Migraine et autres maux de tête

24 octobre 2025

L’essentiel

  • Les maux de tête comptent parmi les troubles les plus courants du système nerveux.
  • En 2021, la migraine occupait le troisième rang en ce qui concerne la charge de morbidité globale liée aux maladies neurologiques, mesurée en termes d'années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) normalisées selon l’âge.
  • Les céphalées, qui se caractérisent par des maux de tête récurrents, font peser un poids sur la vie des personnes et sur la société : douleur, handicap, moindre qualité de vie et coûts financiers.
  • Dans le monde entier, seule une minorité de personnes souffrant de céphalées sont diagnostiquées et traitées de manière appropriée par un prestataire de soins de santé.
  • Les maux de tête sont sous-estimés, mal reconnus et insuffisamment traités à l'échelle mondiale.

Vue d'ensemble

Les céphalées, qui se caractérisent par des maux de tête récurrents, comptent parmi les troubles les plus courants du système nerveux. Un mal de tête est une caractéristique douloureuse et invalidante des céphalées primaires, à savoir la migraine, la céphalée de tension et l’algie vasculaire de la face. Les maux de tête peuvent également être causés par tout un tas d’autres affections ou survenir en parallèle, le cas le plus fréquent étant les maux de tête dus à la surconsommation de médicaments,. Les maux de tête, en particulier la migraine, peuvent également affecter les enfants et les adolescents, mais de différentes manières. Les maux de tête peuvent empêcher les enfants, les adolescents ou les adultes, selon le cas, d'aller à l’école, de pratiquer un sport et d'entreprendre d’autres activités.

Prévalence

À l’échelle mondiale, les céphalées touchent environ 40 % de la population, soit 3,1 milliards de personnes en 2021, et sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Elles font partie des trois affections neurologiques les plus courantes pour la plupart des groupes d’âge, à partir de l’âge de 5 ans et jusqu’à l’âge de 80 ans. Malgré certaines variations régionales, les céphalées sont un problème mondial, touchant des personnes de toutes races, de tous niveaux de revenu et de toutes zones géographiques (1).

Un mal de tête est non seulement douloureux ; il est aussi handicapant. Selon les estimations sanitaires mondiales de 2021, les migraines sont la troisième cause d’années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) dans le monde, après les accidents vasculaires cérébraux et l’encéphalopathie néonatale.

Les céphalées font peser un poids sur les individus, qui peut se traduire par d'importantes souffrances personnelles, une qualité de vie altérée et des coûts financiers. Les crises de maux de tête répétées nuisent à la vie familiale, à la vie sociale et à la vie professionnelle, tout comme, bien souvent, la hantise de la prochaine crise. L’effort fourni à long terme pour faire face à des céphalées chroniques peut également prédisposer l’individu à d’autres maladies. Par exemple, l’anxiété et la dépression sont beaucoup plus fréquentes chez les personnes qui souffrent de migraines que chez les personnes en bonne santé.

Types de céphalées

Les migraines, les céphalées de tension, les algies vasculaires de la face et les maux de tête dus à la surconsommation de médicaments revêtent un caractère important sur le plan de la santé publique, car elles sont responsables de niveaux élevés de handicap et de problèmes de santé.

Migraine

La migraine se caractérise par des crises récurrentes et dure souvent toute la vie. Il s’agit d’une céphalée primaire, qui est dans la plupart des cas épisodique, dure généralement de 4 à 72 heures et s’accompagne de nausées, de vomissements et/ou de photophobie et de phonophobie. Elle est parfois précédée d’un ensemble de symptômes réversibles, visuels, sensoriels ou autres.

La migraine débute le plus souvent à la puberté et touche généralement les personnes âgées de 35 à 45 ans. Elle est plus fréquente chez les femmes, peut-être sous l'effet des hormones. Les enfants souffrent habituellement de migraines de courte durée et les symptômes abdominaux sont généralement plus importants.

La cause exacte de la migraine est actuellement inconnue, mais on pense qu’elle résulte de la libération de substances inflammatoires entraînant une douleur autour des nerfs et des vaisseaux sanguins de la tête. Elle peut être déclenchée par l’alcool, les troubles du sommeil et certains aliments.

Les crises entraînent généralement des maux de tête aux caractéristiques suivantes :

  • intensité modérée à sévère ;
  • unilatéraux ou derrière l’œil ;
  • pulsatiles ;
  • aggravés par l’activité physique régulière ;
  • durée de 2 à 3 jours ;
  • sensibilité à la lumière et aux sons ; et
  • nausées.

Céphalée de tension

Les céphalées de tension sont décrites comme une pression ou un sentiment d'oppression, semblable à la sensation d'avoir un bandeau autour de la tête, se propageant parfois jusqu'au cou ou à partir du cou. Elles peuvent être liées au stress ou associées à des problèmes musculo-squelettiques au niveau du cou. Elles commencent souvent à l’adolescence et touchent 50 % plus de femmes que d’hommes.

La céphalée de tension épisodique, qui survient moins de 15 jours par mois, est signalée par plus de 70 % des personnes au sein de certaines populations. Les crises épisodiques de céphalée de tension durent généralement quelques heures, mais peuvent persister pendant plusieurs jours.

La céphalée de tension chronique peut être ininterrompue et est plus handicapante que la céphalée de tension épisodique.

Algie vasculaire de la face

L’algie vasculaire de la face est une céphalée primaire qui se caractérise par des maux de tête récurrents (qui peuvent survenir plusieurs fois par jour), brefs mais extrêmement sévères, généralement concentrés dans un œil ou autour de celui-ci, et s'accompagnant d'un larmoiement et d'une rougeur de l’œil. Souvent, le nez coule ou est obstrué du côté affecté, et la paupière peut s’affaisser.

L’algie vasculaire de la face est relativement rare, touchant moins de 1 adulte sur 1000 et six hommes pour une femme. La plupart des personnes qui développent une algie vasculaire de la face sont âgés de 20 ans ou plus. L’algie vasculaire de la face peut être épisodique ou chronique.

Maux de tête dus à la surconsommation de médicaments

Les maux de tête dus à la surconsommation de médicaments sont causés par une utilisation chronique et excessive de médicaments visant à traiter les maux de tête. Il s'agit de la céphalée secondaire la plus courante,

pouvant toucher jusqu’à 5 % de certaines populations, les femmes plus que les hommes. Par définition, les maux de tête dus à la surconsommation de médicaments se produisent la plupart des jours et sont oppressants, persistants et souvent plus intenses au réveil.

Fardeau social et économique

Les migraines et autres maux de tête peuvent affecter la capacité des gens à travailler, en diminuant leur productivité, et leurs relations interpersonnelles. Souvent, les gens continuent d’essayer de travailler malgré les symptômes débilitants qui peuvent survenir. La perte de productivité liée aux maux de tête peut affecter la carrière et/ou la sécurité, la situation financière, les relations et la santé mentale des personnes touchées. Les maux de tête entraînent également des pertes économiques pour les entreprises et la société.

Traitement

Beaucoup de celles et ceux qui souffrent de maux de tête ne reçoivent pas de diagnostic ni de soins efficaces. Le traitement approprié des céphalées passe par la formation des professionnels de santé, un diagnostic précis et la reconnaissance des problèmes rencontrés, un traitement adéquat à l'aide de médicaments d'un bon rapport coût-efficacité, des ajustements du mode de vie et la sensibilisation du patient ou de la patiente. Les principales classes de médicaments visant à traiter les céphalées comprennent les analgésiques, les antiémétiques, les médicaments antimigraineux spécifiques et les médicaments prophylactiques. Pour le traitement de la migraine, les analgésiques doivent être pris dès les premiers signes de symptômes (tels que l’aura visuelle) pour prévenir le mal de tête. Des interventions simples visant à sensibiliser aux maux de tête dus à la surconsommation de médicaments, aux facteurs qui déclenchent les migraines et aux ajustements du mode de vie sont très efficaces. Restreindre ou éliminer l’alcool, dormir suffisamment, avoir une activité physique régulière, avoir une alimentation saine, boire en quantité suffisante et noter les maux de tête sur un calendrier pour identifier d’autres facteurs déclencheurs permettent souvent de soulager la douleur.

Obstacles à l’efficacité des soins

Le manque de connaissances des prestataires de soins de santé est le principal obstacle clinique. De nombreuses personnes souffrant de maux de tête ne sont ni diagnostiquées ni traitées. Dans de nombreux pays, des médicaments tels que l'antimigraineux sumatriptan ne sont pas disponibles.

Le manque de sensibilisation touche aussi le grand public. Les maux de tête ne sont pas perçus par le public comme étant graves, car ils sont pour la plupart épisodiques, n'entraînent pas la mort et ne sont pas contagieux. Les faibles taux de consultation dans les pays développés révèlent que de nombreuses personnes touchées ne savent pas qu’il existe des traitements efficaces. On estime que la moitié des personnes souffrant de maux de tête optent pour l'automédication.

De nombreux gouvernements, cherchant à limiter les coûts des soins de santé, ne reconnaissent pas le fardeau énorme que représentent les maux de tête pour la société. Ils n'ont peut-être pas conscience que les coûts directs du traitement des maux de tête sont faibles par rapport aux importantes économies indirectes qui pourraient être réalisées (par exemple, en réduisant le nombre de journées de travail perdues) si des ressources étaient allouées au traitement approprié des maux de tête.

Action de l’OMS

Il faut agir face à ces fardeaux. Tel est le constat de l’OMS, qui s’associe à de nombreuses organisations non gouvernementales pour s’attaquer aux maux de tête. L’OMS a publié un atlas des céphalées en 2011, dans lequel est décrit le fardeau dû aux céphalées et les ressources disponibles pour les réduire.

En mai 2022, l’Assemblée mondiale de la Santé a approuvé le Plan d’action mondial intersectoriel sur l’épilepsie et les autres troubles neurologiques 2022-2031. Ce plan d’action vise à surmonter les difficultés et à combler les lacunes liées à la prestation de soins et de services pour les personnes atteintes d’épilepsie et d’autres troubles neurologiques tels que les céphalées partout dans le monde et à permettre une réponse globale coordonnée de différents secteurs. Il s’agit notamment d’établir des priorités en matière de politiques et de renforcer la gouvernance, de fournir des moyens de diagnostic, des traitements et des soins efficaces et adaptés, en temps opportun, de mettre en œuvre des stratégies de promotion et de prévention, de favoriser la recherche et l’innovation et de renforcer les systèmes d’information.

La note de synthèse de l’OMS sur l’optimisation de la santé cérébrale tout au long de la vie est un complément technique au plan d’action mondial. Elle fournit un cadre conceptuel sur la santé cérébrale et la façon dont celle-ci peut être optimisée tout au long de la vie si l'on agit sur les déterminants suivants : santé physique, environnements sains, sécurité et sûreté, apprentissage et liens sociaux, et accès à des services de qualité.

 La 24e Liste modèle OMS des médicaments essentiels contient une liste des besoins minimaux en médicaments qui sont requis dans un système de soins de santé de base pour traiter les céphalées ; elle énumère les médicaments les plus efficaces, sûrs et rentables pour les affections prioritaires.

 

Références bibliographiques

1. GBD 2021 Nervous System Disorders Collaborators. Global, regional, and national burden of disorders affecting the nervous system, 1990-2021: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2021. Lancet Neurol. 2024 Apr;23(4):344-381. doi: 10.1016/S1474-4422(24)00038-3. Epub 2024 Mar 14. PMID: 38493795; PMCID: PMC 10949203.