Description de la situation
L’épidémie en bref :
Le 15 mai 2022, un cas de poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) a été signalé au Mozambique par le Réseau mondial de laboratoires pour la poliomyélite. D’après les résultats de l’analyse de la séquence génomique, l’isolat actuel de PVS1 est génétiquement lié à une souche détectée au Pakistan en 2019 et similaire à un cas de PVS1 signalé au Malawi en février 2022.
Dans le cadre des mesures prises à la suite de la confirmation du cas au Malawi, deux séries de campagnes de vaccination par le vaccin antipoliomyélitique oral bivalent (VPOb) ont été menées dans le pays, et plus de 4,5 millions d’enfants ont été vaccinés.
Le risque de propagation internationale, en particulier dans la région du sud-est de l’Afrique, reste élevé, en raison de lacunes persistantes en matière d’immunité et de surveillance, et de mouvements massifs de population.
Description de l’épidémie :
Le 15 mai 2022, le Réseau mondial de laboratoires pour la poliomyélite a signalé la confirmation d’un cas de poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) au Mozambique. Il s’agit d’une jeune fille de 12 ans atteinte de paralysie flasque aiguë (PFA), avec apparition des signes de la paralysie le 25 mars, originaire du district de Changara, dans la province de Tête, à la frontière du Zimbabwe et du Malawi. Deux échantillons de selles ont été prélevés pour analyse les 1er et 2 avril. Le 14 mai, l’Institut national sur les maladies transmissibles d’Afrique du Sud a vérifié les échantillons et a confirmé qu’il s’agissait du PVS1. L’enfant avait déjà reçu trois doses de vaccin antipoliomyélitique oral bivalent (VPOb), mais aucun vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI). D’après les résultats de l’analyse de la séquence génomique, le nouveau cas confirmé est lié à une souche qui circulait au Pakistan en 2019, similaire à un cas de PVS1 signalé au Malawi en février 2022 (pour plus d’informations sur ce cas, consulter le Bulletin d’information sur les flambées épidémiques publié le 3 mars 2022). Le dernier cas de poliovirus sauvage autochtone au Mozambique a été signalé en 1993.
Le Mozambique est également touché par une flambée concomitante de poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2), avec sept cas signalés dans le pays depuis 2021, le plus récent remontant au 25 mars 2022.
Selon l’estimation de la couverture vaccinale nationale par l’OMS et l’UNICEF, la couverture de la troisième dose du vaccin antipoliomyélitique oral (VPO3) et de la première dose du vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI1) était respectivement de 73 % et 78 % au Mozambique en 2020.
Figure 1 : Pays signalant des cas de PVS1 et pays voisins mettant en œuvre des plans de préparation
Épidémiologie de la poliomyélite
La poliomyélite est une maladie virale hautement infectieuse qui touche principalement les enfants de moins de cinq ans. Le virus est transmis de personne à personne, principalement par la voie fécale-orale ou, moins fréquemment, par un véhicule commun (par exemple, de l’eau ou des aliments contaminés), puis se multiplie dans l’intestin, où il peut envahir le système nerveux et provoquer une paralysie. Le virus est transmis par les personnes infectées (généralement des enfants) par les selles et peut se propager rapidement, en particulier dans les zones où les systèmes d’hygiène et d’assainissement laissent à désirer.
La période d’incubation est généralement de 7 à 10 jours, mais peut aller de 4 à 35 jours. Jusqu’à 90 % des personnes infectées sont asymptomatiques ou présentent des symptômes bénins et la maladie passe souvent inaperçue. Dans les cas paucisymptomatiques, les premiers symptômes sont de la fièvre, de la fatigue, des céphalées, des vomissements, une raideur de la nuque et des douleurs dans les membres. Ces symptômes durent généralement de 2 à 10 jours et aboutissent, dans presque tous les cas, à un rétablissement complet. Cependant, dans les 10 % de cas restants, le virus provoque une paralysie, généralement des jambes, qui est le plus souvent permanente. La paralysie peut survenir très rapidement, parfois dans les heures qui suivent l’infection. Parmi les personnes paralysées, 5 à 10 % succombent à l’immobilisation de leurs muscles respiratoires.
Sur les trois types de poliovirus sauvage existants, deux ont été éradiqués (PVS2 et PVS3) et des efforts sont déployés à l’échelle mondiale pour éradiquer le PVS1. Actuellement, le poliovirus sauvage est endémique dans deux pays : le Pakistan et l’Afghanistan. Le fait que le PVS1 a été détecté en dehors des deux pays où la maladie est endémique démontre qu’un risque continu de propagation internationale subsistera tant que le monde entier ne sera pas exempt de PVS1.
Il n’existe pas de remède contre la poliomyélite, qui ne peut être évitée que par la vaccination.
Action de santé publique
Le Mozambique a participé activement à la riposte d’urgence multipays mise en œuvre pour faire face aux flambées dans la région de l’Afrique du Sud-Est à la suite du signalement du cas de PVS1 au Malawi en février 2022, aux côtés de la Tanzanie, de la Zambie et du Zimbabwe, touchant plus de 23 millions d’enfants dans la région. Deux séries de campagnes de vaccination avec le VPO ont déjà été mises en œuvre, dont la plus récente à la fin du mois d’avril, permettant la vaccination de plus de 4,5 millions d’enfants au Mozambique. Dans le même temps, le pays prend également des mesures pour faire face à l’épidémie de PVDVc2.
Les autorités nationales et infranationales continuent d’être soutenues par les partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP), notamment par des experts de l’Équipe africaine d’intervention rapide, du Réseau mondial de laboratoires pour la poliomyélite, de l’UNICEF et d’organisations locales. La surveillance continue d’être renforcée dans l’ensemble de la sous-région.
La détection du cas actuel rappelle qu’il est nécessaire de prendre des mesures à grande échelle, rapidement et dans plusieurs pays dans toute l’Afrique du Sud-Est, conformément aux directives internationales révisées de riposte à une flambée de poliomyélite. La priorité absolue est de poursuivre la mise en œuvre de la riposte d’urgence sous-régionale, en continuant à mener des campagnes d’intervention à grande échelle, rapides et de qualité.
Évaluation du risque par l’OMS
La détection d’un cas de PVS1 au Mozambique et du deuxième cas de la région du sud-est de l’Afrique confirme l’existence d’un foyer de transmission active dans la sous-région.
L’OMS considère qu’il existe toujours un risque élevé de propagation internationale du PVS1, en particulier dans la région du sud-est de l’Afrique, en raison de lacunes persistantes en matière d’immunité et de surveillance nationales, et de mouvements massifs de population. Le risque est encore accru par la baisse du taux de vaccination liée à la pandémie actuelle de COVID-19.
Le risque de propagation combiné à la flambée concomitante de PVDVc2 est actuellement jugé modéré, dans la mesure où les données historiques et épidémiologiques semblent indiquer que les PVS ont une propension beaucoup plus élevée que les PVDVc à la propagation géographique. Cependant, une riposte d’envergure est en train d’être mise en œuvre de toute urgence pour faire face à ces deux souches, car elles peuvent toutes les deux provoquer des formes paralytiques chez les enfants.
Conseils de l’OMS
Il est important que tous les pays, en particulier ceux dont la population a fréquemment des contacts avec des pays ou des zones où sévit la poliomyélite, ou s’y rend régulièrement, renforcent la surveillance des cas de PFA et prévoient d’étendre la surveillance environnementale afin de détecter rapidement toute nouvelle importation du virus et d’organiser une riposte rapide. Les pays, territoires et zones doivent également maintenir une couverture uniformément élevée de la vaccination systématique au niveau des districts pour limiter le plus possible les conséquences d’une nouvelle introduction du virus.
La publication de l’OMS « Voyages internationaux et santé » recommande que tous les voyageurs à destination de zones où circulent des poliovirus reçoivent une vaccination complète contre la poliomyélite. Les résidents des zones infectées (et les visiteurs qui y séjournent plus de 4 semaines) doivent recevoir une dose supplémentaire de VPO ou de VPI dans un délai allant de 4 semaines à 12 mois après avoir effectué un voyage.
Conformément à l’avis du Comité d’urgence convoqué en vertu du Règlement sanitaire international (2005), le risque de propagation internationale du poliovirus demeure une urgence de santé publique de portée internationale. Les pays touchés par une transmission de poliovirus font l’objet de recommandations temporaires. Pour se conformer à ces recommandations émises dans le cadre de l’USPPI, tout pays infecté par un poliovirus doit déclarer l’épidémie comme une urgence de santé publique nationale, assurer la vaccination des résidents et des visiteurs de longue durée et restreindre les voyages des personnes qui n’ont pas été vaccinées ou qui ne peuvent pas prouver leur statut vaccinal, au départ du pays.
Les informations épidémiologiques sur les PVS et les PVDVc sont mises à jour chaque semaine sur le site Web de l’IMEP.
Sur la base des informations disponibles concernant cet événement, l’OMS ne recommande aucune restriction aux voyages ni aux échanges commerciaux avec le Mozambique.
Informations supplémentaires
- Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite
- Polio Factsheet
- Estimations OMS-UNICEF de la vaccination systématique au niveau national
- IMEP : Statut d’urgence de santé publique
- Voyages internationaux et santé
- Poliovirus dérivés d’une souche vaccinale
- Procédures opérationnelles standardisées : riposte à un événement ou à une flambée de poliomyélite, version 3.1.
Référence pour citation : Organisation mondiale de la Santé (23 juin 2022). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) – Mozambique. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON395
Épidémiologie de la maladie
Poliomyelitis (polio) is a highly infectious viral disease that largely affects children under five years of age. The virus is transmitted by person-to-person and spread mainly through the fecal-oral route or, less frequently, by a common vehicle (e.g., contaminated water or food) and multiplies in the intestine, from where it can invade the nervous system and cause paralysis. The virus is shed by infected people (usually children) through faeces, where it can spread quickly, especially in areas with poor hygiene and sanitation systems.
The incubation period is usually 7–10 days but can range from 4–35 days. Up to 90% of those infected are either asymptomatic or experience mild symptoms and the disease usually goes unrecognized. In mildly symptomatic cases, initial symptoms include fever, fatigue, headache, vomiting, stiffness in the neck, and pain in the limbs. These symptoms usually last for 2–10 days and most recovery is complete in almost all cases. However, in the remaining 10% of cases, the virus causes paralysis, usually of the legs, which is most often permanent. Paralysis can occur as rapidly as within a few hours of infection. Of cases with paralysis, 5-10% die when their breathing muscles become immobilized.
Two of the three types of wild poliovirus have been eradicated (WPV2 and WPV3), with ongoing global efforts to eradicate WPV1. Currently, wild poliovirus is endemic in two countries: Pakistan and Afghanistan. The detection of WPV1 outside these two countries where the disease is endemic demonstrates the continuous risk of international spread of the disease until every corner of the world is free of WPV1.
There is no cure for polio; it can only be prevented by immunization.