pour moi, comme c’est le cas pour l'ensemble des responsables de notre Organisation qui doivent décider quels collègues resteront et quels collègues partiront.

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude aux membres sortants de notre équipe de direction : le Dr Mike Ryan, la Dre Samira Asma, le Dr Bruce Aylward, la Dre Catharina Boehme, la Dre Li Ailan et le Dr Jérôme Salomon, qui ont chacun et chacune oeuvré au service de l’Organisation et des peuples du monde entier avec distinction et dévouement. Je vous invite à vous associer à moi pour les remercier de leur contribution.

Excellences, disons-le clairement : des effectifs réduits signifient un champ d’action réduit. L’Organisation ne peut tout simplement pas accomplir tout ce que les États Membres lui ont demandé de faire avec les ressources disponibles. Cette semaine, vous examinerez un budget programme révisé se chiffrant à 4,2 milliards USD pour l’exercice biennal 2026-2027, soit une réduction de 21 % par rapport au budget initialement proposé de 5,3 milliards USD.

Si vous approuvez l’augmentation des contributions fixées, et compte tenu des résultats du cycle d’investissement, nous sommes convaincus d’avoir déjà obtenu plus de 2,6 milliards USD, soit 60 % du financement pour le prochain exercice biennal. Il en résulte un déficit budgétaire prévu de plus de 1,7 milliard USD. Nous savons que dans le paysage actuel, il sera difficile de mobiliser ce montant.

Nous sommes bien conscients du défi que cela représente, mais pour une Organisation qui travaille sur le terrain dans 150 pays, avec la vaste mission et le mandat que les États Membres lui ont confiés, un budget de 4,2 milliards USD pour deux ans — soit 2,1 milliards par an — n’est pas ambitieux ; c’est même extrêmement modeste. J’espère que vous partagerez mon avis, et je vais vous expliquer pourquoi : 2,1 milliards USD, c’est l’équivalent des dépenses militaires engagées à l’échelle mondiale toutes les huit heures ; 2,1 milliards USD, c’est le prix d’un bombardier furtif — destiné à tuer des gens ; 2,1 milliards USD, c’est un quart de ce que l’industrie du tabac dépense chaque année pour la publicité et la promotion de ses produits. Là encore, des produits qui tuent. Il semble que quelqu’un ait inversé les prix de ce qui a vraiment de la valeur dans notre monde.

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue en février — conférence à laquelle j’assiste régulièrement depuis que je suis devenu Ministre des affaires étrangères en 2012 — un Ministre des affaires étrangères m’a parlé de la forte hausse des dépenses allouées à la défense annoncée par certains pays. De nombreux pays comptent doubler ou tripler leurs dépenses de défense, et tout le monde le sait — il s’agit de milliards, voire de milliers de milliards, de dollars. « Nous devons nous préparer au pire », m’a-t-il dit.

Je lui ai répondu : « Je comprends, mais ne faut-il pas aussi se préparer à une attaque d’un ennemi invisible ? Parce que vous ne songez qu’aux chars qui peuvent franchir vos frontières ou aux drones qui peuvent survoler votre territoire ? Mais qu’en est-il de l’ennemi invisible ? La pandémie de COVID-19 a tué environ 20 millions de personnes et a coûté plus de 10 000 milliards USD à l’économie mondiale ».

Je ne pense pas que vous puissiez vous souvenir d’une guerre récente qui aurait tué 20 millions de personnes. Les pays dépensent des sommes colossales pour se protéger contre les attaques d’autres pays, mais relativement peu pour se protéger d’un ennemi invisible capable de faire bien plus de ravages.

Si nous pensons que 2,1 milliards USD par an — ou 4,2 milliards USD pour l’exercice biennal – représente un montant ambitieux, alors soit nous devons revoir à la baisse nos ambitions quant au rôle et à l’action de l’OMS, soit nous devons mobiliser les fonds nécessaires. Je sais quel sera mon choix, et j’espère que ce sera aussi le vôtre. À cet égard, je vous rappelle que demain aura lieu l’événement consacré au cycle d’investissement et que nous espérons de nouvelles annonces de contributions de la part des États Membres et des donateurs à vocation philanthropique.

Mesdames et Messieurs les Ministres, chères collègues et amies, chers collègues et amis, en 1951, l’OMS naissante était déjà secouée par les vents géopolitiques dominants de l’époque – tout comme elle l’est aujourd’hui. Dans son allocution liminaire, la Présidente par intérim de l’Assemblée mondiale de la Santé de cette année-là, Rajkumari Amrit Kaur, première Ministre de la santé de l’Inde et première femme à présider cette Assemblée, a déclaré : « Les nuages qui assombrissent notre ciel aujourd’hui peuvent — et doivent — être dissipés par le respect de notre engagement à nous mettre au service les uns des autres. Notre travail est assurément un héritage précieux auquel nous ne pouvons pas renoncer, et un facteur positif pour surmonter les causes profondes des conflits ». Aujourd’hui, et toute cette semaine, je souhaite que vous vous souveniez de ces paroles.

Nous sommes ici pour servir non pas nos propres intérêts, mais ceux des huit milliards d’habitants de notre planète ; pour laisser un héritage aux générations futures ; pour nos enfants et nos petits-enfants ; et pour oeuvrer ensemble en faveur d’un monde plus sain, plus pacifique et plus équitable. C’est possible. La crise actuelle est l’occasion de le faire et, ensemble, nous y parviendrons.

Je vous remercie.

Accueil de haut niveau (troisième séance plénière, 20 mai 2025)

Excellence M. João Lourenço, Président de l’Angola et Président en exercice de l’Union africaine – merci beaucoup de votre présence, je vous en suis très reconnaissant, Excellence M. le Président, obrigado, Excellence M. Andrej Plenković, Excellence M. Liu Guozhong, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Cheffes et Chefs de délégation, chères collègues et amies, chers collègues et amis,

Je remercie Mesdames Farrah El-Dibany, Elaine Vidal et Eunice Miller d’avoir partagé leur voix – votre cadeau – avec nous ce matin. Je remercie également tous nos jeunes déléguées et délégués qui se sont joints à nous aujourd’hui. Je remercie également les États Membres pour l’adoption historique aujourd’hui de l’Accord de l’OMS sur les pandémies.

J’ai prononcé l’un de mes premiers grands discours après avoir été élu Directeur général à cette Assemblée de la Santé il y a huit ans lors d’un événement organisé à l’Université Columbia à New York. Il m’a été demandé d’aborder la question de savoir si, 100 ans après la pandémie de grippe de 1918, le monde était prêt pour faire face à la prochaine pandémie. La pandémie de grippe était survenue pendant la Première Guerre mondiale ; et bien qu’elle ait entraîné plus de décès que la guerre elle-même, elle a été rapidement oubliée et aucun enseignement n’en a été tiré.

J’avais déclaré qu’une épidémie dévastatrice pourrait survenir à tout moment dans n’importe quel pays et tuer des millions de personnes, parce que nous ne sommes pas préparés à y faire face. J’avais ajouté que la solidité de la sécurité sanitaire mondiale dépendait de son maillon le plus fragile et que personne n’est à l’abri tant que nous ne sommes pas tous en sécurité. Et j’avais indiqué que nous ne savions ni où ni quand se produirait la prochaine pandémie mondiale, mais que nous savions qu’elle aurait un impact terrible tant sur la vie humaine que sur l’économie mondiale.

L’année suivante, en 2018, lors du Sommet mondial des gouvernements qui s’est tenu à Dubaï, j’ai répété la même chose. Et je l’ai répété en 2019, dans un entretien avec le magazine TIME. Plus tard cette année-là, le 31 décembre 2019, j’étais à la maison avec ma famille lorsque j’ai reçu une notification sur mon téléphone. Alors que le reste du monde célébrait l’aube d’une nouvelle année, le personnel de l’OMS à Beijing et à Genève avait détecté les premiers signaux de cas de « pneumonie virale » à Wuhan.

Le lendemain, le 1er janvier 2020, alors que la plupart du monde était en vacances, l’OMS ne l’était pas. Immédiatement, nous avons activé notre système de gestion des incidents d’urgence et alerté le monde, et dans les 10 premiers jours, nous avons réuni des expertes et experts mondiaux et publié des orientations complètes à l’intention des pays sur la façon de protéger leurs populations et leurs systèmes de santé.

Je suis fier de la riposte de l’OMS à la pandémie. Bien entendu, nous ne sommes pas parfaits, personne ne l’est. Toutefois, à partir du moment où nous avons reçu ces premiers signaux, et pendant les trois années suivantes, nous avons accompli les tâches qui nous incombent depuis la création de l’OMS : nous avons agi rapidement, et nous avons communiqué au monde les informations dont on disposait dès le moment où elles nous parvenaient. Nous avons réuni des pays, des expertes et experts ainsi que des partenaires pour examiner les données en rapide évolution et élaborer des orientations sur lesquelles les gouvernements, les agentes et agents de santé et nos partenaires se sont appuyés. Nous nous sommes efforcés de fournir aux États Membres les données probantes, les conseils et les outils nécessaires pour protéger leurs populations, sur la base des données et de nos valeurs d’équité et de solidarité.

La pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a bouleversé notre monde. Elle a fait au moins 20 millions de victimes, et beaucoup d’entre nous dans cette salle ont perdu quelqu’un que nous connaissions ou que nous aimions ; elle a eu un impact terrible sur les agentes et agents de santé, qui ont travaillé dans des conditions extrêmes, souvent sans l’équipement nécessaire ; elle a coûté plus de 10 000 milliards de dollars des États-Unis (USD) à l’économie mondiale ; elle a privé d’innombrables personnes de leurs moyens de subsistance ou les a détruits ; elle a appauvri des millions de personnes et a interrompu l’éducation de millions d’étudiantes et étudiants ; elle a eu de lourdes conséquences sur la santé mentale d’innombrables autres personnes, qui ont souffert de la peur de la maladie ou de la solitude due à l’isolement ; elle a donné lieu à un torrent de mésinformation et de désinformation qui a sapé la confiance dans la science et les institutions, un manque de confiance qui persiste à ce jour ; et elle a exacerbé les tensions politiques, à l’intérieur des nations et entre celles-ci.

Il y a un peu plus de deux ans, j’ai déclaré la fin de la COVID-19 en tant qu’urgence de santé publique de portée internationale. La crise est passée, mais les cicatrices demeurent. Des millions de personnes continuent de souffrir des effets persistants des formes prolongées de la COVID-19, et les répercussions sociales, économiques et politiques se poursuivent.

La pandémie est terminée, mais nous ne savons toujours pas comment elle a commencé. Il demeure important de le comprendre, à la fois en tant qu’impératif scientifique et en tant qu’impératif moral, pour le bien de celles et ceux qui ont perdu la vie. Nous ne devons pas oublier les enseignements douloureux tirés de la COVID-19, et apprendre de ceux-ci. Et ensemble, nous l’avons fait, de 10 façons différentes.

Tout d’abord, le financement : la COVID-19 nous a montré que le financement de la prévention, de la préparation et de la riposte face aux pandémies dans les pays à revenu faible était terriblement insuffisant. C’est ainsi qu’en collaboration avec la Banque mondiale, l’OMS a créé le Fonds de lutte contre les pandémies en 2022, afin de soutenir le renforcement des capacités dans les pays à revenu faible. Le Fonds de lutte contre les pandémies a fourni 885 millions USD sous forme de subventions, permettant ainsi de mobiliser 6 milliards USD supplémentaires en cofinancement pour soutenir 47 projets dans 75 pays.

Deuxièmement, les informations. En effet, la pandémie nous a montré la nécessité de disposer d’informations beaucoup plus solides, de détecter plus tôt les signaux de flambées et de favoriser une riposte plus rapide. C’est pourquoi en 2021, nous avons créé le Centre d’information de l’OMS sur les pandémies et les épidémies. Nous avons également élargi la plateforme initiative de veille épidémiologique à sources ouvertes (initiative EIOS), qui permet de suivre des millions de signaux chaque année, et inclus désormais 103 pays.

Troisièmement, la production locale : la pandémie de COVID-19 nous a appris que la capacité de production de vaccins et d’autres contre-mesures médicales était concentrée dans un trop petit nombre de pays, et que nous avions besoin d’une plus grande diversification géographique de la production. Ainsi, en 2021, nous avons établi le Centre de transfert de la technologie à ARNm, basé en Afrique du Sud, qui partage désormais cette technologie avec un réseau de 15 pays partenaires à l’échelle mondiale. Nous avons également mis en place l’Initiative de l’OMS pour la formation des personnels dans le domaine de la biofabrication, y compris le centre de formation en biofabrication de la République de Corée, qui a permis de former plus de 7000 participantes et participants à la biofabrication.

Quatrièmement, l’accès : la pandémie de COVID-19 a mis en évidence de vastes inégalités dans l’accès aux vaccins et a montré la nécessité d’un mécanisme pour coordonner le partage équitable des vaccins, des traitements, des produits de diagnostic et d’autres outils. Ainsi, en 2020, en collaboration avec un groupement de partenaires, nous avons créé le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) ainsi que le volet COVAX, qui ont permis de distribuer près de deux milliards de doses gratuites de vaccin à 146 pays. Dans les pays à revenu faible, le volet COVAX a représenté 75 % de l’approvisionnement en vaccins, qui ont permis de sauver quelque 2,7 millions de vies. Sur la base des enseignements tirés de l’Accélérateur ACT et du volet COVAX, nous avons mis en place en 2023 le Réseau intérimaire de contre-mesures médicales, lequel a contribué à coordonner l’accès aux vaccins contre la mpox.

Cinquièmement, les chaînes d’approvisionnement. La pandémie a mis en évidence les lacunes et les inefficacités des chaînes d’approvisionnement en produits médicaux vitaux dans les situations d’urgence. C’est pourquoi, en collaboration avec nos partenaires, nous avons élargi et optimisé nos chaînes d’approvisionnement, afin de garantir que les fournitures nécessaires d’urgence parviennent à temps et à chaque fois là où des personnes en ont besoin.
Sixièmement, le partage d’échantillons. La pandémie a souligné la nécessité de disposer d’un mécanisme permettant aux pays de partager des échantillons et des séquences d’agents pathogènes, afin de faciliter la recherche-développement. Avec le soutien de la Confédération suisse, nous avons mis en place le BioHub, qui facilite l’échange d’agents pathogènes à potentiel épidémique et pandémique. De même, le schéma directeur en matière de recherche-développement sur les épidémies et les pandémies régit les consortiums de recherche ouverte collaborative pour 12 familles d’agents pathogènes, auxquels participent plus de 5000 scientifiques afin de stimuler la recherche-développement et de recenser les lacunes dans les contre-mesures.

Septièmement, un déploiement rapide. La pandémie a mis en évidence la nécessité d’un système international pour coordonner le déploiement rapide d’expertes et d'experts en vue de faire face aux situations d’urgence au niveau national, régional et mondial. C’est ainsi qu’en 2023, nous avons créé le Corps mondial pour l’action sanitaire d’urgence, qui a organisé le mois dernier une simulation de deux jours appelée Exercise Polaris, avec 350 expertes et experts de 15 pays.

Huitièmement, le Règlement sanitaire international. La COVID-19 a mis en évidence les limites du Règlement sanitaire international (2005), raison pour laquelle vous avez négocié et adopté un ensemble d’amendements visant à le renforcer.

Neuvièmement, l’examen universel de l’état de santé et de préparation. La pandémie a mis en évidence la nécessité d’une responsabilisation accrue, et de ce fait nous avons créé l’examen universel de l’état de santé et de préparation, qui est un mécanisme d’examen par les pairs.

Et enfin dixièmement, la pandémie nous a montré que les agents pathogènes n’ont pas de passeport, que les virus n’ont pas besoin de visa et que les insectes ne respectent pas les frontières. Malgré tout ce qui nous différencie, nous formons une seule espèce, et partageons la même planète, le même ADN et les mêmes vulnérabilités.

Une menace commune exige une riposte commune. C’est ainsi qu’en 2021, vous, les États Membres, avez pris la décision historique de négocier un nouvel accord juridiquement contraignant sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies. Hier soir, vous l’avez approuvé : 124 États Membres ont voté pour, et aucun n’a voté contre. Nous reconnaissons que 11 pays se sont abstenus et nous espérons que l’ensemble des États Membres continueront de coopérer pour répondre aux préoccupations de certains d’entre vous.

Et ce matin, vous l’avez adopté. Beaucoup de personnes nous ont aidés à parvenir à ce résultat ; elles sont trop nombreuses pour être nommées, mais je tiens tout particulièrement à remercier trois personnes qui ont été les premières à proposer et à encourager cette idée : Son Excellence Kais Saied, le Président de la Tunisie, qui a proposé l’idée lors d’un appel téléphonique ; Son Excellence Sebastian Piñera, le Président du Chili, et Son Excellence Charles Michel, ancien président du Conseil européen.

Je remercie également les Coprésidents de l’organe intergouvernemental de négociation qui nous ont guidés tout au long de ce processus : l’Ambassadrice Anne-Claire Amprou, (France), Mme Precious Matsoso, (Afrique du Sud), et l’ancien coprésident, M. Roland Driece (Royaume des Pays-Bas).

Je remercie également nos Vice-Présidents : l’Ambassadeur Tovar da Silva Nunes (Brésil), l’Ambassadeur Ramadan (Égypte), le Dr Viroj Tangcharoensathien (Thaïlande), Mme Fleur Davies (Australie), et nos anciens vice-présidents, l’Ambassadeur Ahmed Salama (Égypte), l’Ambassadeur Honsei Kozo (Japon) et M. Kazuho Taguchi (Japon).
Et je remercie mes collègues du Secrétariat de l’OMS qui ont travaillé sans relâche pour soutenir ce processus au cours des dernières années : mon Directeur général adjoint, le Dr Mike Ryan, le Dr Jaouad Mahjour, ainsi que les nombreux collègues qui leur ont apporté un soutien.

Au cours des trois dernières années et demie, vous vous êtes engagés dans des négociations très difficiles. Parfois, les désaccords étaient vifs, les discussions animées et la frustration évidente ; parfois, il semblait que la distance entre vous était trop grande pour être surmontée.

Certaines personnes disaient que vous ne réussiriez pas, que vous ne pourriez pas réussir, et ne voulaient pas que vous réussissiez. Mais vous avez gardé bien en vue l’objectif espéré et ne vous êtes pas arrêtés avant d’y être parvenus. Vous ne vouliez pas renoncer à cet objectif si important. Étape par étape, vous êtes passé des lignes en rouge au texte en vert ; des positions retranchées aux terrains d’entente ; et de la contradiction au compromis, à la convergence et au consensus.

Vous avez commencé votre travail au milieu d’une situation de crise, et vous avez franchi ce cap au milieu d’une autre. Et aujourd’hui, nous célébrons votre réussite.

Aujourd’hui, vous avez envoyé un message fort qui dit que non seulement le multilatéralisme fonctionne, mais qu’il constitue le seul moyen de trouver des solutions partagées à des menaces communes. Ne sous-estimons pas ce que vous avez accompli : vous avez rendu le monde plus sûr ; en établissant un nouveau système de partage des agents pathogènes, des vaccins et d’autres outils ; en facilitant le transfert de technologies, de connaissances, de compétences et d’expertise ; en mettant en place un mécanisme de coordination financière ; en établissant un réseau de chaîne d’approvisionnement et de logistique d’envergure mondiale ; en mobilisant des ressources humaines nationales et mondiales qualifiées, formées et pluridisciplinaires pour les situations d’urgence sanitaire ; et bien plus encore. C’est ce que fera l’Accord sur les pandémies.

Mais il y a une chose qu’il ne fera pas : il n’empiétera en aucune manière sur la souveraineté nationale, ni ne donnera au Secrétariat de l’OMS le pouvoir d’imposer le port du masque, une obligation vaccinale ou des confinements. Quiconque affirme le contraire se trompe lourdement. Vous, les États Membres, avez été très clairs à ce sujet dans le texte de l’Accord lui-même.

Vous êtes toutes et tous conscients du torrent de mésinformation et de désinformation auquel nous avons été confrontés lors de la négociation de cet Accord. Et bien que vous l’ayez maintenant adopté, la tromperie et la distorsion continueront. Alors, soyons très clairs à ce sujet : cet Accord sur les pandémies a été négocié par les pays et pour les pays, et il sera mis en oeuvre dans les pays conformément à leurs propres législations nationales. Personne ne le sait mieux que vous. Il ne m’appartient pas, pas plus qu’il n’appartient à mes collègues du Secrétariat de l’OMS. Il vous appartient, à vous, les nations du monde, et à vos peuples.

Et bien sûr, si nous célébrons aujourd’hui le franchissement d’une étape importante, ce n’est pas la fin de notre périple. Nous n’avons pas encore atteint notre destination. Dans les semaines et les mois à venir, vous entamerez le processus de négociation de l’annexe sur le Système d’accès aux agents pathogènes et de partage des avantages découlant de leur utilisation, le Système PABS.

Après cela, le processus de ratification commencera, avant que l’Accord n’entre enfin en vigueur. Il y aura encore des obstacles à surmonter. Mais j’ai vu l’engagement qui vous a permis d’arriver jusqu’ici et je suis persuadé que vous irez jusqu’au bout.

Permettez-moi de revenir à la question que l’on m’a demandé d’aborder dans un discours à l’Université Columbia : le monde est-il prêt pour la prochaine pandémie ? D’ailleurs, beaucoup de gens me posent cette question maintenant, sommes-nous prêts ?

Ma réponse : on n’est jamais assez préparé. On peut toujours faire plus. Mais sommes-nous mieux préparés aujourd’hui que nous ne l’étions lorsque la COVID-19 a frappé il y a cinq ans ? Ma réponse : absolument. Grâce à cet Accord, nous sommes mieux préparés à une pandémie que toute autre génération dans l’histoire.

Et c’est vrai. J’en reviens aux 10 domaines évoqués précédemment. Pendant la négociation de l’Accord sur les pandémies, nous avons travaillé sur ces domaines. Parce que le monde a appris des difficultés posées par la COVID. Il y aura toujours des échecs. Mais la question est de savoir si nous avons tiré les leçons de l’expérience. Je pense que c’est le cas, et c’est pourquoi nous oeuvrons à renforcer ces 10 domaines. Le plus important étant le dixième, l’Accord sur les pandémies.

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, chères collègues et amies, chers collègues et amis, depuis 1948, les nations du monde se réunissent à l’Assemblée mondiale de la Santé pour discuter des menaces sanitaires communes et trouver une voie commune pour aller de l’avant.

Il y a eu de nombreux moments historiques. En 1969, l’Assemblée a adopté le Règlement sanitaire international ; en 1974, elle a approuvé le Programme élargi de vaccination, qui a sauvé la vie de millions d’enfants ; en 1980, elle a déclaré l’éradication de la variole ; en 1988, elle a adopté une résolution visant à éradiquer la poliomyélite ; en 2003, elle a adopté la Convention-cadre pour la lutte antitabac, qui sauve également des vies ; et en 2021, dès la deuxième session extraordinaire de l’Assemblée de la Santé, vous avez décidé de négocier un nouvel accord international sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.

L’adoption ce matin de l’Accord de l’OMS sur les pandémies figurera parmi les réalisations les plus importantes de l’histoire de cette Organisation et de la santé mondiale. Celles et ceux d’entre nous qui ont eu la chance d’être dans cette salle à 1 h 57 du matin le 16 avril 2025, ou en Commission A hier soir, ou ici ce matin, s’en souviendront toute leur vie. Nous serons toutes et tous fiers de dire : « J’y étais ».

Mais au-delà des termes de l’Accord, sur lesquels vous avez passé tant d’heures à discuter, à débattre et à décider, ce qui compte, ce sont les gens, les peuples de notre monde. Il s’agit de rendre le monde plus sûr pour eux, et pour leurs enfants et petits-enfants. Pour nous, et pour nos enfants et petits-enfants. Ensemble.

Merci de votre détermination à y parvenir. De nombreuses personnes étaient sceptiques, mais vous avez réussi, grâce à votre détermination et à votre engagement. Je vous ai vu passer toute la nuit dans un auditorium sans fenêtre, en sous-sol. J’ai été très ému de vous voir négocier tout au long de la nuit, de 9 heures du soir à 9 heures du matin, sans interruption. Cela m’a vraiment bouleversé, et j’ai pu voir la détermination et l’engagement qui ont permis de franchir cette étape.

Merci de montrer que dans notre monde troublé, les nations peuvent encore trouver un moyen de travailler ensemble ; et merci pour le cadeau que vous avez fait au monde aujourd’hui. Un cadeau spécial le 20 mai 2025. C’est votre cadeau aux peuples du monde, le meilleur des cadeaux.

Merci beaucoup.