Bonjour ou bonsoir,

Commençons par quelques bonnes nouvelles.

Mercredi dernier, la fin de la flambée de maladie à virus Marburg a été déclarée en Tanzanie.

Bien que cette flambée ait entraîné 10 décès, ç’aurait pu être bien pire.

Nous félicitons le Gouvernement, le personnel soignant, les communautés touchées et tous les partenaires qui ont soutenu la riposte à la flambée.

L’OMS est fière d’avoir participé en apportant au Gouvernement un soutien technique, opérationnel et financier.

Je remercie tout particulièrement la Présidente pour son leadership.

===

En Ouganda, aucun nouveau cas de maladie à virus Ebola n’a été signalé depuis le 2 mars et aucun patient n’est en cours de traitement. Ce sont aussi de bonnes nouvelles. Pourvu que cela continue.

À ce jour, douze cas confirmés et deux cas probables, dont quatre mortels, ont été signalés. 

L’OMS soutient les enquêtes visant à identifier la source de la flambée et à mettre en évidence les chaînes de transmission.

Et aujourd’hui, le Burundi est devenu le 18e pays à introduire les vaccins antipaludiques dans son programme de vaccination des enfants.

La première phase concerne les 25 districts les plus touchés par le paludisme.

Le Ministère de la santé a pour objectif de vacciner plus de 250 000 enfants cette année, avec le soutien de l’OMS, de Gavi et de l’UNICEF.

Nous prévoyons que d’ici à la fin de 2025, 25 pays auront introduit les vaccins antipaludiques dans leurs programmes de vaccination des enfants.

Ces vaccins pourraient sauver des dizaines de milliers d’enfants chaque année.

Cependant, bon nombre des progrès réalisés au cours des 20 dernières années dans la lutte contre le paludisme sont aujourd’hui menacés en raison de net recul du financement de l’action sanitaire mondiale par les États-Unis d’Amérique.

Soyons clairs, je ne parle pas de la décision des États-Unis d’Amérique de se retirer de l’OMS. Je ne ferai pas de commentaires à ce sujet aujourd’hui.

Je parle du net recul du financement direct des États-Unis d’Amérique en faveur des pays par l’intermédiaire d’USAID, des CDC et d’autres organismes.

Les conséquences de cette situation, que nous constatons déjà, se feront de plus en plus sentir.

L’approvisionnement en outils de diagnostic du paludisme, en médicaments et en moustiquaires imprégnées d’insecticide est aujourd’hui gravement perturbé en raison de ruptures de stock, de retards de livraison ou d’un manque de financement.

Au cours des deux dernières décennies, les États-Unis d’Amérique ont été le plus grand donateur bilatéral pour la lutte contre le paludisme et ont contribué ainsi à prévenir environ 2,2 milliards de cas et 12,7 millions de décès.

Si les perturbations se poursuivent, il pourrait y avoir 15 millions de cas supplémentaires de paludisme et 107 000 décès cette année seulement, ce qui réduirait à néant 15 ans de progrès.

La situation est similaire en ce qui concerne l’infection à VIH. La suspension de la plupart des financements du PEPFAR – le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida – a entraîné l’arrêt immédiat des services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH dans plus de 50 pays.

Huit pays connaissent aujourd’hui des perturbations importantes des traitements antirétroviraux et seront à court de certains médicaments dans les mois à venir.

Les perturbations des programmes de lutte contre le VIH pourraient anéantir 20 ans de progrès et entraîner plus de 10 millions de cas supplémentaires d’infections à VIH et 3 millions de décès, soit plus trois fois le nombre de décès enregistrés l’année dernière.

En ce qui concerne la tuberculose, 27 pays d’Afrique et d’Asie sont confrontés à des défaillances catastrophiques pour leur riposte, dont des pénuries de ressources humaines, des perturbations du diagnostic et du traitement, l’effondrement des systèmes de données et de surveillance et la dégradation de la mobilisation communautaire, qui est vitale.

Neuf pays ont signalé des défaillances de l’approvisionnement en médicaments antituberculeux et des achats, ce qui met en jeu la vie des personnes atteintes de tuberculose.

Au cours des deux dernières décennies, le soutien des États-Unis d’Amérique aux services de lutte contre la tuberculose a permis de sauver près de 80 millions de vies. Ces progrès également sont menacés. 

En ce qui concerne la vaccination, le Réseau mondial OMS de laboratoires de la rougeole et de la rubéole, qui compte plus de 700 laboratoires et qui était financé exclusivement par les États-Unis d’Amérique, risque de cesser son activité incessamment.

Cela arrive au pire moment possible, alors que l’on assiste à un retour de la rougeole.

L’année dernière, il y a eu 57 flambées épidémiques de rougeole de grande ampleur ou perturbatrices, et ce nombre est en augmentation depuis trois ans.

Depuis 1974, les vaccins contre la rougeole ont sauvé près de 94 millions de vies, mais ces progrès sont également menacés.

Le recul marqué et soudain du financement par les États-Unis d’Amérique touche également les efforts déployés pour éradiquer la poliomyélite, surveiller l’émergence de maladies telles que la grippe aviaire et faire face aux épidémies et aux crises humanitaires.

Près de 24 millions de personnes en proie à de telles crises risquent de ne pas pouvoir accéder aux services de santé essentiels.

Plus de 2600 établissements de santé situés dans 12 zones traversant des crises humanitaires ont déjà suspendu leurs services au moins partiellement, ou le feront très bientôt.

Dans de nombreux pays, la perte soudaine du financement des États-Unis d’Amérique risque de remettre en cause les progrès en matière de lutte contre les maladies, de taux de vaccination, de santé de la mère et de l’enfant et de préparation aux situations d’urgence.

À Cox’s Bazar, au Bangladesh – le plus grand camp de réfugiés au monde – le diagnostic et le traitement de l’hépatite C ont été perturbés, ainsi que la surveillance de la maladie, les soins de santé primaires et secondaires, les services de laboratoire, l’achat de fournitures et les salaires du personnel soignant.

L’Administration des États-Unis d’Amérique a été extrêmement généreuse pendant de nombreuses années et, bien entendu, elle a le droit de décider à quoi elle apporte son soutien, et dans quelle mesure.

Mais les États-Unis d’Amérique doivent également s’assurer que, s’ils retirent le financement direct des pays, ils le font d’une manière ordonnée et humaine afin que les pays puissent trouver d’autres sources de financement.

Nous demandons aux États-Unis d’Amérique de reconsidérer leurs décisions concernant le soutien en faveur de la santé mondiale, qui non seulement sauve des vies dans le monde entier, mais rend également les États-Unis d’Amérique plus sûrs, car il évite que les épidémies se propagent à l’échelle internationale.

Et parce que la santé est une richesse, la lutte contre les maladies dans le monde entier favorise la croissance économique et la stabilité mondiales, ce qui profite aux États-Unis d’Amérique.

Si les États-Unis d’Amérique décident de ne pas rétablir le financement direct des pays, nous leur demandons d’engager un dialogue avec les pays touchés afin que des plans puissent être établis pour trouver des solutions plus durables permettant de ne plus dépendre du financement des États-Unis d’Amérique sans entraîner des perturbations qui provoquent des décès.

Que les États-Unis d’Amérique rétablissent ou non le financement, d’autres donateurs devront prendre des initiatives, mais les pays qui ont bénéficié du financement des États-Unis d’Amérique doivent eux aussi prendre des initiatives, dans la mesure du possible.

L’OMS demande depuis longtemps à tous les pays d’augmenter progressivement leurs dépenses nationales de santé, et c’est aujourd’hui plus important que jamais.

===

La semaine prochaine, l’OMS et le Gouvernement colombien, avec d’autres partenaires, accueilleront la deuxième Conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé, à Carthagène.

Environ sept millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air, principalement de maladies respiratoires et cardiovasculaires.

Beaucoup de villes et de pays montrent que le changement est possible, mais que les progrès sont trop lents.

Nous appelons tous les pays à prendre des engagements audacieux et réalistes lors de la conférence de la semaine prochaine pour réduire la pollution de l’air et sauver des vies.

===

Enfin, la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose sera célébrée lundi prochain.

Comme je l’ai dit plus tôt, les coupes budgétaires dans les programmes de lutte contre la tuberculose ont de graves répercussions sur les communautés touchées.

En 2018, l’OMS a créé le Groupe spécial de la société civile sur la tuberculose, afin d’entendre et d’amplifier la voix de ces communautés, pour que nous puissions tenir compte de leurs besoins dans notre travail.

J’ai le plaisir d’accueillir Handaa Enkh-Amgalan, de Mongolie, membre du Groupe spécial de la société civile sur la tuberculose, qui va nous en dire plus.

Bienvenue, Handaa. Vous avez la parole.

[MME MAALSEN S’ADRESSE AUX MÉDIAS]

Merci, Handaa, de partager votre point de vue, et merci pour le travail que vous et toutes les organisations de la société civile accomplissez. L’OMS reste déterminée, je vous l’assure, à travailler à vos côtés en cette période difficile.

Christian, je vous rends la parole.