Bulletins d'information sur les flambées épidémiques

Grippe aviaire A (H5N1) - Inde

16 août 2021

Aperçu de la situation

Le 21 juillet 2021, le point focal national RSI de l’Inde a notifié à l’OMS un cas humain de grippe aviaire A(H5N1), survenu dans l’État d’Haryana, dans le nord de l’Inde.

Description de la situation

Le 21 juillet 2021, le point focal national RSI de l’Inde a notifié à l’OMS un cas humain de grippe aviaire A(H5N1), survenu dans l’État d’Haryana, dans le nord de l’Inde. Il s’agit du premier cas d’infection humaine par le virus grippal A(H5N1) signalé en Inde.

Le patient était un jeune homme de 18 ans présentant une pathologie sous-jacente qui avait récemment été diagnostiquée, en juin 2021. Peu après le début d’un traitement immunosuppresseur administré à l’hôpital, il a présenté des symptômes de fièvre, de toux, de troubles des voies respiratoires supérieures et de difficultés respiratoires le 12 juin. Son état s’est aggravé, aboutissant à un syndrome de détresse respiratoire aiguë ; il a été placé sous ventilation mécanique, mais est décédé le 12 juillet. Au cours de l’année précédente, le jeune homme vivait avec un membre de sa famille qui est propriétaire d’une boucherie dans l’État d’Haryana. Selon les enquêtes préliminaires, aucun cas de volaille malade ou décédée n’avait été signalé dans l’élevage de volailles situé dans son village de résidence. La source de l’infection reste pour l’instant inconnue et aucun des membres de la famille du patient n’a présenté de symptômes similaires à ce jour.

Les 7 et 11 juillet 2021, des échantillons respiratoires prélevés chez le patient et analysés par RT-PCR (amplification en chaîne par polymérase après transcription inverse) à l’hôpital du All India Institute of Medical Science ont donné un résultat positif pour les virus grippaux A et B, mais négatif pour le SARS-CoV-2 et d’autres virus respiratoires. Le 13 juillet, les échantillons ont été envoyés au National Institute of Virology, un laboratoire de référence de l’OMS pour la grippe, à des fins de sous-typage. Les échantillons ont été analysés par RT-PCR à la recherche des virus saisonniers de la grippe A et de la grippe B, ainsi que des sous-types H5, H7, H9 et H10 de la grippe aviaire. Le 15 juillet, les échantillons se sont révélés positifs pour les virus de la grippe A(H5N1) et de la lignée B/Victoria. Les activités de séquençage du génome complet et d’isolement du virus sont en cours.

Action de santé publique

Les autorités sanitaires locales et nationales ont pris les mesures de surveillance, de prévention et de lutte suivantes :

  • enquête épidémiologique approfondie sur l’origine de l’infection, notamment grâce à la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire d’intervention rapide (composée de responsables de la santé publique et de la santé animale) pour appuyer l’État d’Haryana ;
  • renforcement de la surveillance, notamment par un suivi rigoureux des cas fébriles (enquêtes porte à porte menées par les agents de santé pour surveiller les cas fébriles) dans un rayon de 10 km autour du domicile du patient ;
  • désinfection du domicile du patient et du milieu environnant ;
  • instruction donnée à tous les établissements de santé du district de signaler tout cas humain suspect de grippe aviaire ;
  • recherche minutieuse et prise en charge des contacts du cas, y compris parmi les agents de santé travaillant dans l’établissement où le cas a été soigné ;
  • activités de communication sur les risques visant à sensibiliser le public, notamment sur les mesures de protection individuelle ;
surveillance chez l’animal assurée par le département de l’élevage.

Évaluation du risque par l’OMS

Selon les informations disponibles et les premières enquêtes sur le terrain, aucun autre cas n’est suspecté, ce qui laisse supposer que la probabilité de transmission interhumaine est faible. D’autres cas sporadiques d’infection humaine par les virus de la grippe aviaire A(H5) pourraient être signalés, étant donné que ces virus ont été occasionnellement détectés parmi les populations de volailles en Inde. L’évaluation du risque sera réexaminée au besoin, si de nouvelles données épidémiologiques ou virologiques le justifient.

Depuis février 2006, date à laquelle l’Inde a notifié pour la première fois des cas de grippe aviaire A(H5N1) dans un élevage de volailles dans l’État du Maharashtra, le pays signale chaque année des flambées de grippe aviaire A(H5N1) dans des exploitations avicoles. En janvier et février 2021, l’État d’Haryana a fait état d’une flambée de grippe aviaire A(H5N8) dans le district de Panchkula, qui a gravement touché les volailles de la région. Lors de cette flambée, des échantillons prélevés sur des oiseaux provenant de quatre élevages de volailles se sont révélés positifs pour la grippe aviaire A(H5N8).

Si des personnes infectées originaires de régions touchées voyagent à l’étranger, il est possible que leur infection soit détectée dans un autre pays pendant le voyage ou après leur arrivée. Si cela devait se produire, on estime peu probable une propagation au niveau communautaire, car ce virus n’a pas acquis la capacité de se transmettre facilement d’une personne à l’autre.

Conseils de l’OMS

La détection de ce cas ne change rien aux recommandations actuelles de l’OMS relatives aux mesures de santé publique et à la surveillance de la grippe. Chez l’homme, le principal facteur de risque d’infection par les virus de la grippe aviaire résulte de l’exposition directe ou indirecte à des volailles ou animaux sauvages infectés (vivants ou morts) ou à des milieux contaminés, comme les marchés d’oiseaux vivants. D’autres facteurs de risque sont l’abattage, le plumage, la manipulation de carcasses de volailles infectées et la préparation de volailles pour la consommation, en particulier dans un cadre domestique.

Comme en toutes circonstances, la population doit éviter tout contact avec des environnements à haut risque, tels que les marchés/élevages d’animaux vivants et les volailles vivantes, ou les surfaces susceptibles d’être contaminées par des excréments de volailles ou d’oiseaux. Il est recommandé de se laver fréquemment les mains à l’eau et au savon ou au moyen d’une solution hydroalcoolique.

Il convient également de respecter les bonnes pratiques de sécurité sanitaire des aliments, en veillant à la propreté du lieu de préparation des repas, en séparant les aliments crus et cuits et en assurant une cuisson complète des aliments. Rien ne porte à croire que les virus A(H5), A(H7N9) ou d’autres virus de la grippe aviaire puissent être transmis à l’homme par la consommation de volaille correctement cuite. Aucune donnée épidémiologique ne laisse supposer que des personnes ont contracté la grippe aviaire après avoir consommé des œufs ou des produits à base d’œufs. Toutefois, les œufs provenant de zones où des flambées sévissent chez la volaille ne doivent pas être consommés crus ou partiellement cuits (jaune liquide).

Les agents de santé doivent appliquer les précautions aériennes lors de la réalisation d’actes générant des aérosols. Pendant les épidémies, on veillera à la disponibilité et à l’application de précautions standard contre la transmission par contact et par gouttelettes, ainsi que d’équipements de protection individuelle adéquats.

Du fait de l’évolution constante des virus grippaux, l’OMS rappelle qu’il est essentiel d’assurer une surveillance mondiale de la grippe pour détecter tout changement virologique, épidémiologique ou clinique associé aux virus grippaux circulants qui pourrait avoir une incidence sur la santé humaine ou animale et de veiller à l’échange en temps utile des virus pour faciliter l’évaluation des risques.

En présence d’un cas confirmé ou suspect d’infection humaine par un nouveau virus grippal à potentiel pandémique, y compris un virus de la grippe aviaire ou un virus variant, il convient de mener une enquête épidémiologique approfondie (même si les résultats de confirmation en laboratoire ne sont pas encore connus) pour déterminer si le cas a été exposé à des animaux et a voyagé et pour procéder à une recherche des contacts. Cette enquête épidémiologique doit inclure l’identification précoce de manifestations respiratoires inhabituelles qui pourraient indiquer une transmission interhumaine du nouveau virus. En outre, des échantillons cliniques, prélevés au moment et à l’endroit où le cas s’est présenté, doivent être analysés et envoyés à un centre collaborateur de l’OMS pour faire l’objet d’une caractérisation plus complète.

Toutes les infections humaines par un nouveau sous-type de virus grippal doivent être notifiées en vertu du Règlement sanitaire international [RSI (2005)] et les États Parties au RSI (2005) sont tenus de signaler immédiatement à l’OMS tout cas confirmé en laboratoire d’infection humaine récente par un virus grippal de type A susceptible de donner lieu à une pandémie. Aucune preuve établissant la maladie n’est requise dans le cadre de cette notification. D’après les informations actuellement disponibles sur cet événement, l’OMS ne recommande aucune mesure spécifique pour les voyageurs et déconseille toute restriction aux voyages et aux échanges commerciaux.

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