Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Maladie à virus Ebola – République démocratique du Congo - République démocratique du Congo

3 septembre 2020

Aperçu de la situation

Trois mois après la déclaration de la onzième flambée de maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur, en République démocratique du Congo, le nombre de cas confirmés continue d’augmenter et l’épidémie poursuit son expansion géographique.

Description de la situation

Trois mois après la déclaration de la onzième flambée de maladie à virus Ebola dans la province de l’Équateur, en République démocratique du Congo, le nombre de cas confirmés continue d’augmenter et l’épidémie poursuit son expansion géographique.

Au 1er septembre 2020, 110 cas (104 confirmés et six probables), dont 47 décès (taux de létalité 43 %), avaient été signalés dans 36 aires de santé de 11 zones de santé. Au cours des 21 derniers jours (12 août – 1er septembre 2020), 24 cas confirmés ont été signalés dans 15 aires de santé réparties dans huit zones de santé. À ce jour, trois agents de santé ont été touchés, ce qui représente 3 % de l’ensemble des cas. En outre, 48 personnes ont guéri de la maladie à virus Ebola à ce jour. 

Action de santé publique

Le Ministère de la santé dirige la riposte dans les zones de santé touchées avec le soutien de l’OMS et de partenaires. Les priorités en matière de riposte comprennent le renforcement de la surveillance et de la recherche des contacts, l’amélioration de la capacité des laboratoires, la mise en œuvre d’une bonne gestion clinique des cas suspects et confirmés, la poursuite de la vaccination en anneau autour des cas confirmés, la vaccination des agents de première ligne, la mise en place d’inhumations sans risque et dans la dignité, le soutien à la prévention et à la lutte contre l’infection dans les établissements de santé et la prise de contacts avec les communautés touchées.

Voici, entre autres, les principales mesures de riposte prises à ce jour :

  • Les activités de suivi des contacts et d’enquête en cas d’alerte se poursuivent.
      • Au 1er septembre 2020, six des huit zones de santé qui ont signalé des cas au cours des 21 derniers jours ont fait état d’activités de recherche pour 3227 contacts répertoriés dont 2614 (81%) ont fait l’objet d’un suivi.
      • Au 1er septembre 2020, 611 alertes (dont trois décès) ont été signalées dans neuf des onze zones de santé touchées par cette flambée, dont 592 (97 %) ont donné lieu à une enquête dans les 24 heures. Sur les 592 alertes étudiées, 123 (20 %) ont été validées et correspondaient à des cas nécessitant des soins spécialisés et un dépistage en laboratoire pour exclure la MVE.
  • Des laboratoires ont été mis sur pied à Mbandaka, Bikoro, Isipo et Bolomba. Un cinquième laboratoire est prévu à Ingende. Des efforts sont déployés pour s’assurer que les zones de santé dépourvues de laboratoire sont en mesure d’acheminer les échantillons vers les quatre laboratoires mis en place. Depuis le début de l’épidémie, 6265 échantillons au total ont été testés.
  • Des activités de vaccination sont en cours dans toutes les zones de santé touchées. Du 5 juin au 1er septembre 2020, un total de 27 492 personnes (dont 2641 agents de première ligne) ont été vaccinées, chiffre qui englobe également 7244 contacts à haut risque.
  • Quarante-six (46) points d’entrée et de contrôle sont actuellement opérationnels dans la province de l’Équateur et 91 % (829 709/907 137) des voyageurs ont fait l’objet d’un dépistage à ce jour. Au total, 107 alertes ont été détectées à la suite de ce dépistage, dont 65 ont donné lieu à une enquête. Sur les 65 alertes étudiées, 61 ont été validées et aucune n’a été confirmée.
  • Des efforts sont en cours pour lancer un programme de prise en charge des survivants de la MVE dans les dispensaires de Bikoro, Bolomba, Iboko et Mbandaka.
  • Au 1er septembre 2020, les équipes chargées des inhumations sans risque et dans la dignité avaient reçu 239 alertes de décès provenant des zones de santé touchées, ce qui a permis de réaliser 122 inhumations de ce type (51 %). Un écouvillon a pu être prélevé pour 136 des alertes de décès reçues et 16 cas ont ainsi été confirmés. Il convient de renforcer ces activités pour aider les communautés locales à gérer en toute sécurité les inhumations et prévenir la possible propagation de la MVE.
  • Les capacités actuelles de prise en charge clinique comprennent les centres de traitement Ebola à Wangata, Bikoro et Bolomba et trois hôpitaux de recours général dont les capacités ont été renforcées pour gérer les cas confirmés (total de 183 lits) ; un centre de transit à Mbandaka (10 lits) ; des établissements de santé ayant des capacités d’isolement à Iboko, Itopo, Yuli, Bosomondomba, Kalamba, Lilanga, Ikoko Bondinga, Ndote et Monieka (total de 68 lits). Il semblerait que certaines personnes pour lesquelles le diagnostic de MVE a été confirmé seraient réticentes à se faire soigner et restent dans leur communauté. Cela souligne la nécessité de renforcer partout les capacités de prise en charge clinique et de s’assurer que tous les patients ont accès au niveau de soins approprié. Au 1er septembre, 23 patients sur 66 (35 %) s’étaient vu administrer des anticorps monoclonaux.

Évaluation du risque par l’OMS

Le manque de financement et de ressources humaines limite la capacité de l’OMS et de ses partenaires à réagir. Les grèves continues des équipes locales d’intervention ont encore ralenti la mise à l’échelle des activités de riposte. L’OMS soutient le Ministère de la santé et ses partenaires pour faire face à ces difficultés.

L’OMS n’a pas reçu de financement adéquat pour la maladie à virus Ebola depuis le début de 2020 et utilise actuellement ses fonds d’urgence pour soutenir les interventions épidémiologiques et de santé publique. L’épidémie de COVID-19 en cours vient s’ajouter au fardeau qui pèse sur le système de santé national et remet encore plus en question l’accès aux ressources financières et humaines. Le risque d’interruption de la surveillance et des activités ordinaires de santé publique du fait de la COVID-19 pourrait compromettre la capacité du pays à contenir rapidement la réémergence de ces cas de maladie à virus Ebola. Au 29 août 2020, la République démocratique du Congo avait fait état de 1044 cas de COVID-19 et de 258 décès.

En outre, les équipes d’intervention opèrent actuellement dans un environnement difficile sur le plan logistique, bon nombre des zones touchées n’étant accessibles que par bateau ou par hélicoptère et n’ayant qu’une capacité de télécommunications limitée. D’autres difficultés apparaissent, notamment :

  • une surveillance insuffisante des décès au sein des communautés, ce qui limite la capacité d’évaluer avec précision l’ampleur de l’épidémie et de maîtriser les chaînes de transmission ;
  • une prise en charge clinique ne répondant pas aux normes dans la plupart des zones de santé touchées ;
  • une capacité de laboratoire limitée qui ralentit la confirmation des cas de MVE et la prise en charge des patients.

Des enquêtes sont en cours dans les zones de santé qui viennent d’être touchées afin d’évaluer toute l’ampleur de l’épidémie, de sorte qu’il convient de maintenir un niveau élevé de vigilance.

Le 1er septembre 2020, l’OMS a modifié l’évaluation du risque pour cet événement, qui est passé de modéré à élevé au niveau régional, tandis qu’il est resté élevé au niveau national et faible au niveau mondial. Le niveau du risque fera l’objet d’une évaluation constante au cours des prochains jours en fonction des informations disponibles et partagées par les partenaires. 

Conseils de l’OMS

L’OMS conseille les mesures de réduction des risques suivantes en tant que moyen efficace de réduire la transmission de maladie à virus Ebola chez l’homme.

  • Réduire le risque de transmission de la MVE d’un animal sauvage à un être humain par contact avec des chauves-souris frugivores ou des singes/primates infectés ou par consommation de leur viande crue. Ces animaux devront être manipulés avec des gants et d’autres vêtements de protection appropriés. Les produits issus de ces animaux (sang et viande) doivent être cuits soigneusement avant d’être consommés.
  • Réduire le risque de transmission interhumaine par contact direct ou rapproché avec des personnes présentant des symptômes de la MVE, en particulier avec leurs liquides biologiques. Les personnes qui soignent des malades à domicile doivent porter des gants et un équipement de protection individuelle approprié. Il faut se laver systématiquement les mains après avoir rendu visite à des patients à l’hôpital ou après s’être occupé de malades à domicile.
  • Réduire le risque d’une éventuelle transmission par voie sexuelle. Sur la base des nouvelles analyses portant sur les travaux de recherche en cours et de la réflexion du Groupe consultatif de l’OMS sur l’action contre la maladie à virus Ebola, l’OMS recommande aux hommes ayant survécu à la maladie à virus Ebola d’avoir des pratiques sexuelles à moindre risque et de respecter les règles d’hygiène personnelle pendant 12 mois après l’apparition des symptômes ou jusqu’à ce que leur sperme ait donné par deux fois un test négatif pour le virus Ebola. Tout contact avec les liquides biologiques doit être évité et il est recommandé de se laver avec de l’eau et du savon. L’OMS ne recommande pas d’isoler les patients convalescents de sexe masculin ou féminin dont les tests sanguins ont donné des résultats négatifs pour la maladie à virus Ebola.
  • Formation continue et recyclage du personnel de santé pour la détection précoce, l’isolement et le traitement des cas de maladie à virus Ebola.

Sur la base des informations disponibles, l’OMS continue de déconseiller d’instaurer toute restriction aux voyages ou au commerce avec la République démocratique du Congo en lien avec cet événement.

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