Résidus de pesticides dans les aliments

15 septembre 2022

Principaux faits

  • On utilise des pesticides pour protéger les cultures des insectes, des mauvaises herbes, des champignons et d’autres nuisibles.
  • Les pesticides sont potentiellement toxiques pour les êtres humains et peuvent avoir des effets chroniques et aigus sur la santé, selon le niveau et la voie de l’exposition.
  • Certains des pesticides les plus anciens et les moins coûteux peuvent persister dans les sols et dans l’eau pendant des années. Les usages agricoles d’une grande partie d’entre eux  ont été interdits dans les pays développés, mais se poursuivent dans de nombreux pays en développement.
  • Les personnes dont l’exposition aux pesticides comporte les plus grands risques sanitaires sont celles qui entrent en contact avec ces produits dans le cadre de leur travail, à leur domicile ou dans leur jardin.
  • Les pesticides jouent un rôle majeur dans la production alimentaire. Ils permettent de préserver ou d’accroître les rendements et peuvent augmenter le nombre de cultures échelonnées par an possible sur une même terre. Ce point est particulièrement important pour les pays confrontés à des pénuries alimentaires.
  • Pour protéger les consommateurs des effets nocifs des pesticides présents dans les aliments, l’OMS examine des données et met au point des limites maximales de résidus pour les pesticides internationalement acceptées.

 

Vue d’ensemble

Plus de 1000 pesticides sont utilisés à travers le monde pour empêcher que nos aliments ne soient endommagés ou détruits par des nuisibles. Chacun d’entre eux possède des propriétés et des effets toxicologiques différents.

Nombre des pesticides les plus anciens et les moins coûteux (dont le brevet a expiré), comme le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et le lindane, peuvent persister dans les sols et l’eau pendant des années. Ces produits chimiques ont été interdits par les pays qui ont signé la Convention de Stockholm de 2001 – un traité international visant à éliminer ou à restreindre la production et l’utilisation de polluants organiques persistants.

La toxicité d’un pesticide dépend de son mode de fonctionnement et d’autres facteurs. Par exemple, les insecticides ont tendance à être plus toxiques pour les êtres humains que les herbicides. Le même produit chimique peut avoir des effets différents selon la dose, c’est-à-dire selon la quantité à laquelle une personne est exposée. La toxicité peut aussi dépendre de la voie que l’exposition est susceptible d’emprunter (ingestion, inhalation ou contact direct avec la peau, par exemple).

Aucun des pesticides dont l’utilisation sur les aliments est actuellement autorisée dans le cadre du commerce international n’est génotoxique (capable d’endommager l’ADN, ce qui entraîne des mutations, puis des cancers). Ces pesticides n’ont d’effets préjudiciables qu’au-dessus d’un certain niveau d’exposition considéré comme sans risque. Lorsqu’une personne entre en contact avec de grandes quantités de pesticides, elle peut subir une intoxication aiguë ou des effets à long terme sur la santé tels qu’un cancer ou des incidences sur la procréation.

Ampleur du problème

Les pesticides font partie des premières causes de décès par auto-empoisonnement, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Comme les pesticides sont intrinsèquement toxiques et délibérément répandus dans l’environnement, leur production, leur distribution et leur utilisation doivent faire l’objet d’une réglementation et d’un contrôle stricts. Un suivi régulier des résidus dans les aliments et l’environnement est aussi nécessaire.

Concernant les pesticides, l’OMS a deux objectifs :

  • faire interdire les pesticides les plus toxiques pour l’être humain et ceux qui persistent le plus longtemps dans l’environnement ;
  • protéger la santé publique en fixant des limites maximales de résidus pour les pesticides présents dans les aliments et dans l’eau.

Quelles sont les personnes à risque ?

La population la plus à risque est constituée des personnes directement exposées aux pesticides. Elle inclut les travailleurs agricoles chargés d’appliquer les pesticides et toute personne se trouvant dans le voisinage immédiat pendant cet épandage et juste après.

La population générale – celle qui ne se trouve pas dans la zone où les pesticides sont utilisés – est exposée à des quantités notablement plus faibles de résidus de pesticides, par le biais des aliments et de l’eau.

Prévention et lutte

Aucun sujet ne devrait être exposé à des quantités dangereuses d’insecticides.

Les personnes qui épandent des pesticides sur des cultures, à leur domicile ou encore dans un jardin devraient être convenablement protégées. Celles qui ne participent pas directement à cette opération devraient se tenir à distance de la zone en question, pendant son déroulement et pendant un certain temps ensuite.

Les aliments vendus ou donnés (comme l’aide alimentaire) devraient eux aussi être conformes aux réglementations sur les pesticides, en particulier celles relatives aux limites maximales de résidus de pesticides. Les personnes qui utilisent des pesticides pour cultiver leurs propres aliments devraient suivre les instructions d’utilisation et se protéger en portant des gants et un masque facial, si nécessaire.

Les consommateurs peuvent limiter encore leur ingestion de résidus de pesticides en pelant ou en lavant les fruits et les légumes, ce qui permet également de réduire les dangers véhiculés par les aliments, et notamment les bactéries nocives.

Impact mondial

La Division de la population des Nations Unies estime que, d’ici 2050, il y aura 9,7 milliards d’habitants sur terre – soit environ 30 % de plus qu’en 2017. Cette croissance démographique se produira presque en totalité dans les pays en développement.

Selon les projections de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 80 % de l’accroissement de la production alimentaire nécessaire pour faire face à cette croissance démographique proviendraient, dans les pays en développement, des hausses des rendements et du nombre de cultures échelonnées possibles sur une même terre, au cours d’une même année. Seuls 20 % de cette hausse de la production alimentaire devraient résulter de l’extension des terres agricoles.

Les pesticides permettent de prévenir des pertes de cultures importantes et continueront donc de jouer un rôle dans l’agriculture. Néanmoins, les effets d’une exposition à ces produits sur les êtres humains et sur l’environnement sont une préoccupation permanente.

L’utilisation de pesticides pour produire des aliments, qu’ils soient destinés à nourrir les populations locales ou à l’exportation, devra s’effectuer conformément aux bonnes pratiques agricoles, indépendamment de la situation économique du pays. Les agriculteurs devront restreindre la qualité de pesticides employée au minimum nécessaire pour protéger leurs cultures.

Il est également possible, dans certaines circonstances, de produire des aliments sans utiliser de pesticides.

Action de l’OMS

En collaboration avec la FAO, l’OMS est chargée d’évaluer les risques que les pesticides présentent pour l’être humain, que ceux-ci découlent d’une exposition directe ou de la présence de résidus dans les aliments, et de recommander des mesures de protection adéquates.

Des évaluations des risques liés aux résidus de pesticides présents dans les aliments sont menées par un groupe d’experts scientifiques internationaux indépendants, la Réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides (JMPR). Ces évaluations reposent sur l’ensemble des données soumises pour l’homologation nationale des pesticides et sur toutes les études scientifiques publiées dans des revues à comité de lecture. Après évaluation du niveau de risque, ce groupe d’experts fixe des limites pour garantir un apport alimentaire sans risque en s’assurant que la quantité de résidus de pesticides à laquelle les personnes sont exposées en consommant des aliments sur leur durée de vie n’entraîne pas des effets préjudiciables pour la santé.

Ces doses journalières admissibles sont utilisées par les gouvernements et les responsables de la gestion des risques au niveau international comme la Commission du Codex Alimentarius (l’organe intergouvernemental chargé d’établir des normes alimentaires), pour fixer des limites maximales de résidus (LMR), applicables aux pesticides dans les aliments. Les normes du Codex servent de référence pour le commerce international des aliments de sorte que, partout dans le monde, les consommateurs peuvent considérer, en toute confiance, que les aliments qu’ils achètent répondent à des normes convenues de sécurité et de qualité, indépendamment de l’endroit où ils sont produits. Actuellement, il existe des normes du Codex pour plus de 100 pesticides différents.

L’OMS et la FAO ont mis au point conjointement le Code de conduite international sur la gestion des pesticides. La dernière édition de ce cadre volontaire date de 2014. Elle guide les responsables gouvernementaux chargés de la réglementation, le secteur privé, la société civile et d’autres parties prenantes au sujet des meilleures pratiques pour gérer les pesticides tout au long de leur cycle de vie, de la production à l’élimination.