Mon cher frère, le Dr Ahmed Al-Mandhari, Directeur régional,
Excellences, chers collègues, chers amis,
Merci pour l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui de m’adresser à vous.
La pandémie de COVID-19 nous montre qu’aucun pays, aucune région n’est à l’abri.
À ce jour, près de 140 000 cas et plus de 6000 décès ont été rapportés à l’OMS par la Région de la Méditerranée orientale.
En République islamique d’Iran, l’épidémie semble à présent reculer, mais la plupart des autres pays de la région affichent chaque jour des nombres croissants de nouvelles infections.
Bien que nous n’assistions pas à des flambées explosives comme celles qui caractérisent la pandémie en Europe et en Amérique du Nord, le nombre de cas double tous les sept à huit jours.
Nous nous inquiétons tout particulièrement de l’impact potentiel que pourrait avoir le virus dans des pays qui ont subi des années de conflit et de fragilité.
La Région de la Méditerranée orientale a encore la possibilité de ralentir la transmission de la COVID-19, mais cette fenêtre ne restera pas longtemps ouverte.
Ralentir la propagation est crucial pour avoir le temps d’élaborer une riposte globale.
Les mesures éprouvées de santé publique liées à la détection rapide, au test, à l’isolement et au traitement des cas, à la recherche et à la mise en quarantaine des personnes ayant été en contact avec des individus infectés doivent constituer le pilier central de cette riposte.
Nous avons appris de l’expérience des autres pays l’importance de la distanciation physique, notamment des obligations de confinement à domicile et de la suspension des rassemblements de masse.
Cette approche permet d’éviter qu’une poignée de cas ne deviennent des groupes de cas, et d’éviter que des groupes de cas ne se transforment en transmission communautaire.
Néanmoins, dans les lieux surpeuplés et là où les personnes doivent aller travailler chaque jour afin de pouvoir faire vivre leur famille, les obligations de confinement à domicile peuvent causer des dommages involontaires importants.
Les gouvernements doivent imposer les restrictions de distanciation physique avec toutes les précautions requises, en les adaptant à chaque pays et à chaque communauté.
Nous devons tous investir davantage dans la collecte, l’analyse et l’utilisation des données épidémiologiques. Les données agrégées doivent être transmises à l’OMS, afin d’établir des conseils personnalisés aux pays et d’élaborer des analyses et des ripostes régionales.
L’isolement précoce de TOUS les cas est sans doute la mesure de santé publique la plus importante pour maîtriser la propagation de la maladie.
Les cas confirmés qui ont une forme bénigne de la maladie ou ne doivent pas être hospitalisés devraient être admis dans des établissements d’isolement temporaire gérés correctement dans le cadre de mesures de lutte contre l’infection.
Le confinement à domicile ne devrait être considéré qu’en dernier ressort, l’expérience ayant démontré que cette mesure n’était que très mal respectée et que la transmission aux autres membres du foyer est fréquente.
Comme vous le savez, la protection des agents de santé est l’une des plus grandes responsabilités d’un système de santé.
Il est vital de protéger les agents de santé, notamment ceux qui exercent dans des zones de conflit. Pour cela, nous devons garantir que nos agents de santé disposent des équipements dont ils ont besoin pour faire leur travail en toute sécurité et avec efficacité.
Nous savons que de nombreux pays sont confrontés à de graves pénuries d’équipements de protection individuelle et l’OMS travaille à en accroître l’approvisionnement.
À ce jour, nous avons fait livrer des tests de diagnostic et près d’un million d’articles d’équipement de protection individuelle dans 15 pays de la région, et il y en a plus encore qui sont en route.
La semaine passée, nous avons lancé le Système des Nations Unies pour la chaîne d’approvisionnement en vue d’accélérer la distribution de fournitures essentielles dans les pays qui en ont le plus besoin.
Nous sommes impressionnés par les progrès réalisés dans nombre de pays de la Région. La sensibilisation active de près de 70 millions de personnes en République islamique d’Iran au moyen d’une campagne nationale ; la mise à l’échelle rapide des tests aux Émirats arabes unis ; l’engagement à mettre en place des unités d’isolement temporaire au Pakistan ; la mise à profit des moyens de lutte contre la poliomyélite en Afghanistan et en Somalie.
Malgré ces progrès manifestes, je vous demande bien sûr d’en faire plus encore.
Comme toujours, l’OMS se tient à vos côtés pour vous apporter son aide tant au niveau du siège que dans les régions et bien sûr aussi à l’échelle nationale.
L’Organisation a produit différents documents d’orientation technique sur tous les aspects de la riposte à la COVID-19 et nos formations en ligne et à distance ont été consultées par plus de deux millions d’agents de santé. Nous les étendrons bientôt de façon à en former des millions d’autres.
Nous coordonnons un grand nombre de travaux de recherche, notamment l’essai « SOLIDARITY », qui étudie actuellement différentes options thérapeutiques pour le traitement de la COVID-19.
De plus, nous contribuons également à rassembler les leçons tirées en vue d’ajuster et d’affiner notre riposte collective à la pandémie. La stratégie de préparation et de riposte à la COVID-19 récemment mise au point incorpore les enseignements les plus récents tirés de l’expérience des pays du monde entier.
Je voudrais vous quitter sur trois requêtes.
Tout d’abord, la riposte à la COVID-19 passe par une démarche qui mobilise l’ensemble des pouvoirs publics. En tant que ministres de la santé, vous jouez un rôle crucial et central, mais vous ne pouvez y parvenir seuls. C’est pourquoi il sera tellement important de mobiliser l’ensemble des pouvoirs publics pour venir à bout du virus.
Ensuite, nous appelons les pays à mettre vigoureusement en œuvre des mesures de santé publique éprouvées : détecter, tester, isoler et prendre en charge chaque cas, rechercher et mettre en quarantaine chaque personne ayant été en contact avec des individus infectés.
Enfin, nous vous exhortons à veiller à ce que les services de santé publique essentiels continuent d’être assurés en toute sécurité et efficacement.
L’OMS maintient son engagement solidaire aux côtés de chacun d’entre vous pour lutter contre le virus et sauver des vies.
Pour finir, j’aimerais vous souhaiter « Ramadan karim ».
« Choukrane jazilane », mes chères sœurs et mes chers frères.
Merci pour cette occasion, je suis heureux de vous avoir vus. J’espère que cette épreuve sera bientôt derrière nous et que nous nous retrouverons sous le même toit pour échanger.
Merci beaucoup.