Bonjour ou bonsoir,
Je suis inquiet de constater que le nombre de cas de COVID-19 continue d’augmenter, accentuant la pression sur des systèmes de santé et des soignants mis à rude épreuve. Je m’inquiète également de la tendance à la hausse du nombre de décès.
Le Comité d’urgence sur la COVID-19 s’est réuni vendredi dernier et a conclu que le virus représentait encore une urgence de santé publique de portée internationale.
Il a fait part de sa préoccupation au sujet de plusieurs problèmes interdépendants.
Premièrement, les sous-variants d’Omicron, comme BA.4 et BA.5, continuent de provoquer des vagues de cas, d’hospitalisations et de décès dans le monde entier.
Deuxièmement, la surveillance a considérablement reculé – y compris les tests et le séquençage – ce qui rend de plus en plus difficile l’évaluation de l’impact des variants sur la transmission, les caractéristiques de la maladie et l’efficacité des mesures de lutte.
Troisièmement, les outils de diagnostic, les traitements et les vaccins ne sont pas déployés efficacement.
Le virus circule librement et les pays ne gèrent pas efficacement la charge de morbidité en fonction de leurs capacités, tant en termes d’hospitalisation des cas aigus que du nombre croissant de personnes atteintes d’affections post-COVID-19 – souvent appelées formes prolongées de la COVID-19.
Enfin, il existe un décalage important dans la perception des risques liés à la COVID-19 entre les scientifiques, les dirigeants politiques et le grand public.
L’enjeu consiste à communiquer sur les risques tout en renforçant la confiance de la population dans les outils de santé et les mesures sociales de santé publique comme le port du masque, la distanciation et la ventilation.
Le Comité a formulé une série de recommandations, dont plusieurs sur lesquelles je souhaite insister.
De nouvelles vagues du virus montrent une fois de plus que nous sommes loin d’en avoir fini avec la COVID-19.
Alors que le virus nous attaque, nous devons riposter.
Nous sommes dans une bien meilleure situation qu’au début de la pandémie.
Bien entendu, beaucoup de progrès ont été faits.
Nous disposons d’outils sûrs et efficaces pour prévenir les infections et éviter les hospitalisations et les décès.
Cependant, nous ne devons pas les considérer comme acquis.
Alors que les Ministres des finances du G-20 se réunissent la semaine prochaine, il est essentiel que les gouvernements du monde entier financent l’OMS et l’Accélérateur ACT pour assurer la distribution équitable des outils de santé.
Avec l’intensification de la transmission et l’augmentation du nombre d’hospitalisations, les gouvernements doivent également appliquer des mesures qui ont fait la preuve de leur efficacité, telles que le port du masque et l’amélioration de la ventilation et des protocoles de test et de traitement.
J’exhorte les pouvoirs publics à revoir et à ajuster régulièrement leurs plans de riposte à la COVID-19 en fonction de la situation épidémiologique et de la possibilité que de nouveaux variants apparaissent.
Les pouvoirs publics devraient également s’efforcer de contrer le recul de la surveillance, des tests et du séquençage, et de partager efficacement les antiviraux.
Les vaccins ont sauvé des millions de vies et il est important que les pouvoirs publics privilégient les populations les plus à risque, en recherchant les personnes non vaccinées afin d’atteindre une couverture vaccinale de 70 %.
La planification et la lutte contre la COVID-19 devraient également aller de pair avec la vaccination contre des maladies mortelles comme la rougeole, la pneumonie et la diarrhée.
Il n’est pas question de devoir choisir, les deux sont possibles.
Et de nouveaux vaccins, y compris ceux contre le VPH et le paludisme, devraient continuer à être introduits.
L’OMS a publié aujourd’hui le tout premier rapport sur les vaccins dont la mise au point est en cours pour prévenir les infections causées par des bactéries pathogènes résistantes aux antimicrobiens.
Ce rapport examine certains des problèmes auxquels se heurte la mise au point de vaccins et propose des approches révolutionnaires pour favoriser l’innovation dans un domaine qui a été considérablement négligé.
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Je suis heureux d’avoir aujourd’hui à mes côtés les membres du Conseil scientifique de l’OMS, que j’ai créé il y a un peu plus d’un an pour avoir des conseils sur les avancées scientifiques et technologiques qui affectent la santé mondiale.
Dirigé par le Dr Harold Varmus, le Conseil scientifique vient d’avoir sa première réunion en présentiel, au cours de laquelle il s’est principalement intéressé à la génomique compte tenu de ses conséquences pour la santé publique et des enjeux liés à son essor dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Pendant la pandémie de COVID-19, la génomique a été essentielle à la détection initiale du virus puis des variants et a également servi à mettre au point des tests, des traitements et des vaccins.
Comme indiqué dans la nouvelle stratégie mondiale de l’OMS sur la surveillance génomique, qui s’étend sur 10 ans, la surveillance génomique couvre la détection des maladies, le renforcement des systèmes de laboratoire, la mise au point de tests et le partage et l’analyse de données afin que de nouveaux outils de santé puissent être mis au point et déployés.
De plus, la génomique présente un potentiel énorme pour la santé humaine, au-delà de la surveillance des agents pathogènes.
Il est temps que les pays investissent dans les infrastructures et les ressources humaines dans ce domaine.
Pour nous en dire plus sur le travail du Conseil scientifique, je cède la parole au Dr Harold Varmus.
Dr Varmus, vous avez la parole.
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Le Dr Harold Varmus prend la parole.
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Merci Dr Varmus pour cet exposé détaillé du travail du Conseil scientifique et de la génomique.
Je partage totalement votre avis sur l’importance d’augmenter les capacités de séquençage génomique à l’échelle mondiale et de veiller à ce que suffisamment de bioanalystes soient formés pour agir au moment du séquençage.
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En ce qui concerne la variole du singe, on compte maintenant 9200 cas dans 63 pays.
Le Comité d’urgence sur la variole du singe se réunira à nouveau la semaine prochaine et examinera les tendances et l’efficacité des mesures de lutte puis formulera des recommandations sur ce que les pays et les communautés devraient faire pour lutter contre l’épidémie.
Entre-temps, une approche multidimensionnelle continue à être appliquée :
Premièrement, l’OMS collabore étroitement avec la société civile et la communauté LGBTIQ+, notamment pour lutter contre la stigmatisation autour du virus et pour diffuser des informations afin que les gens puissent se protéger.
Deuxièmement, l’OMS continue de collaborer avec les pays et les fabricants de vaccins pour coordonner la répartition des vaccins, qui sont actuellement rares.
Troisièmement, l’OMS continue de collaborer avec les pays et les experts pour faire progresser la recherche-développement.
Dimanche et lundi, l’Institut national de recherche biomédicale de la République démocratique du Congo, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale et le National Institute of Allergy and Infectious Diseases, en collaboration avec l’OMS, ont réuni des chercheurs et des experts dans le cadre d’essais dans le monde entier afin de parvenir à un consensus sur un protocole mondial CORE pour l’évaluation des traitements de la variole du singe.
J’insiste à nouveau sur le fait que nous devons nous efforcer d’enrayer la transmission et conseiller aux pouvoirs publics de rechercher les contacts pour aider à suivre et à endiguer le virus et pour aider les personnes isolées.
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Au Ghana, il y a actuellement deux cas suspects de maladie à virus Marburg.
Le pays envoie actuellement des échantillons à l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal) pour vérification.
Parallèlement, le Ministère de la santé a instauré une recherche préventive des contacts, des enquêtes sur les cas et une préparation dans les établissements de santé, avec le soutien de l’OMS.
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Enfin, en ce qui concerne la Syrie :
La reconduction de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les opérations transfrontalières dans le nord-ouest de la Syrie est une très bonne nouvelle pour les près de quatre millions et demi de Syriens dont la vie et la santé dépendent de cet accès humanitaire.
L’OMS et ses partenaires continueront de livrer des fournitures vitales et de prodiguer des soins à cette population vulnérable, composée à 80 % de femmes et d’enfants.
Nous remercions le Conseil de sécurité d’avoir protégé et assuré cette opération indispensable au service des civils et d’avoir évité une interruption presque totale de l’aide vitale.
Tarik, c’est à vous.