Aperçu de la situation
Description de la situation
Aperçu de la situation
La fièvre jaune est endémique dans la Région africaine de l’OMS et figurait parmi les cinq événements les plus fréquemment signalés dans la Région en 2019 et 2020 (en anglais). Vingt-sept pays d’Afrique ont été classés comme pays à haut risque par la Stratégie mondiale pour l’élimination des épidémies de fièvre jaune (EYE). Du 1er janvier 2021 au 26 août 2022, 12 pays de la Région ont notifié 184 cas confirmés et 274 cas probables, dont 21 décès, attestant de la continuité d’une infection virale complexe.
Les facteurs de risque de propagation et d’amplification ultérieures comprennent la faible immunité de la population, les mouvements de population, la dynamique de transmission virale, et les facteurs climatiques et écologiques qui ont contribué à la propagation des moustiques Aedes. Des mesures de riposte, notamment des campagnes de vaccination réactives et préventives, sont actuellement prises dans les pays touchés. Depuis le début de 2021, plus de 3,9 millions de personnes ont été vaccinées grâce à des campagnes de vaccination réactives au Cameroun, en République centrafricaine, au Tchad, au Ghana et au Kenya.
Description des flambées
En 2021, neuf pays africains – Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo et Tchad, – ont notifié un total de 151 cas confirmés de fièvre jaune (pour plus de détails, veuillez consulter le Bulletin d’information sur les flambées épidémiques publié le 23 décembre 2021[1]). Sur ces neuf pays, six signalent des cas confirmés de fièvre jaune avec une transmission persistant en 2022, tandis que la Côte d’Ivoire et le Nigéria ont notifié des cas probables[2] et que le Gabon n’a pas notifié d’autres cas depuis 2021.
En 2022, deux pays additionnels, le Kenya[3] et l’Ouganda[4], ont notifié des cas confirmés de fièvre jaune. Du 1er janvier au 26 août 2022, un total de 33 cas confirmés de fièvre jaune a été notifié dans huit pays africains, dont la République centrafricaine (33 %, 11 cas), le Cameroun (24 %, huit cas), la République démocratique du Congo (13 %, quatre cas), le Kenya (9 %, trois cas), le Tchad (6 %, deux cas), la République du Congo (6 %, deux cas), l’Ouganda (6 %, deux cas) et le Ghana (3 %, un cas).
Dix pays – Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Niger, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo et Tchad – ont également notifié un total de 274 cas probables de fièvre jaune entre le 1er janvier 2021 et le 26 août 2022 (Tableau 1).
La majorité des cas sur l’ensemble de la période ont été signalés au dernier trimestre de 2021 (Figure 1), le Ghana signalant environ 33 % de tous les cas confirmés. Sur les 184 cas confirmés, 73 % sont âgés de 30 ans et moins, et le ratio hommes-femmes est de 1,2. Le nombre de cas et de flambées épidémiques devrait poursuivre son évolution à mesure que la Région entre dans la période saisonnière où l’on observe souvent une augmentation du nombre de cas notifiés.
Figure 1. Cas probables et confirmés de fièvre jaune par semaine d’apparition des symptômes dans les pays signalant une transmission dans la Région africaine de l’OMS, du 1er janvier 2021
au 26 août 2022.
Figure 2. Distribution des cas probables et confirmés de fièvre jaune dans la Région africaine de l’OMS, du 1er janvier 2021 au 26 août 2022.
Tableau 1. Cas probables et confirmés de fièvre jaune et décès par pays dans la Région africaine de l’OMS, du 1er janvier 2021 au 26 août 2022.
Épidémiologie de la fièvre jaune
La fièvre jaune est une maladie à tendance épidémique qui peut être prévenue par la vaccination. Elle est causée par un arbovirus qui est transmis à l’homme par des piqûres de moustiques Aedes et Haemagogus infectés. La période d’incubation varie de 3 à 6 jours. Une grande partie des personnes infectées est asymptomatique, mais lorsque des symptômes apparaissent, les plus couramment observés sont de la fièvre, des douleurs musculaires à prédominance dorsale, des céphalées, une perte d’appétit et des nausées ou des vomissements. Dans la plupart des cas, les symptômes se résolvent au bout de 3 à 4 jours. Une faible proportion de cas progresse vers la phase toxique et présente une infection systémique touchant le foie et les reins. Ces individus peuvent manifester des symptômes plus sévères : fièvre élevée, douleurs abdominales avec vomissements, ictère et urines foncées dues à une insuffisance hépatique et rénale aiguë. Les saignements de la bouche, du nez, des yeux ou de l’estomac peuvent se produire. La mort peut survenir dans les 7 à 10 jours chez environ la moitié des cas présentant des symptômes graves.
La fièvre jaune est prévenue par un vaccin efficace, sûr et abordable. Une seule dose du vaccin antiamaril suffit à conférer une immunité durable et une protection à vie contre la maladie. Une dose de
rappel du vaccin n’est pas nécessaire. Le vaccin fournit une immunité efficace dans les 10 jours pour 80-100 % des personnes vaccinées, et dans les 30 jours pour plus de 99 % des personnes vaccinées.
Épidémiologie de la maladie
Yellow fever is an epidemic-prone, vaccine-preventable disease caused by an arbovirus transmitted to humans by the bites of infected Aedes and Haemagogus mosquitoes. The incubation period ranges from 3 to 6 days. Many people do not experience symptoms, but when they occur the most common are fever, muscle pain with prominent backache, headache, loss of appetite, and nausea or vomiting. In most cases, symptoms clear after 3 to 4 days. A small proportion of cases progress to the toxic phase with systemic infection affecting the liver and kidneys. These individuals can have more severe symptoms of high-grade fever, abdominal pain with vomiting, jaundice and dark urine caused by acute liver and kidney failure. Bleeding can occur from the mouth, nose, eyes, or stomach. Death can occur within 7 - 10 days in about half of cases with severe symptoms.
Yellow fever is prevented by an effective vaccine, which is safe and affordable. A single dose of yellow fever vaccine is sufficient to grant sustained immunity and life-long protection against yellow fever disease. A booster dose of the vaccine is not needed. The vaccine provides effective immunity within 10 days for 80-100% of people vaccinated, and within 30 days for more than 99% of people vaccinated.
Action de santé publique
L’OMS assure la coordination et fournit l’appui technique aux pays pour mener des enquêtes approfondies et répondre à la flambée épidémique. Les mesures de riposte par les pays touchés porteraient notamment sur les points suivants :
Renforcer les capacités en matière de surveillance et de laboratoires
- L’OMS soutient les autorités nationales dans le cadre d’enquêtes sur le terrain, notamment en formant le personnel de santé aux enquêtes sur les cas de fièvre jaune, en examinant les rapports d’enquête sur les cas et en organisant des sessions de classification des cas pour déterminer la classification épidémiologique des cas de fièvre jaune ;
- La Stratégie mondiale pour l’élimination des épidémies de fièvre jaune (EYE) continue de soutenir les expéditions internationales d’échantillons de fièvre jaune vers les laboratoires régionaux de référence depuis 2019, ainsi que les analyses en laboratoire continues et le renforcement des capacités ;
- Les activités de gestion des données ont été renforcées.
Vaccination
- Campagnes de vaccination réactive (CVR)
- Dans le cadre de la riposte à la flambée des cas signalés, il y a eu sept CRV (deux au Ghana, deux au Tchad et une en République centrafricaine, au Cameroun et au Kenya) ;
- Du 1er janvier 2021 au 26 août 2022, 3 991 568 personnes au total ont été vaccinées avec le soutien du Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccin (GCI) ;
- Une CVR supplémentaire a été approuvée par le GCI pour une mise en œuvre en République centrafricaine et devrait être lancée en septembre 2022 avec un objectif de 345 920 personnes.
- Campagnes de vaccination préventive de masse (CVPM)
- Les CVPM ciblent les zones à haut risque de transmission du virus et où l’immunité de la population est insuffisante. Au total, environ 80 millions de personnes devraient être protégées grâce aux CVPM en 2022 ;
- Parmi les pays touchés par cette flambée, le Nigéria (dans certains États) et la République du Congo ont commencé leur CVPM cette année ; la République démocratique du Congo et l’Ouganda ont également prévu des activités de vaccination au dernier trimestre de 2022.
Évaluation du risque par l’OMS
Selon la stratégie EYE, vingt-sept pays de la Région africaine sont des pays à haut risque de fièvre jaune au regard du calendrier et de l’intensité de la transmission du virus de la fièvre jaune, du potentiel de transmission et de l’évaluation du risque urbain. La réémergence de la fièvre jaune a été signalée en 2020 avec l’apparition de deux flambées dans des pays d’Afrique de l’Ouest ayant préalablement mené une vaccination de masse (en Guinée et au Sénégal, maintenant contenues). Depuis fin 2021, la situation s’est intensifiée, 12 pays de la Région ayant signalé des cas probables et confirmés.
L’OMS estime que le risque est élevé au niveau régional. Les flambées épidémiques multinationales actuelles et la circulation active du virus en Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est ont entraîné une augmentation de la morbidité et de la mortalité, avec un risque continu d’amplification et de propagation. La couverture vaccinale contre la fièvre jaune a été sous-optimale dans la plupart des pays touchés et dans certaines populations. Selon les estimations de l’OMS et de l’UNICEF, en 2021, la couverture vaccinale systématique des enfants contre la fièvre jaune dans la Région africaine était de 47 %. Ce seuil est bien inférieur au seuil de 80 % requis pour conférer une immunité de population contre la fièvre jaune, ce qui indique qu’une population importante reste sensible à la fièvre jaune avec un risque de transmission continue.
La couverture vaccinale des pays notifiant des cas probables et confirmés en Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est est la suivante : Cameroun (54 %), République centrafricaine (41 %), Tchad (45 %), République du Congo (67 %), Côte d’Ivoire (65 %), République démocratique du Congo (56 %), Gabon (53 %), Ghana (94 %), Kenya (7 %), Niger (80 %) et Nigéria (63 %). L’Ouganda prévoit d’introduire le vaccin contre la fièvre jaune dans la vaccination systématique en août 2022. De plus amples informations sur la couverture vaccinale sont disponibles ici.
De nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est ont été confrontés à une instabilité politique et à l’insécurité, en plus de flambées simultanées (notamment la COVID-19, la maladie à virus Ebola, le choléra, la méningite, le paludisme, l’orthopoxvirose simienne, le poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2 (PVDVc2), le chikungunya, la leishmaniose, la peste, la fièvre de Lassa, etc.). Cela pourrait contribuer à retarder l’enquête sur les cas et entraver les efforts de surveillance et de riposte contre la fièvre jaune.
Le risque au niveau mondial est estimé faible, car aucun cas exporté de fièvre jaune lié à ces 12 pays avec des cas probables ou confirmés depuis janvier 2021 n’a été signalé.
Conseils de l’OMS
- Surveillance : l’OMS recommande d’assurer une surveillance étroite de la situation, doublée d’une coordination et d’un échange d’informations actifs entre les pays, étant donné que des cas sont susceptibles de survenir dans les pays voisins. Il est recommandé de renforcer la surveillance en procédant à des enquêtes et à des analyses de laboratoire pour les cas suspects.
- Vaccination : la vaccination est le principal moyen de prévenir et de combattre la fièvre jaune. La vaccination antiamarile est sûre, très efficace et une dose unique confère une protection à vie. L’obtention de la protection de la population à l’échelle nationale par la vaccination contribuera à prévenir le risque de futures flambées. L’OMS soutient les plans nationaux des pays signalant des flambées de fièvre jaune visant à introduire la vaccination antiamarile dans le programme de vaccination systématique et à mener à bien les activités de vaccination préventive de masse afin de renforcer rapidement l’immunité de la population.
- Lutte antivectorielle : dans les centres urbains, des mesures ciblées de lutte antivectorielle sont également utiles pour interrompre la transmission. À titre de précaution générale, l’OMS recommande d’éviter les piqûres de moustiques à l’aide de produits répulsifs et de moustiquaires imprégnées d’insecticide. Le risque de transmission du virus de la fièvre jaune est à son niveau maximal pendant la journée et en début de soirée.
- Communication sur les risques : l’OMS encourage ses États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour tenir les voyageurs informés des risques existants et des moyens de prévention, dont la vaccination. Les voyageurs doivent être sensibilisés aux signes et symptômes de la fièvre jaune et être informés de la nécessité de consulter rapidement un médecin en présence de signes et symptômes évocateurs d’une infection amarile. Le retour dans le pays de voyageurs qui sont infectés peut poser un risque d’établissement de cycles locaux de transmission de la fièvre jaune dans les zones où le vecteur compétent est présent.
- Voyages et échanges commerciaux internationaux : l’OMS déconseille toute restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux avec la région. L’OMS recommande la vaccination contre la fièvre jaune pour tous les voyageurs internationaux, âgés de neuf mois ou plus, se rendant dans des zones jugées par l’OMS comme étant à risque de transmission de la fièvre jaune. Pour les autres régions, la recommandation de vaccination des voyageurs internationaux est assujettie à l’évaluation de la probabilité d’exposition de chaque voyageur. Pour en savoir plus, voir ici.
Conformément à la troisième édition du RSI (2005), le certificat international de vaccination contre la fièvre jaune devient valable 10 jours après la vaccination et sa validité s’étend à la vie entière de la personne vaccinée. Une dose unique de vaccin antiamaril approuvé par l’OMS est suffisante pour conférer une immunité durable et une protection à vie contre la maladie. Une dose de rappel n’est pas nécessaire et n’est pas exigée parmi les conditions d’entrée pour les voyageurs internationaux.
Plus d'informations
- Page Web d’information de l’OMS sur la fièvre jaune (en anglais)
- Fiche d’information de l’OMS sur la fièvre jaune
- A Global strategy to Eliminate Yellow fever Epidemics (EYE) 2017-2026, WHO 2018) (en anglais)
- Liste OMS des pays ayant des exigences en matière de vaccination et des recommandations pour les voyageurs internationaux (en anglais)
- Vaccination requirements and recommendations for international travellers ; and malaria situation per country,
2021 edition (en anglais)
- The Strategic Advisory Group of Experts on Immunization (SAGE) (en anglais)
- A Global Strategy to Eliminate YF Epidemics (EYE),
document for the Strategic Advisory Group of Experts on Immunization (SAGE), October 2016 (en anglais)
- Réunion du Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination, octobre 2016 : conclusions et recommandations,
Weekly Epidemiological Record, 91 (48), 561 – 582 (en anglais)
- Site Web de l’OMS sur les voyages internationaux et la santé (en anglais)
- OMS (23 décembre 2021). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques - Région africaine (AFRO)
- OMS (25 mars 2022). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Fièvre jaune – Kenya
- OMS (25 avril 2022). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Fièvre jaune – Ouganda
Référence à citer : Organisation mondiale de la Santé (2 septembre 2022). Bulletin d’information sur les flambées épidémiques ; Fièvre jaune – Afrique de l’Est, de l’Ouest et Afrique centrale Disponible sur le site : https://www.who.int/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON 405
[1] Le cas du Niger de 2021 a été écarté lors de la classification des cas.
[2] Définitions de cas : https://www.who.int/fr/publications/m/item/vaccine-preventable-diseases-surveillance-standards-yellow-fever.
[3] Pour plus d’informations, veuillez consulter le Bulletin d’information sur les flambées épidémiques publié le 25 mars 2022 : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON361
[4] Pour plus d’informations, veuillez consulter le bulletin d’information sur les flambées épidémiques publié le 25 avril 2022 : https://www.who.int/fr/emergencies/disease-outbreak-news/item/2022-DON367