Bonjour, bon après-midi, bonsoir.

J’ai souvent dit que la couverture sanitaire universelle et la sécurité sanitaire représentent les deux faces d’une même médaille.

Toutes deux reposent sur des systèmes de santé résilients et efficaces susceptibles d’être renforcés pour répondre à des situations d’urgence.

Ces systèmes de santé constituent une première ligne de défense vitale contre les flambées à potentiel épidémique ou pandémique.

Mais ils sont essentiels aussi pour promouvoir la santé, prévenir les maladies transmissibles et non transmissibles et réduire les inégalités.

Cette semaine, l’OMS a publié une nouvelle note de synthèse sur la mise en place de systèmes de santé résilients comme fondement du redressement et du développement économiques.

La note contient sept recommandations concernant des mesures spécifiques à prendre dans chaque domaine.

Nous invitons instamment tous les pays à les mettre en œuvre pour se prévaloir des avantages qu’elles présentent.

Chaque système de santé repose à son tour sur le personnel de santé – c’est-à-dire les soignants qui dispensent les services auxquels nous faisons tous appel pendant notre existence.

La pandémie révèle parfaitement à quel point nous sommes dépendants des agents de santé et à quel point nous sommes vulnérables lorsque ceux qui protègent notre santé sont eux-mêmes privés de protection.

Or, selon les estimations d’une nouvelle note de synthèse de l’OMS, la COVID-19 aurait entraîné la mort de 115 000 agents de santé entre janvier 2020 et mai 2021.

C’est pour cette raison qu’il est indispensable de vacciner en priorité le personnel de santé.

Il ressort des données de 119 pays qu’en moyenne 40 % du personnel soignant dans le monde est entièrement vacciné, même si bien entendu les différences sont énormes d’une région ou d’un groupe économique à l’autre.

En Afrique par exemple, la proportion du personnel soignant vacciné est inférieure à 10 % alors qu’elle dépasse 80 % dans la plupart des pays à haut revenu.

Aujourd’hui, l’OMS et plusieurs de ses partenaires ont publié une déclaration appelant à protéger le personnel soignant dans le monde entier :

Nous appelons d’abord tous les pays à améliorer le suivi et la notification des cas et des décès touchant les agents de santé.

Ensuite, nous les appelons à veiller à ce que tous les agents de santé soient protégés, appuyés et rémunérés régulièrement et équitablement et bénéficient de conditions de travail sûres et favorables à la santé ainsi que d’une protection sociale, d’une formation et d’un plan de carrière appropriés.

Enfin, nous les appelons à veiller à ce que l’ensemble du personnel soignant dans tous les pays soit vacciné en priorité contre la COVID-19, au même titre que les autres groupes à risque.

J’ai le plaisir aujourd’hui d’avoir à mes côtés deux femmes qui représentent des millions d’agents de santé : Annette Kennedy, qui préside le Conseil international des infirmières et la Dre Heidi Stensmyren, Présidente de la World Medical Association, qui représente les médecins du monde entier.

Merci de vous joindre à nous. Annette, vous avez la parole et après vous nous entendrons Heidi.

[ANNETTE KENNEDY PREND LA PAROLE]

Annette, je vous remercie. Heidi, c’est maintenant à vous.

[HEIDI STENSMYREN PREND LA PAROLE]

Merci Heidi. Je tiens à vous remercier toutes les deux ainsi que vos organisations pour la fidélité de votre partenariat.

Plus de 10 mois après l’approbation des premiers vaccins, des millions d’agents de santé n’ont toujours pas été vaccinés, un chef d’accusation dont doivent répondre les pays et les entreprises qui contrôlent l’approvisionnement mondial en vaccins.

Les pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure ont désormais administré presque autant de doses de rappel que la moitié du nombre total de doses de vaccins administrées dans les pays à revenu faible.

Dans 10 jours se tiendra à Rome une réunion de 20 personnalités qui ont le pouvoir de modifier le cours des choses – les dirigeants des pays du G20.

Dans les jours qui nous séparent de leur rencontre, quelque 500 millions de doses supplémentaires de vaccin seront produites, autant qu’il nous faut pour atteindre notre cible de 40 % de vaccinés dans chaque pays d’ici à la fin de l’année.

Or 82 pays risquent de ne pas y parvenir. Les trois quarts d’entre eux sont simplement confrontés au problème d’un approvisionnement insuffisant. Pour les autres, c’est la capacité d’absorber les doses qui limite leurs possibilités et nous cherchons à trouver des solutions.

Nous pouvons atteindre la cible fixée, mais uniquement si les pays et les entreprises qui contrôlent l’approvisionnement respectent leurs engagements dès maintenant.

Ce n’est pas une question de production insuffisante, mais bien une question de politique et de profits.

Les pays du G20 ont annoncé des dons au COVAX représentant plus de 1,2 milliard de doses. À ce jour cependant, seules 150 millions de doses ont été fournies.

Le plus souvent, les dons ne sont pas assortis d’un calendrier. Nous ne savons pas ce que nous allons recevoir ni quand.

Les fabricants ne nous indiquent pas le nombre de doses que recevra le COVAX, ni quand nous les recevrons.

Sans transparence, il ne peut y avoir d’équité.

En attendant le Sommet du G20 la semaine prochaine, nous avons l’intention de publier un nouveau plan stratégique et budget de l’Accélérateur ACT pour les 12 prochains mois, précisant les mesures et les ressources nécessaires pour atteindre nos objectifs.

La marche à suivre est claire :

Les pays qui ont déjà atteint la cible de 40 % – notamment tous les pays du G20 – doivent dans la file d’attente pour les vaccins céder leur place au COVAX et à l’AVAT ;

Les pays du G20 doivent, sans tarder, respecter leurs engagements à partager les doses ;

Les fabricants doivent accorder la priorité au COVAX et à l’AVAT et honorer d’urgence les contrats conclus avec eux, en faisant preuve de beaucoup plus de transparence sur ce qui est destiné aux uns et aux autres.

Et ils doivent partager leur savoir-faire, leur technologie et leurs licences et renoncer aux droits de propriété intellectuelle.

Il ne s’agit pas de charité, mais d’un investissement pour le relèvement mondial qui tient du bon sens.

Le COVAX dispose des fonds et des contrats pour acheter des doses, mais nous n’arrivons pas à savoir quand les fabricants les fourniront.

Une des voix les plus fortes qui défend avec clarté la nécessité d’investir en faveur d’une répartition équitable des vaccins est celle de l’ancien Premier Ministère du Royaume-Uni et ambassadeur de l’OMS pour le financement mondial de la santé, Gordon Brown, que j’ai le grand plaisir d’accueillir aujourd’hui.

Merci, Gordon pour votre action et votre partenariat fidèles. Vous avez la parole.

[GORDON BROWN PREND LA PAROLE]

Je vous remercie, Gordon. Nous ne pouvons qu’espérer que les pays du G20 entendent votre appel.

Margaret, c’est à vous.