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Chromoblastomycosis or chromomycosis is a subcutaneousdematiaceous fungal infection resulting from skin inoculation
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Chromomycose

15 novembre 2023

Principaux faits

  • La chromomycose est une infection sous-cutanée causée par des champignons.
  • Elle apparaît de façon sporadique dans les régions tropicales et subtropicales, et son incidence mondiale est inconnue.
  • L’infection peut entraîner des déformations, provoquant des lésions cutanées verruqueuses qui s’étendent lentement aux zones adjacentes. Elle provoque des déformations et une invalidité et, dans de rares cas, un cancer de la peau.
  • La chromomycose est diagnostiquée à l’aide d’outils de laboratoire tels que la microscopie et la culture. Des méthodes de diagnostic moléculaire plus précises sont en cours de développement.
  • Des médicaments antifongiques sûrs et efficaces sont disponibles pour le traitement.

 

Vue d’ensemble

La chromomycose est une infection survenant de façon sporadique dans les régions tropicales et subtropicales, causée par différents champignons pigmentés, appartenant principalement aux genres Fonsecaea pedrosoi, Fonsecaea monophora et Cladophialophora carrionii. D’autres champignons peuvent également provoquer une chromomycose.

La chromomycose peut entraîner un handicap dû à l’hypertrophie des membres, ce qui peut conduire à une incapacité de travailler et à une stigmatisation sociale considérable. Dans de rares cas, les champignons responsables de la chromomycose peuvent infecter d’autres organes, comme le cerveau, ou provoquer un cancer de la peau.

Quelles sont les personnes à risque ?

La chromomycose touche les personnes en bonne santé et s’observe principalement chez l’adulte. Les travailleurs agricoles constituent la catégorie professionnelle la plus fréquemment infectée.

Signes et symptômes

La chromomycose se manifeste par des lésions verruqueuses sur les parties exposées de la peau, comme les jambes ou les avant-bras. Ces lésions peuvent dépasser 10 centimètres de diamètre.

Les lésions cutanées peuvent également avoir un aspect aplati et présenter une cicatrisation centrale ou une atrophie, mais elles ne démangent pas et ne sont pas douloureuses. Des douleurs et des démangeaisons peuvent apparaître en cas de forme modérée ou sévère de la maladie. De petites taches sombres peuvent être observées à la surface des lésions et représentent des amas de cellules fongiques pigmentées, ce qui constitue un indice diagnostique important.

Les lésions étendues provoquent un gonflement et une gêne considérables au niveau des membres, ce qui limite les mouvements. Dans les cas avancés, les infections bactériennes secondaires sont fréquentes et le membre infecté peut dégager une odeur désagréable, ce qui peut également conduire à une exclusion sociale. Si les lésions restent longtemps sans être traitées, un carcinome épidermoïde de la peau peut apparaître.

Même si l’infection reste généralement circonscrite à une région du corps, elle peut se propager localement par les lymphatiques et, très rarement, par la circulation sanguine jusqu’au système nerveux central.

Transmission

Cette infection survient lorsque des champignons présents dans l’environnement naturel envahissent des parties plus profondes de la peau d’un individu après que celle-ci a été endommagée par une abrasion superficielle ou une blessure pénétrante. Une personne infectée ne peut pas transmettre directement l’infection à d’autres personnes. Les vecteurs intermédiaires, comme les moustiques, ne transmettent pas la chromomycose.

Traitement

La chromomycose peut être traitée avec de l’itraconazole ou de la terbinafine par voie orale. Le voriconazole, l’amphotéricine B intraveineuse et la flucytosine orale sont également utilisés.

Les autres méthodes de traitement sont l’application locale de chaleur, la cryothérapie et la thérapie photodynamique. Il est possible de pratiquer des réductions chirurgicales, mais elles doivent être effectuées après la chimiothérapie initiale afin d’éviter une récidive locale.

Un traitement précoce est essentiel et permet d’obtenir les meilleurs résultats au bout de 3 à 6 mois environ. Les patients atteints d’une chromomycose importante ou étendue et d’un gonflement des membres ont souvent besoin de plus d’un an de traitement et un lymphœdème résiduel peut apparaître dans de tels cas.

Rien n’indique que les différentes espèces de champignons réagissent différemment aux médicaments antifongiques recommandés pour le traitement.

Difficultés rencontrées

Les premières lésions de chromomycose sont de petite taille et de type verruqueux ou nodulaire apparaissant à la surface de la peau, sans caractéristiques diagnostiques spécifiques visibles. Par conséquent, le diagnostic dépend de la mise en évidence des amas caractéristiques de cellules fongiques pigmentées à paroi épaisse, simples ou multicellulaires, connus sous le nom de corps muriformes ou sclérosés, soit dans les prélèvements effectués au niveau des lésions, soit dans l’histopathologie du matériel de biopsie.

On peut trouver ces amas de cellules dans les taches sombres observées à la surface des lésions cutanées, qui constituent les meilleurs sites pour effectuer un grattage cutané avec une lame de bistouri ou une biopsie.

La culture ou le diagnostic moléculaire permettent de confirmer le diagnostic, mais l’identification de l’organisme n’est pas nécessaire pour décider du traitement. Toutes les méthodes de diagnostic en laboratoire nécessitent une formation et des compétences spécialisées, et l’expertise en matière de diagnostic est actuellement insuffisante dans de nombreuses régions d’endémie.

Dans les pays d’endémie, le coût des médicaments antifongiques efficaces constitue un problème majeur qui peut compromettre l’observance du traitement, car les patients n’ont souvent pas les moyens de les acheter.

Impact mondial

Le plus grand nombre de cas de chromomycose a été relevé en Amérique centrale et dans le nord de l’Amérique du Sud, en Afrique, en Chine et dans le Pacifique occidental. Le Brésil, le Costa Rica, Madagascar, la République dominicaine et le Venezuela (République bolivarienne du) sont les pays qui ont signalé le plus de cas. On ne connaît pas l’incidence mondiale de la chromomycose.

Action de l’OMS

La chromomycose est classée parmi les maladies tropicales négligées (MTN) et figure dans la feuille de route pour les MTN 2021-2030 afin de renforcer la surveillance et la visibilité de la maladie.

En 2022, l’OMS a publié le cadre pour lutter contre les maladies tropicales négligées à manifestation cutanée dans le but de promouvoir la lutte intégrée contre différentes maladies de la peau et pour appuyer le programme évolutif de lutte contre les MTN à manifestation cutanée.

L’une des principales difficultés rencontrées dans le cadre de la lutte contre la chromomycose tient au manque d’information sur sa prévalence mondiale, car les cas ne sont actuellement pas signalés. Les programmes de lutte contre les MTN à manifestation cutanée devraient fournir davantage de données sur l’incidence de l’infection.

La feuille de route 2021-2030 préconise l’identification précoce des personnes affectées. La formation des agents de santé visant à améliorer la sensibilisation et la reconnaissance de la maladie peut permettre d’atteindre cet objectif. Le renforcement des capacités de lutte contre les MTN à manifestation cutanée est essentiel. La chromomycose est incluse dans plusieurs ressources techniques de l’OMS, telles que le guide de formation sur les MTN à manifestation cutanée et l’application mobile (en anglais), ainsi qu’un cours en ligne (en anglais) disponible sur la plateforme OpenWHO intitulé : Chromoblastomycosis: training for national and district-level health workers (Chromomycose : Formation pour les agents de santé au niveau national et au niveau des districts, en anglais seulement).