Monsieur le Président Maithripala Sirisena,

Monsieur Rajitha Senaratne, mon cher frère,

Monsieur Abdulla Nazim, Ministre des Maldives,

Ma chère sœur, Dre Poonam,

Cher collègue, chers collègues de l’OMS présents ici mais également dans le monde entier,

Professionnels de la santé présents dans cette salle et dans le monde entier,

Et surtout, les populations au service desquelles nous œuvrons,

Excellences, chers invités, Mesdames et Messieurs,

C’est un véritable privilège pour moi d’être ici aujourd’hui, à Sri Lanka, pour célébrer la Journée mondiale de la santé à vos côtés.

Comme vous le savez, nous célébrons aujourd’hui le soixante-dixième anniversaire de l’OMS. Lorsque l’on m’a informé en début d’année que Sri Lanka célébrerait également ses 70 ans d’indépendance, je savais que Sri Lanka était le lieu idéal pour marquer cette occasion, comme l’a affirmé plus tôt Monsieur le Ministre.

Et cela non seulement parce que nous célébrons le même nombre d’années, mais aussi parce que nous partageons la même conviction: à savoir que toutes les personnes devraient pouvoir avoir accès aux services de santé au moment et là où elles en ont besoin, sans se soucier de savoir si elles ont les moyens de recourir à ces services.

Il ne s’agit pas uniquement d’un idéal noble sur lequel on fait de grandes déclarations: c’est une réalité quotidienne.

Les soins de santé à Sri Lanka, comme je l’ai mentionné, sont gratuits au point de prestation depuis 1952, très peu de temps après l’indépendance du pays.

En conséquence, bien que Sri Lanka soit classé comme un pays à revenu intermédiaire de niveau inférieur, son profil sanitaire équivaut à celui de nombreux pays à revenu élevé.

Près de l’ensemble des femmes accouchent en présence de personnel qualifié.

Pratiquement tous les enfants sont vaccinés de façon systématique.

Votre pays a réussi à vaincre le paludisme, à éliminer la filariose lymphatique et le tétanos maternel et néonatal.

Sri Lanka a été le premier pays d’Asie à ratifier la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et aussi le premier à l’appliquer pleinement.

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai été heureux d’inviter Monsieur le Président Sirisena à coprésider la Commission indépendante de haut niveau de l’OMS sur les maladies non transmissibles, sur la base de son engagement. Je vous remercie, Monsieur le Président, d’avoir eu l’amabilité d’accepter cette invitation.

Bien sûr, aucun système de santé n’est parfait. Comme tous les pays, vous êtes confrontés à des obstacles et à des difficultés. Et comme vous le savez, les investissements consentis en faveur des systèmes d’information sanitaire permettent de garantir l’obtention de meilleures données pour la prise de décisions et l’allocation de ressources.

Les maladies non transmissibles représentent désormais 75% des maladies au Sri Lanka. À mesure que votre population vieillira, la demande de soins ainsi que les coûts de prestation continueront d’augmenter. Les problèmes ainsi que la façon dont vous vous efforcez de les atténuer ont déjà été évoqués par le Ministre donc je m’abstiendrai ici de toute répétition.

Les investissements les plus efficaces seront axés sur la promotion de la santé et la prévention des maladies, plutôt que sur le traitement des patients lorsqu’ils se présentent dans vos hôpitaux. Et je félicite le Gouvernement d’avoir concentré ses efforts sur les soins de santé primaires et l’approche de la médecine familiale, conformément aux efforts de promotion de la santé et de prévention, comme Monsieur le Ministre l’a déjà indiqué.

La meilleure façon d’y parvenir, à savoir de fournir ces services de prévention tel qu’indiqué précédemment, consistera à concentrer les efforts au niveau des soins primaires, qui constituent le socle de tout système de santé.

Cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la fondation de l’OMS ainsi que le quarantième anniversaire de la Déclaration d’Alma Ata, dans laquelle les soins primaires étaient identifiés comme étant le fondement du principe de la «santé pour tous».

Toutefois, 40 ans plus tard, nous devons admettre que nous sommes loin de la réalisation de cette vision, en tant que communauté mondiale.

Dans le monde, plus de la moitié de la population n’a pas accès aux services de santé essentiels, et près de 100 millions de personnes sont acculées à l’extrême pauvreté chaque année à cause des dépenses qu’elles doivent prendre à leur charge pour payer les soins.

Nous ne pouvons accepter un tel monde.

Personne ne devrait avoir à choisir entre acheter des médicaments ou de la nourriture pour sa famille.

Personne ne devrait avoir à choisir entre la mort ou la pauvreté.

C’est pourquoi le nouveau plan stratégique quinquennal de l’OMS établit une cible pour faire en sorte qu’un milliard de personnes supplémentaires bénéficient de la couverture sanitaire universelle d’ici 2023.

Nous devons agir ainsi pour rester dans la bonne voie afin d’atteindre la cible consistant à assurer la couverture sanitaire universelle prévue dans les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Au début de l’année, j’ai écrit à tous les chefs d’État, leur demandant de prendre trois mesures concrètes en faveur de la couverture sanitaire universelle.

Il s’agit d’un projet ambitieux certes, mais à moins de viser haut, nous continuerons de laisser des personnes de côté.

La couverture sanitaire universelle n’est pas une utopie, c’est une réalité d’aujourd’hui et nous devons en faire une réalité maintenant.

Rien que cette année, plusieurs pays ont annoncé la mise au point de plans pour s’approcher de la couverture sanitaire universelle.

En janvier, j’étais en visite au Kenya, où le Président Kenyatta a récemment annoncé que les soins de santé abordables constitueraient l’un des quatre piliers de son deuxième mandat.

Et l’Inde, pays voisin de Sri Lanka, a récemment annoncé une forte augmentation du budget consacré à la santé qui permettra la création de 150 000 centres de santé et de bien-être, et bénéficiera à 500 millions de personnes, soit 100 millions de familles.

Du Botswana au Brésil, de la Thaïlande à la Turquie et des Îles Salomon à Sri Lanka, les pays de toutes les régions, à tous les niveaux de revenu, accomplissent des progrès avec les ressources dont ils disposent.

Il n’existe pas de chemin unique vers la couverture sanitaire universelle. Chaque pays doit trouver sa propre voie, dans son contexte social, politique et économique. Pour faire en sorte que les services de santé soient véritablement universels, il faut passer d’une approche selon laquelle les systèmes de santé sont conçus en fonction des maladies et des institutions à des services de santé conçus autour des personnes et pour celles-ci.

La couverture sanitaire universelle est une idée, un concept, mais ce n’est pas une notion abstraite.

Dans le monde entier, la couverture sanitaire universelle est une réalité qui permet de sauver des vies, en donnant une dignité aux individus et en leur permettant de contribuer à leur communauté.

Quand je pense à la couverture sanitaire universelle, je ne pense pas à une idée. Je pense aux personnes que j’ai rencontrées qui sont la preuve vivante de la valeur de la couverture sanitaire universelle.

Je pense à Lucy Watts, la jeune femme que j’ai rencontrée à Londres en début d’année. Elle souffre d’une maladie neuromusculaire et par conséquent elle est en fauteuil roulant depuis l’âge de 14 ans. Mais grâce au service national de santé britannique (National Health Service), Lucy a accès à des soins palliatifs de qualité, ce qui signifie qu’elle a une qualité de vie raisonnable.

Je pense à l’homme que j’ai rencontré en Thaïlande en janvier, qui avait dû rester alité parce qu’il souffrait de problèmes rénaux. Mais grâce au programme de couverture sanitaire universelle de la Thaïlande, il est en vie et travaille.

Je pense à Sanath Kumar, que j’ai rencontré hier. Sanath a souffert de graves atteintes de la moelle épinière il y a 30 ans, et on lui avait dit qu’il ne pourrait plus jamais marcher sans ses béquilles. Il a été soigné à l’Hôpital de rhumatologie et de réadaptation de Ragama, ici à Colombo, que j’ai eu l’honneur de visiter hier. Il fait désormais du sport et travaille comme mécanicien à l’hôpital. Il m’a montré très fièrement toutes les médailles qu’il a remportées lors de compétitions sportives.

Cependant je ne pense pas uniquement aux bénéficiaires des soins, je pense aussi à ceux qui les dispensent, à ceux qui assurent ces services.

Je pense aux professionnels de la santé que j’ai rencontrés en juillet dernier au Yémen, qui continuent de fournir des soins alors qu’ils n’ont pas été rémunérés depuis des mois.

Je pense aux agents de santé communautaires que j’ai rencontrés au Rwanda, qui servent leurs communautés en tant que bénévoles.

Et je pense au Dr Carlo Urbani. Je ne connaissais pas son histoire avant la semaine dernière lorsque j’ai rencontré sa famille à Genève. Carlo était un membre du personnel de l’OMS qui travaillait au bureau de l’OMS au Viet Nam en 2003. Il a été la première personne à identifier le SRAS comme une maladie nouvelle et mortelle. Ses travaux ont permis de sauver des vies, mais dans le cadre de ses investigations, il a lui-même contracté le virus du SRAS et a perdu la vie. Il a identifié le SRAS, mais il en est mort. Il est un modèle pour l’OMS et la raison pour laquelle l’Organisation existe. Nous pouvons le constater à travers l’exemple du Dr Carlo Urbani.

Toutes ces histoires illustrent le pouvoir de la couverture sanitaire universelle.

Elle permet non seulement d’améliorer la santé, mais aussi de réduire la pauvreté. Elle crée des emplois et entraîne une croissance économique. Elle permet de protéger les populations contre les flambées et autres situations d’urgence sanitaire et de réduire les inégalités.

Qui plus est, la couverture sanitaire universelle restaure la dignité et donne de l’espoir pour l’avenir. Elle permet aux individus et aux communautés de prospérer.

Même si aucun de ces faits n’était véridique, instaurer la couverture sanitaire universelle serait ce qui est juste parce que la santé humaine est une fin en soi. Mais les avantages que présente la couverture sanitaire universelle en font une évidence.

Il est vrai que des investissements financiers sont nécessaires pour construire des systèmes de santé solides qui assurent des services de qualité.

C’est exactement ce qu’ils sont: des investissements et non pas des coûts. Il s’agit d’investissements dans un avenir plus sûr, plus équitable et plus prospère.

Par conséquent, la question n’est pas de savoir si les pays peuvent se permettre d’investir dans leurs systèmes de santé; la question est de savoir s’ils peuvent se permettre de ne pas le faire.

Permettez-moi de le répéter. La question n’est pas de savoir si les pays peuvent se permettre d’investir dans leurs systèmes de santé; la question est de savoir s’ils peuvent se permettre de ne pas le faire.

Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président,

Dans certaines cultures, il est de tradition de faire un vœu pour son anniversaire.

Aujourd’hui, à l’occasion de notre soixante-dixième anniversaire, l’OMS souhaite une bonne santé à tous et partout.

Je vous remercie. Obata stutiyi.