Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Disease outbreak news - Burundi

6 mai 2020

Aperçu de la situation

Le Burundi fait face depuis novembre 2019 à une augmentation du nombre de cas de rougeole confirmés.

Description de la situation

Le Burundi fait face depuis novembre 2019 à une augmentation du nombre de cas de rougeole confirmés. Cette flambée épidémique a commencé dans le Centre de transit de Cishemere, situé dans le district sanitaire de Cibitoke, où vivent des réfugiés en provenance de provinces de République démocratique du Congo touchées par la rougeole. Les réfugiés passent 21 jours dans le camp de transit de Cishemere avant d'être envoyés dans des camps permanents : camps de réfugiés de Nyankanda et de Bwagiriza à Butezi, camp de Kavumu à Cankuzo, camp de Garsowe à Muyinga et camp de Mulumba à Kiremba.

Cette flambée épidémique a été identifiée quand des cas présumés de rougeole ont été rapportés par les habitants de zones voisines, mettant en évidence des poches de population sous-vaccinées. D'après les estimations établies par l'OMS et l'UNICEF en 2018, la couverture du vaccin antirougeoleux est assez élevée pour la première dose (88 %) et légèrement inférieure pour la deuxième (77 %). Ces chiffres ne reflètent cependant pas la couverture vaccinale des réfugiés entrants.

Au 27 avril 2020, 857 cas de rougeole confirmés avaient été notifiés dans quatre districts : Cibitoke (624 cas), Butezi (221 cas), Cankuzo (6 cas) et Bujumbura Sud (6 cas). Parmi les cas de rougeole à Cibitoke, 601 étaient épidémiologiquement liés, 20 étaient confirmés en laboratoire, et 3 avaient été diagnostiqués cliniquement. Dans le district de Butezi, 27 cas étaient confirmés en laboratoire, 192 étaient épidémiologiquement liés, et 2 avaient été diagnostiqués cliniquement. À Cankuzo, l’ensemble des 6 cas avaient été confirmés en laboratoire, tandis que dans le district de Bujumbura Sud, 3 étaient confirmés en laboratoire et 3 étaient liés épidémiologiquement. Les enfants âgés de 9 à 59 mois étaient la tranche d’âge la plus touchée ; 80 % des cas étaient des enfants de 9 ans ou moins.

Tableau 1. Répartition des cas confirmés de rougeole par âge et par sexe

 

Aucun nouveau cas n'a été signalé dans le district de Bujumbura Sud ou à Cankuzo depuis décembre 2019. Les derniers cas ont été rapportés à Butezi le 2 mars 2020.

La flambée épidémique est en cours à Cibitoke. Le dernier cas dans le camp de transit de Cishemere a été rapporté le 14 janvier 2020. Au niveau mondial, le nombre total de cas signalés est de 67 dans le camp de transit de Cishemere et de 557 dans le district sanitaire de Cibitoke.

Cette flambée épidémique a pour cause la circulation de la rougeole dans une population présentant une faible immunité. La majorité des cas (77 %) étaient soient des sujets non vaccinés, soit des sujets qui n’étaient pas sûrs de leur statut vaccinal.

Action de santé publique

Le Ministère de la santé publique du Burundi, en collaboration avec des partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF, Médecins sans frontières (MSF) et Gruppo di Volontariato Civile (GVC), a élaboré un plan global de riposte à la flambée de rougeole comportant les mesures de santé publique suivantes :

  • Création d’un comité technique chargé de l’élaboration du plan et de son suivi, sous la présidence du Directeur général des services de santé et de la lutte contre le sida ;
  • Intervention vaccinale ciblant les enfants âgés de 9 mois à 14 ans vivant dans les camps, y compris le centre de transit de Cishemere à Cibitoke, les camps de réfugiés de Cibitoke, Nyankanda et Bwagiriza à Butezi ; et le camp Kavumu de Cancuzo ;
  • Renforcement du programme de vaccination pour les enfants dans les camps de réfugiés et dans les districts touchés avec la création d’un poste de vaccination au camp de transit de réfugiés de Cishemere ;
  • Renforcement de la surveillance dans les districts sanitaires touchés en mettant l'accent sur l'extension de la recherche active des cas dans l'ensemble des districts abritant les camps de réfugiés de Garsowe (Muyinga) et Mulumba (Kiremba).
  • Mobilisation des ressources en cours pour financer le plan de riposte national, lequel a été validé par le Ministère de la santé publique et de la lutte contre le sida ;
  • Renforcement des capacités des agents de santé en matière de prise en charge des cas et de surveillance ;
  • Avec l’appui des agents de santé communautaires, recherche active et vaccination des enfants qui n'ont pas déjà reçu la première et la deuxième doses de vaccin à valence rougeole (MCV) ; 

Évaluation du risque par l’OMS

L’OMS estime que l’épidémie de rougeole actuelle représente un risque élevé pour le Burundi pour les raisons suivantes :

  • Augmentation du nombre de cas signalés depuis novembre 2019 ;
  • Propagation de l'épidémie depuis les camps de réfugiés vers le reste de la population ;
  • Insuffisance des infrastructures, manque de moyens et de ressources pour assurer la gratuité des soins et manque de personnel compétent pour la prise en charge clinique des complications dues à l'infection par le virus de la rougeole ;
  • Couverture vaccinale sous-optimale : 88 % pour la première dose du MCV et 77 % pour la deuxième (d'après les estimations conjointes OMS/UNICEF de 2018) ;
  • Vastes mouvements de population entre les localités et épidémie de rougeole concomitante en République démocratique du Congo voisine.

S’ajoutant aux faibles niveaux d’immunité, les lacunes de la surveillance de la rougeole et de la rubéole dans le pays, confirmées par l’analyse du risque de rougeole pour 2019, ont mis en évidence que 63 % des districts (29 districts sanitaires sur 46) présentaient un risque élevé pour la rougeole ; parmi eux, 13 districts avaient un risque très élevé de flambée épidémique de rougeole. Cela montre que le système de surveillance du pays pourrait ne pas être en mesure de détecter les flambées épidémiques de rougeole s’il n’est pas renforcé.

Conseils de l’OMS

La rougeole est une maladie à prévention vaccinale et deux doses de vaccin à valence rougeole (MCV) sont recommandées pour assurer l’immunité. La conduite de campagne de vaccination réactive ciblées et le renforcement de la vaccination systématique sont essentiels pour maîtriser l’épidémie. L’administration de vitamine A, en particulier dans le contexte de la malnutrition, permet de réduire la morbidité et la mortalité imputables à la rougeole.

L’OMS invite instamment tous les États Membres :

  • À veiller à la vaccination systématique des enfants contre la rougeole, associée à des campagnes de vaccination de masse dans les pays où les taux de morbidité et de mortalité sont élevés pour réduire le nombre de décès par rougeole.
  • À atteindre et à maintenir une couverture de 95% et plus par la première et la deuxième doses de MCV.
  • À vacciner les groupes à risque, notamment réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, les jeunes enfants, les femmes enceintes, les agents de santé, les personnes travaillant dans les secteurs du tourisme et des transports et les voyageurs internationaux.
  • À renforcer la surveillance épidémiologique des cas présentant une fièvre ou une éruption cutanée pour permettre la détection rapide de tous les cas présumés de rougeole dans les établissements de santé publics et privés et à veiller à ce que les échantillons soient rapidement reçus par les laboratoires.
  • À inclure l’administration de vitamine A aux interventions, conformément aux dernières recommandations de l’OMS.

L’OMS ne préconise aucune restriction aux voyages ou au commerce avec le Burundi sur la base des informations disponibles sur la flambée actuelle.

Pour plus d’informations sur la rougeole, consulter :