Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Maladie à virus Ebola – République démocratique du Congo - République démocratique du Congo

28 mars 2019

Aperçu de la situation

Dans le cadre de la flambée de maladie à virus Ebola (MVE) qui touche actuellement le Nord-Kivu et l’Ituri, on a assisté à une augmentation du nombre de nouveaux cas au cours de la semaine écoulée

Description de la situation

Dans le cadre de la flambée de maladie à virus Ebola (MVE) qui touche actuellement le Nord-Kivu et l’Ituri, on a assisté à une augmentation du nombre de nouveaux cas au cours de la semaine écoulée. Les équipes d’intervention sont confrontées quotidiennement à des difficultés pour assurer en temps utile l’identification et l’étude détaillées de tous les cas, dans un contexte de violence sporadique de la part de groupes armés et de réticence de la part de certaines des communautés touchées. On constate cependant à des progrès dans certains secteurs, comme Mandima, Masereka et Vuhovi, où l’on observe que les équipes d’intervention sont progressivement en mesure d’accéder à nouveau aux communautés, qui acceptent peu à peu les interventions dont il est prouvé qu’elles permettent d’interrompre les chaînes de transmission.

Au cours des 21 derniers jours (6-26 mars), 125 nouveaux cas ont été notifiés dans 51 secteurs sanitaires de 12 des 21 zones sanitaires touchées à ce jour, ce qui représente 38 % des 133 secteurs sanitaires touchés à ce jour (Figure 2). La majorité de ces cas étaient dans les secteurs de Katwa (36) et Butembo (14) restant dangereux, et il y avait trois nouvelles grappes de cas à Mandima (19), Masereka (18) et Vuhovi (17) ainsi qu’un nombre limité de cas dans d’autres secteurs (Tableau 1). Tous les cas sont liés à des chaînes de transmission dans des secteurs dangereux, une transmission locale étant observée dans un nombre limité de villes et de villages au sein de réseaux familiaux/sociaux ou dans des centres de santé où certains cas se sont rendus avant d’être détectés et placés à l’isolement.

Au 26 mars, 1029 cas de MVE confirmés ou probables au total avaient été notifiés, dont 642 étaient décédés (taux de létalité : 62 %). Parmi ces 1029 cas, pour lesquels on connaissait l’âge et le sexe, 57 % (584) étaient des femmes et 30 % (307) étaient des enfants de moins de 18 ans. Le nombre d’agents de santé touchés a atteint 78 (8 % du nombre total de cas), dont 27 décès.

Les efforts de collaboration communautaire destinés à favoriser une plus grande participation et une prise en main de la riposte au niveau local sont en cours et ont déjà permis de remporter quelques succès dans de nombreux secteurs. La semaine dernière, des agents de santé communautaires bénévoles et des bénévoles de la Croix-Rouge se sont rendus dans 4171 foyers à Butembo et à Katwa et neuf comités communautaires ont été créés pour faciliter un dialogue direct avec les agents de santé et pour permettre aux membres des communautés de prendre part à la prise de décisions concernant la riposte au niveau local. Des dialogues spéciaux sont organisés dans les communautés où les incidents ont été les plus fréquents. Dans ce cadre, un anthropologue rencontre d’abord la communauté pour connaître ses préoccupations puis il organise des réunions communautaires pour que ces préoccupations puissent être abordées, y compris par les personnalités de premier plan parmi les jeunes, les associations de femmes, les praticiens traditionnels et les prestataires de soins.

Au 26 mars, 324 patients atteints de MVE étaient sortis guéris des Centres de traitement Ebola. À Beni, des ONG locales et des équipes internationales organisent actuellement une formation aux soins oculaires pour dix ophtalmologistes et mettent en place des dispensaires d’ophtalmologie assurant le dépistage et les soins oculaires pour les personnes qui ont survécu la MVE. À ce jour, 145 personnes ont bénéficié d’un dépistage dans ces dispensaires et 293 personnes au total ont été inscrites au programme destiné aux sujets guéris de la MVE.

Des progrès notables ont également été accomplis dans l’utilisation des moyens de lutte contre les infections dans les établissements de soins. Depuis le mois de janvier, des équipes de lutte contre les infections ont décontaminé plus de 250 établissements de soins, ont fourni plus 100 kits et ont formé plus de 3000 agents de santé à la lutte contre les infections. Un atelier national a récemment été organisé pour faciliter la mise en œuvre de nouvelles stratégies de lutte contre les infections et la création d’un groupe spécial sur la lutte contre les infections a encore amélioré la communication et la coordination entre les partenaires à tous les niveaux. Cependant, beaucoup reste à faire et les équipes de lutte contre les infections continuent à intervenir face à de nouveaux cas de transmission nosocomiale, des grappes de cas apparaissant dans des communautés et des établissements de santé qui n’avaient pas encore été touchés.

Ces succès locaux ne vont pas sans difficultés. Quand elles se rendent dans des communautés vivant dans des secteurs à haut risque, les équipes d’intervention sont parfois confrontées à des problèmes de sécurité. Aucun incident grave n’a été rapporté au cours des 10 derniers jours mais la situation reste globalement précaire. L’OMS et ses partenaires ont récemment mis en place des centres opérationnels d’analyse et de coordination afin de pouvoir déterminer plus globalement comment faire participer plus efficacement les communautés et comment améliorer la connaissance opérationnelle des opérations quotidiennes pour assurer la sécurité des agents de santé en première ligne et des communautés auxquelles ils viennent en aide. L’OMS et ses partenaires ont également renforcé la sécurité des centres de traitement et des logements des agents de santé.

La recherche d’un compromis entre une protection opérationnelle adéquate des membres des communautés exposés à la maladie à virus Ebola et des agents de santé et l’obtention de la confiance des communautés est un travail de longue haleine. L’OMS adapte constamment ses efforts de riposte en fonction de ces difficultés opérationnelles et elle continuera à renforcer la collaboration avec les communautés pour améliorer l’acceptation sur le terrain.

Figure 1 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola en fonction de la semaine d’apparition de la maladie, données au 26 mars 2019*

*Les données des dernières semaines sont sujettes à des retards dans la confirmation et la notification des cas, ainsi qu’au nettoyage en cours des données..

Figure 2 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola par secteur sanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo, données au 24 mars 2019

Tableau 1 : Cas confirmés et cas probables de maladie à virus Ebola et nombre de secteurs sanitaires touchés, par zone sanitaire, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri en République démocratique du Congo, données au 26 mars 2019**

**Le nombre total de cas et de secteurs touchés au cours des 21 derniers jours est calculé en fonction de la date de la première alerte concernant des cas, qui parfois n’est pas la même que la date de confirmation, et il peut y avoir aussi des différences avec les notifications quotidiennes du Ministère de la santé.

Action de santé publique

Pour des informations plus détaillées sur les actions du Ministère congolais de la santé, de l’OMS et des partenaires en matière de santé publique, veuillez consulter les derniers rapports de situation publiés par le Bureau régional OMS de l’Afrique :

Évaluation du risque par l’OMS

L’OMS suit en permanence l’évolution de la situation épidémiologique et du contexte de l’épidémie pour s’assurer que l’appui à la riposte est adapté à l’évolution des circonstances. D’après la dernière évaluation, les niveaux de risque à l’échelle régionale et nationale restent très élevés, tandis que le niveau de risque à l’échelle mondiale reste faible. Les attaques menées contre les CTE de Katwa et de Butembo sont les premières attaques organisées à grande échelle ciblant directement la riposte et leur ampleur est bien différente de celle de la méfiance des communautés ou du danger d’être victime de tirs croisés entre les parties en conflit. En outre, en raison de la résistance et de la méfiance persistantes de quelques communautés, aggravées par les tensions politiques et l’insécurité, les enquêtes sur les cas et les activités de riposte ont dû être suspendues temporairement de façon récurrente ou ont été retardées dans les secteurs touchés, ce qui a nui à l’efficacité globale des interventions. La forte proportion de décès dans les communautés notifiés parmi les cas confirmés, les retards persistants de détection et d’isolement dans les CTE et les difficultés à notifier les cas probables et à intervenir rapidement augmentent la probabilité d’apparition de nouvelles chaînes de transmission dans les communautés touchées, le risque de propagation en République démocratique du Congo et dans les pays limitrophes ainsi que le risque d’augmentation des mouvements de population, à laquelle on peut s’attendre pendant les périodes d’insécurité accrue.

Conseils de l’OMS

Trafic international: Sur la base des informations actuellement disponibles, l’OMS déconseille d’instaurer des restrictions aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la République démocratique du Congo. Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué pour protéger les populations contre le virus Ebola. Par conséquent, il n’est pas raisonnable d’exiger un certificat de vaccination anti-Ebola pour limiter la circulation transfrontalière ou la délivrance de visas aux passagers quittant la République démocratique du Congo. L’OMS continue de surveiller attentivement les mesures prises pour les voyages et le commerce en relation avec cet événement, effectuant les vérifications nécessaires le cas échéant. Pour le moment, aucun pays n’a pris de mesures entravant sensiblement les voyages internationaux à destination ou en provenance de la République démocratique du Congo. Les voyageurs doivent demander conseil à leur médecin avant de partir et respecter les règles d’hygiène.

Pour de plus amples informations, voir :

 


 

1Le nombre de cas est susceptible de changer en raison des reclassements en cours, des enquêtes rétrospectives et de la disponibilité des résultats de laboratoire.