Aperçu de la situation
Description de la situation
Le 16 septembre 2021, le Ministère de la santé guinéen a déclaré la fin de la flambée épidémique de maladie à virus Marburg dans la préfecture de Guéckédou, dans la région de Nzérékoré. Conformément aux recommandations de l’OMS, cette déclaration a été faite 42 jours après l’enterrement digne et sécurisé du seul cas confirmé notifié au cours de cette flambée. Il s’agissait du tout premier cas de maladie à virus Marburg signalé en Guinée.
Entre le 3 août 2021 et la date de la déclaration de la fin de la flambée, un seul cas confirmé a été signalé. Le patient était un homme dont les symptômes sont apparus le 25 juillet. Le 1er août, il s’est présenté dans un petit établissement de santé près de son village avec des symptômes de fièvre, de maux de tête, de fatigue, de douleurs abdominales et d’hémorragie gingivale. Un test de diagnostic rapide du paludisme a donné un résultat négatif ; le patient a reçu des soins de soutien ambulatoires avec réhydratation et traitement symptomatique. De retour chez lui, son état s’est aggravé et il décédé le 2 août. L’établissement public de santé de la sous-préfecture a alors alerté la direction préfectorale de la santé de Guéckédou. L’équipe d’investigation a été immédiatement déployée dans le village pour mener une enquête approfondie et a prélevé un échantillon post mortem par écouvillonnage oral, expédié le jour même au laboratoire pour les fièvres hémorragiques virales de la ville de Guéckédou. Le 3 août, le test de réaction en chaîne par polymérase après transcription inverse (RT-PCR) a révélé que l’échantillon était positif pour la maladie à virus Marburg et négatif pour la maladie du virus Ebola. Le patient décédé a été enterré en toute sécurité et avec dignité le 4 août, avec le soutien de la Croix-Rouge nationale.
Le 5 août, le laboratoire national de référence de Conakry a confirmé le résultat positif pour le virus Marburg au moyen d’un test de PCR en temps réel et, le 9 août, l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal, a de nouveau confirmé le résultat positif pour la maladie à virus Marburg et négatif pour la maladie à virus Ebola.
Action de santé publique
Le Ministère de la santé a activé les comités de gestion des situations d’urgence au niveau national et des districts pour coordonner la riposte et mobiliser la communauté. En outre, en collaboration avec l’OMS, les Centers for Disease Control des États-Unis, l’Alliance for International Medical Action, la Croix-Rouge, l’UNICEF, l’Organisation internationale pour les migrations et d’autres partenaires, le Ministère de la santé a pris des mesures pour maîtriser la flambée épidémique et empêcher sa propagation, notamment par la recherche des contacts et la recherche active des cas dans les établissements de santé et dans la communauté.
Au cours de cette flambée, un cas confirmé qui est décédé (taux de létalité = 100 %) et 173 contacts ont été identifiés, dont 14 contacts à haut risque en raison de leur exposition. Parmi eux, 172 ont été suivis pendant une période de 21 jours, et aucun n’a développé de symptômes. Un contact à haut risque a été perdu de vue lors du suivi. Aux différents points d’entrée de la préfecture de Guéckédou, où un dépistage a été mis en place, aucun signalement n’a été généré.
Les activités en cours sont les suivantes :
- Capture et échantillonnage de chauves-souris dans les localités de Temessadou M’Boké, Baladou Pébal et Koundou pour mieux comprendre l’implication des chauves-souris dans l’écologie des virus Marburg.
- Élaboration d’un protocole de sérosurveillance dans la sous-préfecture de Koundou.
- Élaboration et mise en œuvre de plans visant à renforcer les programmes de lutte anti-infectieuse au niveau national et au niveau des établissements, y compris la mise en place et l’encadrement de référents en matière de lutte anti-infectieuse, de comités pour la lutte anti-infectieuse/l’hygiène, la formation continue des agents de santé et l’achat et la distribution en quantité suffisante de fournitures telles que les équipements de protection individuelle (EPI).
- Mise en œuvre de mesures en matière d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène avec les partenaires, notamment dans les établissements de santé et les communautés.
- Soutien à la formation sur la surveillance communautaire dans la préfecture de Guéckédou.
- Activités de communication sur les risques et de mobilisation communautaire dans la préfecture de Guéckédou, dans le cadre d’un plan d’action de préparation et de riposte aux situations d’urgence sanitaire.
Évaluation du risque par l’OMS
La maladie à virus Marburg (MVM) est une maladie à tendance épidémique associée à des taux de létalité élevés (de 24 % à 90 %). Au début de la maladie, le diagnostic clinique est compliqué par le fait que la MVM est difficile à distinguer des autres maladies tropicales fébriles, compte tenu de la similitude des symptômes cliniques. Les autres fièvres hémorragiques virales doivent être exclues, notamment la maladie à virus Ebola (MVE), le paludisme, la fièvre typhoïde, la leptospirose, la rickettsiose et la peste. La MVM se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques et/ou les tissus de personnes ou d’animaux sauvages infectés (singes et roussettes par exemple).
Les investigations pour identifier l’origine de l’infection se poursuivent. La Guinée a déjà géré des flambées épidémiques de maladies hémorragiques virales par le passé, comme la MVE et la fièvre de Lassa, mais c’est la première fois que la MVM est signalée dans le pays. Le système de santé guinéen est fragile en raison du fardeau excessif des épidémies, de la pandémie de COVID-19 et de la menace récurrente d’épidémies de maladies telles que le paludisme, la fièvre jaune, la rougeole, la fièvre de Lassa, la MVE, les infections associées aux soins de santé, les taux élevés de malnutrition aiguë, les catastrophes naturelles cycliques comme les inondations, et les troubles sociopolitiques.
Les autorités sanitaires guinéennes ont vite réagi à cet événement, et des mesures ont été rapidement mises en place pour maîtriser la flambée. Les mouvements transfrontaliers et le brassage des populations entre la Guinée et les pays voisins, la Sierra Leone et le Libéria, ont accru le risque de propagation transfrontalière. Les autorités sanitaires de ces deux pays limitrophes ont activé des plans d’urgence et commencé à appliquer des mesures de santé publique aux points d’entrée situés aux frontières guinéennes.
Le village touché se trouve dans une zone forestière isolée située à la frontière avec la Sierra Leone, à environ 9 km d’un point de passage majeur de la frontière internationale entre les deux pays. La proximité de la zone touchée à une frontière internationale, les mouvements transfrontaliers entre le district touché et la Sierra Leone et la transmission potentielle du virus des colonies de chauves-souris aux êtres humains créent un risque élevé de propagation transfrontalière.
Ces facteurs laissaient supposer un risque élevé aux niveaux national et régional et, compte tenu des liaisons bien établies entre la préfecture de Guéckédou et Foya au Libéria et Kailahun en Sierra Leone, cette flambée épidémique a nécessité une riposte immédiate et coordonnée avec le soutien des partenaires internationaux. Le risque associé à cet événement au niveau mondial a été jugé faible.
Conseils de l’OMS
La transmission interhumaine du virus Marburg est principalement associée à un contact direct avec du sang et des liquides biologiques de personnes infectées ; la transmission du virus dans le cadre des soins de santé a été rapportée dans des situations où les mesures de lutte anti-infectieuse n’étaient pas appliquées.
Les agents de santé qui s’occupent de patients présentant une maladie à virus Marburg présumée ou confirmée doivent appliquer les précautions standard de lutte anti-infectieuse basées sur le mode de transmission afin d’éviter toute exposition à du sang et/ou à des liquides biologiques et tout contact non protégé avec un environnement potentiellement contaminé. Les précautions de lutte anti-infectieuse sont les suivantes :
- Détection précoce (dépistage, triage) et isolement des cas suspects.
- Capacités d’isolement appropriées (infrastructures et ressources humaines).
- Accès des agents de santé aux dispositifs prévus pour l’hygiène des mains (eau et savon, ou solution hydroalcoolique).
- EPI appropriés et accessibles pour les agents de santé.
- Pratiques d’injection sans danger (privilégier les aiguilles à usage unique).
- Procédures et ressources pour la décontamination et la stérilisation des dispositifs médicaux.
- Gestion appropriée des déchets infectieux.
L’évaluation de la lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé des zones touchées à l’aide de la fiche d’évaluation prévue à cet effet a révélé des résultats sous-optimaux, soulignant la nécessité d’une supervision et d’un encadrement permanents pour la mise en œuvre des mesures de lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé, en plus de celles requises pour soutenir et renforcer la préparation future aux maladies infectieuses émergentes et réémergentes.
Le renforcement des activités intégrées de surveillance et de riposte aux maladies, y compris la surveillance communautaire, doivent se poursuivre dans toutes les zones de santé touchées.
Sensibiliser la population aux facteurs de risque liés à la maladie à virus Marburg et aux mesures de protection que chacun peut prendre pour réduire son exposition au virus constitue la principale mesure permettant de réduire le nombre d’infections humaines et de décès. Les principaux messages de santé publique sont les suivants :
- Réduire le risque de transmission interhumaine dans la communauté résultant du contact direct avec des patients infectés, en particulier avec leurs liquides biologiques.
- Éviter les contacts physiques étroits avec les patients atteints de la maladie à virus Marburg.
- Ne pas soigner un cas suspect à domicile, mais le transférer immédiatement dans un établissement de santé où il sera traité et isolé. Pendant ce transfert, les agents de santé doivent porter un EPI approprié.
- Se laver régulièrement les mains après avoir rendu visite à des parents malades à l’hôpital.
- Les communautés touchées par la maladie à virus Marburg doivent veiller à bien informer la population à la fois sur la nature de la maladie pour prévenir sa transmission, pour éviter la stigmatisation au sein de la communauté et pour encourager les personnes malades à se rendre rapidement dans un centre de traitement, et sur les autres mesures nécessaires pour endiguer la flambée épidémique, notamment les précautions à prendre lors de l’enterrement des défunts. Les personnes décédées de la maladie à virus Marburg doivent être rapidement inhumées dans de bonnes conditions de sécurité.
Pour réduire le risque de transmission de la maladie des animaux sauvages à l’homme, notamment par contact avec des roussettes, des singes ou des primates :
- Porter des gants et d’autres vêtements de protection appropriés lors de la manipulation d’animaux sauvages.
- Bien cuire les produits animaux tels que le sang et la viande avant de les manger et éviter de consommer de la viande crue.
- Porter des gants et des vêtements de protection appropriés, y compris un masque, pour aller travailler, mener des recherches ou effectuer une visite touristique des mines ou des grottes où vivent des colonies de roussettes.
Plus d'informations
- Bulletin d’information sur les flambées épidémiques: Maladie à virus Marburg – Guinée, publié le 9 août 2021
- Thème de santé: Maladie à virus Marburg (en anglais)
- Flambées épidémiques de maladie à virus Ebola et Marburg : préparation, alerte, lutte et évaluation, version provisoire 1.2
- Lignes directrices pour les activités de terrain : Comment inhumer sans danger et dans la dignité les personnes décédées d’une maladie à virus Ebola suspectée ou confirmée (en anglais)
- Fièvre hémorragique de Marburg – Aide-mémoire. Relevé épidémiologique hebdomadaire, 80 (15), 135 - 138
- Définitions de cas recommandées pour la surveillance des maladies à virus Ebola ou Marburg : recommandation provisoire. Organisation mondiale de la Santé, 2014
- Sécurité et santé au travail durant les crises sanitaires : un manuel pour la protection des personnels de santé et des équipes d’intervention d’urgence. Organisation mondiale de la Santé & Bureau international du Travail, 2020