Aperçu de la situation
Description de la situation
La riposte de l’OMS et des partenaires à la flambée de maladie à virus Ebola (MVE) en cours se poursuit malgré les perturbations subies par des services essentiels en raison de problèmes d’insécurité à Beni et Butembo au cours de la récente élection le 30 décembre 2018. Afin de garantir la sécurité de l’ensemble du personnel déployé et à titre de précaution, les opérations ont été réduites pendant quelques heures le jour de l’élection. Les opérations normales ont intégralement repris à partir du 1er janvier 2019. Après une intensification des activités sur le terrain, nous observons des signes encourageants dans de nombreuses zones, y compris une baisse récente du nombre des cas à Beni. Nous pourrions perdre cependant les bénéfices des progrès durement acquis à cause d’une recrudescence de la transmission résultant de période prolongée d’insécurité freinant les efforts pour endiguer la maladie.
Au cours de la période de notification du 27 décembre 2018 au 2 janvier 2019, 16 nouveaux cas confirmés ont été notifiés dans les zones de santé de Beni (2), Butembo (5), Katwa (3), Komanda (1), Mabalako (1) et Oicha (4) (Figure 1). Au 2 janvier 2019, il y avait eu au total 609 cas de MVE1(561 cas confirmés et 48 cas probables, Figure 2), dont 370 décès et 208 personnes ayant guéri. Globalement, des cas surviennent au niveau de « points chauds » localisés dans 16 zones de santé des provinces du Nord-Kivu et d’Ituri. Parmi les cas confirmés et probables, on a observé le plus grand nombre chez les femmes de 15 à 49 ans pouvant être vaccinées (c’est-à-dire n’étant pas enceintes), ainsi que chez les femmes de 50 ans et plus. Parmi les cas confirmés et probables, 61 % (374/609) sont de sexe féminin (âge médian de 28 ans) et d’un âge supérieur aux cas de sexe masculin (âge médian de 25,5 ans). On notera que 16 % des cas (96/607) ont concerné des enfants de moins de cinq ans et 7 % (41/607) des nourrissons de moins d’un an. La plupart des cas concernant des enfants de cinq ans et plus ont été observés à Beni, 48 % (46/96). Il y a eu 29 cas chez des femmes enceintes, dont 14 à Beni. On indique que 15 des 29 cas allaitaient au sein.
Au 2 janvier, au total 86 cas d’infections nosocomiales avaient été signalés chez des patients venant du grand public, principalement à Beni (34), Butembo (13), Katwa (11) et Mabalako (8). Il n’y a pas eu de nouveau cas chez les personnels de santé au cours de la période de notification. Jusqu’à présent, il y a eu au total 55 cas de MVE concernant des agents de santé, dont 18 sont morts et 8 ont été hospitalisés comme patients. Sur l’ensemble des agents de santé pour lesquels on dispose d’informations cliniques, 36 % (18/50) sont morts. On signale que 11 agents de santé ont été infectés dans un hôpital général tandis que la trentaine d’autres établissements de santé ont notifié entre un et trois cas chacun pendant toute la durée de la flambée. On notera que 22 % des cas (133/609) ont eu des antécédents d’exposition à un hôpital entre 1 et 21 jours avant l’apparition de leur maladie.
La recherche exhaustive des contacts pendant les enquêtes initiales sur les cas demeure difficile avec les résistances locales persistantes et l’aggravation de l’insécurité sur le terrain pendant les récentes élections. Il en résulte qu’un certain nombre de nouveaux cas confirmés n’ont pas été identifiés comme des contacts potentiels. Sur l’ensemble des cas, 66 % (327/495) ont eu un contact connu avec un cas et 37 % (177/478) ont assisté à un enterrement. Une proportion assez grande, 34 % (155/451) a eu ces deux expositions.
Le Ministère de la santé, l’OMS et les partenaires continuent de surveiller toutes les alertes dans les régions affectées, dans d’autres provinces de la République démocratique du Congo et dans les pays limitrophes, et d’enquêter. Depuis la publication du dernier rapport, des alertes ont fait l’objet d’enquêtes dans plusieurs provinces de la République démocratique du Congo, ainsi qu’en Ouganda. Jusqu’à présent, la MVE a été exclue pour toutes les alertes survenues en dehors des zones touchées susmentionnées.
Figure 1. Répartition des cas confirmés et probables de maladie à virus Ebola par zone sanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, République démocratique du Congo, données au 2 janvier 2019 (n=609)

Figure 2. Cas confirmés et probables de maladie à virus Ebola en fonction de la semaine d’apparition de la maladie, données au 2 janvier 2019 (n=609)*

Figure 3. Cas de maladie à virus Ebola selon les tranches d’âge dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri (République démocratique du Congo), données au 2 janvier 2019.

Action de santé publique
Le Ministère de la santé continue à renforcer les mesures de riposte, avec le soutien de l’OMS et de ses partenaires. Les priorités sont la coordination, la surveillance, la recherche des contacts, les moyens de laboratoire, les mesures de lutte contre l’infection, la prise en charge clinique des patients, la vaccination, la communication sur les risques et la collaboration des communautés, le soutien psychosocial, les enterrements dignes et sécurisés, la surveillance transfrontalière et les activités de préparation dans les provinces et les pays voisins. Les pratiques de lutte contre l’infection dans les établissements de soins de santé, en particulier dans les dispensaires prénatals, doivent encore être renforcées.
Pour des informations détaillées sur les actions de l’OMS et de ses partenaires en matière de santé publique, veuillez consulter les derniers rapports de situation publiés par le Bureau régional OMS de l’Afrique :
Évaluation du risque par l’OMS
Cette flambée épidémique de MVE touche les provinces du nord-est du pays, à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et du Soudan du Sud. Les facteurs de risque potentiels pour la transmission de la MVE aux niveaux national et régional sont les voyages entre les zones touchées, le reste du pays et les pays limitrophes, et les déplacements de populations à l’intérieur du territoire congolais. Le pays est confronté actuellement à plusieurs autres épidémies (choléra et poliomyélite dérivée de souches vaccinales, paludisme, par exemple) et à une crise humanitaire prolongée. De plus, l’insécurité au Nord-Kivu et en Ituri continue d’entraver la mise en place des activités de riposte. D’après l’évaluation de l’OMS, le risque est très élevé aux niveaux national et régional, mais il demeure faible à l’échelle mondiale. Sur la base des éléments actuellement disponibles, l’OMS continue de déconseiller l’application de restrictions aux voyages et au commerce avec la République démocratique du Congo.
Comme le risque de propagation nationale et régionale est très élevé, il est important que les provinces voisines et les pays limitrophes renforcent les activités de surveillance et de préparation. Le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (RSI (2005)) a indiqué que le fait de ne pas intensifier ces activités de préparation et de surveillance entraînerait une détérioration de la situation et une propagation ultérieure. L’OMS continuera de collaborer avec les pays voisins et les partenaires pour s’assurer que les autorités sanitaires sont en état d’alerte et prêtes à riposter sur le plan opérationnel.
Conseils de l’OMS
Trafic international: Sur la base des informations actuellement disponibles, l’OMS déconseille d’instaurer toute restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué pour protéger les gens contre le virus Ebola. Par conséquent, toute exigence de certificat de vaccination anti-Ebola ne constitue pas une base raisonnable pour restreindre la circulation transfrontalière ou la délivrance de visas aux passagers quittant la République démocratique du Congo. L’Organisation continue de surveiller attentivement les mesures prises pour les voyages et le commerce en relation avec cet événement, effectuant les vérifications nécessaires le cas échéant. Pour l’instant, aucun pays n’a pris de mesures entravant sensiblement les voyages internationaux à destination ou en provenance de la République démocratique du Congo. Les voyageurs doivent demander conseil à leur médecin avant de partir et respecter les règles d’hygiène.
Pour de plus amples informations, voir :
- Premier essai jamais réalisé avec plusieurs médicaments contre Ebola en République démocratique du Congo
- Le Soudan du Sud s’apprête à vacciner certains agents de santé et agents de première ligne contre le virus Ebola dans des États exposés à un risque élevé
- Rapport récapitulatif de la réunion du SAGE d’octobre 2018 (en anglais)
- Déclaration sur la réunion du Comité d’urgence du RSI d’octobre 2018 à propos de la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo
- Recommandations provisoires de l’OMS sur les vaccins anti-Ebola (en anglais)
- Recommandations de l’OMS à l’intention des voyageurs internationaux en lien avec la flambée épidémique de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo (en anglais)
- Maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo – Préparation opérationnelle dans les pays limitrophes
- Aide-mémoire sur la maladie à virus Ebola
1Les données des dernières semaines sont sujettes à des retards dans la confirmation et la notification des cas, ainsi qu’au nettoyage en cours des données ; l’évolution au cours de cette période doit être interprétée avec prudence.
Plus d'informations
- Rapports de situation sur l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo
- Précédentes flambées de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo
- En savoir plus sur la maladie à virus Ebola
- Maladie à virus Ebola
- Aide-mémoire sur la maladie à virus Ebola
- Maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo – Préparation opérationnelle dans les pays limitrophes