Aperçu de la situation
Description de la situation
Le 15 décembre 2020, le Ministère brésilien de la santé a notifié le deuxième cas confirmé d’infection humaine par un variant du virus grippal A(H1N2)v dans le pays au cours de l’année 2020. Le sujet infecté était une fillette âgée de 4 ans vivant sur une exploitation agricole qui sert aussi d’abattoir de porcs dans la commune d’Irati (État du Paraná). La maladie est apparue le 16 novembre 2020 avec fièvre, toux, rhinite, céphalée et dyspnée et la fillette a été soignée en ambulatoire le jour même à l’hôpital Darcy Vargas. Elle a reçu des médicaments contre la toux et les céphalées et s’est remise. Aucun des contacts familiaux n'a présenté de symptômes.
Les 18 et 19 novembre, des échantillons de sécrétions respiratoires ont été prélevés pour être analysés. Le laboratoire de l’État du Paraná a détecté un virus grippal A dont le sous-typage n’a pu être effectué et les échantillons ont été transmis pour le séquençage du génome complet du virus à l’Institut Oswaldo Cruz (Fiocruz), au Centre national de la grippe de Rio de Janeiro qui a confirmé le virus de la grippe A (H1N2)v le 14 décembre.
Une analyse génétique préliminaire effectuée par le Centre national de la grippe Fiocruz a révélé que le virus A(H1N2)v est génétiquement différent des autres variants précédemment détectés chez l'homme en 2015 et en avril 2020 au Brésil. Cette analyse préliminaire montre que tous les gènes sont très semblables à ceux des virus grippaux A(H1N1)pdm09 actuellement en circulation, à l'exception de la neuraminidase qui est très semblable à celle des virus grippaux A(H3N2). Une caractérisation plus poussée du virus est en cours. Tous les virus grippaux de type A détectés par la surveillance sentinelle et les virus provenant de sites non sentinelles (hôpitaux et laboratoires périphériques) au Brésil sont sous-typés en fonction des propriétés des protéines de surface de l'hémagglutinine (H) et de la neuraminidase (N). À ce jour, aucune autre infection humaine par des variants du virus n'a été signalée au Brésil.
C’est la troisième fois qu’une infection humaine par le virus grippal A(H1N2)v est signalée dans l’État brésilien du Paraná, le premier cas ayant été détecté en 2015 et le second en avril 2020. Ces deux cas confirmés vivaient en milieu rural dans des zones d'élevage de porcs, et l’un des deux travaillait dans un abattoir de porcs.
Action de santé publique
Évaluation du risque par l’OMS
Il y a eu une transmission interhumaine limitée non durable de variants de virus grippaux, même si l'on n'a pas mis en évidence de transmission communautaire en cours. Les données actuelles font penser que ces virus n’ont pas acquis la capacité de se transmettre durablement de personne à personne. Les risques seront réévalués le cas échéant si d’autres informations épidémiologiques ou virologiques deviennent disponibles.
Les virus grippaux circulent dans les populations porcines de nombreuses régions du monde. Les caractéristiques génétiques de ces virus diffèrent en fonction de la situation géographique. Lorsqu’un virus grippal qui circule normalement chez le porc (mais pas chez l'homme) est détecté chez une personne, on parle de « variant du virus grippal ». La plupart des cas humains sont le résultat d’une exposition aux virus de la grippe porcine par contact avec des porcs infectés ou, dans certains cas, un environnement contaminé. Comme ces virus continuent d’être détectés dans les populations porcines du monde entier, on peut s’attendre à observer d’autres cas humains.
Les virus grippaux qui infectent le porc peuvent être différents des virus grippaux humains. Ainsi, on ne s’attend pas généralement à ce que les vaccins contre les virus de la grippe humaine protègent l'homme contre les virus grippaux qui circulent normalement chez le porc. Le porc de son côté est sensible aux virus des grippes aviaire, humaine et porcine ; il peut aussi être infecté en même temps par des virus grippaux touchant des espèces différentes. Il est alors possible pour les gènes de ces virus de se mélanger et de créer un nouveau virus. Ce type de changement majeur dans le cas des virus de la grippe A est appelé mutation antigénique. S’il provoque des cas humains et peut se transmettre facilement d’un sujet à l’autre, ce nouveau virus peut donner lieu à une pandémie de grippe
En raison de la nature en constante évolution des virus grippaux, l’OMS continue de souligner l’importance de la surveillance mondiale pour détecter les changements virologiques, épidémiologiques et cliniques associés à la circulation des virus grippaux qui peuvent affecter la santé humaine ou animale et de l'échange en temps opportun des virus pour l’évaluation des risques
Toutes les infections humaines causées par un nouveau sous-type de virus grippal doivent être notifiées en vertu du Règlement sanitaire international (2005) et les États Parties au RSI (2005) sont tenus de déclarer immédiatement à l’OMS tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente par un virus grippal de type A susceptible de provoquer une pandémie. Aucune preuve établissant la maladie n’est requise dans le cadre de cette notification.
Conseils de l’OMS
Ce cas ne modifie pas les recommandations actuelles de l’OMS sur les mesures de santé publique et la surveillance de la grippe saisonnière.
L’OMS ne conseille pas de dépistage spécial des voyageurs aux points d’entrée ni de restrictions concernant la situation actuelle des virus grippaux à l’interface homme-animal.
Les voyageurs se rendant dans des pays confrontés à des flambées connues de grippe animale devraient éviter tout contact avec des animaux sur les marchés d’animaux vivants ou avec des surfaces apparemment contaminées par des excréments d’animaux ; ils devraient aussi éviter de se rendre dans des exploitations agricoles ou des dans zones pouvant servir d’abattoir. Ils devraient également se laver souvent les mains avec de l’eau et du savon et suivre les bonnes pratiques de sécurité sanitaire des aliments et d’hygiène alimentaire. Si des personnes infectées provenant de zones touchées voyagent à l’étranger, leur infection peut être détectée dans un autre pays pendant le voyage ou après leur arrivée. Si cela devait se produire, une propagation ultérieure dans la communauté est jugée peu probable car ce virus n’a pas acquis la capacité de se transmettre facilement d’homme à homme.
Dans le cas d’une infection humaine confirmée ou suspectée par un nouveau virus grippal susceptible de donner lieu à une pandémie, y compris un variant de virus, on procédera à une enquête épidémiologique approfondie (même si les résultats de la confirmation en laboratoire ne sont pas encore connus) sur les antécédents d’exposition aux animaux et de voyage ainsi qu’à une recherche des contacts. L’enquête épidémiologique doit inclure l’identification précoce de symptômes respiratoires inhabituels qui pourraient évoquer une transmission interhumaine du nouveau virus. Les échantillons cliniques prélevés au moment et à l’endroit où le cas est survenu doivent être testés et envoyés à un centre collaborateur de l’OMS pour une caractérisation plus poussée.
Pour plus d’informations:
- Influenza at the Human-Animal Interface: Pan American Health Organization Recommendations to Strengthen Intersectoral Work for Surveillance, Early Detection, and Investigation, 9 juillet 2020. Disponible en anglais, espagnol et portugais
- Grippe aviaire et autres grippes zoonotiques : Principaux faits
- Informations techniques y compris les évaluations mensuelles des risques à l’interface entre l'homme et l'animal - en anglais
- Protocole d'investigation de la grippe non saisonnière et d’autres maladies respiratoires aiguës émergentes
- Case definitions for diseases requiring notification under the IHR (2005)
- Règlement sanitaire international (RSI) (2005).
- Organisation mondiale de la santé animale (OIE) - Grippe porcine
- Ministère brésilien de la Santé. Rapports officiels sur le présent cas disponibles en portugais