10 faits sur la résistance aux antimicrobiens
La résistance aux antimicrobiens pourrait réduire à néant de nombreuses découvertes médicales du siècle dernier. Des maladies infectieuses qui jusqu’ici pouvaient être guéries pourraient devenir impossibles à traiter et se propager de par le monde. De fait, cela a déjà commencé à se produire.
Le rapport Antimicrobial Resistance. Global Report on Surveillance 2014 montre que la résistance aux antimicrobiens est un phénomène mondial qui risque de toucher chaque individu quel que soit son âge et quel que soit le pays.
En avril 2015, l’OMS a publié une Analyse mondiale de la situation dans les pays: réponse à la résistance aux antimicrobiens. Ce document a révélé qu’il y avait beaucoup d’activités en cours, que de nombreux gouvernements se sont engagés à combattre le problème, mais qu’il reste de nombreuses lacunes dans les 6 régions de l’OMS.
Ce bref dossier décrit la menace que constitue la résistance aux médicaments, certaines de ces principales causes et la façon dont l’OMS aide à apporter une réponse au niveau mondial.
Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens?
La résistance aux antimicrobiens est l’aptitude d’un micro-organisme (bactéries, virus, parasites ou champignons) à stopper l’action d’un antimicrobien (antibiotiques, antiviraux, antipaludéens ou antifongiques, par exemple). De ce fait, les traitements classiques deviennent inefficaces, les infections persistent et peuvent se propager à d’autres personnes.
La résistance aux médicaments est un problème mondial.
Au cours des dernières années, l’utilisation et la mauvaise utilisation des antimicrobiens a contribué à augmenter le nombre et les types de germes résistants. De ce fait, il pourrait devenir à nouveau impossible de maîtriser certaines maladies infectieuses. Avec le développement des échanges et voyages mondiaux, les micro-organismes résistants peuvent se propager rapidement vers n’importe quelle partie du monde.
Qu’est-ce qui provoque la résistance aux médicaments?
La pharmacorésistance est un phénomène évolutif naturel. Lorsque des micro-organismes sont exposés à un antimicrobien, les germes sensibles meurent, et seuls restent les germes résistants à l’antimicrobien. Ils peuvent alors se multiplier en transmettant leur résistance.
La mauvaise utilisation des médicaments aggrave la pharmacorésistance.
La mauvaise utilisation des antimicrobiens accélère l’apparition d’une résistance aux médicaments. Aussi bien la surutilisation que la mauvaise utilisation des antimicrobiens contribuent au problème. Faire en sorte que les patients aient connaissance de la nécessité de prendre l’antimicrobien adapté à la posologie adéquate, suppose une action de la part des personnes chargées de prescrire, de délivrer les médicaments, des pharmaciens, de l’industrie pharmaceutique, du public et des patients ainsi que des responsables de l’élaboration des politiques.
Le manque de médicaments de qualité contribue à la résistance
La plupart des systèmes d’assurance de la qualité des médicaments sont insuffisants. Cela peut se traduire par une qualité médiocre des médicaments, exposant les patients à des concentrations d’antimicrobiens insuffisantes, ce qui crée les conditions de l’apparition d’une résistance. Dans certains pays, le manque d’accès aux antimicrobiens contraint les patients à ne pas achever leur traitement ou à rechercher d’autres solutions, comme des médicaments de qualité inférieure.
L’élevage est une source de résistance aux antibiotiques.
Des doses infrathérapeutiques d’antibiotiques sont utilisées dans l’élevage pour favoriser la croissance et prévenir les maladies. Cela peut entraîner l’apparition de germes résistants, qui ensuite se propagent à l’homme.
Une prévention et une maîtrise insuffisantes de l’infection amplifient la pharmacorésistance.
Le manque de prévention et de lutte contre l’infection peut accroître la propagation de germes résistants aux médicaments. Les patients hospitalisés sont l’un des principaux réservoirs de germes résistants. Les patients porteurs de germes résistants peuvent devenir source d’infection pour d’autres si les méthodes de lutte contre l’infection recommandées ne sont pas suivies.
Des systèmes de surveillance insuffisants contribuent à la résistance aux médicaments.
Alors que la surveillance de tuberculose et d'infection à VIH résistantes aux médicaments s’améliore, des réseaux capables de collecter et de notifier régulièrement des données pertinentes sur la résistance aux médicaments sont encore peu nombreux. Certains pays manquent de laboratoires équipés pour pouvoir identifier avec précision les micro-organismes résistants. Cela affaiblit la capacité à détecter l’émergence de la résistance et à prendre des mesures rapidement.
La filière de nouveaux outils pour combattre la pharmacorésistance s’épuise.
Les antibiotiques et les médicaments antiparasitaires existants et, dans une moindre mesure, les antiviraux perdent leur effet. Dans le même temps, on observe des investissements insuffisants et un déclin dans la mise au point de nouveaux antimicrobiens. La recherche de nouveaux outils diagnostiques permettant de déceler les germes résistants est aussi insuffisante; de même que la recherche de vaccins destinés à lutter contre les infections et à les prévenir. Si cette tendance se poursuit, l’arsenal d’outils disponibles pour lutter contre les germes résistants sera bientôt épuisé.
L’OMS appelle ses partenaires à combattre la résistance aux médicaments.
La menace de la pharmacorésistance augmente. Il faut agir d’urgence et chacun peut jouer un rôle. Lors de la 68eAssemblée mondiale de la Santé en mai 2015, les États Membres ont adopté un plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Il a pour objectif de garantir, aussi longtemps que possible, la continuité du traitement réussi et la prévention des maladies infectieuses au moyen de médicaments efficaces et sûrs dont la qualité est garantie, utilisés de manière responsable et accessibles à tous ceux qui en ont besoin. Les pays ont été encouragés à élaborer des plans d’action nationaux afin d'atteindre les objectifs du plan mondial. Jusqu’à présent, 79 pays se sont dotés de plans d’action nationaux et 49 autres y travaillent.
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