Mesdames et Messieurs les délégués et représentants des administrations publiques, de la société civile et des Nations Unies,
Chers collègues et amis,
Bienvenue à l’OMS.
Je me réjouis de vous voir aussi nombreux ici et de compter plus de 100 pays représentés.
L’allaitement maternel est l’une des mesures de santé publique les plus efficaces dont nous disposons pour protéger la santé des nourrissons et des jeunes enfants.
Mais les pratiques agressives de commercialisation des substituts du lait maternel déployées pendant des décennies ont entraîné une réduction significative des taux d’allaitement maternel exclusif, touchant particulièrement les populations à faible revenu et les personnes vivant en temps de guerre ou dans des environnements fragiles.
Cette situation a abouti à l’introduction du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, en 1981.
Ce code vise à protéger la santé, la nutrition et le développement au cours des premières années de vie, afin que les parents et les aidants reçoivent des avis médicaux judicieux qui soient dépourvus d’intérêts commerciaux.
Il s’agit là d’une obligation fondamentale en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant et d’autres instruments pertinents des Nations Unies consacrés aux droits humains.
Depuis l’introduction du Code il y a plus de quarante ans, de nets progrès ont été réalisés.
Aujourd’hui, les taux d’allaitement maternel exclusif au cours des six premiers mois de vie ont atteint leur niveau le plus élevé depuis que nous avons commencé à les mesurer dans les années 1980.
Au cours des 10 dernières années, l’allaitement maternel exclusif a progressé de dix points de pourcentage à l’échelle mondiale, ce qui représente 48 % des enfants de moins de 6 mois.
Ce résultat est très proche de l’objectif de 50 % d’ici à 2025 fixé par l’Assemblée mondiale de la Santé, et nous encourage à redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif de 70 % d’ici à 2030.
Les effets du Code ne font aucun doute.
Dans les pays dont la législation est essentiellement alignée sur le Code, les taux d’allaitement maternel exclusif sont 20 points de pourcentage plus élevés que dans les pays qui n’ont pas une telle législation.
Par ailleurs, la poursuite de l’allaitement maternel au cours des deux premières années de vie est plus de deux fois plus élevée lorsque la législation est essentiellement alignée sur le Code.
Aujourd’hui, le Code est tout aussi pertinent qu’il l’était il y a 40 ans, si ce n’est plus.
Toutefois, peu de progrès ont été réalisés dans les pays à revenu élevé. Le Code n’ayant pas débouché sur une législation contraignante et efficace, les taux d’allaitement maternel exclusif stagnent.
Lorsque le Code a été approuvé par l’Assemblée mondiale de la Santé en 1981, les principales préoccupations portaient sur l’utilisation d’eau contaminée dans les préparations pour nourrissons au sein des populations pauvres et la dilution excessive de ces préparations en cas de ressources limitées.
Mais, au cours des dernières décennies, les travaux de recherche nous ont permis de beaucoup mieux saisir l’importance que revêt l’allaitement maternel à la fois pour les mères et les enfants, dans les pays à faible revenu comme dans les pays à revenu élevé.
Nous savons maintenant qu’un allaitement maternel insuffisant augmente les risques d’obésité infantile, de mort subite inexpliquée du nourrisson, de leucémie, de diabète maternel et de cancer.
Au fur et à mesure que les connaissances sur l’allaitement maternel progressent, la nature des pratiques de commercialisation évolue.
Les techniques traditionnelles, telles que les panneaux publicitaires ou les images de bébés mignons sur les étiquettes des préparations pour nourrissons, ont été largement remplacées par des stratégies de marketing numérique.
Il s’agit notamment de publicités ciblées sur les téléphones portables des femmes enceintes, de la participation déguisée à des « baby clubs » en ligne (plateformes consacrées à la petite enfance) ou de techniques visant à inciter les mères à faire la promotion des préparations pour nourrissons auprès d’autres mères.
L’industrie a également élargi ses gammes de produits pour inclure de plus en plus de préparations spécialisées et de laits de suite qui font concurrence à la poursuite de l’allaitement.
Au cours des 40 dernières années, l’Assemblée mondiale de la Santé a appelé à plusieurs reprises les États Membres à mettre en application le Code, dont elle a précisé ou étoffé les dispositions.
Elle a notamment clarifié la définition des substituts du lait maternel et recommandé de lutter contre la distribution gratuite de produits aux établissements de santé, contre les allégations nutritionnelles et sanitaires douteuses et contre les conflits d’intérêts générés par le financement de groupements de professionnels de la santé.
Plus de deux États Membres de l’OMS sur trois ont promulgué une législation qui met en œuvre au moins certaines des dispositions du Code.
Et pourtant, il reste encore beaucoup à faire.
Dans la plupart des pays, la législation comporte encore de nombreuses lacunes qui permettent de promouvoir les substituts du lait maternel, ce qui va à l’encontre de l’allaitement maternel.
Seuls 32 pays ont une législation jugée comme étant essentiellement alignée sur le Code.
Qui plus est, les mécanismes de suivi et de contrôle de l’application des dispositions sont insuffisants dans pratiquement tous les pays.
En participant à ce congrès, vous vous engagez à renforcer vos activités sur l’application des dispositions du Code, à l’échelle nationale et mondiale.
Vous échangerez au sujet des mesures efficaces et éprouvées à prendre.
Vous élaborerez des feuilles de route et des plans de travail nationaux.
En outre, vous bâtirez des réseaux avec d’autres pays, dans votre région et dans le monde entier, afin de pouvoir échanger des informations et vous soutenir mutuellement tout au long de ce processus.
L’OMS et l’UNICEF se réjouissent de travailler avec vous pour renforcer la sensibilisation au Code, la législation connexe, ainsi que le suivi et le contrôle de l’application des dispositions.
Arrêtons de commercialiser la santé de nos enfants. Il est temps de mettre fin aux pratiques de marketing abusives.
Je vous souhaite une semaine des plus fructueuses, en espérant qu’elle sera aussi agréable que productive.
Je vous remercie.