Bonjour, bon après-midi ou bonsoir,
Le nombre de cas de COVID-19 dans le monde continue d’augmenter, sous l’effet des flambées de grande ampleur qui se déclarent en Asie et de la nouvelle vague qui s’abat sur l’Europe.
Plusieurs pays enregistrent ainsi actuellement leur taux de mortalité le plus élevé depuis le début de la pandémie.
Cela montre à quel point Omicron se propage rapidement, et à quel point les personnes non vaccinées – en particulier les personnes âgées – courent un risque accru de décès.
Nous souhaitons tous passer à autre chose. Pourtant, malgré tous nos efforts pour en sortir, la pandémie n’est pas encore terminée.
Nous continuerons de faire face au risque de voir exploser le nombre d’infections et de voir apparaître de nouveaux variants qui résistent aux vaccins jusqu’à ce que nous ayons atteint une couverture vaccinale élevée dans tous les pays.
Alors même que certains pays à revenu élevé proposent une deuxième dose de rappel, un tiers de la population mondiale n’est toujours pas vaccinée.
Cela dit, des signes prometteurs montrent que des progrès se dessinent.
Au Nigéria, par exemple, l’adoption de la vaccination s’est accélérée de façon spectaculaire lorsque l’approvisionnement s’est stabilisé et que la distribution des vaccins a été efficacement planifiée.
L’objectif de l’OMS consiste toujours à vacciner 70 % de la population de chaque pays d’ici à la mi-2022, en donnant la priorité aux personnels de santé, aux personnes âgées et aux autres groupes à risque.
Il est crucial d’atteindre cet objectif pour sauver des vies, prévenir le risque de formes prolongées de la COVID, protéger les systèmes de santé et accroître l’immunité de la population.
D’autres outils restent essentiels, comme le dépistage, le séquençage et la recherche des contacts, et il est vital que les pays maintiennent les moyens qu’ils ont mis en place au cours des deux dernières années.
L’OMS continue d’apporter une assistance aux pays pour les aider à se doter des outils nécessaires.
L’un de ces outils est Go.Data, une application conçue par l’OMS et ses partenaires pour la recherche des contacts et la gestion des données qui aide les personnes chargées de la riposte à suivre les flambées en temps réel.
Go.Data est une application gratuite et adaptée aux appareils mobiles, peut être utilisée hors ligne et s’adapte facilement à différents types de flambée et de lieu.
Elle a été utilisée pour la première fois lors de la flambée de maladie à virus Ebola qui a touché la République démocratique du Congo et l’Ouganda et lors de la flambée de diphtérie qui a frappé le Bangladesh.
Lorsque la pandémie s’est déclarée, de nombreux pays ont réalisé que les anciennes méthodes de recherche des contacts n’étaient pas adaptées.
Aujourd’hui, 65 pays utilisent Go.Data. Cet exemple illustre bien comment un aspect de la riposte à la COVID peut venir renforcer les systèmes de santé.
Ainsi, le Brésil utilise Go.Data dans le contexte de la COVID, mais aussi pour suivre le nombre de cas de rougeole.
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Passons maintenant à l’Ukraine.
Cela fait un mois que la Fédération de Russie a commencé à envahir l’Ukraine. Jusqu’à présent, près de 10 millions de personnes – soit pratiquement un quart de la population ukrainienne – ont été déplacées de force.
La situation humanitaire continue de se détériorer dans de nombreuses régions du pays, et elle est critique dans les zones de Marioupol et de Boutcha.
La perturbation des services et des approvisionnements dans toute l’Ukraine fait peser un risque considérable sur les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’un cancer, du VIH et de la tuberculose, qui comptent parmi les principales causes de mortalité du pays.
Les déplacements, le manque d’abris et les conditions de surpeuplement engendrés par le conflit augmentent aussi le risque de maladies telles que la rougeole, la pneumonie et la poliomyélite ainsi que la COVID-19.
À ce jour, l’OMS a livré quelque 150 tonnes de fournitures médicales.
Nous avons établi des lignes de ravitaillement entre notre entrepôt de Lviv et de nombreuses villes ukrainiennes, mais l’accès à une grande partie du pays reste bloqué.
Un convoi humanitaire à destination de Marioupol n’a pas pu partir en raison de l’insécurité ambiante.
Nous continuons de rencontrer de graves problèmes de trésorerie, qui limitent notre capacité à apporter un soutien vital à l’Ukraine.
Pour l’heure, l’OMS a reçu seulement 9,6 millions de dollars des États-Unis, alors qu’elle avait lancé un appel visant à en recueillir 57,5 millions au cours des trois prochains mois.
Nous remercions de leur générosité la Norvège, la Suisse et le Fonds central pour les interventions d’urgence des Nations Unies, mais nous faisons toujours face à un énorme déficit de financement, qui nous empêche de livrer les fournitures médicales dont l’Ukraine a désespérément besoin.
Nous appelons donc les donateurs à répondre rapidement à ces besoins urgents.
L’OMS a dénombré 64 attaques confirmées perpétrées contre des services de santé depuis le début de la guerre, et elle est en train d’enquêter sur d’autres attaques.
Les attaques visant le secteur de la santé doivent cesser. Les systèmes, infrastructures et personnels de santé ne sont pas une cible ; ils ne devraient jamais l’être.
Nous sommes également préoccupés par l’intégrité et la sécurité de l’exploitation des installations nucléaires et chimiques.
L’OMS collabore avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et continue d’appeler toutes les parties à réduire au minimum le risque d’accident nucléaire ou chimique, car un tel accident pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la santé humaine.
Nous continuons d’exhorter la Fédération de Russie à mettre un terme à la guerre.
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Bien que l’Ukraine soit – à juste titre – le centre de l’attention générale, il est important de ne pas perdre de vue les nombreuses autres crises qui causent des souffrances dans le monde.
La semaine dernière, je suis intervenu au sujet de la catastrophe humanitaire qui frappe la région du Tigré, en précisant que l’OMS attendait toujours l’autorisation d’envoyer 95 tonnes supplémentaires de fournitures médicales.
Cette autorisation a désormais été accordée. Les fournitures, si elles sont acheminées en toute sécurité, aideront des populations qui en ont désespérément besoin. Cependant, il reste encore beaucoup à faire.
À ce jour, seulement 4 % des fournitures médicales nécessaires ont été livrées dans le Tigré. C’est bien trop peu.
La région est en état de siège depuis près de 500 jours, souffrant de terribles pénuries de carburant et de denrées alimentaires. Les gens meurent de faim. Il est donc plus important de leur fournir des denrées alimentaires que des médicaments.
Nous continuons d’exhorter l’Éthiopie et l’Érythrée à mettre fin au blocus.
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Plus tôt dans la semaine, j’ai eu l’honneur de me rendre à Abu Dhabi pour participer à un sommet sur la dracunculose.
Si elle est largement méconnue dans les pays à revenu élevé, la dracunculose afflige les populations d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie depuis des millénaires.
Toutefois, grâce à un partenariat entre l’OMS, le Centre Carter et d’autres acteurs, l’objectif de l’éradication de cette maladie ancienne est désormais à notre portée.
Dans les années 1980, on dénombrait quelque 3,5 millions de cas de dracunculose dans le monde. En 2021, ce chiffre s’élevait à 15.
Aujourd’hui, la dracunculose reste endémique dans seulement cinq pays africains.
Lors du sommet sur la dracunculose tenu à Abu Dhabi cette semaine, les ministres de la santé de ces pays se sont réunis pour s’engager à prendre les mesures voulues afin d’éradiquer cette maladie d’ici à 2030.
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Enfin, la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose sera célébrée demain.
La tuberculose tue plus de 1,5 million de personnes chaque année.
L’éradication de cette maladie débilitante reste une priorité pour l’OMS, qui a fait des progrès encourageants sur la question ces dernières années.
Ainsi, plus de 66 millions de personnes ont eu accès à des services de lutte contre la tuberculose depuis 2000.
Malheureusement, la pandémie de COVID-19 a entraîné des perturbations qui ont anéanti des années de progrès, tandis que la guerre qui fait rage en Ukraine compromet toute avancée dans ce pays.
Pour la première fois depuis plus de dix ans, l’OMS a fait état d’une augmentation du nombre de décès dus à la tuberculose.
Cette tendance à la hausse est très dangereuse ; nous devons l’enrayer. Nous engageons tous les pays à investir dans le développement de l’accès à des outils efficaces de lutte contre la tuberculose et dans la mise au point de nouveaux outils connexes.