Vue d’ensemble
La survie, la nutrition et l’éducation des enfants se sont considérablement améliorées au cours de ces dernières décennies. Toutefois les progrès mesurés à l’aune des indicateurs de la santé et du bien-être de l’enfant marquent actuellement le pas pour l’ensemble des objectifs de développement durable (ODD). Aucun pays n’offre aujourd’hui les conditions nécessaires pour aider chaque enfant à grandir et lui assurer un avenir en bonne santé.
Les enfants (âgés de 0 à 18 ans) sont aujourd’hui confrontés à une multitude de nouvelles menaces liées au changement climatique, à la pollution, à un marketing nocif, à des modes de vie malsains, à une mauvaise alimentation, aux traumatismes et à la violence, aux conflits, aux migrations et aux inégalités. Leur avenir même est incertain, et des mesures urgentes sont nécessaires pour contrer ces menaces.
Si l’on veut protéger les enfants et leur assurer un avenir, il faut :
- placer l’enfant au centre de toutes les politiques liées aux objectifs de développement durable ;
- réduire de toute urgence les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre la crise climatique ;
- prendre des mesures multisectorielles, coordonnées aux plus hauts niveaux de gouvernement ;
- augmenter les financements destinés aux enfants et leur accorder la priorité dans les politiques ;
- associer les enfants et les jeunes à la construction de leur avenir ;
- promulguer de nouvelles réglementations nationales et internationales visant à limiter les pratiques commerciales préjudiciables, notamment un protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies ;
- améliorer la communication de données sur la santé et le bien-être de l’enfant.
Investir dans la santé, l’éducation et le bien-être des enfants se révèle hautement bénéfique pour la société. Ainsi, de nombreuses interventions produisent un retour sur investissement d’environ dix fois la somme investie, voire vingt pour certaines. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, les investissements dans la santé offrent un rendement vingt fois supérieur à la somme investie et, dans les pays à faible revenu, neuf fois supérieur. L’amélioration de la santé et du bien-être pendant l’enfance profite à l’individu tout au long de sa vie, ainsi qu’aux générations futures.
Principaux risques pour la santé
Menaces environnementales
Les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique constituent une menace existentielle pour chaque enfant dans le monde. L’élévation du niveau des océans, les phénomènes météorologiques extrêmes, l’insécurité alimentaire et hydrique, le stress thermique, les maladies infectieuses émergentes et les migrations de population à grande échelle constituent en effet autant de menaces qui planent sur la vie des enfants aujourd’hui et sur leur existence future. À l’heure actuelle, ces problèmes touchent déjà des centaines de millions d’enfants.
Une action urgente est nécessaire pour faire diminuer les émissions de carbone afin que le réchauffement de la planète ne dépasse pas 1,5 °C et pour mettre en œuvre les dispositions de l’accord de Paris sur le changement climatique de 2016.
Selon les estimations, la pollution de l’air intérieur et ambiant (extérieur) est responsable d’environ 7 millions de décès (2016). La pollution atmosphérique est associée à une mauvaise santé respiratoire des enfants ; elle atteint les poumons et le cerveau et augmente le risque de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète de type 2 et de syndrome métabolique tout au long de la vie de l’enfant.
Les risques pour la santé liés au climat sont aggravés pour les 40 % d’enfants dans le monde qui vivent dans des établissements informels : logements insalubres, surpopulation, sites dangereux, conditions de vie précaires, pauvreté et accès insuffisant aux services de base sont autant de facteurs délétères pour leur santé et leur bien-être.
Obésité et maladies non transmissibles
L’augmentation rapide de l’obésité de l’enfant est l’un des plus importants défis de santé publique du XXIe siècle : le nombre d’enfants et d’adolescents touchés par l’obésité a été multiplié par plus de dix, passant de 11 millions en 1975 à 124 millions en 2016.
Les enfants sont fréquemment exposés à un marketing nocif, et voient généralement chaque année des dizaines de milliers de publicités pour des substances engendrant la dépendance et des produits nocifs pour la santé, notamment des produits de restauration rapide et des boissons sucrées qui contribuent à l’obésité et aux maladies chroniques, ainsi que des plateformes de jeux en ligne qui peuvent nuire à leur rapport aux autres, à leurs résultats scolaires et à leur santé mentale.
La commercialisation et l’utilisation inappropriée des substituts du lait maternel (préparations pour nourrissons) - une industrie qui pèse 70 milliards de dollars des États-Unis - sont associées à une baisse de l’intelligence, à l’obésité, à un risque accru de diabète et d’autres maladies non transmissibles, ce qui représente une perte pour la société estimée à 302 milliards de dollars.
- Dans certains pays, les enfants verraient jusqu’à 30 000 spots publicitaires télévisés au cours d’une seule année, dont beaucoup concernent des produits nocifs.
- Selon une analyse portant sur 23 études réalisées en Amérique latine, l’exposition à la publicité est associée au choix et à l’achat par les familles d’aliments qui nuisent à la santé et favorisent l’obésité ou le surpoids chez l’enfant.
- Sur un échantillon d’enfants de cinq et six ans au Brésil, en Chine, en Inde, au Nigéria et au Pakistan, 68 % étaient capables d’identifier au moins un logo de marque de cigarettes ; ils étaient 50 % en Russie et 86 % en Chine.
- Une étude portant sur des jeunes de 11 à 14 ans habitant à Los Angeles, aux États-Unis, a révélé que les jeunes afro-américains sont exposés à une à quatre publicités pour l’alcool en moyenne par jour.
- En Iran, pendant les émissions pour enfants, la publicité pour les aliments est dominée par des produits potentiellement nocifs pour la santé bucco-dentaire, comme c’est le cas de près des deux tiers des publicités pour les aliments diffusées pendant les émissions pour enfants au Royaume-Uni.
Les menaces que les publicités font peser sur la santé des enfants sont dangereusement sous-estimées. La forte exposition des enfants sur Internet peut elle aussi s’avérer préjudiciable lorsque des entreprises achètent et vendent leurs profils à des fins de ciblage publicitaire. Les enfants sont également exposés au harcèlement, à l’exploitation et à des contacts avec des criminels et des prédateurs sexuels.
Traumatismes, violence et conflit
Les accidents de la route sont la principale cause de décès chez les enfants et les jeunes âgés de cinq à 29 ans. En outre, plus d’un milliard d’enfants, soit la moitié des enfants de la planète, sont exposés à la violence chaque année.
En 2018, les conflits, les violences, les inégalités et le manque de perspectives étaient à l’origine du déplacement d’un milliard d’individus, qu’il s’agisse de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, de migrants ou de réfugiés internationaux, parmi lesquels se trouvaient de nombreux enfants.
Action de l’OMS
En 2010, l’Assemblée mondiale de la Santé, a adopté la résolution WHA63.14 intitulée Commercialisation des aliments et des boissons non alcoolisées destinés aux enfants. Elle a ainsi approuvé une série de 12 recommandations qui appellent à une action mondiale sur la commercialisation auprès des enfants d’aliments et de boissons riches en acides gras saturés, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel.
En 2017, la Région OMS du Pacifique occidental a adopté la résolution WPR/RC68.R3 intitulée Protection des enfants contre les effets néfastes de la commercialisation des produits alimentaires. Elle appelle à une action accélérée, multisectorielle et multipartite, au partage des meilleures pratiques, à la fourniture d’un soutien technique et à la sensibilisation, ainsi qu’à un renforcement de la collaboration entre les pays pour mesurer et atténuer les conséquences délétères du marketing des produits alimentaires.
En 2020, sous l’égide de l’OMS, de l’UNICEF et de The Lancet, une commission rassemblant une quarantaine d’experts de la santé de l’enfant et de l’adolescent venus du monde entier a publié un rapport intitulé A future for the world’s children? (Quel avenir pour les enfants du monde ?). Ce rapport expose les nouvelles menaces qui pèsent sur la santé et le bien-être des enfants et formule des recommandations visant à garantir leur santé aujourd’hui et demain.
L’OMS et l’UNICEF apportent un soutien technique aux pays ainsi qu’une communication et une sensibilisation aux conclusions et aux messages du rapport à l’échelle mondiale. L’OMS va notamment :
- collaborer avec les États Membres pour promouvoir un nouveau protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, juridiquement contraignant et faisant l’objet d’un contrôle régulier, afin de lutter contre le marketing nocif en faveur de produits de restauration rapide, de boissons sucrées, l’utilisation inappropriée des substituts du lait maternel, l’alcool et le tabac, et rassembler les meilleures pratiques ;
- élaborer un ensemble d’interventions en faveur de la santé de l’enfant en associant d’autres secteurs selon les besoins ;
- adopter un processus systématique pour générer et saisir des données factuelles en vue de formuler des politiques et des programmes ;
- apporter un soutien technique intégré aux programmes nationaux en faveur de la santé de l’enfant ;
- élaborer, avec les partenaires, un tableau de bord permettant de suivre la mise en œuvre des recommandations du rapport.