Questions de santé publique à prendre en considération pour la reprise des voyages internationaux

30 juillet 2020
Conseils de voyage

1. Introduction

De nombreux pays ont interrompu, complètement ou partiellement, les voyages internationaux depuis le début de la pandémie de COVID-19, et envisagent désormais de les autoriser de nouveau. Ce document met en évidence les principales questions de santé publique que les autorités sanitaires nationales doivent prendre en considération lorsqu’elles envisagent ou mettent en œuvre la reprise progressive des activités liées aux voyages internationaux.

Le processus de décision doit être plurisectoriel et doit permettre la coordination des mesures déployées par les autorités de transport nationales et internationales et les autres secteurs concernés, et il doit être en phase avec les stratégies nationales globales visant à ajuster les mesures de santé publique et les mesures sociales.

La suppression progressive des mesures (ou des restrictions temporaires) concernant les voyages doit s’appuyer sur une évaluation des risques approfondie et qui tienne compte du contexte national, des caractéristiques épidémiologiques et des schémas de transmission locaux, des mesures sanitaires et sociales nationales visant à lutter contre la flambée ainsi que des capacités des systèmes de santé du pays de départ et d’arrivée, y compris aux points d’entrée. Les autres mesures éventuelles doivent être adaptées aux risques de santé publique et ajustées en fonction d’une évaluation du risque réalisée de manière régulière et systématique à mesure que la situation à l’égard de la COVID-19 évolue, et la population doit en être régulièrement informée.

2. Objectif

Ce document a pour objectif de fournir aux pays, aux autorités de santé des États Membres de l’OMS et aux acteurs concernés des éléments à prendre en considération en vue d’ajuster les mesures relatives aux voyages internationaux en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique de la pandémie de COVID-19, des capacités de santé publique et des capacités des services de santé du pays concerné et de l’évolution des connaissances scientifiques sur le virus.

Il doit être consulté en lien avec d’autres orientations de l’OMS, en particulier la Mise à jour de la stratégie COVID-19 du 14 avril 2020, les Éléments à prendre en considération lors de l’ajustement des mesures de santé publique et des mesures sociales, le document d’information scientifique sur la transmission du SARS-CoV-2 daté du 9 juillet 2020 et le Plan stratégique de préparation et de riposte.

3. Facteurs à prendre en considération pour la reprise des voyages internationaux

Chaque pays doit réaliser une analyse du rapport risque-bénéfice et définir ses priorités.

L’OMS recommande de donner la priorité aux voyages essentiels qui concernent des situations d’urgence, aux activités humanitaires (notamment les vols liés à des situations d’urgence médicale et les évacuations médicales), aux déplacements du personnel essentiel (notamment le personnel chargé de la riposte et le personnel chargé de fournir un appui technique en matière de santé publique, ainsi que le personnel essentiel du secteur du transport, comme les marins [5] et les agents diplomatiques) et au rapatriement.

Le transport de marchandises essentielles telles que le matériel médical, les denrées alimentaires et les biens nécessaires à l’approvisionnement énergétique doit également être considéré comme prioritaire. Les voyageurs malades et les personnes à risque, y compris les personnes âgées et les individus souffrant de maladies chroniques ou d’affections préexistantes doivent reporter ou éviter les voyages internationaux en provenance ou en direction de pays qui connaissent une transmission communautaire.

Il n’existe pas de « risque zéro » s’agissant de l’importation ou de l’exportation potentielle de cas dans le cadre d’un voyage international. Par conséquent, un processus d’évaluation et de gestion des risques approfondi contribuera à identifier, à réduire et à atténuer ces risques, tout en ajustant les conséquences socio-économiques des mesures adoptées (ou des restrictions temporaires) concernant les voyages, et les effets potentiels de la flambée en matière de santé publique.

Le processus de décision doit comprendre une analyse de la situation qui tienne compte du contexte local dans le pays de départ et dans le pays d’arrivée. Les facteurs suivants doivent être pris en considération : la situation épidémiologique et les schémas de transmission du pays, les mesures de santé publique et les mesures sociales adoptées à l’échelle du pays de départ et d’arrivée pour lutter contre les flambées, les capacités de santé publique et les capacités des services de santé à l’échelon national et infranational pour la gestion des cas présumés et des cas confirmés parmi les voyageurs, y compris aux points d’entrée (ports, aéroports, postes-frontières) afin de réduire et de maîtriser le risque d’importation ou d’exportation de la maladie, ainsi que l’évolution des connaissances sur la transmission et les symptômes cliniques de la COVID-19.

3.1 La situation épidémiologique et les schémas de transmission dans le pays d’origine et le pays de destination

La situation épidémiologique liée à la COVID-19 étant appelée à varier entre les pays, les voyages internationaux ne représentent pas le même niveau de risque d’exportation/d’importation du SARS-CoV-2 selon le pays d’origine et de destination d’un passager. Les rapports de situation établis par l’OMS, qui suivent les scénarios de transmission élaborés dans les Orientations provisoires sur la surveillance mondiale de la COVID-19 due à une infection humaine par le nouveau coronavirus 2019 datées du 20 mars 2020 [6], permettent de prendre connaissance de la situation épidémiologique de la COVID-19 dans chaque pays. Quatre scénarios sont étudiés :

  • Aucun cas : Pays/territoires/zones sans cas signalés
  • Cas sporadiques : Pays/territoires/zones avec un ou plusieurs cas, importés ou détectés localement
  • Foyers de cas : Pays/territoires/zones recensant des cas, regroupés dans le temps, par localisation géographique et/ou par expositions communes
  • Transmission communautaire : Pays/territoires/zones connaissant des flambées de transmission locale plus importantes, définies à partir de l’évaluation de divers facteurs parmi lesquels, mais sans limitation :
    • Des nombres élevés de cas qui ne peuvent pas être reliés à des chaînes de transmission
    • Des nombres élevés de cas enregistrés par le système de surveillance des laboratoires sentinelles
    • Plusieurs groupes de cas sans lien entre eux dans plusieurs endroits du pays/du territoire/de la zone

Le risque d’importation des cas dans le pays d’arrivée dépend de plusieurs facteurs, et notamment de la situation épidémiologique dans le pays de départ et dans le pays d’arrivée :

    • Lorsque le pays de départ et le pays d’arrivée partagent un niveau de transmission du SARS-CoV-2 similaire, le risque d’impact sur la situation épidémiologique actuelle est peu important.
    • Lorsque la transmission du SARS-CoV-2 est plus intense dans le pays de départ que dans le pays d’arrivée, le risque d’effets néfastes sur la situation épidémiologique du pays d’arrivée est plus élevé.
    • Lorsque la transmission du SARS-CoV-2 est plus faible dans le pays de départ que dans le pays d’arrivée, le risque d’effets néfastes sur la situation épidémiologique du pays d’arrivée est moins élevé.

L’évaluation du risque dont il est question ci-dessus doit également tenir compte de l’évolution des connaissances. Il peut s’avérer utile de tenir compte des variations infranationales dans les deux pays.

Les pays doivent prévoir et évaluer en continu les moyens qu’ils peuvent mobiliser pour tester, suivre, isoler et prendre en charge les cas importés, ainsi que pour placer les contacts en quarantaine.

3.2   Capacités de santé publique et capacités plurisectorielles

L’évaluation du risque que les cas importés peuvent faire peser sur les activités de lutte contre la pandémie déployées dans un pays dépend à la fois des capacités des services de santé et des capacités de santé publique du pays, ainsi que des capacités des autres secteurs concernés.

Les orientations provisoires de l’OMS sur les Éléments à prendre en considération lors de l’ajustement des mesures de santé publique et des mesures sociales dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 mettent en évidence 6 secteurs requis pour réduire le risque d’une augmentation de la transmission de la COVID-19 :

  • la lutte contre la transmission, y compris le suivi et l’isolement des contacts,
  • les ressources en termes de personnel de santé publique et les capacités des systèmes de santé, qui doivent être suffisantes,
  • la réduction des risques dans les contextes de vulnérabilité élevée,
  •  les mesures de prévention sur le lieu de travail,
  •  la gestion des risques d’importation ou d’exportation par les communautés présentant un risque de transmission élevé et
  • la participation intégrale des communautés.

L’OMS a élaboré des annexes techniques et opérationnelles détaillées pour la plupart de ces secteurs, et met à disposition un ensemble de critères pour évaluer la nécessité d’ajuster les mesures de santé publique et les mesures sociales à l’échelle nationale :

1) L’épidémie est-elle sous-contrôle ?

2) Le système de surveillance de santé publique est-il en mesure de détecter les cas et les contacts, ainsi que toute résurgence de cas, en particulier parmi les voyageurs ?

3) Le système de santé peut-il faire face à une résurgence de la COVID-19 ?

La Stratégie COVID-19 mise à jour  a mis en évidence des objectifs qui concernent des secteurs autres que celui de la santé, comme les affaires étrangères, les finances, l’éducation, le transport, les voyages et le tourisme, les travaux publics, l’eau et l’assainissement, l’environnement, la protection sociale et l’agriculture.

Il s’agit de mettre à profit des ressources et de déployer des efforts pour veiller à ce que tous les secteurs des pouvoirs publics et de la société s’approprient les activités de riposte, y prennent part et contribuent à prévenir la transmission grâce à des mesures générales et à des mesures propres à chaque secteur concerné, et notamment la promotion de l’hygiène des mains et de l’hygiène respiratoire, ainsi que de la distanciation physique entre les individus.

Facteurs supplémentaires relevant de secteurs autres que celui de la santé publique

Au-delà du risque de santé publique que représente la pandémie de COVID-19, les pays doivent également prendre en considération d’autres questions économiques, politiques et sociales en vue d’une reprise des voyages internationaux.

Ces questions doivent faire l’objet d’une évaluation impliquant les acteurs, les autorités et les spécialistes concernés. Les orientations utiles sont disponibles auprès du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), de l’Organisation internationale du Travail (OIT), de l’Organisation maritime internationale (OMI) et de la Banque mondiale, notamment.

Certaines organisations du système des Nations Unies qui jouent un rôle fondamental afin de soutenir les États en vue de rétablir les voyages internationaux ont lancé des initiatives concrètes relatives à la COVID-19, en lien avec leur mandat en tant qu’organisation, et avec la participation active des États et d’autres organisations internationales. Ces organismes comprennent notamment l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), qui a élaboré le document intitulé Paré au décollage - nouvelles orientations pour la relance de l’aviation après la COVID-19 en collaboration avec d’autres organisations du système des Nations Unies et les partenaires industriels concernés.

4. Les capacités nécessaires pour atténuer les cas importés

Ce sont les pays et les territoires d’arrivée qui sont, in fine, tenus de déployer les efforts destinés à atténuer les effets de la COVID-19. Les capacités de santé publique et les capacités des systèmes de santé des pays doivent être appropriées, notamment aux points d’entrée (ports, aéroports, postes-frontières) afin de tester, d’isoler et de prendre en charge les cas, ainsi que pour mettre les contacts en quarantaine, et pour échanger des informations et des données à l’échelle internationale, si nécessaire.

4.1   Coordination et planification

La collaboration plurisectorielle est essentielle pour la bonne mise en œuvre de mesures de santé publique. Le secteur du transport a un rôle clé en ce qui concerne les activités liées aux voyages, mais la participation d’autres secteurs tels que le commerce, l’agriculture, le tourisme et la sécurité est essentielle pour mettre en œuvre l’ensemble des aspects opérationnels nécessaires à une reprise progressive des voyages internationaux.

Bien qu’ils n’aient pas été spécifiquement conçus dans le cadre de la pandémie de COVID-19, des outils d’évaluation générale des capacités en matière de préparation aux situations d’urgence sanitaire peuvent se révéler utiles. L’OMS a élaboré un outil permettant de mettre en évidence les activités de préparation et de riposte essentielles.

4.2   Capacités de surveillance et de prise en charge des cas

Une surveillance épidémiologique active pour détecter et isoler des cas ainsi que d’identifier et suivre des contacts est cruciale pour maîtriser la pandémie de COVID-19. Les cas présumés et confirmés doivent être isolés rapidement, et les contacts des cas confirmés placés en quarantaine. En cas d’infection à la COVID-19 présumée ou confirmée, les personnes concernées et les contacts des cas confirmés [20] ne doivent pas être autorisés à voyager.

Surveillance mondiale de la COVID-19 due à une infection humaine par le nouveau coronavirus 2019 : orientations provisoires

Considérations relatives au placement en quarantaine de personnes dans le cadre de l’endiguement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19)

Utilisation des capacités des systèmes de surveillance et de laboratoire existantes

Le système national de surveillance de la COVID-19 peut bénéficier des informations diffusées par le biais des systèmes de surveillance des maladies respiratoires, comme la grippe, les maladies de type grippal ou les affections respiratoires aiguës graves, qui sont déjà en place. Des agents de santé publique ou des agents de santé communautaires formés et suffisamment nombreux pour assurer la détection des cas et le suivi des contacts, ainsi qu’une communication sur le risque intégrée et la participation de la communauté, y compris par le biais des réseaux sociaux, en vue de garantir l’acceptation de la population sont autant d’éléments essentiels d’une surveillance efficace.

Les capacités de dépistage en laboratoire des pays doivent être suffisantes, et une stratégie de dépistage claire doit avoir été adoptée pour permettre une identification des cas et un suivi des contacts fiables, y compris parmi les voyageurs entrés dans le pays. Les orientations de l’OMS en matière de surveillance et de suivi des contacts doivent être respectées.

Outils numériques

Certains pays utilisent déjà ou envisagent d’utiliser des outils numériques pour appuyer le suivi des contacts. Il peut s’agir de téléphones portables et d’applications utilisés afin de localiser ou de détecter des individus s’étant trouvés à proximité de personnes contaminées, et/ou de signaler des symptômes durant les 14 jours qui suivent l’arrivée dans le pays. Ces outils ne peuvent pas remplacer les activités de santé publique déployées pour le suivi des contacts, mais ils peuvent compléter ces activités en respectant certaines conditions ayant fait l’objet de recommandations de l’OMS (en anglais). Les téléphones portables et les applications peuvent être efficaces pour identifier et informer les voyageurs ayant été en contact avec une personne testée ou confirmée positive à la COVID-19, dès lors qu’une proportion importante de la population utilise l’application.

S’agissant des voyageurs, les questions de compatibilité et de transmission des données entre les pays doivent être prises en considération, dans le cas où le suivi des contacts à l’échelle internationale serait autorisé. Avant d’adopter des outils de ce type, les pays peuvent souhaiter étudier les questions légales et éthiques liées à la protection des données personnelles et de la vie privée.

Considérations éthiques pour guider l'utilisation des technologies de suivi numérique de proximité pour la recherche des contacts COVID-19 (en anglais)

Suivi des contacts à l’échelle internationale

Lorsqu’un foyer de cas ou une chaîne de transmission implique plusieurs pays, le suivi des contacts à l’échelle internationale peut être mené d’une manière coordonnée et collaborative en partageant des informations par le biais du réseau international des points focaux nationaux (PFN) RSI. Les PFN sont accessibles à tout moment et peuvent recevoir un soutien direct des points de contact régionaux RSI de l’OMS. Les informations de contact de tous les points focaux nationaux RSI et des points de contact RSI de l’OMS dans les Régions sont disponibles dans le système d’information sur les événements élaboré par l’OMS, auquel les autorités sanitaires nationales ont accès.

4.3   Communication sur les risques et participation communautaire

Il est essentiel d’informer en amont la population – par le biais des médias traditionnels, des réseaux sociaux et d’autres canaux – des raisons de la reprise progressive des voyages internationaux, du risque potentiel lié aux voyages et des mesures nécessaires pour garantir la sécurité de tous les voyageurs, ainsi que de communiquer régulièrement auprès de la population à propos des changements concernant les voyages internationaux, ou de mettre en place une ligne d’assistance téléphonique consacrée à la COVID-19 pour transmettre les informations et fournir des conseils adaptés aux situations à l’échelle infranationale.

Ces activités sont cruciales afin que la population ait confiance dans les conseils en matière de voyage, que les recommandations sanitaires soient respectées et afin de prévenir la diffusion de rumeurs et d’informations fausses. Il convient de mettre en place une communication précise et en temps opportun concernant les changements liés aux voyages internationaux, en ciblant la population générale, les voyageurs, les exploitants du secteur du transport, les autorités de santé et les acteurs d’autres secteurs.

4.4   Capacités aux points d’entrée

Les pays doivent maintenir ou renforcer, le cas échéant, leurs capacités aux points d’entrée, dans le cadre de la riposte à la COVID-19. Ces capacités doivent permettre le dépistage à l’entrée/au départ, la détection précoce grâce au dépistage actif des cas, l’isolement et le dépistage des passagers malades (y compris la mise à disposition d’un équipement de protection individuelle aux points d’entrée), le nettoyage et la désinfection, la prise en charge des cas, y compris le transport vers un établissement de santé si nécessaire, l’identification des contacts pour permettre le suivi des contacts, la diffusion d’informations sur les politiques locales concernant les mesures d’hygiène et d’assainissement, la distanciation physique et le port d’un masque, la diffusion de numéros de téléphone d’urgence, ainsi que la communication sur les risques et la sensibilisation au comportement à adopter dans le cas d’un voyage.

Les modifications des procédures concernant la gestion des bagages, des marchandises, des conteneurs, des véhicules, des biens et des colis postaux doivent être disponibles et doivent faire l’objet d’une communication claire. Les pays doivent également veiller à disposer de capacités suffisantes pour l’inspection des navires et l’établissement de certificats de contrôle sanitaire des navires conformément aux dispositions du RSI. Il est recommandé de suivre les orientations de l’OMS sur la gestion des voyageurs malades aux points d’entrée et d’autres orientations utiles, comme les éléments à prendre en considération sur le plan opérationnel pour les transporteurs aériens et autres exploitants (en anglais).

L’OMS recommande une approche globale pour aider et gérer les voyageurs avant le départ et lors de l’arrivée, qui comprend un ensemble de mesures à prendre en considération avant le départ et lors de l’arrivée.

Les conseils d’ordre général à l’intention des voyageurs portent notamment sur l’hygiène individuelle et l’hygiène des mains, l’hygiène respiratoire, le respect d’une distanciation physique d’au moins un mètre et le port d’un masque si nécessaire. Les voyageurs malades et les personnes à risque, y compris les personnes âgées et les individus souffrant de maladies chroniques graves ou d’affections préexistantes, doivent reporter les voyages internationaux en provenance ou en direction de pays qui connaissent une transmission communautaire.

Le dépistage à l’entrée et à la sortie doit notamment inclure le dépistage de signes et de symptômes (une fièvre supérieure à 38 °C, une toux) et un entretien avec les voyageurs à propos de symptômes d’infection respiratoire et de toute exposition à des contacts à risque, ce qui peut permettre une détection active des cas parmi les voyageurs malades. Les voyageurs présentant des symptômes et les contacts identifiés doivent être orientés ou dirigés vers d’autres services pour un examen médical plus complet, suivi d’un test de la COVID-19. Les cas confirmés doivent être isolés et bénéficier d’un traitement si nécessaire.

Le seul contrôle de la température, à la sortie comme à l’entrée, n’a sans doute qu’une efficacité partielle pour identifier les personnes infectées, car il est possible que des sujets infectés soient en période d’incubation, n’aient pas de symptômes apparents au début de la maladie, ou ne présentent pas de fièvre en raison d’un traitement antipyrétique. Lorsque les ressources sont limitées, le dépistage à l’entrée est recommandé et doit être considéré comme une priorité pour les voyageurs en provenance de zones de transmission communautaire par un vol direct.

De plus, les voyageurs peuvent remplir un formulaire pour prévenir les autorités sanitaires d’une potentielle exposition à des personnes infectées au cours des deux semaines précédant leur voyage (agents de santé ayant été en contact avec des patients, personnes ayant été dans un hôpital ou ayant vécu avec une personne atteinte de la COVID-19, etc.) Le formulaire doit comprendre les informations de contact des voyageurs pour pouvoir les contacter après leur voyage, par exemple s’ils ont été identifiés comme contact possible d’une personne malade. Il est recommandé de faire remplir ce formulaire par les voyageurs durant le vol pour éviter les attroupements à l’arrivée. Les autorités peuvent également demander aux voyageurs arrivant dans un pays de télécharger et d’utiliser une application nationale de lutte contre la COVID-19.

Il convient de mettre en place un dispositif de gestion des foules pour empêcher la transmission dans les endroits où les voyageurs convergent, comme les zones utilisées pour les entretiens.

Les tests par PCR réalisés en laboratoire (dépistage du SARS-CoV-2 par analyse moléculaire) immédiatement avant le départ ou à l’arrivée peuvent fournir des informations sur l’état de santé des voyageurs. Toutefois, les résultats obtenus en laboratoire doivent être interprétés avec prudence, car ces tests peuvent entraîner quelques cas de faux positifs et de faux négatifs. Si ces tests sont réalisés, ils doivent s’accompagner d’un suivi général relatif à la COVID-19, par exemple en conseillant aux voyageurs qui quittent le pays et qui ont été testés de signaler tout symptôme aux autorités de santé publique de la zone concernée.

Si le test est réalisé à l’arrivée, les voyageurs doivent se voir fournir un numéro de téléphone d’urgence pour le cas où ils développeraient des symptômes. Il convient de suivre un protocole adapté pour la prise en charge des cas si une personne est testée positive.

L’utilisation de « certificats d’immunité » pour les voyageurs internationaux en ce qui concerne la COVID-19 ne repose sur aucun élément scientifique et n’est par conséquent pas recommandée par l’OMS [30]. Des données supplémentaires sont requises pour étudier l’efficacité des tests de laboratoire rapides permettant de détecter les anticorps anti-SARS-CoV-2.

Pour plus d’informations, veuillez consulter le document d’information scientifique sur les « Passeports d’immunité » dans le cadre de la COVID-19, qui sera mis à jour à mesure que de nouvelles données seront disponibles [31]. Au-delà des questions scientifiques, sont également en jeu des aspects éthiques, légaux et des aspects relevant des droits humains qui touchent à la confidentialité des données personnelles, au secret médical, au risque de falsification ou à l’adoption d’un comportement dangereux, ainsi qu’à la stigmatisation ou à la discrimination.

Les voyageurs doivent surveiller eux-mêmes qu’ils ne développent pas de symptômes durant les 14 jours suivant leur arrivée, signaler d’éventuels symptômes ainsi que leur historique de voyage aux établissements de santé locaux, et respecter les protocoles nationaux. Conformément aux orientations de l’OMS sur le suivi des contacts en lien avec la COVID-19, les contacts des cas confirmés doivent être placés en quarantaine ou doivent se mettre d’eux-mêmes en quarantaine, en appliquant les stratégies de riposte nationales .

Si les pays choisissent de mettre en œuvre des mesures de quarantaine pour tous les voyageurs lors de leur arrivée, ils doivent s’appuyer sur une évaluation des risques et prendre en compte la situation locale. Il leur est également recommandé de suivre les orientations de l’OMS relatives à la mise en quarantaine de contacts (en anglais) dans le cadre de la COVID-19.

Les pays doivent tenir compte des éléments à prendre en considération mis en évidence par le RSI (2005) s’agissant des voyageurs, y compris en respectant la dignité, les droits humains et les droits fondamentaux des voyageurs, et en réduisant au maximum l’inconfort et la gêne pouvant être associés aux mesures sanitaires qui s’appliquent aux voyageurs.

Les pays ne peuvent pas demander de compensation aux voyageurs pour les mesures de protection de la santé nécessaires, notamment (a) tout examen de santé pour s’assurer de l’état de santé du voyageur examiné, (b) toute vaccination ou mesure de prophylaxie à l’arrivée (qui ne fait pas l’objet d’une prescription publiée moins de 10 jours auparavant), (c) les mesures appropriées d’isolement ou de quarantaine, (d) les certificats stipulant les mesures appliquées ou (e) les mesures concernant les bagages accompagnant les voyageurs.

Voir l'article 40 du Règlement sanitaire international (2005)

5. Suivi et évaluation

Les pays doivent régulièrement renouveler leur évaluation du risque et examiner les capacités du secteur de la santé publique et d’autres secteurs concernés, tout en organisant la reprise progressive des voyages internationaux. Ce faisant, les pays doivent également prendre en considération les nouvelles informations sur le virus et sur son épidémiologie en consultant les documents d’information scientifique de l’OMS [35].